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SE Biotechnol. Agron. Soc. Environ.201216(2),217-228 Le Point sur :
Dénitionduprolécologiquedel’azobé,Lophira alata,
uneespèceligneuseafricainedegrandeimportance:
synthèsebibliographiqueetperspectivespourdes
recherchesfutures
AchilleBernardBiwolé(1,2,3),NilsBourland(1),KassoDaïnou(1),Jean-LouisDoucet(1,3)
(1)Univ.Liège-GemblouxAgro-BioTech.UnitédeGestiondesRessourcesforestièresetdesMilieuxnaturels.
LaboratoiredeForesteriedesRégionstropicalesetsubtropicales.PassagedesDéportés,2.B-5030Gembloux(Belgique).
E-mail:achille.biwole@doct.ulg.ac.be
(2)UniversitédeDouala.Écolenormalesupérieured’Enseignementtechnique.B.P.1872.CAM-Douala(Cameroun).
(3)ÉcoleRégionalePost-Universitaired’AménagementetdeGestionIntégrésdesForêtsetTerritoiresTropicaux(ERAIFT).
B.P.15373Kinshasa(RDC).
Reçule20juin2011,acceptéle16mars2012.
L’effortdegestiondurableconsentidepuisplusdedeuxdécenniesdanslesforêtsdenseshumidesafricainescontinued’être
confrontéà l’insufsancedes connaissancesde cesécosystèmes. L’écologie des essences ligneuses demeure peu étudiée,
rendantdifciletoutepossibilitédegestiondurablesurlelongterme.Cettesituationestillustréeàtraverslaprésentesynthèse
bibliographiquesur l’écologie et la sylviculturede l’azobé,Lophira alataBanks ex C.F.Gaertn.(Ochnaceae), uneespèce
africainedegrandeimportancejugée«vulnérable»parl’UICN.Larevuedelittératureproposéemetenexerguel’incertitude
quiperduresurlataxonomiedecetteespèce,maisaussidenombreusesinsufsancesouméconnaissancesrelativesàsabiologie
dereproduction,ses conditionsderégénération, sesparamètresde ladynamique des populations,ainsi que l’organisation
spatialedesadiversitégénétique.Parmanqued’informationssursesexigencesécologiquesetlesfacteursayanthistoriquement
inuencésadynamiquedespopulations,lesessaissylvicolesmenésàcejourrévèlentdesrésultatshasardeuxquirestentpour
majeurepartietrèsmitigés.Remédieràcesdiverseslacunesparunemeilleurecaractérisationdesonécologieetdesessais
sylvicolesnovateursconstitueraitunecontributionnotablepourlagestiondurabledesespopulations.
Mots-clés.Lophira alata,écologie, sylviculture, gestiondurabledes forêts, forêttropicalehumide, morphologievégétale,
arbreàbutsmultiples.
Denition of the ecological prole of Lophira alata (ekki), a major important African timber species: literature review
and perspectives for future studies. Overtwodecades,laborsmadeinordertopromotesustainablemanagementofAfrican
tropicalforestsaretackledtothelackofknowledgeaboutthiscomplexecosystem.Ecologicalparametersoftimberspeciesare
nomorestudied,thiscomplicateslong-termsustainableforestmanagement.Thisliteraturereviewrelatedtotheecologyand
silvicultureofekki,Lophira alataBanksexC.F.Gaertn.(Ochnaceae),amainAfricantimberspeciesrecordedas“vulnerable”
intheIUCNRedList,willserveasastudy’scase.Theplannedliteraturereviewrevealsthedoubtaboutitstaxonomy,aswell
asthelackofunderstandingconcerningits reproductive biology,growthconditions,populationdynamicsparameters, and
thespatialdistributionofitsgeneticdiversity.Thedeciencyofknowledgeaboutitsecologicalneedsandthefactorswhich
havehistoricallyinuenceditspopulation dynamics explainwhymostsilvicultural trails providehazardousanduncertain
results.Remedyingthesegapsinordertoimproveitsecologicalcharacterizationandinnovativesilviculturaltrails,wouldbe
asignicantcontributiontothesustainablemanagementofitspopulations.
Keywords.Lophira alata, ecology, silviculture, sustainable forest management, tropical rain forests, plant morphology,
multipurposetrees.
218 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201216(2),217-228 BiwoléA.B.,BourlandN.,DaïnouK.etal.
1. INTRODUCTION
Les forêts denses humides tropicales abritent plus de
50% de la biodiversité terrestre et environ 20% des
espècesvégétales(Dupuy,1998).Faceàleurdisparition
accéléréeetauxenjeuxquiendécoulent,notammenten
termesd’émissionsdegazàeffetdeserreetd’érosion
delabiodiversité,celles-cisontaucentred’importantes
préoccupations internationales (FAO, 2009; Smith
etal.,2011).
Les forêts denses humides africaines couvrent
près de 236millions d’hectares et régressent à raison
de0,23%paran (Mayauxetal.,2003;FAO, 2010).
Cette déforestation s’explique essentiellement par la
propagationdel’agriculturepermanenteàpetiteéchelle
(FAO,2009).Enévitantlaconversiondesforêtsenterres
agricoles,l’exploitationforestièredurablepeutêtreune
alternative crédible conciliant préservation du couvert
forestieretdéveloppementéconomiquedespopulations
locales (Siry et al., 2005). On estime qu’actuellement
un effort de gestion durable est consenti sur quelque
30millions d’hectares, dont 7,6millions font l’objet
d’une certication indépendante (FAO, 2011; FSC,
2011).Cesécosystèmesrestenttoutefoisinsufsamment
connus(deWasseigeetal.,2009).L’écologiedesessences
commerciales demeure peu étudiée et des paramètres
fondamentauxdeleurdynamiquedespopulationsrestent
imprécis(Doucet,2003),rendantillusoiretoutevolonté
de modélisation sur le long terme. En conséquence,
l’information permettant aux gestionnaires forestiers
de prendre des décisions adéquates n’est pas toujours
disponible(FAO,2011)etladurabilitétantrecherchée
enestaffectée.L’azobé(ekkienanglais),Lophira alata
BanksexC.F.Gaertn., n’échappe pasà ceconstat.En
raison de son exploitation commerciale, localement
importante, l’UICN la classe dans la catégorie des
espèces«vulnérables»(IUCN,2011).Cetarticleapour
objectif de proposer une synthèse des connaissances
acquisessurl’autoécologiedel’azobéenvuede:
– mieuxcaractérisersonprolécologique,
– proposerdesperspectivespourdesétudesultérieures
garantissantsagestiondurable.
Unaccentestparticulièrementportésurlesaspects
d’autoécologie fondamentale et sur les domaines
qui, dans une certaine mesure, peuvent faire l’objet
d’applicationàcourtterme.
2. CONSIDÉRATIONS TAXONOMIQUES ET
DESCRIPTION BOTANIQUE
2.1. Considérations taxonomiques
Le genre Lophira de la famille des Ochnaceae est
endémique au continent africain. Au début du siècle
dernier, Chevalier (1909) distinguait deux espèces:
Lophira proceraA.Chev., pour l’espèce de forêt et
Lophira alata Banks ex C.F.Gaertn., pour l’espèce
de savane. Ensuite, Hutchinson et al. (1954) ont
montré que L. alata était synonyme de L. procera,
etque l’espècede savanedevait senommer Lophira
lanceolataTiegh.exKeay.
2.2. L’arbre : présentation botanique
Les informations qui suivent proviennent de
Van Tieghem (1901), Chevalier (1909), Letouzey
(1957), Aubréville (1959), de la Mensbruge (1966),
Bamps (1967), Anon. (1976), Vivien et al. (1985),
White et al. (1996) et Palla et al. (2002). L’azobé
peutatteindre60mdehauteuret180cmdediamètre.
Sonfûtélevé,cylindrique,estparfoisunpeusinueux
(Figure 1). Sa base est légèrement épaissie et sans
contreforts. L’arbre est bas-branchu en lisière.
L’écorcedeteintegrisâtreàrougeâtreavecunemince
pellicule jaune soufre vers l’extérieur atteint 20mm
d’épaisseur.Elleestgranuleuseàlacassureets’exfolie
enplaquesirrégulières.Sacoucheinterne,blanchâtre,
avecdes bresorangées, est minceet lisse. Lacime
hémisphérique est fortement charpentée (Figure 1).
Les rameaux présentent des cicatrices foliaires très
apparentes.Lesfeuilles, decouleur rougevifà l’état
jeune, sont disposées en rosettes aux extrémités des
rameaux.Ellessontalternes,simples,àstipulesentières
lancéolées-acuminéesde5mmdelonget2mmdelarge.
Lepétiole,courtetcylindrique,glabre,mesuremoins
de2,6cmdelong.Lelimbeoblong-obovale,àsommet
arrondiouémarginé,àbasecunéiforme,mesure10à
25cmdelonget3,5à12cmdelarge;ilpeutatteindre
50cmdelong, parfoisplus,chez lesplantules. Ilest
entier,glabre,avecunenervure médianesaillantesur
lesdeuxfaces.Lesnervureslatéralessontnombreuses,
rapprochées,parallèles,enreliefsurlesdeuxfaceset
réuniesparunréseauapparentdenervilles.
L’azobé est hermaphrodite. Les panicules
terminales,lâches,pyramidales,glabres, mesurent12
à20cmde long.Elles sontà axesanguleuxet striés
longitudinalement.Leseursblanches,odorantes,ont
cinqsépalesimbriquéspersistants,cinqpétales libres
etsessilesetdetrèsnombreusesétaminesàletscourts
de 5 à 7mm de long. Les pétales suborbiculaires,
à onglet large et court, échancrés au sommet, font
l7mm de long et 14mm de large. Les étamines
sont disposées en quatre rangées concentriques. Les
anthères oblongues, jaune-orangé, de 4 à 6mm de
long, s’ouvrent par deux ports apicaux. L’ovaire en
côneallongé,entier,uniloculaire,seterminepardeux
stigmatesaigusdivergents.Sasurfaceglabreestplissée
longitudinalement. Sa loge contient une douzaine
d’ovules très courts disposés en deux rangées et
inséréssurunaxecentral.Lesdeuxsépalesextérieurs
ProlécologiquedeLophira alata,unarbrecommercialpeuconnu 219
forment dans le fruit deux ailes dissymétriques,
rougeâtresàl’étatfrais,coriaces,nervillées,oblongues
etdelongueursinégales:8cmpourlapetiteet15cm
pour la grande. Le fruit est un akène subligneux et
coniquede3cmdelongquisècheetbrunitàmaturité.
Il contient une seule graine ovoïde et oléagineuse.
L’embryon, dépourvu d’endosperme, renferme des
cotylédonscharnusetépais.Sagerminationseproduit
par apparition d’un épicotyle sortant en crosse. La
graine engendre fréquemment deux tigelles, parfois
trois.
L’enracinement de la plantule est pivotant. Les
racines latérales sont très nes et nombreuses. Les
premières feuilles de la plantule sont opposées et
les feuilles suivantes sont disposées sur de courts
entrenœuds dans un plan perpendiculaire. Elles sont
nement nervurées latéralement. Leur limbe est à
marges régulières. L’épicotyle glabre, à feuilles non
avortées,mesureentre13et17cmdelong.
2.3. Différenciation taxonomique avec L. lanceolata
La distinction des deux espèces du genre Lophira,
à savoir L. alata (azobé) et L. lanceolata (méné),
a souvent été sujette à controverse (Anon., 1954).
Van Tieghem (1901), en examinant la morphologie
et les dimensions foliaires des deux taxa de forêt
et de savane, ainsi que ceux des formes juvéniles et
adultes,avaitséparélesLophiraenplusieursespèces.
Hutchinson et al. (1954) mentionnent qu’il s’agit de
deuxespècesécophylétiques, l’une(méné)commune
aux savanes soudano-guinéennes et l’autre (azobé)
caractéristique des forêts denses humides guinéo-
congolaises. Toutes deux seraient communes dans
leurs habitats respectifs et se distingueraient par des
particularités morphologiques (Aubréville, 1959).
Cessingularités serapporteraient surtoutaux aspects
macromorphologiques tels que la conformation des
arbres, les dimensions des limbes et pétioles, les
dimensions des sépales et stigmates, la largeur des
sépales des fruits et la morphologie des plantules
(Tableau 1). Toutefois, ces éléments resteraient très
insufsants pour en faire deux espèces distinctes
(Aubréville,1959).Lesformes juvénilesdecesdeux
taxaseraient difcilesà distingueren lisièrede forêt
densehumideoùL. alata et L. lanceolatasecôtoient
(Letouzey, 1985). Leur génotype serait également
identique,leurpollenetleurnombre chromosomique
(2négalà28)paraissentidentiques(Satabié,1991).
3. DISTRIBUTION ET ORIGINE DES
PEUPLEMENTS FORESTIERS DE L. ALATA
L’azobé a une distribution omni-guinéo-congolaise
(Doucet, 2003). Son aire de répartition s’étend du
Congo depuis le district forestier central jusqu’en
SierraLeonevoireenGuinéeBissauetnedescendpas
endessousdubassininférieurdel’OgoouéauGabon
(Bamps,1967;Anon.,1976).Ilserencontreaucontact
delasavane,danslesforêtsdensessempervirentes,sur
lespentesdemontagneetdanslesterrainsmarécageux
(Aubréville,1959;Bamps,1970;Whiteetal.,1996).
C’estuneespècedesforêtssecondaires«ombrophiles
Figure 1.Fût(àgauche)etcime(àdroite)d’unazobé—Trunk (left) and crown (right) of ekki.©J-FGillet.
220 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201216(2),217-228 BiwoléA.B.,BourlandN.,DaïnouK.etal.
semi-sempervirentes humides mélangées» et
«ombrophilessempervirenteslittoraleshygrophiles»
(White,1983).C’estauseindecettedernièrequ’elle
présenterait les densités les plus élevées, soit plus
de deux arbres (dbh supérieur ou égal à 40cm)
à l’hectare (Guillaumet et al., 2010). En Afrique
centrale atlantique, la distribution de l’azobé serait
surtout limitée aux forêts denses humides, l’espèce
ne se rencontrant dans les forêts secondaires qu’au
voisinagedesgrandscoursd’eau(Figure 2).
Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour
expliquer l’origine des populations de L. alata en
forêt dense humide. Letouzey (1968) avait suggéré
une origine paléobotanique et anthropique fondée
Tableau 1.QuelquescaractèresdedifférenciationentreLophira alataetLophira lanceolata—Some traits of differentiation
between Lophira alata and Lophira lanceolata.
Caractères Lophira alata Lophira lanceolata Références
Morphologie de l’arbre
Hauteurmaximaledel’arbre 60m 16m Whiteetal.,1996
Bamps,1967
Hauteurmaximaledufût 25m 7,5m Anon.,1976
Diamètremaximum 180cm 70cm Bamps,1967
Cime hémisphérique,charpentée ellipsoïdeélancé,fusiforme Aubréville,1959;
Anon.,1976
Liège/suber
(surlesjeunesrameaux) lisse écailleuxliégeux Aubréville,1959
Écorce rougeâtre grisclair Aubréville,1959
Feuille
Limbe oblong-obovale oblong-lancéolée Martineau,1933
Dimensions 2,5foislonguequelarge 4,7foislonguequelarge Aubréville,1959
Pétiole 0,5à2,6cm 2à6cm Aubréville,1959
Fleurs
Sépalesextérieurs ovales-lancéolés,10à12mmde
long,4à5mmdelarge ovales-acuminés,7à8mmde
long,4à5mmdelarge Bamps,1967
Sépalesautres 9à10mmdelong,
6à7mmdelarge 6mmdelong,
5mmdelarge Bamps,1967
Étamines let:5à7mmdelong
anthèresoblongues:4à6mmde
long
let:4à6mmdelong,
anthèresétroitementoblongues:
4à5mmdelong
Bamps,1967
Ovaire 8à10mmdelong,2à2,5mmde
diamètre,
stigmate:2,5mmdelong
8mmdelong,3mmde
diamètre,
stigmate:1à2mmdelong
Bamps,1967
Fruit et graine
Akène unsépale:semi-ovale,8à12cm
delong,2à2,5cmdelarge;
l’autresépale:4à6cmdelong,
1,2à1,5cmdelarge
unsépale:semi-conique,8à
10cmdelong,2à2,5cmde
large;l’autresépale:2,5à5cm
delong,0,5à1cmdelarge
Bamps,1967
Plantule
Écorcedesjeunesrameaux nonsubéreuse subéreuse Martineau,1933
Premièresfeuilles disposéeshorizontalement disposéesverticalement Satabié,1991
Épicotyleà6moisd’âge 10à20cmdelong,simpleou
multicaule 1à2cmdelong,unique Satabié,1991
Pétiole 0,5à2,5cmdelong 2,0à6,0cmdelong Martineau,1933
ProlécologiquedeLophira alata,unarbrecommercialpeuconnu 221
sur les nombreuses ressemblances relevées avec
L. lanceolata et le rapprochement des aires de
répartitions de ces deux espèces. Selon cet auteur,
L. alata résulterait d’une adaptation écologique de
L. lanceolata en forêt dense humide, puis se serait
propagédanscetterégionàlasuitedesdéfrichements
humains.
Maley (1994), sans valider cet argument
anthropique,met enexergue l’impactdes variations
paléo-climatiquessur la dynamique des populations
d’azobé.Aprèslarégressionmajeuredesforêtssous
l’effetd’unclimatarideentre20000et14000ansBP,le
retouràunclimatplushumidede14000à9500ansBP
(before present)aétémarquéparlarecolonisationdes
méso-etméga-phanérophytestypiquesdesformations
forestières guinéo-congolaises, dont les populations
d’azobé (Maley, 1994; Maley et al., 1997). Vers
3000ans BP, les régions en bordure du golfe de
Guinéeauraientconnuunassèchementquiaprovoqué
devastes ouvertures et un reculde la forêt (Maley,
1994). Ces ouvertures auraient permis la migration
vers le Sud des populations Bantou (Schwartz,
1992).Encombinaisonaveclesactionsanthropiques,
notamment les défrichements et les incendies à des
nsagricoles(Schwartzetal.,1995),cetassèchement
climatique aurait renforcé l’installation d’une
végétation de type mosaïque forêt-savane (Elenga
et al., 1992) et l’extension des taxons pionniers
(Maley, 2001). Le rôle crucial de l’homme dans la
dynamiquedespopulationsd’azobéaétésoulignépar
Letouzey(1985)quiaétabliunrapprochemententre
l’abondancedefragmentsdepoteriesetdecharbonsde
boisaupieddespécimensdeL. alataenforêtlittorale
camerounaise et la présence de l’espèce dans cette
région.L’extensiontypiquedelaforêtclimaciquen’a
reprisquevers2000ansBP(Maley,1994).
4. EXIGENCES CLIMATIQUES,
TOPOGRAPHIQUES ET PÉDOLOGIQUES
L’airedel’azobé,limitéeàlarégionguinéo-congolaise,
s’étendauxclimatstropicauxdetypeshumide(Af)etde
mousson(Am).Lesprécipitationsannuellesmoyennes
y sont comprises entre 1600 et 2000mm, excepté
dansleszonescôtièresdelahauteetbasseGuinéeet
unepartiedubassinduCongo(RDC)quienreçoivent
davantage(White,1983).Lestempératuresmoyennes
mensuelles varient entre 24 et 27°C (White, 1983).
L’azobéabondeauborddescôtesatlantiques(Letouzey,
1957).Ilyformedespeuplementsétendusetpénètreà
l’intérieurducontinentdanslesvalléesetlelongdes
grandscoursd’eau(Anon.,1954).Ilnes’élèveguèreà
plusde800md’altitudesurlespentesdesmontagnes
(Anon., 1976; Vivien et al., 1985). Sa distribution
semble dépendre surtout des conditions climatiques
etédaphiquesquirègnentdanssonairederépartition
(Veenendaaletal.,1998).Eneffet,seloncesauteurs,
la saison sèche constituerait un important facteur de
limitation de sa répartition. L’azobé manifesterait
une préférence envers les sols à hydromophie de
profondeuretprésenterait unemeilleure régénération
sur des sols humides bien drainés (Taylor, 1960;
Dupuy, 1998). C’est une espèce rustique qui tend à
préférerlessolssablonneuxetsablo-argileuxànappe
phréatique peu profonde (Anon., 1954; Letouzey,
1957; Aubréville, 1959; Letouzey, 1979). L’espèce
préfère les sols pauvres et acides (Swaine et al.,
19941 cités par Hawthorne, 1995) où elle forme des
associations mycorhiziennes (Onguene et al., 2001).
Lessemisprésententdesmeilleurstauxdecroissance
dansles sols peu fertiles, en raison probablementde
leurincapacitéàproterdeladisponibilitéenéléments
nutritifs (Baker et al., 2003). L’espèce constituerait
Figure 2.PointsdeprésencedeLophira alata(pointsjaunes)etLophira lanceolata(pointsrouges)danslarégionguinéo-
congolaise(carteadaptéedeBamps,1970etChevillotteet al.,2009)—Points of Lophiraalata (yellow dots) and Lophira
lanceolata(red dots) in the Guineo-Congolian region (map adapted from Bamps, 1970 and Chevillotte et al., 2009)
222 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201216(2),217-228 BiwoléA.B.,BourlandN.,DaïnouK.etal.
d’ailleursunbonindicateurdesolspauvresausuddu
Cameroun(Kanmegne,2004).
5. CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
5.1. Tempérament et structure des populations
Selon divers auteurs (Aubréville, 1959; Hawthorne,
1995;Doucet, 2003), letempérament de l’azobéest
qualiéd’héliophile modéré à pionnier.Un ombrage
latéral serait préférable les premiers mois, mais les
plantulesauraientrapidementbesoind’unéclairement
relatifde50à90%(Catinot,1965).Eneffet,lessemis
d’azobé présenteraient des taux de mortalité élevés
induits par la sècheresse, soit plus de 80% pendant
laphased’établissement(Bakeretal.,2003).Lorsque
les plantules sont maintenues de façon prolongée
dans un environnement ombragé, leurs taux de
croissanceparaissentdiminuer(Voorhoeve,1965).Les
juvéniles, contrairement aux semis et aux plantules,
présenteraientunmeilleurdéveloppement enbordure
destrouéesd’abattageauSudduCameroun(Bongjoh
etal., 2001).Ainsi, cesexigences se traduiraientpar
desdécits locauxde régénération(Letouzey,1957),
bien que la situation puisse être fort variable d’une
forêt à une autre, probablement en raison de passés
anthropiques différents (importance des milieux
agricoles).Lesstructuresdiamétriquesquienrésultent
évoluentd’une courbe de Gauss à une exponentielle
décroissante(Sépulchreetal.,2008).
5.2. Phénologie
Enseréférantauxobservationsd’Anon.(1954),Taylor
(1960), Voorhoeve (1965), Hecketsweiler (1992),
Whiteetal.(1996),Yalibanda(1999),Doucet(2003)
etEyogMatigetal.(2006),laphénologiedel’azobé
paraitprésenterunassezbonconservatismesur toute
son aire de répartition, bien que ses phénophases
pourraient correspondre à des climats différents.
En effet, dans les régions soumises à un climat
tropicalhumide (Af),notamment auCameroun eten
RépubliqueCentrafricaine,l’azobésedéfeuilledurant
une à deux semaines entre novembre et décembre
audébutdela saisonsèche.Laoraison quis’ensuit
se produit de manière régulière et abondante entre
décembreetjanvierensaisonsèche.Lafructication
s’étalesurtroisàquatremoisdèsjanviervoirefévrier
pendantlasaisonsèchejusqu’enavriloumai,audébut
delasaisondespluies.Sous lesclimatstropicauxde
mousson(Am),notammentauLiberiajusqu’auGabon
ainsiqu’enRDC,l’espèceestàfeuillescaduquesentre
octobre et décembre pendant la grande saison des
pluies.Lesarbreseurissententrenovembreetjanvier
dèslandelagrandesaisondespluies,durantlagrande
saison sèche. Une exception est à relever au Gabon
oùcette oraison se faitdurant la grande saison des
pluies, entre décembre et janvier. Le développement
desfruitssefaitentrejanvieretmarsvoireavril,dèsla
ndelagrandesaisonsèche,pendantlapetitesaison
despluies.Lesfruitsmaturesapparaissententremars
etjuin,pendantlapetitesaisondespluies.AuGabon,
celle-cise faitentre févrieret marspendant lapetite
saisonsèche.
Selon Yalibanda (1999), les arbres eurissent en
forêtdensehumidesemi-sempervirenteenRépublique
Centrafricainedès15cmdediamètre.Cetteoraison
devientrégulièreenforêtlittoralecamerounaiseàpartir
de 50cm de diamètre (Anon., 1954). Doucet (2003)
observeen forêtsempervirente côtière hygrophileau
Gabonquelesarbresfructientdès34cmdediamètre
et produisent régulièrement des fruits dès 45cm de
diamètre.
5.3. Régénération naturelle
L’azobéestuneespèceptérochoreavecunedispersion
anémochore des fruits (Doucet, 2003). Dans les
conditions favorables (par grand vent), ceux-ci
peuventêtre transportés jusqu’à200m du semencier
(Anon.,1954).Enconséquence,lessemiss’installent
préférentiellement dans la direction des vents
dominants. C’est une espèce sociale qui se régénère
aisément dans les endroits découverts. Toutefois,
cette régénération semble exiger une absence totale
d’espèces concurrentes (Letouzey, 1957). L’espèce
rejettebiendessouchesmaisnedrageonnepas(Anon.,
1954).Lesfruitsseraientconsommésparlesruminants
etlesrongeurs,cesderniersdéterrantetconsommantles
cotylédons(Anon.,1954).Lesbourgeonsdesplantules
seraient détruits par un coléoptère, Tragocephala
guereniiWhite(Foahom,2002),tandisquelesfeuilles
seraient consommées par diverses chenilles dont
Imbrasia obscura Butleret Antheua insignataGaede
(Foahom,2002).
5.4. Accroissements annuels moyens en diamètre et
en hauteur
Lesdonnéesrelativesàl’accroissementannuelmoyen
endiamètredemeurenttrèslacunaires.Enforêtnaturelle,
cet accroissement varie de 4 à 8mm par an pour la
SierraLeone,leGhana,leNigeria,leCongoetleGabon
(Savilletal.,19672citésparHawthorne,1995;Dupuy,
1SwaineM.D.&VeenendaalE.M.,1994.Droughtandsoilfertility
asdeterminants of tropical treespeciesdistributioninGhana.In:
Tallis J.H., Norman H.J. & Benton R.A., eds. Symposium 9A,
Tropical forests: growth and regeneration. Proceedings of the 6th
International Congress of Ecology, 21-26 August 1994, Manchester,
United Kingdom. Manchester,UK:UniversityofManchester,148.
ProlécologiquedeLophira alata,unarbrecommercialpeuconnu 223
1998;Doucet,2003).Enplantation,cetaccroissement
se situe entre 6 et 12mm par an (Tableau 2).
Aubréville (1959) mentionne des accroissements
annuelsmoyensendiamètrepouvantatteindre15mm
paran chezles jeunesarbres exposésaux conditions
optimales d’éclairement. L’accroissement annuel
moyenenhauteurestgénéralementcomprisentre1,0
et1,5mparan(Tableau 2).Cesinformationsrestent
toutefois absentes dans d’autres régions, notamment
au Cameroun. Il en est de même de la nature et de
la périodicité des cernes de croissance qui, jusqu’à
présent,n’ontpasétéétablies.
6. SYLVICULTURE ET AMÉNAGEMENT
FORESTIER
6.1. Législations forestières
Deux mesures de l’arsenal légal des pays tropicaux
concernent directement ou indirectement l’azobé
(Sépulchre et al., 2008). La première consiste en la
xation, dans chaque pays producteur, de diamètres
minima d’exploitation (DME). Ils correspondent au
seuillégalendessousduquelaucunpiednepeutêtre
exploité(Tableau 3).Laseconde reposesur les taux
dereconstitutionminimaàatteindre.AuCameroun,ce
tauxnedoitpasêtreinférieurà50%.
6.2. Tarifs de cubage
Pour des raisons commerciales ou d’études de
productivitéforestière,différentstarifsdecubage ont
été développés pour l’azobé (Tableau 4). Ceux-ci
permettent d’estimer le volume brut d’une tige sur
la base de son diamètre et/ou de sa hauteur. Leur
validitéselimite àla zonecouvertepar l’échantillon
d’arbresétudiéset audiamètre minimumdeprise en
comptedesarbres (Pagetetal., 2005). Lefaitque la
taille des échantillons d’arbres étudiés soit limitée à
quelques individus (Akindele, 2005), que les zones
couvertes par ces échantillons s’étalent sur plusieurs
millionsd’hectares(Pagetetal.,2005)etquecertains
auteursnedonnent pasd’information surla méthode
deconstructiondeleurmodèle(Anon.,2005),amèneà
êtreprudentquantàl’utilisationdecesformules.
6.3. Plantations et régénération articielle
L’azobé a un taux de germination élevé entre 85 et
95% (de la Mensbruge, 1966). Les graines, dont la
massemoyenneestd’environ0,3g,ne seconservent
pas,bienquequatre moisaprèsla récolte,letauxde
germinationsoitencored’environ25%(Anon.,1954;
Taylor,1960).Lagermination,hypogéeetéchelonnée,
2 Savill P. & Fox R., 1968. Trees of Sierra Leone. Freetown:
GovernmentofSierraLeone.
Tableau 2.Donnéesdecroissancedel’azobéenplantation—Growth data of ekki in plantation.
Localisation Âge
(années) Densité du
peuplement
(nombre
arbresparha)
Hauteur
moyenne
(m)
Diamètre
moyen
(cm)
Accroissement
annuel moyen
en diamètre
(mmparan)
Accroissement
annuel moyen
en hauteur
(mparan)
Référence
Côted’Ivoire 6 235 6,4 6,0 10,0 1,1 Aubréville,1959
Côted’Ivoire 8 - 11,7 9,9 12,3 1,0à1,5 Dupuyetal.,
19911citéspar
Pallaetal.,2002
Côted’Ivoire 9 1,3 11,5 10,6 11,7 1,3 Aubréville,1959
Côted’Ivoire 10 - 10,0 11,2 11,2 1,0à1,5 Dupuyetal.,
19911citéspar
Pallaetal.,2002
Nigeria 12 1425,19 16,0 10,5 8,7 1,3 Aubréville,1959
Gabon 64 - - 36,9 5,8 - Ntchandi
Otimbo2,1999
citéparPalla
etal.,2002
-:informationnondisponible—information not available;1DupuyB.&MilleG.,1991. Les plantations à vocation de bois d’œuvre
en Afrique intertropicale humide.Rome:FAO,ÉtudeForêtsn°98;2NtchandiOtimboP.A.,1999.Caractéristique des peuplements de
quelques essences de bois d’œuvre plantés dans l’arboretum de Sibang.Mémoiredendecycle:ÉcoleNationaledesEauxetForêts,
Libreville(Gabon).
224 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201216(2),217-228 BiwoléA.B.,BourlandN.,DaïnouK.etal.
dure en moyenne 18 à 30jours pour les graines à
embryonuniqueetpeutatteindre45joursdanslecas
depolyembryonie (de la Mensbruge,1966). Lors du
semisenpépinière,lesgrainesdoiventêtrecouchéeset
enterréessous1cmdesubstratpourfaciliterlasortie
de la tigelle (Anon., 1954). Les plants sont utilisés,
en saison des pluies, après 15 à 18mois d’élevage,
lorsqu’ilsontunehauteurde40à50cmet15feuilles
environ(Anon.,1954;Taylor,1960).
Lesraresessais sylvicolesréalisés fontapparaitre
des résultats mitigés. Dès 1930, en Côte d’Ivoire,
l’azobéaétéplantéenforêtnaturelledansdeslayons
étroitsàgrandécartementenvued’obtenirunedensité
de 50arbres à l’hectare (Dupuy, 1992). Cinquante
années après, les densités relevées varient entre 6 et
28tiges.ha-1 (Dupuy, 1992). En 1935 au Gabon, une
parcelled’azobéaétéplantéeàraisonde1100tiges.
ha-1,et64ansaprès, seules128tiges.ha-1subsistaient
(Pallaetal.,2002).
7. CARACTÉRISTIQUES, UTILISATIONS ET
COMMERCE INTERNATIONAL DU BOIS
7.1. Caractéristiques du bois et utilisations
industrielles
LesinformationsquisuiventsontdeMéniaud(1950),
Anon. (1954), Anon. (1976) et Gérard et al. (1998).
Le bois d’azobé présente d’excellentes propriétés
physiquesetmécaniques(Tableau 5).Ilaune bonne
résistance vis-à-vis des champignons de pourriture.
Leboisparfaitestrésistantauxattaquesd’insectes.La
durabilitédu boisvis-à-vis destermites estbonne. Il
estconsidérécommeunboisnonimprégnable(classe
d’imprégnabilité: 4) selon la norme NF EN 350-2
(norme européenne sur la durabilité du bois et des
produitsdérivésdubois).Leboisd’azobéestapprécié
pourlesinstallationsenmilieuexposételslesouvrages
portuaires,lesconstructionshydrauliques,lestraverses
dechemindeferetlesfondsdewagon.Ilestemployé
pourlafabricationdeseuils,piècesd’appui,jetsd’eau
et pour certains éléments de maisons à ossature en
bois.Ilconvientàlafabricationdeparquetsetescaliers
destinésàdesapplicationsindustrielles.
7.2. Usages traditionnels
Les informations qui suivent sont d’Anon. (1954),
Bouquet (1969), Kanmegne (2004), Kayode (2006),
Eyog Matig et al. (2006) et Ibrahim et al. (2007).
Bien que des confusions dans les usages soient
récurrentes avec L. lanceolata, l’azobé parait ne pas
fournirdeproduitsaccessoiresdontl’utilisationserait
généralisée. En effet, l’huile extraite des graines
seraitlaseulepartiedel’arbrequiinterviendraitdans
l’alimentation au Cameroun. Le bois d’azobé serait
utilisélocalementdanscepayspourlaconfectiondes
ponts. Les chenilles comestibles Imbrasia obscura
(Butler,1878)dontl’arbrehôteestPiptadenia africana
Hook.f. (Dabema), seraient présentes sur l’azobé en
RDC.Lapharmacopéetraditionnelle,quireconnaitde
nombreusesvertusàcertainespartiesdel’arbre,serait
l’utilisationlaplusrépandue,notammentauGabon,au
Nigeria, en RCA et en RDC. L’écorce est employée
dans le traitement de diverses maladies (caries
Tableau 4. Exempledetarifsdecubageélaboréspourl’azobé—Sample volume tables for ekki.
Localisation géographique Tarifs de cubage Nombre
d’arbres
étudiés
Diamètre
minimum
(encm)
Paramètres
de qualité de la
régression
Référence
Cameroun(forêtsempervirente) V=0,00086D2-0,22 - 10 - Anon.,2005
Congo(forêtsemi-décidue) V=16.D2-4,54.D+0,73 217 40 R2=0,87 Pagetetal.,2005
Nigeria(forêtsempervirente) V=0,00013.D1,98.H0,75-0,009 20 20 ESE=8,02.10-6 Akindele,2005
-:informationnondisponible—information not available;V:Volumetige(m3)—Tree stem volume (m3);D:diamètreà1,30m
dehauteur(cm)—diameter at breast height (cm) ;H:hauteurjusqu’àlapremièregrossebranche(m)—Merchantable height;R2:
coefcientdedétermination—coefcient of determination;ESE:erreurstandardestimée(m3)—estimatedstandard error (m3).
Tableau 3. Diamètres minima d’exploitation (DME) dans cinq pays producteurs du bois d’azobé — Minimum logging
diameters (DME) in ve ekki timber-producing countries.
Pays producteur
Cameroun Centrafrique Gabon République du Congo République Démocratique du Congo
DME(cm) 60 70 80 70 60
Source:Sépulchreetal.,2008.
ProlécologiquedeLophira alata,unarbrecommercialpeuconnu 225
dentaires, douleurs viscérales, èvre jaune, maux de
cœur, etc.). Récoltée sur le tronc, elle constituerait
unanalgésique et un anti-inammatoire. Mélangéeà
l’écorced’Afzeliaafricana Sm.exPers.,elleservirait
àlutter contre lestroubles mentaux. Lesfeuilles, les
racines et les graines permettraient de lutter contre
le paludisme. Les jeunes feuilles seraient utilisées
contreles troubles respiratoires. Les feuilles adultes,
enmulch, permettraient de luttercontre les termites.
Ainsi,l’azobé,quiparaitnepasprésenterunegrande
valeur économique en tant que produit non ligneux,
seraitsurtoutrecherchéauniveautraditionnelpourses
vertusmédicinales.
7.3. COMMERCE INTERNATIONAL DU BOIS
L’azobéproduitunboisdegrandevaleurcommerciale.
Entre 2005 et 2009, ses exportations ont surtout été
réaliséesparleCameroun,leCongo,laCôted’Ivoire
et le Gabon (ATIBT, 2010). Durant cette période, le
plusgrand exportateur de grumesétait le Gabon (en
moyenne41000m3paran)etleplusgrandexportateur
desciageétaitleCameroun(enmoyenne44000m3par
an).Danscedernierpays,l’évolutiondelaproduction
desciageaucours decescinq dernièresannéess’est
maintenueautourde45000m3,bienqu’elleaitafché
unebaisseen2009,sansdoutedueàlacrisenancière
de2008(Figure 3).AuGabon,laproductiondegrumes,
quivariaitfaiblementautourde30000m3,estpassée
au-delàdudoubleen2009enraisondel’augmentation
delademandeasiatique(Figure 3).Lesimportations
duboisd’azobéontétédominéesen2009parlesPays-
Bas(soit84,5%du sciage)etlaBelgique (44%des
grumes).Celles-cidevraientlogiquements’accroîtreà
courtetmoyentermessuiteàlademandeasiatiquequi
afcheunetendanceàlahausse(ATIBT,2010).
8. CONCLUSION ET ORIENTATIONS POUR
DES RECHERCHES FUTURES
Laprésentesynthèsebibliographiquecontribueàdresser
le bilan des connaissances existantes sur l’écologie
etla sylviculture de l’espèce Lophira alata. Il s’agit
d’uneanalysecritiquequiviseàmettreenexergueles
domainesd’étudessufsamment biendocumentés,et
ceuxquinécessitentdeseffortsderecherchesfutures.
Notreanalysefaitressortiruncertainnombred’aspects
relativementbiendocumentés:
Figure 3. Évolution de la production d’azobé en grumes
du Gabon et en sciage du Cameroun entre 2005 et
2009—Evolution of production of Ekkis logs in Gabon and
sawnwood in Cameroon between 2005 and 2009.Source:
ATIBT,2006;ATIBT,2007;ATIBT,2008;ATIBT,2010.
2005 2006 2007 2008 2009
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Cameroun (sciage)Gabon (grumes)
Production d’azobé (en milliers de m»)
Année de production
Tableau 5.Propriétésphysiquesetmécaniquesduboisd’azobéàmaturité—Physical and mechanical properties of ekki
mature wood.
Propriétés physiques Propriétés mécaniques
Moyenne Écart-type Moyenne Écart-type
DuretéMonnin* 10,7 2,7 Contraintederuptureen
compressionparallèle* 96MPa 9
Coefcientderetraitvolumique 0,69% 0,01 Contraintederuptureen
exionstatique* 162MPa 21
Retraittangentieltotal 10,3% 0,9 Moduled’élasticité
longitudinal* 21420MPa 3539
Retraitradialtotal 7,3% 1,0
Pointdesaturationdesbres 28%
Stabilitéenservice peustable
Source:Anon.,1976&Gérardetal.,1998;*:valeursdéterminéesàuntauxd’humiditéduboisde12%—values determined at a
wood humidity rate of 12%;1PMa=1N.mm-2.
226 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201216(2),217-228 BiwoléA.B.,BourlandN.,DaïnouK.etal.
– la caractérisation botanique de l’espèce parait
sufsanteetfournitdesélémentsquipermettentde
ladifférencierdestaxonsdelamêmefamille;
– laphénologieetlestauxdecroissancedonnentdes
tendancesgénéralessurladynamiquereproductive
etpopulationnelledel’espèce.
Toutefois, de nombreuses hypothèses restent à
vérier,notamment en ce quiconcerne l’origine des
populationsd’azobéenmilieu deforêtdensehumide
tropicale. Selon Letouzey (1968) et Satabié (1991),
L. alata serait un écotype issu d’une adaptation
écologique de L. lanceolata, espèce de savane
botaniquement et génétiquement proche de L. alata.
Sicette hypothèse étaitvériée, elle supposeraitque
desux de gènes soient toujours possibles entreces
deuxtaxa.Lacaractérisationdel’importancedeleurs
relationsphylogénétiquesrépondraitnon seulementà
une question fondamentale sur l’origine de certaines
espèces de forêts tropicales humides, mais servirait
aussiàreconsidérerladisponibilitéetladistributiondu
genreLophiraenAfrique.Parailleurs,l’azobéseserait
répandu dans le massif forestier africain à la faveur
des variations paléoclimatiques et des perturbations
anthropiques passées, ces dernières ayant pu avoir
un impact particulièrement prépondérant. Mais cela
n’a encore jamais été rigoureusement conrmé. Un
certain nombre d’autres informations clés sur ses
caractéristiques écologiques et génétiques demeurent
inconnues,alors qu’ellesparticiperaient certainement
àunemeilleuregestiondel’espècesurlelongterme:
– lesdiamètresminimumetoptimaldefructication,
– les facteurs climatiques initiant la oraison
(sensibilitédel’espèceauchangementclimatique),
– la cartographie de la diversité génétique de ses
populations,permettantdedétecterentreautresdes
populationsàrisque.
Dans les zones où l’espèce afche un décit de
régénération du fait de son tempérament héliophile,
un des premiers points à éclaircir est sans doute la
quanticationdesesbesoinsréelsenlumière.Àl’instar
d’autres espèces considérées jusqu’alors comme
héliophilesstrictes,iln’estpasimpossiblequel’azobé
supporteen réalité une certainepénombre durant les
premières années de son développement, chose qui
pourraitfavoriserendénitivesonétablissementdans
deschablisforestiersdedimensionsmoyennes.Seule
unecaractérisationsubséquentedeladynamiquedesa
régénérationcoupléeàdestestssylvicolespermettront
de dénir les conditions abiotiques optimales pour
son développement. Enn, toujours dans un souci
de gestion durable des peuplements d’azobé, les
aménagistes forestiers manquent d’informations
pragmatiquesindispensablespourunemodélisationde
ladynamiquedesespopulationsàlongterme:tauxde
croissance dans différentes classes de diamètre, taux
demortalitéettauxderecrutementdesarbresd’avenir
sontautantdeparamètresàdéterminer.
Remerciements
Lesauteursremercientl’UniversitédeDouala(Cameroun),
l’Universitéde Liège (Belgique), l’ERAIFT (Kinshasa) et
l’ASBL Nature+ (Belgique) pour les soutiens technique,
scientique et nancier accordés aux travaux de doctorat
d’Achille Biwole. Leurs remerciements s’adressent
également à la société WIJMA Cameroun S.A., structure
partenaire,poursonappuiauxtravauxdeterrain.Enn,que
CédricVermeulen,Jean-FrançoisGillet,MichèleFederspiel
etJean-YvesdeVleeschouwer soientremerciéspour leurs
diversescontributionsetleursconseils.
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