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VULNÉRABILITÉ ET ADAPTATION DES POPULATIONS DE CAP CAMEROUN AUX RISQUES NATURELS

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Les changements climatiques actuels, et les risques naturels associés, font du continent africain l’un des plus vulnérables avec des manifestations perceptibles comme : l’assèchement du Lac Tchad, l’avancée du désert, des glissements de terrain, puis, l’aggravation et la multiplication de l’érosion côtière et des inondations en milieu littoral. Ce travail se propose d’analyser la vulnérabilité et l’adaptation des populations de Cap Cameroun aux risques naturels. Cette vulnérabilité sera analysée selon une approche systémique qui prend en compte ses dimensions physique, économique, environnementale et sociale. La consultation des guides méthodologiques d’analyse de la vulnérabilité, les enquêtes de terrain couplées aux données issues de la télédétection et des SIG ont été mobilisées pour mieux appréhender ces bouleversements environnementaux. La superposition des images Landsat (1986, 2000 et 2016), l’observation des vestiges (troncs d’arbres, restes de maisons) sur l’espace intertidal et le témoignage des personnes ayant longtemps vécu à Cap Cameroun constituent les méthodes utilisées pour appréhender la dynamique côtière dans cette localité. Il en résulte que, le trait de côte a connu une dynamique régressive et les pertes en terre sont estimées à 103, 28 ha. La pêche, qui occupe près de 77% de la population a enregistré une baisse significative en termes de capture. Le bois de mangrove couvre 80% des besoins de la population et connait de ce fait une perte importante de sa superficie ; ce qui participe à l’aggravation de l’érosion et des inondations côtières. Les stratégies locales d’adaptation apparaissent inefficaces et limitées. L’accès et le contrôle des ressources sont limités. Les personnes âgées et les enfants constituent les couches les plus vulnérables.
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
VULNERABILITE ET ADAPTATION DES POPULATIONS DE CAP CAMEROUN
AUX RISQUES NATURELS
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
VULNÉRABILITÉ ET ADAPTATION DES POPULATIONS DE CAP CAMEROUN
AUX RISQUES NATURELS
Mbevo Fendoung Philippes*, Université de Yaoundé 1, Doctorant au Centre de Recherche
et de Formation Doctorale en Sciences Humaines, Sociales et Éducatives (CRFD-UFSH),
Département de Géographie. BP: S/c 30464 Yaoundé-Cameroun. Tel: +32466342175
E-mail: phijippesmbevo@yahoo.fr
RESUME
Les changements climatiques actuels, et les risques naturels associés, font du continent
africain l’un des plus vulnérables avec des manifestations perceptibles comme : l’assèchement
du Lac Tchad, l’avancée du désert, des glissements de terrain, puis, l’aggravation et la
multiplication de l’érosion côtière et des inondations en milieu littoral. Ce travail se propose
d’analyser la vulnérabilité et l’adaptation des populations de Cap Cameroun aux risques
naturels. Cette vulnérabilité sera analysée selon une approche systémique qui prend en
compte ses dimensions physique, économique, environnementale et sociale. La consultation
des guides méthodologiques d’analyse de la vulnérabilité, les enquêtes de terrain couplées aux
données issues de la télédétection et des SIG ont été mobilisées pour mieux appréhender ces
bouleversements environnementaux. La superposition des images Landsat (1986, 2000 et
2016), l’observation des vestiges (troncs d’arbres, restes de maisons) sur l’espace intertidal et
le témoignage des personnes ayant longtemps vécu à Cap Cameroun constituent les méthodes
utilisées pour appréhender la dynamique côtière dans cette localité. Il en résulte que, le trait de
côte a connu une dynamique régressive et les pertes en terre sont estimées à 103, 28 ha. La
pêche, qui occupe près de 77% de la population a enregistré une baisse significative en
termes de capture. Le bois de mangrove couvre 80% des besoins de la population et connait
de ce fait une perte importante de sa superficie ; ce qui participe à laggravation de l’érosion
et des inondations côtières. Les stratégies locales d’adaptation apparaissent inefficaces et
limitées. L’accès et le contrôle des ressources sont limités. Les personnes âgées et les enfants
constituent les couches les plus vulnérables.
Mots clés : Risques naturels, Vulnérabilité, Stratégies d’adaptation Durable, Cap Cameroun.
ABSTRACT
Current climate change, and associated natural hazards, make the African continent one of the
most vulnerable with perceptible manifestations such as: Lake Chad drying up, desert
advancing, landslides, then, aggravation and the increase in coastal erosion and coastal
flooding. This work aims to analyze the vulnerability and adaptation of Cap Cameroon
populations to natural hazards. This vulnerability will be analyzed according to a systemic
approach that takes into account its physical, economic, environmental, social and
institutional dimensions. The consultation of methodological guides for vulnerability analysis,
field surveys coupled with data from remote sensing and GIS were mobilized to better
understand these environmental upheavals. The superimposition of Landsat images (1986,
2000 and 2016), the observation of vestiges (tree trunks, remains of houses) on the intertidal
space and the testimony of the people who lived for a long time in Cape Cameroon constitute
the methods used to apprehend the coastal dynamics in this locality. As a result, the coastline
has experienced a regressive dynamic and land losses are estimated at 103, 28 ha. Fishing,
which occupies about 77% of the population has recorded a significant decline in terms of
catch. Mangrove wood covers 80% of the needs of the population and therefore has a
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
significant loss of surface area; which contributes to worsening erosion and coastal flooding.
Local adaptation strategies appear ineffective and limited. Access and control of resources are
limited. Older people and children are the most vulnerable layers.
Key word: Natural risk; Vulnerability, Sustainable Adaptation strategies, Cap Cameroun
INTRODUCTION
La question des risques naturels dans le monde constitue de nos jours, et ce à travers
de multiples menaces, la principale préoccupation à la fois environnementale, économique et
sociale. Dans ses diverses manifestations (mouvement de masse, inondation, érosion côtière,
vents violents, tsunami, …), ils causent de nombreux dégâts matériels et humains tant dans les
pays développés que dans ceux en développement. Toutefois, la différence entre ces pays
peut se situer au niveau de la capacité/stratégie d’adaptation et de gestion de ces risques.
En Afrique du Nord, la problématique des risques naturels a fait l’objet de plusieurs
réflexions. Lahlah Salah (2004) fait mention des inondations catastrophiques qui portent
atteinte aux activités humaines et entravant les activités économiques en Algérie. Chouari
(2017) a procédé à une évaluation des terres à risque de submersion marine liée aux
changements climatiques en Tunisie, dans un contexte de changement climatique. Salmon et
al. (2010) se sont penchés sur le cas d’une érosion côtière intense sur les côtes meubles de
l’Extrême-Nord marocain, étroitement liées aux interventions humaines, notamment au
niveau du bassin de la Moulouya.
En Afrique de l’Ouest et plus précisément à Dakar, les inondations enregistrées en
1987, 1995, 1996, 1998, 2000, 2003 et 2005 soulèvent des préoccupations à la fois naturelles
et anthropiques, au rang desquelles la remise en eau des bas-fonds asséchés autrefois,
l’occupation de ces bas-fonds par des habitats spontanés, le retour à la normale des pluies
rompues depuis les années 1970 (Wade et al. 2008). Rey & Fanget (2017) se sont intéressés à
l’érosion côtière dans la ville de Saint Louis au Sénégal, notamment au niveau de la Langue
de Barbarie, où l’ouverture d’une brèche y a accélérée l’érosion. En Côte d’Ivoire, Vami &
N'guessan Bi (2014) font état de la forte vulnérabilité de la ville de Sinfra, au risque
d’inondation par débordement des cours, ainsi que celle de Kuetinfla qui mérite une attention
particulière, eu égard son niveau de risque élevé (environ 50 % de son territoire serait sous la
menace de cet aléa).
En Afrique Centrale, Ovono (2017) s’est appuyé sur les outils de la géomatique pour
analyser l’érosion côtière sur les côtes gabonaises. Au Cameroun, d’après le World Disaster
Report (WDR, 2015), ces évènements naturels sont à l’origine de plusieurs dommages. Ainsi,
entre 2005-2014, 96 867 personnes ont éaffectées par les risques naturels et 717 en ont
perdu leur vie. Mbevo (2016a) souligne l’occurrence des inondations dramatiques urbaines
dans la ville de Douala (notamment celles du 19 septembre 2009 avec six décès et celles de
juin 2015 avec quatre morts et cinq disparus). Meva’a Abomo et al, (2010), gardant la même
préoccupation, ont observé une variation des niveaux d’exposition et de vulnérabilité des
zones à risques hydrologiques dans la ville de Douala. Mbevo (2016b) fait état des situations
d’intense érosion côtière dans l’île de Manoka. Bref, l’ensemble du littoral camerounais a
subi, entre 1998 et 2016, des catastrophes mineurs et majeurs (en fonction du site et des
enjeux) liées au climat (Mena et al. 2017).
D’après Matandra (2002), le littoral kribien est soumis à l’épreuve difficile de
l’érosion côtière, des inondations et des vents violents. Plus au Sud du Littoral camerounais,
Fongnzossié et al, (2013) font état de la même situation sur la bande côtière de Kribi-Campo.
Molua (2009) va dans le même sens et montre, pour la ville de Limbe, des impacts socio-
économiques des risques naturels couplés aux changements climatiques (diffusion des
maladies, dégradation des ressources en eau, baisse des captures, destruction des maisons...).
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Ces évènements affectent une population vulnérable, ne disposant pas de moyens
idoines pour y faire face. L’érosion côtière, les inondations et les fortes précipitations les
obligent ainsi à reculer vers l’intérieur, à émigrer ou renforcer en permanence la résistance de
leur maison. Toutes choses qui exercent une pression considérable sur la mangrove qui
apparait comme un véritable bouclier contre cette érosion.
Cette étude singulière sur à Cap Cameroun s’organise autour de quatre parties : le
milieu de recherche et l’approche méthodologique, les risques naturels et la vulnérabilité des
populations de Cap Cameroun, leur adaptation et la discussion.
1. Milieu de recherche et approche méthodologique
1.1. Milieu de recherche
Cap Cameroun (figure 1) est situé dans l’île de Manoka, arrondissement de Douala
VIème aux coordonnées 9°28'00" & 9°28'30" N, puis, 3°54'20" &, 3°54'40"E (Figure 1). Sa
superficie actuelle est estimée à environ 20,78 ha. Cap Cameroun possède une population
totale de 1877 habitants pour 455 ménages (BUCREP, 2005) dont l’essentiel est constituée de
communautés de pêcheurs venant du Nigeria et qui représente plus de 80% du total de celle-
ci. Du point de vue géomorphologique, Cap Cameroun est situé sur les côtes meubles basses
qui s’étendent sur au moins 220 km et qui s’étale de l’embouchure du fleuve Sanaga à
l’estuaire du Wouri. Ce type de relief est relativement vulnérable à l’érosion côtière
orchestrée par des courants de dérive littorale (d’orientation Sud-nord) responsables de la
distribution des sédiments et assurant la circulation des eaux côtières (Belzile, 2008) sans
oublier les marées.
Figure 1 : Situation géographique du Cap Cameroun
Cap Cameroun est une zone de pêche très active. Cette activité a un impact important
sur la dégradation et la destruction de la mangrove pour le fumage du poisson, la construction
des logements, le bois d’œuvre et de chauffe (figure 2). La FAO (2006) estime à 300 ha les
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
superficies de mangrove que le Cameroun perd par an. Cap Cameroun a perdu une superficie
de plus de 1162,25 ha sur 30 ans, soit un taux de 13,68% de son territoire.
Figure 2 : usage de la mangrove à Cap Cameroun. (Cliché : Mbevo, 2014)
1.2. Approche méthodologique
La démarche adoptée pour atteindre les résultats escomptés comprend plusieurs volets dont la
collecte des informations socioéconomiques doublée des observations directes de terrain,
l’analyse de la vulnérabilité des populations de Cap Cameroun aux risques naturels, les
stratégies d’adaptation déployées sur le terrain pour y faire face. Cette démarche utilise
également des outils cartographiques de télédétection et de SIG. Les lignes suivantes donnent
un large éventail de la méthodologie utilisée.
1.2.1. Données socioéconomiques, entretiens et échantillonnage
Ces données ont été collectées auprès des ménages résidents de la localité de Cap
Cameroun. Les différentes informations enregistrées ont renseigné sur la perception des
différents risques par les populations, l’accès aux ressources, les moyens de subsistance et les
stratégies d’adaptation.
En outre, sur la base du recensement de 2005 qui faisait état de 1877 habitants pour
avec 455 ménages (BUCREP, 2005), un questionnaire a été conçu et appliqué à un
échantillon de 100 ménages (jugé suffisamment représentatif) ciblés dans les quartiers les plus
exposés aux risques naturels (Cap Cameroun, Coconut et Last Kombo). 20% de l’échantillon
a été expérimenté à Toubé, canton avoisinant Cap Cameroun. Ce questionnaire est centré sur
la connaissance des aléas naturels, leur perception et leur acceptation par les populations.
L’échantillonnage stratifié a été retenue pour sa capacité à faciliter la discrétisation et la
quantification de la vulnérabilité des populations.
Pour ce qui est des entretiens, un certain nombre de débats ont été organisés dans les
quartiers cibles, autour des sujets stratégiques en rapport avec les objectifs de l’étude. Ainsi
en est-il des focus group réalisés aux lieux et dates ci-après :
Le 9 juin 2014 au domicile du chef de Canton, Sa Majesté Mulema ;
Le 17 août 2014 au domicile du chef de Toubé,
Le 20 septembre 2014 avec la communauté des pécheurs du Cap Cameroun ;
Le 22 septembre 2014 avec les transporteurs qui assurent la liaison entre Cap
Cameroun et certaines localités à l’instar de Douala, Tiko, Limbe etc…
Ces focus groups nous ont permis de recueillir des informations sur la genèse des évènements
climatiques à Cap Cameroun et à Toubé voisin, leur fréquence et leur degré d’impact sur les
différents enjeux.
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
1.2.2. Des observations directes sur le terrain
Des observations in situ sur l’espace intertidal ont été effectuées en 2014 et en 2015. En 2014,
des informations utiles ont été recueillies et ont permis d’affiner la construction de la
problématique. Ensuite, les mois de juin et juillet 2015 ont été consacrés aux observations des
manifestations de vulnérabilité sur le terrain, des preuves de l’érosion côtière et des impacts
des inondations. Ces observations directes des phénomènes et de leurs capacité
d’endommagement ont permis de relever des vestiges (troncs d’arbres, restes des habitats…)
pouvant témoigner en faveur de la régression du trait de côte.
Enfin, le recueil du témoignage des personnes ayant longtemps vécu sur l’espace
intertidal a complété les informations qualitatives sur les différents temps du recul du trait de
côte que le traitement des images et les levées GPS viendront confirmer.
1.2.3. Levées GPS et réalisations cartographiques
Le GPS a été utile pour repérer et positionner certaines infrastructures socio-
collectives (école, centre de santé, église…) sans oublier les tracking. Ainsi des bornes ont
été fixées et géoréférencées pour suivre la dynamique du trait de côte. Une fois toutes ces
données enregistrées dans le GPS, le logiciel Mapsource a servi d’outil d’extraction et
d’exportation vers le tableur Excel et vers un logiciel SIG pour la suite du traitement.
Le traitement cartographique des données quant à lui a pris en compte un certain
nombre d’éléments parmi lesquels les images satellites Landsat des années 1986, 2000, 2016
(tableau 1). Le traitement et l’interprétation cartographique de ces images ont permis
d’appréhender la dynamique du trait de côte et de quantifier, à parti des algorithmes
informatiques, le taux de démaigrissement de cette portion littorale.
Tableau1 : Caractéristiques des images Landsat traitées.
Capteur
Path et Row
Résolutions
Bandes
Codes
Landsat TM
p187r75
30m
07
8 bits
Landsat ETM
p187_r57
30m
07
8 bits
Landsat ETM
p187_r57
30 /15m
08
16 bits
Enfin, l’analyse du modèle numérique de terrain (MNT) a servi de base pour la construction
du modèle de vulnérabilité aux inondations dans la localité de Cap Cameroun et ses environs.
Le traitement cartographique s’est organisé autour de deux points : la superposition des
images satellites Landsat multi dates et la cartographie de de la vulnérabilité. Les outils
utilisés pour le traitement cartographique sont listées dans le tableau 2.
Tableau 2 : outils de traitement cartographique
Logiciel
Version
Caractéristiques
Utilités
Erdas Imagine®
2011
Traitement d’image
Composition colorée
Classification supervisée
ArcGis®
10.0
SIG généraliste
Traitement et analyse des
données
Traitement des différentes
classes thématiques
Habillage cartographique
Adobe Illustrator®
CS6
Cartographie, dessin
Finalisation cartographique
Mapsource
6163
Extraction des données
GPS
Récupération des tracés et Wai
point
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
1.2.4. Analyse de la vulnérabilité
1.2.4.1. Définition de la vulnérabilité
La vulnérabilité, au sens étymologique, vient du latin « vulnus » qui signifie blessure.
Ainsi est dit vulnérable Ce qui est fragile, c'est-à-dire qui peut être blessé, frappé par un mal.
Les personnes vulnérables sont celles qui sont menacées dans leur autonomie, dans leur
dignité ou leur intégrité physique et/ou psychique. La vulnérabilité peut résulter de l’âge, de la
maladie, d’une infirmité, une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse.
Avec l’émergence de la science des risques (par exemple la Cyndinique aux USA), la
vulnérabilité a été de plus en plus étudiée comme un facteur important permettant de réduire
les dégâts causés par les différentes catastrophes. (Saha, 2013).
La littérature sur les risques naturels défini la vulnérabilité comme «le degré auquel un
système est susceptible de pâtir de l’exposition à une perturbation ou à une contrainte, et la
capacité(ou l’impossibilité) du système de faire face, de s’en sortir ou de s’adapter de manière
fondamentale, en devenant un nouveau système ou en disparaissant (Kasperson et al, 2000).
Le GIEC (2007) propose une définition de la vulnérabilité, étroitement liée aux
changements climatiques. Elle est le «degselon lequel un système est susceptible, ou se
révèle incapable, de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment à
la variabilité du climat et aux conditions climatiques extrêmes. La vulnérabilité est fonction
de la nature, de l’importance et du taux de variation climatique auxquels un système se trouve
exposé; de sa sensibilité, et de sa capacité d’adaptation » (www.ipcc.ch/pub/syrgloss.pdf )
En revanche, la littérature sur la pauvreté et le développement met l’accent sur les
conditions sociales, économiques et politiques actuelles: mesure globale du bien-être humain
qui intègre l’exposition d’ordre environnemental, social, économique et politique à un
éventail de phénomènes néfastes (Bohle et al. 1994).
Il faut donc comprendre que plus un système est sensible, plus il est vulnérable et est
incapable de se maintenir ou de se remettre après un évènement endommageable. Cette
vulnérabilité sera analysée sous une approche systémique, en prenant en compte les
dimensions physique, environnementale, sociale et économique.
1.2.4.2. Guide d’analyse de la vulnérabilité
Le guide méthodologique de Wongbusarakum & Loper (2011) applicable en zones
côtière est celui utilisé. Il propose un ensemble de dix indicateurs pour évaluer la
vulnérabilité aux changements climatiques au niveau communautaire. Il s’agit entre autres :
- les groupes démographiquement vulnérables ;
- la dépendance aux ressources et services vulnérables ;
- des conditions de vie en rapport avec le revenu des ménages ;
- la perception du risque par les populations ;
- la diversité des moyens d’existence ;
- l’accès et l’utilisation des connaissances scientifiques sur le climat (service météo…) ;
- les structures formelles ou informelles ayant pour vocation de réduire la vulnérabilité ;
- la capacité de la communauté à se réorganiser après la survenue d’une catastrophe ;
- la Gouvernance et le leadership ;
- l’accès équitable aux ressources par les populations.
Ce guide a joué un rôle important dans la collecte des données, car il précise les
différentes orientations qu’une analyse de la vulnérabilité en contexte côtier doit suivre. À
chaque niveau, il propose des questions à poser pour se procurer l’information recherchée.
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
L’évaluation de la vulnérabilité aux risque est avant tout exprimée par le produit d’un aléa et
d’une vulnérabilité (Gilard et Gendreau, 1998 ; Onana, 2005 : Risque=Aléa * Vulnérabilité).
La quantification du risque et la délimitation des espaces en fonction de la gravité (sévérité) et
de la fréquence du risque font recours à la grille de criticité (figure 3).
Figure 3: Grille de criticité pour l’analyse du risque naturel
L’interprétation de cette grille permet de diviser les zones à risque en trois catégories :
Zone rouge : le risque est fréquent et doté d’une forte gravité. Cette sévérité faut-il le préciser
est liée à la nature des dommages enregistrés. Ces derniers vont de simples pertes matérielles
aux décès humains. Ces espaces sont non aedificandi au sens de la loi N°2004/003 du 21
Avril 2004, régissant l’urbanisme au Cameroun.
Zone orange : elle correspond aux secteurs de la ville la gravité du risque est moyenne,
voire intermédiaire (pertes matérielles mineures) et la récurrence de retour décalée sur
plusieurs années. Ces espaces en orange sont d’aménagement difficile et requièrent des
techniques très sophistiquées pour contourner ou maîtriser le danger toujours présent.
Zone verte représente des espaces ou le risque présente une fréquence et une gravité très
réduites. Les évènements catastrophiques ici sont rares et les gâts sont facilement
réparables.
Le procédé méthodologique suivi a permis d’obtenir un certain nombre de résultats qui
montrent que le territoire de Cap Cameroun présente une forte vulnérabilité aux phénomènes
naturels dont les conséquences sur les populations et l’environnement sont évidentes.
2. Risques naturels et vulnérabilités à Cap Cameroun
Hormis les vents violents, deux risques naturels majeurs sont identifiables à Cap Cameroun.
Il s’agit de l’érosion côtière et des inondations.
2.1. L’érosion côtière à Cap Cameroun : causes et manifestations
L’érosion regroupe l'ensemble des phénomènes qui contribuent, sous l'action d'un
agent d'érosion (eau et vent), à modifier les formes de relief (FAO, 1994). Ce phénomène est
très actif à Cap Cameroun. Il est influencé par plusieurs facteurs à la fois naturels (forçages
météo marins) et anthropiques (forçages anthropiques dont aménagements diverses,
prélèvement du sable, destruction de la mangrove, occupation du front de mer, croissance
démographique). L’érosion constitue ainsi une menace sérieuse pour la population, leurs biens
et l’environnement.
L’érosion côtière est intense dans la localité de Cap Cameroun. Le front de mer est
parsemé de résidus de maisons abandonnées par les populations sinistrées. On dénote un recul
manifeste du trait de côte vérifiée par la position actuelle de l’antenne de la Radio FM locale
qui, implantée au milieu de ce territoire en 1992, se retrouve aujourd’hui à plus de 30 mètres
dans l’océan, soit n recul moyen de 1,15 mètres par an (figure 4).
591
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Figure 4 : Preuves de l’érosion côtière à Cap Cameroun et (cliché : Mbevo, 2015)
La croissance démographique à Cap Cameroun rime avec l’intensification de
l’érosion et la destruction de la mangrove. Cette situation a pu être vérifiée à travers l’image
satellite. En effet, en comparant les images de 2000 et de 2016 (figure 5), on visualise une
forte expansion des installations humaines en cette dernière année. Il s’en suit dès lors un
recul de la mangrove dont le taux est estimé à 0,84% par an, (Mbevo, 2016).
Figure 5 : Implantation humaine et pression sur la mangrove à Cap Cameroun.
Ces deux images font constater une sérieuse mutation dans l’occupation de l’espace à
Cap Cameroun, entre 2000 et 2016. Elles mettent en exergue la forte croissance
démographique et la pression sur la mangrove. Si rien n’est fait pour coordonner ces
installations humaines à Cap Cameroun, la réserve de mangrove de Mabe sera de plus en plus
menacée et l’érosion côtière va s’accentuer dans la localité.
Entre 1986 et 2016, la superficie des terres émergées a considérablement diminué à
Cap Cameroun. L’érosion a orchestré l’ablation des terres. La figure 6 représente une
superposition des images satellites de 1986, 2000 et 2016. La période 2000 2016 est
marquée par un recul drastique du trait de côte. En effet, cet intervalle de temps corrobore
avec les prédictions du GIEC (2007a) qui annonçait une intensification des effets de
changements climatiques à travers le monde, et notamment dans les zones côtières.
300 m
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Figure 6: Niveau de perte en terre du l’érosion côtière à Cap Cameroun entre 1986 et 2016
La superficie des terres émergées à Cap Cameroun et Toubé a progressivement régressé
(figure 7) au profit de la mer. Elles sont passées de 46 299,26 ha en 1986 à 37 286,01 ha en
2016, soit une perte totale de 9013,25ha en 30 ans. Les pertes sont estimées à 300,44ha par
an.
Figure 7 : Conquête de l’océan sur les terres à Cap Cameroun et à Toubé entre 1986 et 2019.
Somme toute, cette érosion côtière très active à Cap Cameroun, impose aux
populations des défis de plus en plus croissants. Elle entraine et se trouve accompagnée par
des inondations second aléa majeur enregistré sur ce territoire.
2.2. Les inondations à Cap Cameroun
Depuis le début des années 2000, Cap Cameroun subit d’intenses phénomènes
d’inondation. Cette localité se trouve constamment envahie par les eaux à marée montante.
Plusieurs facteurs expliquent l’occurrence de cet aléa dans la localité de Cap Cameroun,
notamment un réseau hydrographique dense et une topographie plane. En effet, le bassin
versant de la Mabe à Cap Cameroun est drainé par une multitude de cours d’eaux. Le
caractère plat du relief et le fort drainage sont à l’origine de la fragmentation de ce territoire
en îlets fortement exposés à l’érosion. La première conséquence ici est l’isolement des
portions de terrains et la multiplication des zones inondables. Suite aux fortes précipitations et
à l’action des marées, ces cours d’eau débordent sur des superficies importantes, rendant
difficile la survie des populations et des écosystèmes qui s’y trouvent. Pendant la saison des
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PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
pluies, certains espaces sont permanemment inondés. En prise avec les changements
climatiques actuels qui se traduisent à l’échelle planétaire par l’élévation du niveau de la mer
(3mm/an) et la hausse des précipitations et températures par endroit (GIEC, 2007), on
comprend pourquoi cette localité est sous la menace permanente des inondations (figure 8)
Figure 8: Le réseau hydrographique à Cap Cameroun et ses environs.
Dans ce contexte de risque naturel avéré, les activités et interventions humaines non
adaptées apparaissent comme un facteur amplificateur des inondations à Cap Cameroun et
dans les autres localités voisines dont Toubé, Kangué, Mboko. L’un des principaux facteurs
d’amplification de la vulnérabilité des populations du Cap Cameroun aux risques d’inondation
est l’occupation anarchique et inadaptée du front de mer. Plus de 75 % de la population de ces
territoires vit à moins de trente (30) mètres des cours d’eaux et de la mer. Elles ont tendance à
s’y confiner dans le souci d’écouler facilement leurs produits de pêche. C’est d’ailleurs sur cet
espace que s’effectue le petit commerce dans cette localité.
Les conséquences des inondations à Cap Cameroun sont multiples, entre autres
l’invasion des maisons pas les eaux, le pourrissement des piliers de fondation des maisons
(figure 9) et la diffusion des maladies épidémiologiques liées à la stagnation des eaux
souillées. D’ailleurs, de toutes les maladies dont souffrent les populations, la typhoïde
représente 37%, le paludisme 26% et le choléra 5% (le choléra est périodique).
Figure 9: des inondations à Cap Cameroun et Toubé. La plupart des maisons sont construites
sur pilotis (cliché : Mbevo, 2015)
594
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
La cartographie de la vulnérabilité aux inondations apparait ainsi comme un exercice
indispensable pour toute étude de ce genre (Olivry, 2012). Elle permet de ressortir
explicitement les zones vulnérables dans un processus de gestion durable du territoire. Elle
permet également de faire une hiérarchisation et une quantification de la vulnérabilité, ceci
dans le but de déterminer les zones d’intervention prioritaires (figure 10) et de faciliter la prise
de décision.
Figure 10 : Cartographie de l’exposition au risque d’inondation dans la localité de Cap
Cameroun et ses environs.
Sur cette figure, les zones les plus vulnérables apparaissent en rouge et elles jouxtent
les cours d’eaux. À côté de celles-ci, il y a les zones de stagnation des eaux (couleur rose et
jaune) et la forte dégradation de la mangrove apparait comme un facteur amplificateur. Dans
ces zones vulnérables se trouvent des enjeux, c’est-à-dire des biens et de personnes
susceptibles d’être affectés par ce risque. La nécessité de faire une analyse approfondie de la
vulnérabilité de ce territoire s’impose, afin de proposer des mesures d’adaptation efficaces et
durables.
2.3. Analyse systémique de la vulnérabilité aux risques naturels à Cap Cameroun
Cette analyse de la vulnérabilité aborde simultanément la vulnérabilité sur les plans physique,
économique, social et environnemental.
2.3.1. Vulnérabilité physique à Cap Cameroun
La vulnérabilité physique concerne le bâti qu’il soit à usage public ou individuel. Or, Cap
Cameroun est un village de pécheurs essentiellement constitué de bâtiments en matériaux
provisoires et très peu résistantes, fortement vulnérables aux risques naturels et aux
évènements climatiques extrêmes. Cette situation se justifie sans doute par le caractère
naturellement vulnérable de ce territoire dont l’aménagement durable nécessite de lourds
595
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
investissements. Mais aussi par sa forte sensibilité économique : Cap Cameroun ne vit que de
la pêche et cette activité n’est pas accessible à tous. La figure 11 illustre ces bâtiments
hautement vulnérables ou « vulnérabilisés »
Figure 11: Résidus de maisons sur le front de mer à Cap Cameroun. (Prise de vue : Mbevo,
septembre 2014).
Cette figure est une illustration de la réalité décrite dans ce paragraphe. On y voit clairement
les piquets qui servaient de support pour les maisons avant l’action érosive de la mer. On
constate ainsi le caractère précaire et vulnérable de l’habitat. On observe aussi une autre
maison prête à s’écrouler du fait de la progression de la mer. Tel est le quotidien des
populations de Cap Cameroun.
Les inondations et l’érosion entament la résistance des bâtiments et autres hangars et obligent
les propriétaires et autres tenants à la relocalisation permanente desdites installations, ce qui
suppose un coût économique.
2.3.2. Vulnérabilité économique de Cap Cameroun
2.3.2.1. Cap Cameroun : un territoire économiquement vulnérable
La vulnérabilité économique concerne les revenus des ménages, leurs dépenses et leur
niveau de consommation. À Cap Cameroun, les ménages vivent essentiellement
d’autoconsommation et d’économie informelle. En dépit de ce faible niveau de revenu, les
populations sont encore obligé de :
Reconstruire les maisons (fragilisées et détruites par les inondations, l’érosion côtière
et les vents), dont le coût est exorbitant (une maison en matériaux provisoires sur
pilotis couterait plus de 540 Euro, suivant dire de Sa Majesté Muléma, chef de Cap
Cameroun) ;
Acheter et transporter de l’eau potable depuis la ville de Douala. Un fut de 200 litres
couterait en moyenne 8 Euro. Une famille disposant de trois (03) enfants consommant
en moyenne 1000 litres par mois, soit coût total de 40 euro par mois ;
Perdre des jours de travail, notamment les pécheurs et les transporteurs. En effet, un
transporteur fait un seul allé et retour par jour entre Cap Cameroun et Douala. En un
voyage, une pirogue à moteur hors-bord peut transporter 12 personnes, pour un coût
total de 46 Euro, soit 3,8 Euro par personnes. Lorsqu’il transporte de la marchandise,
ce coût est revu à la hausse.
Dépenser beaucoup d’argent pour Traiter le paludisme, la typhoïde et autres maladies.
Un traitement du paludisme en phase de commencement se situe à un coût d’environ 3
Euro. La phase intermédiaire coûte à peu près 8 Euro et le stade très avancé 15,5 Euro.
596
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Il apparait donc clair que les risques naturel (inondations, érosions côtière, vents violents)
constituent de véritables facteurs d’amplification de la vulnérabilité de ces populations.
2.3.2.2. Vulnérabilité des activités économiques à Cap Cameroun
La principale activité économique étant la pêche, elle présente une forte vulnérabilité
qui se traduit par la baisse des captures et la diminution des espèces pélagiques (qui vivent à
moins de 5 m de profondeur). Malgré cette situation, elle polarise à elle seule plus de 77% des
actifs de la localité (figure 12).
Figure 12 : Proportion d’activités économiques de Cap Cameroun
De même, pour ce qui est de l’agriculture, la dynamique marine et les inondations ont
considérablement anéanti la fertilité des sols. Ils sont devenus salés et peu favorables au
développement des racines de plantes. Or cette activité occupe près de 70 % des populations
camerounaises et constitue la base des activités économiques des populations. Une telle
situation représente un désastre total pour la population de Cap Cameroun qui voit son
autosuffisance alimentaire menacée.
Nous constatons de ce fait une certaine vulnérabilité économique de Cap Cameroun
dont la principale activité pourvoyeuse de revenus est la pêche. Celle-ci se trouve d’ailleurs
fortement menacée par les bouleversements environnementaux en cours dans la localité.
«L’accès et le contrôle des ressources » étant un indicateur efficace de mesure de la
vulnérabilité (Wongbusarakum & Loper, opp. cit), il apparait clairement que les populations
du Cap Cameroun sont vulnérables.
2.3.2.3. Vulnérabilité des sources d’énergie utilisées au Cap Cameroun
Plusieurs sources d’énergie sont utilisées dans la localité de Cap Cameroun ; on cite
entre autres le bois, le pétrole, le gaz, l’énergie thermique, l’essence, la bougie, le charbon…
Pour ce qui est de l’énergie thermique, la principale source reste le groupe électrogène qui
jusqu’ici reste très clairsemé et non accessible par tous. La dégradation de la mangrove, les
difficultés liées à l’approvisionnement en bois de chauffe, en carburant et en butane sont
autant de marques de vulnérabilité de cette localité. Les populations les plus moins nantis
utilisent les lampes à pétrole, les bougies et les torches pour s’éclairer. Après analyse, il
apparait que le bois de chauffe et le pétrole lampant constituent les sources d’énergie les plus
employés dans la localité (figure 13).
Figure 13: Source d’énergie utilisée à Cap Cameroun.
597
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
2.3.2.4. Vulnérabilité du petit commerce à Cap Cameroun
À côté de ces activités liées à la pêche, il se développe aussi d’autres petites activités qui, bien
que timides, occupent une certaine tranche de la population. Il s’agit du petit commerce de
vêtements, de tubercules, de viande. Ces activités sont considérablement influencées par les
phénomènes naturels in situ. Les pluies accompagnées de vents violents entravent l’exposition
des produits, les inondations entament la résistance des hangars et l’érosion oblige à la
relocalisation permanente des installations. Pourtant ces produits qui meublent ce petit
commerce proviennent de Tiko et de Douala, moyennant de lourdes dépenses en termes de
transport.
2.4. Vulnérabilité sociale de cap Cameroun
L’analyse de la vulnérabilité sociale d’un territoire littoral comme Cap Cameroun
renvoie avant tout à l’examen des déterminants politiques, socio-économiques, culturels et
institutionnels. Elle se mesure avec des indicateurs du type : éducation, revenus, pauvreté et
autres données comme le capital social, la diversification des moyens d’existence, le cadre
foncier, etc. Les données socio-économiques fournissent des clés d’interprétation et viennent
compléter l’analyse de la vulnérabilité.
À Cap Cameroun, avec la multiplication des plans d’eau favorable à la prolifération
des agents vecteurs de certaines maladies, on assiste à la recrudescence des affections
épidémiologiques telles que le paludisme, la typhoïde, le choléra, la diarrhée… L’OMS a
d’ailleurs en 2008 situé le Cameroun parmi les pays à haut risque suite à la poussée
épidémiologique du choléra qui a sévit dans la région du Littoral et du Nord. À cela se double
l’attitude «lente et passive » des organismes étatiques en charge de la gestion des risques au
Cameroun (Direction de la Protection civile, Observatoire National des Risques, Observatoire
National des Changements Climatiques…). Il n’existe pratiquement pas de latrines à Cap
Cameroun, raison pour laquelle les abords des cours d’eau sont utilisés comme décharge.
Suite à une inondation ou une marée haute, ce sont ces eaux souillées qui remontent et
envahissent les maisons. Par ailleurs, l’élévation du niveau de la mer affecte aussi les
ressources en eau potable déjà insuffisantes. En outre, le problème fondamental de santé
publique est la détérioration de la salubrité qui engendre les risques de maladies. En dehors de
ces maladies liées à l’environnement, il existe d’autres maladies existentielles comme le
rhumatisme, l’enflure des pieds (figure 14).
Figure 14 : Maladies affectant les populations. (Source : enquêtes de terrain)
2.4.1. Accès aux ressources et vulnérabilité des populations de Cap Cameroun
Un des facteurs les plus importants qui détermine la capacité d’adaptation des
personnes, des ménages et des communautés est leur accès et leur contrôle des ressources
naturelles, humaines, sociales, physiques et financières (tableau 3).
Tableau 3: Les ressources pouvant conditionner les capacités d’atténuation.
598
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Ressources
Facteurs d’atténuation
Humaines
Connaissance des risques climatiques, compétences en techniques agricoles
conservatoires, bonne santé pour pouvoir travailler
Sociales
Groupements d’épargne et de crédit féminins, organisations paysannes,
institutions traditionnelles de bien-être et d’assistance sociale
Physiques
Infrastructures d’irrigation, infrastructures de stockage de semences et de
céréales
Naturelles
Sources d’eau sûres, terres fertiles, végétation et arbres
Financières
Micro assurance, sources de revenus diversifiées
(Source : adapté de Dazé et al, 2009)
Le niveau d’accès des hommes aux ressources et leur contrôle se situe à 75%,
contrairement aux femmes qui sont à 15%, les enfants à 7% et les vieillards à 3%. Ces
résultats ne sont pas surprenants dans la mesure ce sont les hommes qui vont en mer,
commercialisent les poissons et profitent au maximum des revenus. Les femmes se contentent
de fumer le poisson, des crevettes et mettent à la disposition de leurs maris le produit fini.
Très peu de femmes échappent à cette condition.
Certains enfants dès l’âge de 8 ans accompagnent leurs parents en mer, mais ils
n’interviennent pas dans le processus de capture. Il s’agit d’une sorte d’initiation. C’est à
plus ou moins 16 ans qu’ils commencent à intervenir dans le processus, ils ne peuvent
toutefois se déployer que dans les bordures où la mer est le moins agitée possible.
Le cas des personnes âgées est encore plus compliqué dans la mesure où elles n’ont ni
force de ramer, ni les dispositions pour supporter la fumée qui s’échappe des fumoirs. Elles ne
sont plus que des consommateurs dans la communauté. Elles bénéficient néanmoins de la
compassion des actifs, qui leur procurent quelques gains alimentaires (figure 15).
Figure 15: Niveau d’accès aux ressources des différentes couches de population à Cap
Cameroun. (Source : enquête de terrain, 2014).
2.4.2. Niveau de scolarisation et vulnérabilité des populations de Cap Cameroun
Le constat ici est déplorable dans l’ensemble. La majorité de la population se trouve
au niveau primaire et très souvent le cycle n’est pas achevé (figure 16). Les hommes sont dans
599
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
la plupart des cas mieux scolarisés que les femmes. Au total, 60% de la population ont atteint
le niveau primaire, 35% le secondaire et seulement 5% ont amorcé le niveau supérieur.
Figure 16: Niveau de scolarisation général à Cap Cameroun. (Source : enquête de terrain)
2.4.3. Faible niveau de satisfaction des besoins vitaux et vulnérabilité à Cap Cameroun
Les moyens d’existence englobent les capacités, les biens et les activités nécessaires
pour vivre (Kengoum et Tiani, 2013). À Cap Cameroun, les moyens pour répondre aux
besoins sont loin d’être un acquis au regard des réalités sur le terrain et de la réaction de la
population à travers le questionnaire et l’entretien (figure 17). Interrogés sur leurs revenus, les
populations se sont montrées très réticentes. Mais après avoir côtoyé assidûment quelques
familles, les informations collectées montrent que plus de 70% de la population ont du mal à
couvrir les dépenses importantes de leurs ménages.
Figure 17 : Niveau de satisfaction des besoins à Cap Cameroun. (Source : enquête de terrain)
2.4.4. Pauvreté et vulnérabilité des populations de Cap Cameroun
Selon Buisson, 2012, « la vulnérabilité peut également être comprise comme la
probabilité qu’un ménage tombe sous une ligne de pauvreté dans le futur s’il est actuellement
au-dessus de cette ligne, ou qu’il reste sous cette ligne s’il est en-deçà ». La principale
activité pourvoilleuse de revenue etant en baisse à Cap Cameroun, la pauvreé matérielle
devient récurente. Cette situation se traduit par la baisse du revenue et l’incapacité des
ménages à satisfaire leurs besoins vitaux.
2.4.5. Couche sociale et vulnérabilité à Cap Cameroun
Les groupes démographiquement vulnérables sont ceux-là qui, à cause de leurs
particulières caractéristiques démographiques ou sociales, sont plus vulnérables que d'autres
individus dans la communauté en général (Wongbusarakum et Loper, 2011). La vulnérabilité
de ce groupe particulier peut résulter du niveau variable des différentes couches sociales. des
enquêtes ont été réalisées pour mesurer de façon quantitative le taux de chaque couche
sociale.
A Cap Cameroun, Les personnes âgées ont une très forte vulnérabilité qui s’élève à 37%. Les
femmes viennent en deuxième position avec 32,5%. Les enfants viennent en troisième
position avec 25%. Lors des inondations par exemple, ce sont les enfants et les personnes
âgés qui se noient le plus.
600
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
2.5. La vulnérabilité des composantes environnementales à Cap Cameroun
Elle concerne majoritairement l’analyse des dommages sur la végétation, les cultures,
les sols, l’eau, l’air et la faune qui peuvent être provoqués par les risques naturels. Ces
approches restent pour l’essentiel qualitatives, avec une simple description de dommages.
2.5.1. Vulnérabilité de la mangrove de Cap Cameroun
Les mangroves camerounaises subsistent encore én dépit de la destruction de près du
tiers de leur surface. Elles couvrent 2,700 km2. Ces mangroves servent de zones de frayère et
d'abris pour les crevettes et les poissons. A l'état actuel, la mangrove semble connaitre une
dégradation progressive due au déboisement abusif et aux occupations anarchiques du littoral.
Cette intervention néfaste dont l’intensité varie d’un site à l’autre, sont à l’origine de l’érosion
côtière et de la transgression marine qui entraînent des pertes de terres et d’habitations, le
recul de la forêt de mangrove, la baisse des rendements des activités de pêche. L’élévation du
niveau de la mer consécutive au réchauffement climatique entraîne un accroissement des
pertes en mangrove du littoral (estimé à 300 ha par an ; FAO, 2006) ; ensuite, une
augmentation de la fréquence et de la gravité des tempêtes tropicales ; enfin, une modification
de la distribution et de l'abondance des ressources biologiques de la zone côtière. (GIEC,
2007).
2.5.2. Vulnérabilité des écosystèmes marains
Dans un contexte marqué par les changements climatiques, les écosystèmes marins
apparaissent comme fragilisés. L’augmentation des températures au-dessus de la mer, les
pollutions industrielles et pétrolières sont autant de menaces qui pèsent sur ce milieu. Ceci a
des répercussions sur les espèces halieutiques. À Cap Cameroun, on a observé des poissons
morts sur le rivage. Nnakame Abossolo
1
(communication personnelle) fait d’ailleurs état
d’une baisse de capture durant l’année 2014. Toutefois, la capture de certaines espèces a
augmenté, notamment les espèces benthiques (qui vivent à plus de 10 m de profondeur). La
figure 18 représente quelques produits de pêche à Cap Cameroun.
Figure 18 : Quelques produits halieutiques de Cap Cameroun. (Cliché : Mbevo, 2016)
1
NNAKAME ABOSSOLO, Technicien principal des industries animales, Chef de centre des pêches de Cap Cameroun
601
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Cette figure présente quelques produits de pêche de Cap Cameroun. Elle traduit la
richesse halieutique de Cap Cameroun, principal point de ravitaillement en poisson de la ville
de Douala. On y observe quelques types de poissons notamment des Tilapia et de la Sardine.
On observe également les huitres, les crevettes et les crabes. Tels sont les produits qui
justifient la forte mobilité des commerçants sur ce territoire. Les crevettes sont les plus
abondantes et se commercialisent dans la plupart de cas après fumage. Les femmes sont les
actrices les plus présentes dans ce processus de transformation. Une quantité importante de
ces produits est exportée de façon frauduleuse vers le Nigeria. En dépit de cela, les réserves
halieutiques de Cap Cameroun restent importantes, même si elles régressent.
3. Mesures d’adaptation aux risques naturels à Cap Cameroun.
3.1. Stratégies endogènes des populations
Les principales stratégies mises en œuvre par les populations de Cap Cameroun restent (i) la
construction des maisons portatives sur pilotis, (ii) le recul vers l’hinterland, (iii) la migration
et (iv) le renforcement de la capacité de résistance des habitats.
3.1.1. Actions d’adaptation anticipative
A Cap Cameroun, une tranche importante de la populations a opté pour une élévation
considérable des piliers de fondation afin de parer à toute éventualité possible d’invasion par
les eaux à marée montante (figure 19). Les maisons qui ne sont pas suffisamment élevées se
trouvent constamment remplies par les eaux de mer souillées et chargées des décharges.
Lorsque ces piliers de fondation sont épuisés, un nouvel espace est aménagé et avec l’aide des
autres membres de la communauté, la maison est simplement transportée vers le nouveau site
d’accueil.
Figure 19: Piliers de fondation élevés à Cap Cameroun. (Cliché : Mbevo, 2014)
Cette figure illustre ces types de maisons aux piliers de fondation élevés. Bien qu’elle
soit très consommateur en bois de mangrove, elle reste tout de même la mieux adaptée. Elle
offre plus de résistance et plus de protection pour les populations qui y habitent.
3.1.2. Mesures d’adaptation réactive
Lorsque le niveau d’atteinte des matériaux de construction n’est pas très importante,
les populations optent pour le renforcement de la résistance des maisons. Par cette action, ils
602
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
accroissent la durée de vie de leurs maisons. Les 29 % de la population de Cap Cameroun font
recours à cette stratégie (figure 20).
Figure 20 : Quelques stratégies d’adaptation à Cap Cameroun. (Source : Mbevo, 2016)
Les stratégies d’adaptation mises en œuvre par les populations de Cap Cameroun pour
faire face aux effets des aléas restent inefficaces. Celles-ci doivent s’inscrire dans la
durabilité, afin de contrecarrer la mer qui, depuis le début des années 1990, a entrepris une
vaste campagne de de trangression sur les côtes camerounaises.
3.2. Proposition des mesures d’adaptation envisageables à Cap Cameroun
3.2.1. Restauration de la mangrove comme meilleure défense contre l’érosion côtière
Entre 1964 et 1988, les mangroves camerounaises ont enregistré 15 km² de bâti
(MINEPDED, 2010). Cap Cameroun est couvert par une partie importante de cette mangrove,
notamment la réserve de la Mabe. Grâce à ses précieux services économiques et écologiques
(bois, reproduction et croissance d’animaux marins, stabilisation de la ligne du rivage), à
l’accumulation et la fixation des sédiments marins pour réduire l’impact de l’érosion côtière,
ainsi qu’à la séquestration du carbone atmosphérique, la mangrove permet d’atténuer le
réchauffement climatique et d’amoindrir les impacts du phénomène de l’élevation du niveau
marin.
A Cap Cameroun, il faut repiquer ou reboiser la mangrove selon un transect linéaire afin de
maîtriser l’érosion qui ne cesse de ronger la côte. Cette « muraille de l’espoir » mettrait les
populations de Cap Cameroun à l’abri de la menace des risques naturels (figure 21).
Figure 21 : Modèle de végétalisation du front de mer à Cap Cameroun. (Source : Mbevo,
2016b)
603
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
Cette restauration, pour qu’elle réussisse, requiert une approche holistique, intégrant
les spécialistes des sciences végétales, pédologues et de la gestion intégrée des zones côtière
(GIZC) et les populations locales. Dans la réserve de Douala Edéa, il y a la déjà des actions de
restauration de la mangrove par l’ONG Cameroon Wildlive Conservation Society (CWCS).
Au Benin aussi, plus de 44 ha de mangrove ont été restaurées en partenariat avec Eco-Benin
(2014) qui est une ONG béninoise dont les activités sont axées sur la promotion du
développement local et la valorisation des ressources naturelles à des fin écotouristiques. En
fonction des espèces, la régénération de la mangrove peut prendre 15 à 25 ans, pour assurer
les fonctions écologiques qui lui sont propre.
3.2.2. Construction d’un muret
Les murets sont des ouvrages rigides verticaux parallèles à la côte qui servent à retenir
les sédiments d’un talus jusqu’à quelques mètres de hauteur et sur plusieurs mètres de
longueur. L’ouvrage est en partie enfoui dans le sol afin d’assurer une certaine résistance aux
vagues et à l’affouillement à la base de l’ouvrage. Pour se faire, un remblai de gravier est
déposé derrière le muret pour favoriser un bon drainage et pour diminuer les forces exercées
par les vagues sur l’ouvrage. Un tel dispositif semi rigide permettra de dissiper la vitesse des
vagues tout en piégeant les sédiments. Cet édifice jouit de plusieurs avantages :
Accessibilité : il est conseillé à un ou plusieurs propriétaires de réaliser un muret si le talus
est de faible hauteur.
Faible entretien : Les murets ne nécessitent pas beaucoup d’entretien à moins que leur
construction ne soit pas adéquate.
Forme : l’ouvrage peut être adapté selon la problématique spécifique.
Les coûts de ces ouvrages sont évidemment variables selon le type de protection et les
particularités du site de construction. En septembre 2001, le ministère des Transports du
Québec a publié une étude d’impact sur les projets de protection des berges le long des côtes.
Ce document contient une grille des coûts moyens des ouvrages de protection (tableau 4).
Tableau 4 : Estimation des coûts de construction des ouvrages de protection du littoral
Types d’ouvrage
Coût / mètre linéaire/
Dollar
Coût / FCFA
Empierrement (diamètre moyen : 1m / hauteur
de 4m)
1500$
825 000
Mur de bois (4m hauteur de protection : 6m au
total)
3500$
1 925 000
Mur de béton armé (4m hauteur de protection :
6m au total)
3500$
1 925 000
Mur en planche > 6m de hauteur
> 3000$
>1 650 000
Epis en bois : pieux de cèdre
50$
27 500
Epis en pierre
500 - 1500$
275 000 825
000
Source : Morneau et al, (2001).
3.2.3. Stratégie de gestion des produits halieutiques
Le fumage des poissons et des crevettes à Cap Cameroun est basé sur des techniques
rudimentaires et archaïques qui sont très destructrices de l’environnement. La forte
consommation en bois de mangrove, l’émission des quantités importantes de fumées sont
autant de facteurs nocifs pour l’environnement et pour les populations qui se prêtent à cette
activité.
604
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
3.2.3.1. Cas des poissons
Le Cameroun perd environ 300 ha de mangrove chaque année. 84% du bois de
mangrove coupé sert au fumage du poisson (FAO, 2006). Les méthodes de cette activité
essentiellement féminines sont contre-productives et entraînent des pertes post-captures ainsi
qu’une détérioration de la santé des femmes.
L’Organisation Pour l’Environnement et le Développement Durable (OPED, 2013) a
effectué un travail remarquable (et primé dans ce sens) dans la localité de Kribi (Sud-
Cameroun). Cette ONG s’est proposée de concevoir une amélioration des méthodes
traditionnelles de fumage des poissons et des crevettes. L’objectif en est la réduction de 50%
de la consommation de bois, la réduction du temps de fumage de 2/3 en moyenne et 20%
d’augmentation des revenus des femmes impliquées. Cet avantage comparatif (figure 22)
offre des opportunités pour réduire l’incidence des maladies associées à l’exposition à la
fumée. Un tel dispositif peut également être implémenté par les autorités publiques en charge
de l’environnement à Cap Cameroun et dans d’autres zones de pêches comme Manoka,
Mboko. Etc.
Figure 22: Technique moderne et efficace de fumage des poissons ; (Cliché : OPED, 2010)
3.2.3.2. Cas des crevettes
Les communautés côtières de Cap Cameroun comme celles de Kribi-Campo
dépendent fortement des écosystèmes d’eau douce et marine pour leur subsistance. Ici, la
crevette d’eau douce fait partie des ressources halieutiques de grande consommation et de
haute valeur marchande. Seulement, les techniques traditionnelles de capture employées par
les populations sont pour la plupart non durables. Les mailles du filet sont très serrées et ne
facilitent pas la régénération des espèces.
Les travaux de l’OPED ont permis la facilitation, la mise en œuvre et l’adoption des
technologies d’aquaculture de crevettes afin de réduire la pression sur les stocks halieutiques,
et de diversifier les sources de revenus des femmes qui dépendent fortement des mangroves
pour leur subsistance. L’adoption de ces outils de captures modernes par les populations de
Kribi-Campo va dans ce sens. En implémentant cette technologie à Cap Cameroun, les
retombées seront bien évidemment considérables tant pour les populations que pour les
écosystèmes.
4. Discussion
Les inondations sont effectives à Cap Cameroun et ses répercussions sur
l’environnement sont perceptibles. Elle engendre des maladies de la peau et même des
605
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
épidémies. Elle entame la résistance des maisons et impose aux populations des migrations et
des déplacements forcés. L’érosion côtière aussi est une réalité. Entre 1986 et 2016, Cap
Cameroun a perdu plus de 9013,25ha de terrain, soit 300,44 ha par an. La dégradation de la
mangrove est estimée à plus de 13,68% (Mbevo et al. 2017). Face à cette situation, les
populations développent des stratégies d’adaptation pour y faire face dont entre autres, la
délocalisation, le renforcement de la résistance des maisons etc.
Le constat établi de la recrudescence de ces aléas à Cap Cameroun a conduit à
appréhender la situation sur certaines portions de la côte camerounaise et même en Afrique
Atlantique. Sur les 134,849 km que mesure le littoral Sud camerounais, 118,02 (87,52 %)
connaissent l’érosion ; 16,62 km (21,33 %) sont en accrétion/engraissement et 0,32 km (0,24)
est stable (Mfombam Nsangou, 2016). D’ailleurs, Sur la bande Kribi-Campo, Mouliom fait
état d’une intense érosion côtière différée. Pour limiter les impacts de ces différents
évènements (inondations e glissements de terrain) qui ont fait 30 morts et 2000 sans-abris en
2001 à Limbe, Buh Wung (2009) propose une cartographie des zones à risques dans la ville
de Limbe. Cest exactement ce qui a été réalisé à Cap Cameroun par cette étude.
Sur le littoral Camerounais en général et prenant en compte le scénario de l’horizon
2100 qui prévoit une augmentation de 90 cm du niveau de la mer, les principales
conséquences seront des inondations permanentes de 38 villages sur les 72 recensés dans la
zone autour de la mangrove de Mabe, avec des répercutions sur l’habitat des pêcheurs ; la
migration de 5900 pêcheurs avec leurs familles (MINEF-CMEF, 2005). Cette montée du
niveau de la mer engendrerait l’endommagement des infrastructures, la salinisation des terres
agricoles, de la nappe phréatique côtière ainsi que la perte des plages (ENDA, 2011).
À Kribi, vers les chutes de la Lobé, des diguettes de pierres sont construites le long du
trait de côte pour dissiper la vitesse des vagues et courants d’eau, limitant leur atteinte sur les
habitations (Mouliom, 2012). Autour de la ville de Limbe, c’est le renforcement de la
résistance des maisons, la surélévation des piliers de fondation (Molua, 2009). Dans le même
ordre d’idées, Tchindjang (2010), propose deux types de méthodes de protection : la
protection active qui vise à empêcher les blocs de se détacher. On peut procéder par clouage
des parois, par l’ancrage ou par le confortement par massif bétonné, la protection passive qui
consiste à interposer un écran entre l’enjeu et l’aléa. La construction d’un merlon ou d’un filet
pare blocs peuvent être salutaire.
Les résultats de cette recherche, en termes de stratégies de réponse, se rapprochent
sensiblement de ceux de Molua (2009). En effet, Après la survenue d’une inondation ou d’une
tempête les populations répondent, pour protéger leur maison contre les futures attaques, en se
délocalisant (22 %), émigrer (6 %), reconstruire (23 %), en renforçant résistance des maisons
(68 %), construire des murs protecteurs (18 %) et planter des arbres (4 %). Ces études
menées dans la ville de Buea, non loin de Cap Cameroun, Tiko, Idenau rythment avec les
réalités que vivent les populations des zones côtières camerounaises. Les inondations sont
récurrentes et infligent un sérieux revers à ces populations. Comment penser autrement alors
qu’au Cameroun, plus 75 % de la population vit à moins de 1 000 m du trait de côte (Cecilia
et al. 2013)! Cette situation est aussi exacerbée par la faible capacité d’atténuation et de
résilience de ces populations, laquelle est reconnue par le MINEPDED (2015).
Il apparait que la bande côtière camerounaise est particulièrement vulnérable. Les
conséquences de ces aléas sont multiples. Ils Peuvent avoir des répercutions au niveau socio-
économique en agissant spécifiquement sur l'agriculture, sur l'alimentation en eau potable, sur
le système de santé, le système financier et l'occupation du territoire dans les zones côtières. Il
606
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
y aurait alors une remontée des eaux salées sur une distance de 14,9 km dans les fleuves
Dibamba et Wouri (MINEPDED, Division des Programmes et du Développement Durable,
2009).
En outre, la zone côtière autour de Douala est très arrosée. Cette situation crée des
inondations périodiques et très souvent difficilement gérables. Il va donc s’ensuivre une forte
sédimentation et une accentuation de l’érosion. Cette intensification de l’érosion côtière et
des inondations n’est cependant pas l’apanage des côtes camerounaises. Suivant les études
menées par l’Union Géographique Internationale (UGI, 2012), 70% des côtes au monde
subissent l’érosion, 20% sont stables et seulement 10% connaissent un engraissement.
De même, suivant les études menées par Rossi et al (2000), les côtes africaines ont
enregistré une régression de l’ordre de 130 mètres entre 1968 et 1975. Le Togo, poursuit-il, a
enregistré un recul de 40 mètres par an, au point où la route reliant le Ghana au Benin a
maintes fois été déplacée. À proximité du port de Cotonou, la régression du trait de côte a
atteint 180 mètres depuis 1964. Elle a progressé vers l’Est à une vitesse de 1000 mètres par
an. Ce couplage changements climatiques-risques naturels en milieu côtier a été soutenu par
Clus-Auby et al, (2004). Ces auteurs trouvent que le littoral est directement et principalement
concerné par les scénarios d’élévation du niveau de la mer.
En Gambie, au Sénégal, en Guinée, en Mauritanie et en Sierra Léone, la situation est
identique. Les enjeux exposés sont énormes : des km² de terres, des milliers de personnes des
infrastructures sont vulnérabilisées (Niang-Diop, 2005). Le tableau 5 ci-dessous est une
quantification du niveau de vulnérabilité de ces enjeux, en fonction des pays su cités.
Tableau 5: Quelques enjeux exposés aux risques naturels en Afrique
Gambie
Guinée
Mauritanie
Sénégal
Sierra Leone
Terres à risque (km²)
92
289-468
874,5
6042-6073
Population à risque (x 1000)
42
500
109-178
26-1220
Valeur économique en risque (millions
US$ et % du PNB)
217*
(52%)
6330
(542%)
499-707
(14%)
2315-860
Coûts d’adaptation (million US$)
4.4
1824,5
973-2156)
?
PNB (million US$)
461
(2007)
3407
1064
49-71
?
Source : Niang-Diop, 2005.
Au Nigeria voisin, l’érosion a été à l’origine de l’enlèvement de plus de 250 à 500 m²
de sédiments dans certaines zones de la plage de la Bar Beach (Folorunsho, 2004). L’État
camerounais, comme ceux des autres pays en développement, aura du mal à faire face à tous
ces aléas, car comme le souligne Defossez (2009), l’organisation de la lutte contre les
inondations dépend des moyens dont disposent les sociétés qui la subissent. L’adaptation
coûte cher aux pays Africains, raison pour laquelle certains préfèrent se livrer à la fatalité. En
Mauritanie par exemple, la réhabilitation et l’extension de la ceinture verte de Nouakchott
démarrée en 2000 et clôturée en 2007 s’est étalée sur 800 ha, avec un coût total de 4184
US$/ha.
En Gambie, le Gouvernement a investi plus de 20 millions de US$ pour l’alimentation
artificielle d’une plage d’environ 100 m de large, au niveau de Kololi. Cette réalisation a eu
pour effet pervers une perte de la moitié de sédiments importés en deux ans (Bromfield,
2006). Au Ghana, le recul du trait de côte est estimé entre 3 et 5m, le revêtement de la
plage de Labadi a coûté plus de 435 US$ par mètre, pour une longueur totale de 1600m
(Niang et al. 2012).
Considérée comme année la plus désastreuse, 2005 a été très difficile pour le monde
entier. En Europe, Mclnnes (2006) fait état des inondations majeures depuis 1998, avec des
607
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
impacts considérables sur les habitats le long du Danube et de l’Elbe en 2002. Comme dégâts,
plus de 700 morts, déplacement de près de 500 000 habitations et une perte de plus de 25
milliards d’Euros. Le programme EUrosion-2004 soutenu par la Commission Européenne
souligne que plus de 20% des côtes européennes font face à l’érosion côtière avec un recul
drastique du trait de côte qui affecte des milliers de kilomètres de côte.
Ces aléas, couplés aux forçages anthropiques participent à la dégradation de la
mangrove. Le plus fort taux de dégradation se situe entre 1986 et 2000. Cette valeur (13%,
soit une perte annuelle de 0,48%) est largement supérieure à celle obtenue par Ellison (2012)
qui a utilisé les mêmes sources d’images. En effet, selon cet auteur, la vulnérabilité des
mangroves dans la zone de l’estuaire du Cameroun entre 1975 et 2007 a montré une
diminution globale de 5% dans la zone de mangrove depuis 1975. La plus grande partie de ce
changement s'étant produite entre 1975 et 1986, avec une légère reprise entre 1986 et 2000.
Par ailleurs, une étude récente évaluant la valeur économique d’une partie des
mangroves du littoral camerounais estimait leur valeur à 200 million FCFA / ha / an, (Ajonina
et al, 2014). Une perte de 1162,25 ha équivaut ainsi à une perte monétaire de l’ordre de
232 450 000 FCFA / ha / an (422 637 $). De même, Fongnzossie et al (2013) font état de la
sérieuse dégradation de la mangrove suite à l’occurrence des événements climatiques
extrêmes dans la bande côtière de Kribi-Campo. Selly & Diallo (2005) soulignent la
vulnérabilité de la mangrove guinéenne face aux changements climatiques.
Dans la ville de Douala, Toukep et al, (2012) renseignent sur la vulnérabilité des
populations vivant dans la mangrove du bois de Singes, la précarité, la pollution causent
des maladies de la peau et hydriques.
En Afrique Subsaharienne en général, Buisson (2012) note que la vulnérabilité
pourrait affecter le bien-être et même la vie de chaque ménage en agissant sur leur situation
économique et sociale. D’où la nécessité de penser le développement en fonction de la
vulnérabilité.
Au Haïti, plus de 96% de la population vit dans les zones à risque et par conséquent très
vulnérables. À côté des risques climatiques, il y a les risques liés à la faim, car, l’agriculture
est très menacée et influence considérablement la vie des populations, surtout les ruraux. Sur
les 6,6 millions de personnes (sur un total de 10,2 millions) qui souffrent d’insécurité
alimentaire, 4,1 millions se retrouvent en zone rurale et 2,6 en milieu urbaine (Toussaint,
2010). Dans un contexte de vulnérabilité caractérisé, Chaudhuri (2003), Ligon et Schechter
(2004) et Dutta et al, (2011) proposent une « approche économétrique », basée sur les
informations recueillies pendant les enquêtes auprès des ménages. Cette approche permettrait
à terme de stratifier la vulnérabilité et par prioriser l’intervention. La position de Bidou et
Droy (2012) se rapproche de celle de ceux-ci, lorsqu’il propose un modèle de regroupement
des populations en fonction de leur niveau socio-économique.
Pour faciliter l’accès à l’eau potable à Cap Cameroun, l’Etat camerounais ordonné la
réalisation de trois (03) forages à Cap Cameroun. Malheureusement, ceci n’a pas été possible.
En effet, les analyses physico-chimiques ont révélé une haute teneur en fer de l'eau et de ce
fait impropre à la consommation. Sur cette île, l'option « forage » est alors inadaptée. L'option
"puits" à partir de la nappe de surface a donc été privilégiée. Les risques de pollution de la
ressource en eau peuvent être limités par des aménagements adéquats des puits permettant de
les protéger des infiltrations directes, ainsi que par des sensibilisations des populations. La
dispersion de l'habitat constitue également un facteur de limitation des pollutions. C’est pour
cette raison que Toubé a bénéficié de ces projets sociaux mais, malheureusement ont échoué à
cause du manque de suivi et d’une bonne étude de faisabilité. En effet les deux puits ont été
positionnés non loin de la mer (distance par rapport à la mer : 21m) et ne disposent d’aucun
608
PREOCCUPATIONS, VULNERABILITE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
mécanisme de traitement et de filtrage de l’eau. Ces infrastructures sont aujourd’hui tombées
en ruine (figure 23).
Figure 23: Puits d’eau abandonnés à Toubé. (Cliché : Mbevo, 2014)
Cette figure illustre la situation des deux puis construits à Toubé. Le puits ruiniforme
numéro 1 se trouve actuellement dans les broussailles et à la ruine. Le puits numéro 2
construit à l’école de Toubé a finalement été vandalisé par les élèves suite à son caractère non
opératoire. La vulnérabilité des populations de cette localité est la résultante de plusieurs
pesanteurs au rang desquels la corruption et le manque de planification, de suivi et
d’évaluation des projets sociaux.
CONCLUSION
La bande côtière entre Cap Cameroun et Toubé est un milieu sujet aux risques
naturels. Les inondations et l’érosion y représentent les risques majeurs. Entre 1986 et 2016,
cette zone a perdu plus de 9013,25ha de terre. Les inondations ont causé n’énormes dégâts,
avec la destruction des maisons, des cultures, etc. Face à ces risques, les populations sont
moins résilientes et développent des stratégies d’adaptation peu résilientes. Les populations
les plus vulnérables sont les vieillards et les enfants qui représentent plus de 62,5% de la
population de Cap Cameroun. Pour optimiser ces stratégies et lutter efficacement contre ces
désastres naturels, il a été préconisé la régénération et la limitation de la pression sur la
mangrove par la diffusion à Cap Cameroun des fours améliorés pour le fumage des poissons.
Il est recommandé également la promotion d’une pêche avisée, basée sur les technologies
nouvelles. La décongestion du front de mer aussi indispensable pour laisser à celle-ci un
espace de liberté.
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270p. Edition socmon. Repérée par l’URL :
http://www.socmon.org/download.ashx?docid=64623
... Along the southwest coast of Cameroon, mudslides, high tides, storm surges, saltwater intrusions, flash floods, rainstorms, landslides and lava flows resulting from an eruption, wind storms, and strong erosion were reported as the main natural hazards [17,18]. ese natural hazards have caused damage to houses, classrooms, farmland, and cars and the loss of household appliances; in addition, people have been injured or lost their lives [17,18]. is means there is a high vulnerability of the populations living there, particularly to flooding. ...
... Along the southwest coast of Cameroon, mudslides, high tides, storm surges, saltwater intrusions, flash floods, rainstorms, landslides and lava flows resulting from an eruption, wind storms, and strong erosion were reported as the main natural hazards [17,18]. ese natural hazards have caused damage to houses, classrooms, farmland, and cars and the loss of household appliances; in addition, people have been injured or lost their lives [17,18]. is means there is a high vulnerability of the populations living there, particularly to flooding. In this area, studies reported that flood-triggered migration has meant the relocation of settlements to around 3.5 km inland over the past 45 years, with a corresponding loss of around 989 ha of mangrove forest cover [19]. ...
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This study was conducted on Manoka Island (Littoral Region of Cameroon) with the aim of analyzing climate change vulnerability and local adaptation strategies based on the local community’s perceptions and biophysical evidence. We used household surveys, focus group discussions, field observation, GIS, and remote sensing to collect data on variables of exposure, sensitivity, and adaptive capacity. Historical changes in rainfall and temperature, mangrove cover, and the occurrence of extreme climatic events were used as indicators of exposure. Property losses and income structure were used as indicators of sensitivity, while human, natural, social, financial, and physical assets represented adaptive capacity. 89 households were interviewed in the nine settlements of the island. Results show that Manoka Island is experiencing irregular rainfall patterns (with average annual values deviating from the mean by −1.9 to +1.8 mm) and increasing temperature (with annual values deviating from the mean by −1.2 to +3.12). The dynamics of the coastline between 1975 and 2017 using EPR show average setbacks of more than ±3 m/year, with erosion levels varying depending on the period and location. The number of households perceiving extreme climatic events like seasonal variability, flood, and rain storm was higher. From respondents’ perception, housing and health are the sectors most affected by climate change. The reported high dependence of households on fishing for income, their overall low livelihood diversification, and their poor access to climate information reported by 65% of respondents portray their poor adaptive capacity. Local response initiatives are ineffective and include among others constructing buildings on stilts and using car wheels to counter the advancement of seawater inland. The study concludes that households on Manoka Island are vulnerable to the impacts of climate change. Income diversification, mangrove reforestation, the development of sustainable supply chains for wood fuel, and sustainable fish smoking devices are the main pathways for adaptation planning in this area.
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Dans un contexte mondial marqué par un réchauffement climatique entrainant une élévation croissante du niveau marin, les espaces côtiers sont de plus en plus menacés par le risque de submersion marine. A cet effet, pour bien saisir la problématique des inondations côtières au niveau de la Petite Côte à partir des communes littorales de Mbao et Rufisque, un questionnaire et des plans de quartier agrandis ont servi à la collecte des informations pertinentes sur les inondations côtières (leur fréquence, la limite atteinte par les eaux, les dégâts résultants, etc.). Cette approche a permis d'identifier 22 événements de 1981 à 2020. Nos résultats à partir de ce groupe indiquent que l'écart moyen entre deux événements est passé de 3 ans entre 1981 et 2002, à 2 ans entre 2002 et 2014 et à moins d'un an depuis 2014 (avec trois années où sont survenus deux événements : 2015, 2018 et 2019). Plus de 65 % des répondants de Mbao et 68 % de ceux Rufisque confirment l'augmentation de la fréquence des évènements. Ces derniers ne se manifestent pas forcément partout, ou encore avec la même intensité, sur le linéaire côtier à l'étude. Certains événements fortement ressentis à Rufisque le sont peu à Mbao, alors que d'autres semblent au contraire y avoir été perçus comme plus sévères, notamment à cause de la combinaison avec un débordement du marigot. Les résultats montrent que les submersions à Mbao et à Rufisque sont principalement des phénomènes de saisons des pluies ; trois événements seulement sur les 22 ont été enregistrés en saison sèche. Nous avons vu que ces phénomènes ont des impacts non négligeables sur les communautés côtières, sous la forme de la perte ou la destruction des habitats et de l'équipement de travail (notamment pour la pêche côtière. In fine, les résultats de notre enquête montrent que la gestion des risques de submersion et d'inondation fluviale peut s'appuyer sur certains atouts présents dans l'espace étudié, tel que la solidarité spontanée des populations en cas de désastre. Mais, de nombreux défis doivent être relevés pour améliorer la gestion actuelle de ces risques, au premier chef, l'inexistence de certaines données nécessaires à la bonne connaissance du risque, à la planification urbaine et à l'établissement de normes adaptées à l'exposition aux risques côtiers. Abstract In a global context marked by global warming leading to an increasing rise in sea level, coastal areas are increasingly threatened by the risk of marine submersion. To this end, in order to understand the problem of coastal flooding in the Petite Côte from the coastal communities of Mbao and Rufisque, a questionnaire and enlarged neighborhood plans were used to collect relevant information on flooding (their frequency, the limit reached by the water, the resulting damage, etc.). This approach identified 22 events from 1981 to 2020. Our results from this group indicate that the average gap between two events has decreased from 3 years between 1981 and 2002, to 2 years between 2002 and 2014, and to less than 1 year since 2014 (with three years with two events: 2015, 2018, and 2019). More than 65% of respondents in Mbao and 68% of those in Rufisque confirm the increase in the frequency of events. These events do not necessarily occur everywhere, or with the same intensity, on the coastal line under study. Some events that were strongly felt in Rufisque were not felt very much in Mbao, while others seemed to have been perceived as more severe, particularly because of the combination with an overflow of the marigot. The results show that the floods in Mbao and Rufisque are mainly rainy season phenomena; only three of the 22 events were recorded in the dry season. We have seen that these phenomena have significant impacts on coastal communities, in the form of loss or destruction of habitats and work equipment (especially for coastal fishing). Finally, the results of our investigation show that the management of flooding risks can rely on certain assets present in the studied area, such as the spontaneous solidarity of the populations in case of disaster. However, many challenges must be met to improve the current management of these risks, first and foremost, the lack of certain data necessary for a good knowledge of the risk, urban planning and the establishment of standards adapted to exposure to coastal risks.
Thesis
L’estuaire du Wouri, situé au coeur du Golfe de Guinée et ouvert sur l’océan Atlantique est soumis à un large éventail d’influence atmosphérique, océanique, continentale et anthropique à différentes échelles de temps (court et long-terme) contrôlant son évolution. La première partie de cette thèse, axée sur des archives remontant au 20ème siècle, a permis de reconstituer l’histoire de l’évolution du littoral estuarien du Wouri. Parallèlement, pour déterminer les tendances d’évolution des hauteurs d’eau, quantifier et qualifier la cinématique du trait de côte et des fonds dans l’estuaire, un travail d’inventaire, de numérisation et d’analyse des documents historiques a été réalisé. Ceci a permis d’enregistrer une évolution du niveau moyen à un rythme d’environ 25mm/an en 17 ans (2002 – 2019). Les résultats ont révélé une prédominance des variations dominées par l’érosion en aval et inversement par l’accrétion en amont, sur la période de 64 ans (1948-2012). Ces tendances sont accentuées par la présence de facteurs amplificateurs (pression anthropique et changement climatique). Afin d’étudier les processus hydrodynamiques et sédimentaires à court terme, une modélisation numérique de la propagation de la marée et la distribution des salinités et des sédiments fins a été réalisée à l’aide de TELEMAC 3D (calibré et validé grâce aux mesures in-situ acquises au cours de l’année 2019). La marée a montré une asymétrie dominée par le jusant dans sa partie inférieure et inversement par le flot dans sa partie supérieure. La distribution de la salinité a permis de caractériser l’estuaire de bien mélangé en vive-eau, particulièrement en étiage à stratifié en morte eau, particulièrement en période de crue. Les variations saisonnières, du régime fluvial ont montré une migration longitudinale de la position de la zone de turbidité maximale : déplacement en amont pendant les étiages et en aval pendant les crues avec pour conséquence une exportation massive de sédiments dans la partie intermédiaire et aval de l’estuaire. Dans un contexte actuel du changement climatique associé aux forts impacts anthropiques, cette étude souligne la nécessité de l’utilisation des archives historiques, de données in-situ couplées à un modèle numérique pour mieux comprendre l’évolution passée et actuelle de l’hydrodynamique et de la dynamique sédimentaire.
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Inscrite dans les Objectifs de Développement Durable, la question de la gouvernance des villes est au cœur de nombreuses préoccupations au niveau mondial. Les défis à la gouvernance sont nombreux et se présentent aussi en termes d’accès au logement. Dans les pays en développement, avoir un logement décent dans une zone moins exposée aux risques naturels est préoccupant. En Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan, on enregistre chaque année des glissements de terrain, des éboulements, des inondations entraînant souvent des pertes en vies humaines. San-Pedro, ville située au sud-ouest de la Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette réalité. Cette étude vise à analyser les facteurs de l’occupation des zones à risques dans la ville de San-Pedro en vue d’une meilleure planification de l’espace. Pour conduire l’étude, la démarche méthodologique utilisée prend en compte la recherche documentaire, l’interview auprès des gestionnaires du foncier, l’enquête par questionnaire adressée aux chefs de ménage et l’usage des techniques de télédétection pour le traitement des images sentinelles. Les résultats ont relevé que les basfonds occupent 72% de la superficie totale de la ville dont 60% sont bâtis. Ensuite, l’occupation des zones à risques s’explique par les contraintes du milieu physique, le laxisme des pouvoirs publics et l’insouciance des populations, car 51,53% perçoivent le risque très grave contre 14,61% qui ne perçoivent aucun risque. Enfin, l’occupation des zones à risques induit des destructions des habitations, des documents administratifs et des pertes en vies humaines. Les pouvoirs publics devraient désormais déguerpir les populations occupant les zones à risques. The issue of urban governance, which is included in the Sustainable Development Goals, is at the heart of many concerns at the global level. The governance challenges are numerous and arise in terms of access to housing. In developing countries, having a decent home in an area less exposed to natural hazards is a concern. In Côte d'Ivoire, particularly in Abidjan, landslides, rockslides, and floods are recorded yearly, often resulting in loss of life. San-Pedro, a city located southwest of Côte d'Ivoire, is no exception to this reality. This study aims to analyze the factors of the occupation of risk zones in the city of San-Pedro with a view to better spatial planning. The methodological approach used to conduct the study includes documentary research, interviews with land managers, a questionnaire survey addressed to heads of households,s and the use of remote sensing techniques for processing sentinel images. The results showed that the lowlands occupy 72% of the city's total area, 60% of which is built-up. Then, the occupation of risk areas is explained by the constraints of the physical environment, the laxity of the public authorities, and the carelessness of the population, as 51.53% perceive the risk as very serious against 14.61% who perceive no risk. Finally, the occupation of risk zones leads to the destruction of homes, administrative documents, and loss of human life. The public authorities should now evacuate the populations occupying the risk zones.
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Land and resource use patterns in coastal areas play a key role in the resilience of ecosystems and populations to climate change. Knowing their spatiotemporal dynamics therefore constitutes a strategic tool to help decision-makers. Based on documentary research, geographic information system (GIS), image processing, and field work, this article maps land use on Manoka Island between 1986 and 2018 and identifies the drivers of change and avenues for intervention with a view to strengthening climate change mitigation. The results show a decrease of 4% in forest area on Manoka Island, representing an average of 112 ha of inland forest and 267 ha of mangrove converted between 1986 and 2018. This increases the degraded forest area by 268% (degraded mangrove and degraded inland forest) and exposes some camps to erosion and flooding. Reduction in forest area is mainly linked to the harvesting of fuelwood and the conversion of forests into farmland and residential areas. Settlements have increased in area from 15 ha in 1986 to 90.4 ha in 2018 to the detriment of natural spaces.
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La présente communication est consacrée à la caractérisation de l'aléa érosion côtière sur le littoral du Gabon dans le cadre de l'analyse des effets des changements climatiques dans cette région de l'Afrique Centrale. Les évaluations de la cinématique des variables d'intérêts révèlent des taux importants d'évolution annuelle du trait de côte et les modèles de calcul prédisent une intensification de cette dynamique à l'horizon 2050 et 2100. La réponse sociétale s'organise par des mesures d'atténuations et par une mise en oeuvre d'une stratégie sous-régionale d'adaptation du littoral à ces risques.
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RESUME Face aux changements climatiques et leurs impacts sur le milieu côtier, les écosystèmes de mangrove apparaissent particulièrement vulnérables. La dynamique marine, l'érosion côtière et les pressions anthropiques sont autant de menaces qui pèsent sur ces écosystèmes. Cette étude se propose d'évaluer, à partir de l'analyse diachronique des images satellitaires Landsat et des enquêtes de terrain, la vulnérabilité aux changements climatiques de la réserve de mangrove de Mabe, située à l'embouchure du fleuve Moungo dans la Région administrative du Littoral (Cameroun). La méthodologie utilisée s'appuie sur le traitement et la classification des images Landsat TM et ETM, couplés aux données d'observations et d'enquêtes de terrain. Il en ressort que les mangroves ont enregistré une dégradation totale de 13% en 28 ans, soit une perte annuelle de 0,48%. L'érosion côtière s'est accentuée, induisant une dynamique régressive du trait de côte. Une perte en superficie est donc constatée et estimée à 103 ha (1,03km²). La nécessité de réguler l'installation des pécheurs et la conception des technologies modernes de fumage de poisson s'impose, afin de limiter la consommation en bois de mangrove. ABSTRACT In the face of climate change and its impacts on the coastal environment, mangrove ecosystems are particularly vulnerable. Sea dynamics, coastal erosion and anthropogenic pressures are among the threats these ecosystems face. This study aims to assess the vulnerability to climate change of the Mabe Mangrove Reserve located at the mouth of the Moungo River in the Littoral Region of Cameroon, based on the diachronic analysis of Landsat satellite imagery and field surveys. The methodology used is based on the processing and classification of Landsat TM and ETM images, coupled with field observations and surveys. As a result, mangroves recorded a total degradation of 13% in 28 years, representing an annual loss of 0.48%. Coastal erosion has intensified, leading to a regressive dynamic of the coastline. A loss in area is therefore observed and estimated at 103 ha (1,03 km²). The need to regulate the installation of fishermen and the development and adoption of modern fish smoking technologies is necessary in order to limit the consumption of mangrove wood for fish drying.
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The breach through the spit of Barbarie in 2004 had consequences on the Senegal Delta. This new mouth of the Senegal River is very mobile and it continues a southward migration. This migration exposes the population to coastal erosion and surges. The emergence coastal risk was very fast. People protect themselves however the means are often derisory and punctual. Some villages were abandoned, others are preparing. The temporalities of the coastal environment are not the political temporality. Mostly decisions and actions are taken in emergency situations. However thousands of people are exposed to naturals hazards and the prevention and protection options are rare. This article present the emergence of coastal hazards in the north of the Grande Côte and the variability of coastal dynamics, the coastal temporality (resilience) and the vulnerability of the coastal communities to naturals hazards. We discuss the issue of coastal risk management at the scale of Senegal.
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RESUME Les quartiers déshérités installés dans les zones à risques, l'utilisation des systèmes d'assainissement individuels comme les fosses septiques et le rejet anarchique des effluents d'assainissement autonome dans la nature sans aucun traitement préalable engendrent la pollution de la nappe phréatique, source d'approvisionnement des populations en eau. La présente étude menée dans le quartier des Bois des Singes à Douala vise à établir une corrélation entre le cadre de vie de cette population et leur état de santé. Pour cela, les types d'habitations, les types de toilettes, le mode d'évacuation des effluents et la source d'alimentation en eau potable ont été identifié et caractérisé. En outre, la population interrogée consomme l'eau de puits. L'analyse bactériologique de cette eau montre la présence des Coliformes fécaux (2000 UFC/100ml), Staphylocoques aureus (1000 UFC/100ml) et des Entéro bacter cloacae (5000 UFC/100ml) avec des concentrations largement au-delà des normes de l'OMS, ce qui serait à l'origine des maladies hydriques observées localement. Le test de khi-deux confirme la forte corrélation entre ces maladies et les couches sociales ainsi qu'une interaction entre le cadre de vie et la santé de ces populations. ABSTRACT The inner city installed in areas at risk, the use of individual sanitation systems such as septic tanks and uncontrolled discharge of effluents on-site sanitation in nature without any prior treatment generates pollution of groundwater, source supply with water populations. This study conducted in Bois des Singes neighbourhood in Douala aims to establish a correlation with the living conditions of this population and their health. For this reason, residential types, toilets types, the mode of discharge of effluents and the water supply source were identified and characterized. In addition, the population surveyed consumed well water. Bacteriological analysis of the said water shows the presence of Fecal Coliforms (2000 CFU / 100ml), Staphylococcus aureus (1000 CFU / 100ml) and Entero bacter cloacae (5000 CFU / 100ml) with the large concentrations beyong WHO standards, which is the cause of waterborne diseases observed locally. The chi-square test confirms the strong correlation with these diseases and social levels as well as interaction between the living and the health of those populations.
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Une partie de la réponse aux impacts économiques, sociaux et humains des inondations réside en une meilleure gestion de l'occupation des sols. La méthode Inondabilité permet d'apporter une réponse opérationnelle aux acteurs en charge de la gestion et l'aménagement des cours d'eau. Elle permet de mesurer dans la même unité et de comparer les deux facteurs indépendants que sont l'aléa et la vulnérabilité, pour aboutir à une quantification objective du risque. Sa mise en oeuvre sur un bassin versant consiste en une modélisation de l'hydrologie grâce aux modèles Débit-durée-Fréquence, de l'hydraulique ainsi que de l'occupation du sol pour aboutir à une représentation cartographique du risque. L'originalité de la méthode Inondabilité tient à la quantification de l'aléa et de la vulnérabilité en une même unité, une période de retour qui permet une comparaison objective de deux grandeurs très différentes. De plus, la quantification du risque est estimée à l'aide d'une différence ( Risque=∆ (aléa, vulnérabilité) ) contrairement aux approches traditionnelles qui privilégient souvent un produit ( Risque=Coût X probabilité ), permettant ainsi la définition d'un risque acceptable (∆ négatif).
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In the Limbe Subdivision of Cameroon, landslides and flooding are frequent threats. The worst recorded event occurred in June 2001, when floods and landslides took the lives of some 30 persons, left over 2000 people homeless, and destroyed property and social amenities including roads and telephone lines worth hundred of thousands of US Dollars. The objective of this project was to assist local administrative officers, other decision makers and planners to understand which areas to concentrate their efforts on in order to develop mitigation actions to protect the lives of the population in these zones that are affected by flooding and associated landslides. To meet this objective the project made extensive use of geospatial tools and existing digital spatial datasets. Series of field data collection exercises constituted an integral part of the project. The project focused on the Limbe subdivision in the south-western part of Cameroon. Areas with high (greater than 60%) probability of sliding to occur, occupy 23% while areas with medium (greater than 40% and less than 60%) probability of sliding to occur occupy 44% and areas with low (less than 40%) probability of sliding occupy 33%. Settlements along the Atlantic coast all lie less than ~50m above sea level. These settlements (villages) are susceptible to flooding. Again settlements in the town of Llimbe along the Djenguele river, i.e., Animal Farms, Cassava Farms, Lumpsum areas, Church Street, New Town and Down Beach, are more susceptible to inundation during raining periods and therefore have experienced persistent flooding over the years.
Thesis
During the 20th century, four million lives were cut short by natural disasters. Currently, about 300.000 persons are affected each year by natural risks and 78.000 persons found death. At the fore front of these natural risks, cyclones, droughts, earthquakes and storms are more deadly and particularly affect some continents in the world like America, Asia and Europe. Africa is more prone to droughts, floods and mass movements whose occurrence is cyclical with the seasons. In Cameroon, the abundance of rainfall and undulating topography in some regions are the main causes of certain hazards such as flooding and mass movements. Bamenda of which is the spatial framework of this research is the capital town of the North-West region in Cameroon. It is located between 5°56-6°00N and 10°08-10°12E. Its population in 2012 was 496.931 inhabitants. The annual growth rate is 4.9%. This city extends in the south-eastern part by an escarpment with steep slopes that are now colonized by spontaneous quarters particularly exposed to landslides and rock falls. The occupation of the lowlands and the bad arrangement of drainage works cause floods every year and significant damages. An example of risk is that of landslide which occurred in August 2007 at Abangoh in which one family was buried under the roof and walls of their house after damage. Between 1995 and 2012, 20 deaths were registered in the city of Bamenda coupled with severe damages due to floods. The situation of the city of Bamenda is equally aggravated by other factors such as socio-economic, cultural, institutional, political, and climatic factors. One can quote the misperception of risk, lack of appropriate emergency services, poor quality of buildings and infrastructures and increased precipitation that expresses climate variability. After the diagnosis of different natural risks that weigh on the city of Bamenda, with the presentation of their natural and anthropogenic causes and a statement of damages, we present a qualitative and quantitative assessment of the vulnerability of the populations toward these natural risks. This work is accompanied by risks cartography made by the superposition of different hazards maps, including other parameters having an impact on the risk appraisal.
Article
This study assesses vulnerability to climate change and local adaption strategies in the Kribi-Campo coastal area. Variables of exposure, sensitivity and adaptive capacity are described and assessed based on the community's perception and biophysical evidence. Historical changes in rainfall and temperature variables, mangrove cover and occurrence of extreme climatic events are taken as indicators of exposure. Losses of property and income structure are used as indicators of sensitivity. Human, natural, social, financial and physical assets are used as elements of adaptive capacity. Focus group discussions were held with key informants in 12 settlements, and a survey was conducted with 150 household representatives (14 Bagyeli pygmies and 136 Bantou) to gather perceptions on climate change and adaptation strategies. Results show evidence of increased -vulnerability due to decreasing rainfall and irregular rainfall patterns, increasing occurrences of extreme climatic events and increased levels of coastal erosion. These have resulted in several effects, most significantly in the decline of agricultural production, reported by 57% of respondents, and damages to housing reported by 30% of respondents. Adaptive capacities are low. >. 60% of respondents do not use any adaptation strategy. All sectors considered, the identified responses to climate related phenomena include early harvesting of crop, farm abandonment, change of productive activity, change of farm location, house reinforcement. The study concludes that households living here are susceptible to the possible impacts of climate change. Income diversification, mangrove afforestation and climate education should be considered as priorities for adaptation in this area.
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A household's observed poverty level is an ex-post measure of a house-hold's well-being (or lack thereof). But poverty is a stochastic phenom-enon and the current poverty level of a household, may not necessarily be a good guide to the household's expected poverty in the future. For thinking about appropriate forward-looking anti-poverty interventions (i.e., interven-tions that aim to go beyond the alleviation of current poverty to prevent or reduce future poverty), the critical need then is to go beyond a cataloging of who is currently poor and who is not, to an assessment of households' vulnerability to poverty. In this paper, we make the case for broadening the scope of poverty assessments to take account of vulnerability to poverty and outline a conceptual and empirical approach for doing so. The paper has two broad aims: first, to provide a conceptual and methodological overview of the uses and empirical implementation of vulnerability assessments using household-level data; and second, to demonstrate, through a number of il-lustrative examples as well as two more detailed country studies, how the general methodological approach can be usefully applied and tailored to par-ticular contexts and data, to yield policy-relevant insights about the nature and extent of vulnerability.