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6èmes Journées de Recherche sur les Productions Animales -Tizi 0uzou les 3 et 4 mai 2011
L'EFFET DE L'ACCLIMATATION PRECOCE SUR LES PERFORMANCES
ZOOTECHNIQUES DU POULET DE CHAIR ELEVE EN CONDITIONS CHAUDES
ET SUBISSANT UN COUP DE CHALEUR EN FIN D'ELEVAGE
TEFIEL, H., CHAOUCHE, S., BOUDOUMA*. D., ABDOUCHE, L., IABASSEN, D.,
BELGACEM, S., KAZI AOUEL, S.
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE AGRONOMIQUE, Laboratoire des Productions
Animales, Département des Productions Animales, Alger.
*d.boudouma@ensa.dz
RESUME
Le travail réalisé a pour but d’apprécier l’effet de l’acclimatation précoce sur quelques
performances zootechniques du poulet de chair élevé en conditions chaudes et soumis à un
stress thermique aigu en fin d’élevage.
L’élevage est mené dans un bâtiment à ambiance non contrôlée. Au 6ème jour d’élevage, 103
poussins (lot A: acclimatés) sont acclimatés (34 à 37°C durant 24 heures) et élevés par la
suite dans les mêmes conditions que le lot de sujets non acclimatés (NA). Durant l’élevage,
l’ensemble des animaux a été élevé dans les mêmes conditions.
Au 52ème jour, l’ensemble des animaux a subi un coup de chaleur (36°C pendant 6 heures).
L’ingéré, le gain de poids vif, le taux de mortalité et l’indice de consommation durant chaque
semaine d’élevage ont été calculés ainsi que le taux de mortalité lors du coup de chaleur.
L’acclimatation a entrainé des différences significatives (P≤0,05) d’ingéré et de gain de poids
vif durant la 2ème semaine d’élevage uniquement. L’indice de consommation du lot A est
meilleur (P≤0,05) durant la 2ème semaine, la situation s’inverse durant la 3ème semaine et
devient comparable les 4 semaines suivantes. Le taux de mortalité des 2 lots est comparable
durant tout l’élevage (P≥ 0,05). Le taux de mortalité des animaux du lot A est relativement
plus faible comparé à celui du lot NA (13% vs 33%). Ces résultats suggèrent qu’en conditions
estivales telles que existantes en Algérie, l’acclimatation précoce du poulet de chair une
réduction du taux de mortalité en cas de stress thermique aigu.
Mots clés: Acclimatation précoce, performances zootechniques, poulet de chair, stress
thermique, taux de mortalité.
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6èmes Journées de Recherche sur les Productions Animales -Tizi 0uzou les 3 et 4 mai 2011
INTRODUCTION
En Algérie, les bâtiments d’élevage avicoles sont dans leur globalité, vétustes. De plus
ils sont peu ou pas équipés en matière de contrôle de l’ambiance. Cette situation est à l’origine
des faibles performances observées particulièrement en période estivale durant laquelle
d’importantes mortalités sont relevées (Boudouma, 2008). En effet, en Algérie, la chaleur
constitue une contrainte sérieuse aux élevages avicoles, elle se manifeste dès le mois de Mai
jusqu’au mois d’Octobre et amène la plupart des éleveurs à arrêter leurs élevages, compte
tenu des fortes pertes économiques engendrées par cette situation. Afin de faire face à celle-ci,
plusieurs méthodes de prévention et de lutte contre le stress thermique chronique ou aigu, ont
été préconisées. Parmi ces méthodes, figure celle de l’acclimatation précoce qui consiste à
exposer pendant une courte durée (24heures) les poussins à une température ambiante élevée
Arjona et al. (1988).
Quel est l’apport de cette technique pour les élevages de poulets de chair menés en Algérie
dans des conditions d’ambiance non contrôlées? Nous avons tenté de répondre à cette
question à travers une expérience menée du 21 avril au 12 juin 2010.
MATERIEL ET METHODES
Matériel
L’expérimentation a été réalisée dans un bâtiment de l’ENSA utilisé pour l’élevage du poulet
de chair. Les animaux sont alimentés durant tout l’élevage avec un aliment commercialisé par
l’Office National de l’Aliment de Bétail (O.N.A.B) qui correspond aux besoins des animaux
durant les phases de démarrage, de croissance et de finition. L’aliment est distribué ad
libitum, de même que l’eau de boisson.
Dès réception, les 209 poussins de souche Arbor acres âgés d’un jour, sont disposés dans une
poussinière regroupant les conditions adéquates à leur bonne croissance. Lors du 6ème jour,
103 sujets ont été déplacés vers un autre bâtiment et soumis durant 24 heures à une
température ambiante variant entre de 34 à 37°C et une humidité relative de 40 à 48%, ils
constituent le lot des poussins acclimatés (A). Ils rejoignent le lendemain, les animaux non
acclimatés (NA) et seront soumis pour le reste de l’élevage aux mêmes conditions d’ambiance
et d’alimentation. Les 2 lots d’animaux sont répartis chacun en 2 loges contenant chacune une
moyenne de 46 sujets pour le lot A et de 33 sujets pour le lot NA.
Lors du 52ème jour d’élevage, l’ensemble des poulets a été soumis à un stress thermique aigu
(36°C pendant 6 heures) obtenu progressivement par l’allumage de radians disposés dans
chaque loge.
Les animaux ont fait l’objet d’un suivi prophylactique tel que le recommandent les services
vétérinaires algériens.
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Méthodes
Méthodes de mesure et de calcul
Les mesures et calculs ont été réalisés sur les animaux des 2 traitements
Mesure et calcul de l’ingéré (I): Durant toute la période d’élevage, l’aliment est distribué
chaque jour et le refus est récolté chaque jour durant les 4 premières semaines et en fin de
semaine durant les 3 dernières semaines. L’ingéré est calculé selon la formule suivante:
I (kg)= quantité d’aliment distribuée (kg) - quantité d’aliment refusée (kg)
Calcul des gains de poids vif (GPV): La pesée individuelle des animaux est réalisée en fin
de chaque semaine d’élevage. Elle permet alors le calcul suivant du gain de poids.
GPV (g)=poids des animaux en fin de semaine - poids des animaux en début de semaine
Calcul de l’indice de consommation (IC): Les données relatives à l’ingéré et au gain de
poids vif des sujets permettent de calculer l’IC
IC = Quantité ingérée / Gain de poids vif
Enregistrement des mortalités et calcul du taux de mortalité (TM): Le taux de mortalité
durant le coup de chaleur est évalué par le rapport :
TM (%)= (Nombre de sujets morts/ Effectif initial) x 100
Méthodes statistiques
Les résultats sont présentés sous forme de valeurs moyennes accompagnées de leur écart-type.
L’ensemble des résultats a fait l’objet d’une analyse de variance à un facteur de classification
pour rechercher l’effet traitement et d’une comparaison de moyennes par le test de Newman
et Keuls. La signification des résultats est exprimée en fonction de P≤ ou ≥ à 0,05.
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RESULTATS ET DISCUSSION
Le tableau 1 présente les résultats moyens de l’ingéré, du gain de poids vif, et de l’indice de
consommation des animaux durant chaque semaine d’élevage.
Tableau 1: Valeurs moyennes de l’ingéré (kg), du gain de poids vif (g) et de l’indice de
consommation des animaux des 2 lots durant chaque semaine de l’élevage.
Age INGERE GAIN DE POIDS INDICE DE
CONSOMMATION
NA A NA A NA A
S2 0,30 ±0, 02 a0,34±0,01b171,60±3,5a211,30±11,10b1,78±0,02a1,61±0,01b
S3 0,52 ±0,03a0,50±0,02a289,20±17,1a239,40±2,10a1,80±0,01a2,07±0,07b
S4 0,83 ±0,04a0,83±0,02a446,90±21,5a434,80±9,90a1,86±0,02a1,91±0,00a
S5 1,05 ±0,09a1,06±0,01a445,60±9,00a489,30±2,70b2,36±0,25a2,16±0,03a
S6 1,26 ±0,07 a1,45±0,05a540,80±49,90a560,80±8,20a2,34±0,36a2,59±0,05a
S7 1,20 ±0,02 a1,31±0,05a638,4±56,80a684,40±8,70a1,88±0,12a1,91±0,04a
S: semaine; a,b:pour un même paramètre et sur la même ligne, les valeurs accompagnées d’une lettre différente
sont statistiquement différentes (P≤0,05).
L’ingéré moyen des sujets acclimatés est légèrement supérieur (P≤0,05) à celui des sujets non
acclimatés durant la 2ème semaine, il pourrait constituer une compensation à la réduction du
niveau alimentaire observé lors de la 1ère semaine suite au coup de chaleur tel que rapporté
par Mouss (2011). Pour la suite de l’élevage nous n’avons pas observé de différence de
niveau d’ingestion entre les 2 lots, contrairement aux hypothèses de De Basilio et al.(2001).
Suite au meilleur ingéré à la 2ème semaine par les animaux du lot A, il est logique d’observer
chez ceux-ci, un gain de poids vif supérieur (P≤0,05) à celui des animaux du lot NA (211 vs
172g). Cet écart est retrouvé durant la 5ème semaine d’élevage, malgré l’ingestion par les 2 lots
de poulets, d’une même quantité d’aliment.
Au cours des autres semaines d’élevage (S3, S4, S6 et S7) la prise de poids par les poulets des
2 lots est comparable (P≥ 0,05), ce résultats ne s’aligne pas sur les données rapportées par
Yahav et Mc Murty (2001).
A l’exception des 2 premières semaines d’élevage pour lesquelles l’IC est différent (P≤0,05)
entre les 2 lots, ce paramètre reste comparable les semaines suivantes.
Les mortalités moyennes calculées pour les 2 lots de poulets durant le coup de chaleur, sont
présentées dans le tableau 2.
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Tableau 2: Taux de mortalité (%) des poulets durant le coup de chaleur
Traitement Taux de mortalité (%)
Moyenne Ecart-type Coefficient de variation
(%)
NA 35,94 37,57 104,55
A18,27 1,24 6,77
En valeur absolue, le taux de mortalité du lot NA lors du coup de chaleur est 2 fois plus
important que celui du lot A (36 vs 18%), ce résultat est conforme à celui rapporté par
plusieurs auteurs dont Arjona et al.(1988). Nous ne pouvons pas comparer statiquement les
deux moyennes compte tenu de l’hétérogénéité des 2 lots indiquée par leur écart-type. Cette
hétérogénéité est due à une défaillance technique durant le jour du coup de chaleur, qui a
entraîné une moindre charge thermique sur une des 2 loges abritant les sujets non acclimatés,
réduisant fortement ainsi le nombre de mortalités comparé à celui observé dans la deuxième
loge.
La résistance des animaux acclimatés à la température élevée lors du coup de chaleur est
expliquée par la meilleure thermo-résistance des animaux acquise suite à leur acclimatation
précoce tel que noté par De Basilio et al.(2003).
CONCLUSION
Dans nos conditions expérimentales très proches de celles rencontrées en conditions chaudes
dans la plupart des locaux d’élevage du poulet de chair, la technique d’acclimatation précoce,
ne modifie pas le niveau d’ingestion des poulets, quelque soit la période de croissance
considérée. Elle ne modifie pas non plus la prise pondérale et l’indice de consommation. En
revanche lors d’un coup de chaleur survenant en fin d’élevage, elle réduit drastiquement le
taux de mortalité des poulets. Ce premier résultat nous amène à recommander l’adoption de
cette pratique par nos éleveurs en période estivale, elle doit être cependant couplée à d’autres
techniques afin d’améliorer l’efficacité alimentaire.
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Arjona, A.A., Denbow, D.M., Weaver W.D. 1988. Effect of heat stress early in life on
mortality of broilers exposed to high environmental temperatures just prior to marketing.
Poult. Sci. 67:226.
Boudouma, D. 2008. Valorisation du son de blé en alimentation des volailles. Thèse de
doctorat d’état. Institut National Agronomique. Alger.163p.
De Basilio.V., Vilarino. M., Leon. A., Picard. M. 2001. Efecto de la aclimatacion precz sor la
termotolerancia en pollos de engorde sometidos a un estrés termico tardio en conditiones de
clima tropical. Revista Cientifica de la Facultad de Ciencias Veterinarias LUZ. 11: 60-68.
De Basilio.V., Requena F., leon A.,Valarino M., Picard.,2003. Une technique d’acclimatation
précoce des poulets de chair au climat tropical. Cinquièmes Journées de la Recherche
Avicole, Tours, France. 26 et 27 mars.
Mouss, A. 2011. Impact de la technique d’acclimatation précoce et du retrait alimentaire sur
les performances de croissance et la qualité de la carcasse de poulet de chair élevé en
condition chaudes. Mémoire de magister en agronomie. Ecole Nationale Supérieure
Agronomique d’El Harrach (Alger). 69p.
Yahav. S., Mac Murty. J. 2001. Cité in DE BASILIO. V., Picard. M. 2002. La capacité de
survie des poulets à un coup de chaleur est augmentée par une exposition précoce à une
température élevée. INRA prod. Anim. 15: 235-245.
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