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Radioprotection
2001
Vol.
36,
no
4,
pages 417
à
430
Article
Arguments et retour d’expérience
sur la distribution d’iode stable autour
des centrales nucléaires françaises
B.
LE
GUEN’,
P.Y.
HÉMIDY~,
M.
GONIN’,
C.
BAILLOEUIL3,
D.
VAN
BOXSOM4,
S.
RENIER’,
Y.
GARCIER’
(Manuscrit
reçu
le
2
avril
2001,
accepté
le
7
août
2001)
En
cas
d’accidents nucléaires,
les
iodes radioactifs, dont l’iode
131,
peuvent être
rejetés dans l’atmosphère. Par mesure de sécurité, une instruction du Premier
ministre de
1997
ordonne la distribution préventive des comprimés d’iode stable
(K»
aux populations voisines des installations nucléaires afin que celle-ci soit déjà
effective en situation accidentelle. Auparavant, les comprimés étaient
stockés
par
Electricité de France (EDF) et mis
à
disposition des pouvoirs publics. Les comprimés
distribués en
1997
arrivant
à
leur date de péremption, EDF a dû mettre en place cette
année une nouvelle campagne de distribution dans
un
rayon de dix kilomètres
autour de
ses
20
sites en fonctionnement correspondant
à
58
réacteurs nucléaires.
Lors
des réunions d’information,
les
questions sur l’efficacité de cette mesure
de protection, la nature et la fréquence des éventuels effets secondaires tout
en mesurant sa durée d’action
selon
les
conditions d’administration, ont été
abordés. Une étude bibliographique sur la cinétique de l’iode dans l’organisme
humain a permis d’établir indications et mode d’emploi. L’eficacité du blocage
de l’incorporation d’iode radioactif dans la thyroïde et la survenue
d’un
dysfonctionnement thyroïdien dépendent de facteurs externes (apports alimentaires
d’iode) et individuels (état fonctionnel de la thyroïde, âge du sujet...). Si l’exposition
à
l’iode radioactif devait durer plusieurs
jours,
et dans l’objectif d’une protection
maximale, l’éventualité d’une deuxième prise d’iode stable pourrait
se
poser. Ce
travail présente l’impact des campagnes d’information
(1997
et
2000)
et de
mise
à
disposition des populations des comprimés d’iode stable, l’implication des
populations, et les réactions des professionnels de santé.
RÉSUMÉ
Abstract Arguments and expenence feed back for the distribution
of
iodine tablets in the
vicinity
of
nuclear power plants.
In the event of a nuclear accident, radioactive isotopes of iodine including
1311
can
he
released into the atmosphere.
In
1997,
as
a safety measure, the French government
decided to begin the distribution of stable iodine tablets
(KI)
to those living in the
vicinity of nuclear power plants,, to avoid having
to
do
so
in an emergency. The
tablets were previowly stored by Electricite de France
(EDF)
which held them at the
’
Électnciti de France (EDF). Service central d’appui
h
la
médecine
du
travail
(ÇCAST).
22-28 me Jouherr,
75009
Paris,
France.
EDF, Service de radioprotection,
22-28
rue Joubert, 75009 Paris, France.
’
EDF, CNPE
du
Tricastin, Service médecine du rravail. BP
9,
261
30
Saint-Paul Trois Chareaux, France.
EDF, CNPE
du
Bugey, Service
médecine
du travail,
BP
14.01 366
Camp de la Valhonne. France.
EDF, Pôle industrie, Division production nucléaire,
I
place Pleyel, 93282 Saint-Denis Cedex, France.
RADIOPROTECTION
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EDP
Sciences,
2001
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Article published by EDP Sciences and available at http://www.edpsciences.org/radiopro Article published by EDP Sciences and available at http://www.edpsciences.org/radiopro Article published by EDP Sciences and available at http://www.edpsciences.org/radiopro
B.
LE
GUEN
et
al.
disposal of the government authorities. Since the
tablets
distributed in
1997
are
approaching their use-by date, EDF has
starîed
a
new distribution campaign within
a
ten-kilometer radius of its twenty sites with
a
total of
58
nuclear reactors. During
the public information meetings, the discussion focused on the effectiveness of this
protective
meawre
and the nature and frequency of the possible side
effects
while
measuring the duration of iîs action under the conditions in which it was
administered.
A
bibliographic study of the kinetics
of
iodine in the human body has
enabled the indications and the
means
of use to
be
determined.
The
degree of
effectiveness with which incorporation of radioactive iodine into the thyroid is
prevented and the onset
of
thyroid dysfunction depend on both external and
individual factors: uptake of iodine from food, functional condition of the thyroid,
age, etc. In cases of prolonged exposure to radioactive iodine over severai days,
consideration needs to
be
given to taking
sîable
iodine
a
second time,
to
maintain
maximum protection. This presentation covers the impact of the
1997
and
2000
information campaigns, the effect of making
stable
iodine avaiiable to the public, the
extent to which the public feels involved, and the reactions of health professionals.
1.
Introduction
Lors d’un rejet accidentel d’iodes radioactifs dans l’atmosphère, la prise orale
d’iode stable par la population a pour objectif de limiter, voire d’empêcher, la
fixation thyroïdienne des iodes radioactifs afin de réduire
ou
d’éviter son
irradiation
in
situ
(Crocker, 1984
;
Malarbet
et
al.,
1998
;
Riggs, 1952
;
Saxena
et
al.,
1962).
La glande thyroïde est
un
des organes les plus radiosensibles de l’organisme
(Ramsden
et
al.,
1967), particulièrement chez les personnes jeunes de moins de
18 ans. Suite
à
l’accident de Tchernobyl en 1986, une augmentation significative
de la fréquence des cancers de la thyroïde a
été
observée chez l’enfant et
l’adolescent en Biélorussie, Ukraine et Russie (Jacob
et
al.,
1999). L’exposition
aux iodes radioactifs, dont principalement l’iode
131,
et l’absence de mise en
œuvre d’une protection thyroïdienne au moment des rejets, ont joué un rôle
prépondérant dans cette augmentation.
Depuis, l’OMS (WHOKEC, 1990
;
Vulsma
et
al.,
1989), la CIPR (ICRP,
1991) et I’AIEA (IAEA, 1996) ont publié des recommandations pour
l’administration d’iode stable en cas d’accident radiologique. En France, une
instruction du Premier ministre de 1997 ordonne la distribution préventive des
comprimés d’iode stable
(KI)
aux populations riveraines des installations
nucléaires permettant de ne pas intervenir dans l’urgence. Auparavant, les
comprimés étaient stockés par Électricité de France (EDF) et mis
à
disposition des
pouvoirs publics.
En 2000, les comprimés distribués en 1997 arrivant
à
leur date de péremption,
EDF a été chargée par les pouvoirs publics de la coordination
et
de la mise en place
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ARGUMENTS
ET
RETOUR
D’EXPÉRIENCE
SUR
LA
DISTRIBUTION
D’IODE
STABLE
Figure
1
-
Locaiisarion
des
centrales nucléaires EDF en France.
Location
of
EDF nuclearpowerplants in Fmnce.
d’une nouvelle campagne de distribution dans
un
rayon de dix kilomètres autour
de
ses
19 sites nucléaires en activité (Fig.
1).
Après avoir rappelé les principales
caractéristiques de la chimioprophylaxie iodée en cas d’accident nucléaire majeur,
ce travail présente l’impact des deux campagnes d’information et de distribution
des comprimés d’iode stable, l’attitude comportementale des populations, et les
réactions des professionnels de santé.
2.
Rappels
sur
le métabolisme de l’iode
L’iode est un oligo-élément indispensable
à
la synthèse des hormones thyroïdien-
nes, la triiodothyronine
(T3)
et la thyroxine
(T4).
11
provient essentiellement de
l’alimentation et
il
est admis qu’un apport iodé (Tab.
1)
de l’ordre de 100
à
150 pg/jour assure la couverture des besoins d’un adulte et de
50
à
100
pg/jour
pour
un
enfant (Pennington, 1990).
Pour
faire face
à
une éventuelle carence d’ap-
port, il existe une réserve intra-thyroïdienne de
10
à
15
mg
d’iode (Cavalieri
et
al.,
1997).
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B.
LE
GUEN
ef
al
TABLEAU
1
Besoins quotidiens moyens en iode (en
pg).
Average daily iodine requirements (in
pg).
En France, il existe une légère carence iodée malgré l’ajout d’iode dans le sel
de
table, l’apport moyen d’iode dans l’alimentation varie de 85
à
100
pg
(Momex
et al.,
1987
;
Le Guen
et al.,
2000).
Celui-ci doit être nuancé avec les habitudes
alimentaires variées d’une région
à
l’autre et d’un individu
à
l’autre. Différents
travaux ont montré que I’iodurie de
24
h est le reflet de l’apport alimentaire
à
110
%
(Momex
et
al.,
1987). Des variations importantes de l’excrétion iodée
urinaire d‘un individu
à
l’autre, dans une même région, avait été observées dans
une étude antérieure
(Le
Guen
et
al.,
ZOOO),
alors
que
les
taux sont stables pour un
même individu dans
le
temps en l’absence de modification des habitudes
alimentaires (Fig. 2).
L’iode est absorbé au niveau du
tube
digestif (estomac, intestin grêle) sous sa
forme
réduite iodure
(1-).
Une fois dans le flux sanguin, il diffuse rapidement dans
le secteur extra-cellulaire, constituant le
pool
d’iodure extra-cellulaire,
et suit
deux voies principales, en concurrence
:
-
le captage par la glande thyroïde et la fabrication des hormones thyroïdiennes,
-
l’excrétion urinaire (Gaffney
et
al.,
1962).
Le
captage de l’iodure par les cellules thyroïdiennes (thyréocytes) est un processus
actif.
Il
s’adapte
à
la concentration plasmatique d’iodure et donc aux apports
alimentaires diode. L‘ensemble
est
régulé par
une
hormone antéhypophysaire, la
thyréo-stimuling-hormone
(TSH). La thyroglobuline (Tg) constitue une réserve
d‘hormones correspondant aux besoins de
30
à
60
jours. Leur libération dans la
circulation sanguine se fait par protéolyse de la thyroglobuline, également
sous
l’influence de la TSH. La dégradation enzymatique de la thyroglobuline libère
quotidiennement environ
10
pg de
T3
et 100 pg de T4 (contenant 70 pg d‘iode) qui
passent dans le plasma. Après action au niveau des tissus cibles, l’iode est libéré
et rejoint le secteur extra-cellulaire.
Il
peut être, soit capté
à
nouveau par la glande
thyroïde (recyclage) et servir
à
la synthèse hormonale, soit
être
éliminé pour
l’essentiel par le rein.
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ARGUMENTS
ET
RETOUR
D’EXPÉRIENCE
SUR
LA
DISTRIBUTION
D’IODE
STABLE
Figure
2
-
Iodurie mesurée dans
iapopuiaîion
de
différentes régions françaises.
Cornparison of the iodine content in urine in France in pgday-l (Mornex,
1987;
Le
Guen el al.,
2000).
Ces rappels permettent de comprendre le mode de fixation des iodes radioactifs
sur
la
glande thyroïde.
Ils
entrent en compétition avec l’iode stable d’origine
alimentaire dont l’apport est insuffisant pour empêcher la fixation des iodes
radioactifs (Rubery,
1990).
Le risque de cancer chez les enfants et les jeunes
adultes, population la plus radiosensible, est donc accru.
La
prise d’un comprimé
d’iode stable avant les rejets d’iodes radioactifs sature la thyroïde en iode et la
protège efficacement contre l’absorption des iodes radioactifs (Nauman
et
Wolff,
1993).
Ces derniers sont
alors
éliminés par voies naturelles. Comme le rappelle
le
slogan de la campagne
2000
de distribution des comprimés d’iode
à
la population,
<<
la meilleure protection c’est
la
prévention
».
3.
Fabrication et organisation de la distribution des comprimés
d’iode
Les comprimés d’iodure de potassium ont obtenu le statut de médicament le
24
janvier
1997
par I’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé). Comme tous les médicaments, ils relèvent d’une
autorisation
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B.
LE
GUEN
et
al
de
mise
sur
le
marché.
Cette dernière
a
été révisée en octobre
1999,
sur demande
du fabricant, en raison de l’obtention de nouvelles données concernant la stabilité
du produit. En effet, l’allongement de la durée de stabilité a été démontré par des
études de vieillissement accéléré (variation artificielle de la température ambiante,
hygrométrie..
.)
et en temps réel.
En
conséquence la périodicité de renouvellement
des comprimés d’iode
a
été portée de
3
à
5
ans.
La
fabrication de
400
O00
boites
à
6,40
francs de
10
comprimés dosés
à
130
mg
d’iodure de potassium
(KI)
(soit
99,38
mg d’élément iode)
a
été assurée par
un
établissement pharmaceutique unique, la pharmacie centrale des Armées.
La distribution
a
suivi la filière pharmaceutique classique
:
acheminement des comprimés d’iode plun-quotidien aux différentes
livraison des antennes régionales des différents grossistes-répartiteurs,
pharmacies.
Chaque foyer résidant dans un rayon de
10
kilomètres autour d’une centrale EDF
a
reçu son bon de retrait par courrier, accompagné d’une lettre explicative signée
du Préfet.
Il
est important de préciser que les écoles, les lieux d’activité pour les
enfants (centres aérés, crèches), les industries locales et les lieux publics (mairies)
ont été également pourvus,
en
liaison avec les pharmaciens, de stocks de boîtes de
comprimés en nombre suffisant.
Les pharmaciens d’officine étant des interlocuteurs privilégiés de santé
publique, il
a
été convenu que les comprimés d’iode seraient retirés dans les
pharmacies par
la
population comme tout autre médicament mais
à
titre gratuit,
sur simple présentation du bon.
La
convention signée entre EDF et les représentants de la profession précise par
ailleurs que
la
délivrance devait être accompagnée de conseils sur la prise
du
médicament (posologie, effets indésirables, contre-indications, conservation..
.)
et
de réponses aux interrogations de la population. Pour les aider dans cette tâche, les
pharmaciens
ont
été conviés
à
de nombreuses réunions d’informations auxquelles
ont été associés les services médicaux d’EDF et une documentation abondante leur
a
été remise.
4.
Thèmes abordés
lors
des réunions d’information
4.1.
Posologie et mode d’administration
Les comprimés d’iode stable
ne
doivent être utilisés que lors de circonstances
exceptionnelles d’exposition et seulement sur ordre des autorités compétentes, en
l’occurrence le représentant de l’état de la région concernée (Préfet).
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ARGUMENTS
ET
RETOUR D’EXPÉRIENCE
SUR
LA DISTRIBUTION D’IODE STABLE
En France, le niveau d’intervention retenu par les pouvoirs publics est une dose
de
100
mSv
à
la thyroïde. Cette valeur se situe dans
la
fourchette des niveaux
recommandés par la publication 63 de la CIPR
(ICRP,
1991) et elle est en accord
avec les niveaux d’intervention pour les actions urgentes recommandées dans les
Sufety
Series
de I’AIEA
(IAEA,
1996). Pour les personnes les plus sensibles, âgées
de moins de
18
ans. un abaissement du seuil de prise, entre
10
et
100
mSv, est
discuté
(WHO,
1999).
Le traitement consiste en la prise unique d’un comprimé de 130 mg d’iodure de
potassium selon les modalités suivantes
:
-
pour les adultes (hommes
+
femmes
+
femmes enceintes) (Evans
et
al.,
1967)
et enfants de plus de
12
ans,
enfants de 3
à
12
ans
:
la moitié d’un comprimé
à
dissoudre dans
un
verre (eau,
lait,
jus
de fruit),
pour les nourrissons de
O
à
3
ans
:
un quart de comprimé
à
dissoudre dans un
verre (eau, lait,
jus
de fruit).
-
-
4.2.
Effiacité et durée de protection
Le tableau
II
fournit l’efficacité de la protection selon le moment de la prise du
comprimé d’iode stable pour la prise d’un comprimé d’iode stable de
130
mg
d’iodure de potassium. La faible réduction des doses observées lorsque la prise
d’iode stable a lieu bien avant l’exposition
à
l’iode radioactif (96 h) peut être
imputée
à
l’arrêt de la saturation de la thyroïde. L’efficacité d’une prise unique est
de l’ordre de 36 heures. Dans le cas d’une prise tardive, les doses
à
la thyroïde
résultent essentiellement de l’incorporation d’iode radioactif avant l’arrivée d’iode
stable.
Le blocage du captage thyroïdien varie en fonction de la posologie d’iodure de
potassium mais 90
%
de dose évitée
à
la thyroïde est obtenu dès
20
mg si
l’administration d’iode stable a lieu au même moment que l’exposition aux iodes
radioactifs (Geoffroy
et
al.,
2000
;
Zanzonico et Becker, 1993).
Du
fait de la diminution importante de la protection thyroïdienne au-delà de
36 heures après la première prise d’iode stable (Zanzonico et Becker,
2000)
et
si
l’exposition
à
l’iode radioactif doit durer plusieurs
jours
(situation exceptionnelle),
l’éventualité d’une deuxième prise d’iode stable, moins réductrice en dose, peut se
poser.
Mais cette deuxième prise expose
à
un risque accru de surcharge iodée.
Aussi, afin d’améliorer la tolérance de la chimioprophylaxie mais surtout
pour
diminuer le risque d’effets indésirables, des auteurs (Koutras et Livadas, 1966
;
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B.
LE
GUEN
ei
ai
TABLEAU
II
Eficacité de la chimioprophylaxie iodée pour une inhalaiion ponctuelle de
1
MBq,
selon le
moment de la prise d’iode stable.
The tablet is takedeffectiveness
of
iodine prophylaxis for an intake
of
1
MBq.
Ron
et
al., 1995
;
Verger,
2000)
ont publié un schéma thérapeutique optimisé
:
pour un adulte, un comprimé d’iode stable
le
premier jour puis un quart de
comprimé
les
jours suivants.
4.3.
Effets
secondaires
Pour la population générale, les effets secondaires sont extrêmement rares et
estimés
à
moins de
3
pour mille
(3.5
%OC
chez l’enfant et
2
%O
chez l’adulte)
(Schlumberger et Pacini, 1997
;
Galles, 1997).
-
Ils
sont non spécifiques et
à
type de désagréments (nausées, vomissements,
diarrhées, gastralgie, goût métallique dans la bouche) (NCRPM, 1977
;
WHOKEC, 1990).
Dans
certains cas, on peut observer
une
hyperthyroïdie (Braverman, 1990
;
Stanbury
et
al.,
1998).
Les
sujets les plus sensibles sont ceux atteints d’une
pathologie thyroïdienne. La plus courante
est
l’apparition d’une hyperthyroïdie
chez les personnes porteuses d’un goitre et âgées de plus de
60
ans (Weaver
et
al., 1960). Cette complication peut être grave en cas de maladie cardiaque.
De
rares cas d’hypothyroïdie
ont
été recensés (Dunn
et
al., 1998
;
Schober
ef
al., 1976).
En
cas
d‘allaitement maternel,
il
faudra veiller au risque de surdosage
en
iode
des nourrissons
à
qui
on
aura administré
une
dose diode stable (Castaing
et
al.,
1979; Sternthal
et
al., 1980).
Le
surdosage, et donc un risque d’effet(s)
indésirable(s) accru proviendra du fait que l’iode stable pris par la mère
se
concentre dans le lait maternel
(25
%
en
24
h) et
se
surajoute
à
l’iode administré
-
-
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ARGUMENTS ET RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR
LA
DlSTRIBüTION D’IODE STABLE
au nouveau-né (Thompson
et
al.,
1994). Par précaution, la question de l’arrêt
de l’alimentation au sein pendant 36 heures peut donc se poser.
Les hypersensibilités avérées
à
l’iode sont extrêmement rares, de l’ordre de
10-7 (Nauman et Wolff, 1993).
Les
réactions allergiques observables suite
à
l’utilisation de médicament iodé (antiseptique (povidone iodée), produit de
contraste) sont essentiellement attribuables au pouvoir immunogène des
excipients et non
à
l’iode (Conn
et
al.,
1996).
-
L’utilité de la prophylaxie par l’iode stable et son innocuité ont été démontrées en
Pologne,
où
18
millions de doses ont été distribuées
à
la suite de l’accident de
Tchernobyl. Aucun effet secondaire notable n’a été observé, notamment chez les
enfants, les nouveau-nés et les femmes enceintes. Seuls
3
accidents allergiques
à
type de broncho-spasme ont nécessité une action thérapeutique (Nauman et Wolff,
1993).
4.4.
Contre-indications
Si le risque d’effet indésirable consécutif
à
la prise d’iodure de potassium est très
faible,
il
faudra faire attention
à
quelques rares cas bien identifiés et par définition
connus des personnes (NCRPM, 1977
;
Weaver
et
al.,
1960
;
WHO/CEC 1990)
:
hypersensibilité prouvée
à
l’iode,
dermatite herpétiforme,
pemphigus vulgaire,
myotonie congénitale.
Les personnes atteintes de ce type de pathologie doivent être informer que des
thérapies de substitution peuvent être proposées après
un
avis médical spécialisé
:
le perchlorate de sodium ou potassium qui entre en compétition avec l’iode,
les antithyroïdiens de synthèse (ATS) comme le carbimazole et le propylthiou-
racile
(PTU)
qui bloquent l’hormonogénèse thyroïdienne en inhibant l’organi-
fication de l’iode.
gros goitre avec déviation ou rétrécissement de trachée,
D’une manière générale, le rapport bénéficehisque de la prophylaxie
à
partir de
60 ans est discutable pour certains auteurs car le risque de cancérogenèse radio-
induite est quasi-nul mais aussi en raison d’une possible thyrotoxicose induite par
l’iode chez les personnes atteintes d’une pathologie thyroïdienne.
En 1999, lors de la proposition de révision des
<<
guidelines
>>
de 1996, l’OMS
(WHO, 1999) a proposé l’absence de prévention au-delà de 40 ans et un
abaissement du seuil de prise
à
10
mSv
à
la thyroïde pour les personnes âgées de
moins de
18
ans, les femmes enceintes ou allaitantes. L’AIEA a été consultée lors
de l’élaboration de ce document mais n’a pas souhaité être associée
à
sa
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B.
LE
GUEN
et
al.
publication sans une consultation formelle des états membres et en raison de
questions non encore résolues dans ce texte.
En janvier
2001,
la FDA
(US
Food and Drug Administration) a pris position par
rapport au document de
l’OMS
en retenant une prise d’iode stable pour un risque
de dose de
:
50
mSv
à
la thyroïde chez l’enfant de
O
à
18
ans et pour la femme enceinte
ou
allaitant,
100
mSv pour les personnes de
18
à
40
ans,
5
Gy au-delà de
40
ans.
Dans ce dernier cas c’est le risque d’hypothyroïdie qui est prévenu et non le risque
de
cancer.
4.5.
Alternative iodée
au
comprimé
d’iode
En cas de situation de crise, les personnes ayant égaré ou n’ayant
pu
se
procurer
les
comprimés d’iode, peuvent
se
voir proposer plusieurs alternatives. Elles sont
regroupées dans le tableau
In.
Le
risque d’effet indésirable est identique
à
l’iode
sous
forme de comprimé,
sous
réserve du respect de la contre indication que
constitue l’iode sous forme d’alcoolé au nourrisson.
TABLEAU
III
Alternatives possibles aux comprimés d’iodure de potassium en cas de situation de crise.
Possible alternative
to
potassium ioàine tablets in emergency situations.
O
gwttey
=
100
rng
d’iode
c
ac
CUI
rreaca
c=
m
5.
Bilan des campagnes
1997
et
2000
de distribution
5.1.
L’information
des comprimés d’iode
Préalablement aux opérations de distribution, des réunions d’information,
résultant d’un partenariat entre EDF et les pouvoirs publics, ont été organisées
pour les élus, les professionnels de santé (médecins, pharmaciens
...)
et les
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ARGUMENTS
ET
RETOUR
D’EXPÉRIENCE
SUR
LA
DISTRIBUTION
D’IODE
STABLE
populations. En parallèle, les médias locaux (presse écrite et radio) ont relayé ces
informations. L’implication des élus est
à
souligner puisqu’elle leur
a
permis de se
rendre acteurs responsables vis-à-vis de la population, ce qui constitue une
garantie pour continuer
à
tisser des liens étroits entre EDF, les élus
et
la population.
Les réunions de 1997 ont été fortement plébiscitées avec une fréquentation
moyenne de
400
personnes par réunion, soit un total d’environ
15
O00
personnes
à
travers la France. En revanche, lors du renouvellement de
2000,
ce même type
de manifestation ne réunissait plus qu’une cinquantaine de personnes par réunion
en moyenne. Il est vrai qu’à trois ans d’intervalle, le public concerné avait peu
changé.
5.2.
La
disiribution
En 1997, différents protocoles de distribution ont
été
testés
:
O
bon de retrait envoyé chez les résidents,
O
portage
à
domicile par les pompiers etJou la sécurité civile couplé au dépôt
d’un bon de retrait en cas d’absence,
O
envoi postal.
D’emblée, il est intéressant de noter que
la
distribution
à
domicile a permis une
couverture de la population concernée supérieure
à
90
%
contre
6&70
%
selon
les
régions pour le retrait dans les pharmacies d’officine.
La campagne
2000
concernait toutes les centrales nucléaires EDF
à
l’exception
du site de Creys-Malville en phase de déconstruction. Les premiers résultats de
distribution des comprimés d’iode sont plus faibles avec une moyenne nationale
d’environ
43
%,
malgré les efforts logistiques et financiers importants déployés
par EDF. Il a été décidé de ne pas se contenter de ce premier résultat. La majeure
partie de la population concernée par cette distribution
(>
77
%)
habite dans le
rayon des
5-10
km autour du site.
Un
effort particulier est fait
sur
cette zone en
s’assurant que les écoles et autres lieux accueillant des enfants euou du public sont
approvisionnés
en
comprimés d’iode.
Certaines centrales ont donc déjà pris des initiatives pour améliorer le résultat.
Deux régions ont mis en place une nouvelle campagne d’information des
populations. Dans un cas, une lettre du Préfet
a
été adressée
à
tous les foyers,
remerciant les personnes qui ont retiré leur boite de comprimés et invitant les
autres
à
le faire
;
dans l’autre
un
communiqué de la préfecture est paru dans les
journaux locaux. Chacune de ces deux méthodes
a
entraîné une augmentation
de
15
%
du taux de distribution.
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7
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B.
LE
GUEN
et
ai.
Deux sites ont profité d’un exercice de sécurité civile pour effectuer un rappel
sur les Comprimés d’iode auprès des populations concernées. Les résultats sont
satisfaisants avec près de 70
%
de la population couverte. Les exercices
semblent être un moyen de relance efficace car ils mobilisent les populations
concernées qui sont alors plus réceptives aux messages.
Pour expliquer la diminution de mobilisation de la population locale, plusieurs
hypothèses peuvent être émises
:
une accoutumance au risque dans les régions
<<
nucléarisées
D
depuis de
longues années, voire une confiance renouvelée
à
l’exploitant,
la population riveraine des
CNPE
est essentiellement constituée de personnes
travaillant ou ayant travaillé sur un site nucléaire,
l’aspect nouveauté de la première distribution s’est estompé avec le temps,
l’absence de problèmes dans les centrales a pu contribuer au désintérêt du
public pour la campagne de distribution des comprimés d’iode,
le lancement de la campagne
<<
comprimé d’iode
D
au début de l’été, juste avant
les vacances, n’est peut être pas une bonne formule,
une diminution de la motivation des professionnels de santé locaux
(pharmaciens, médecins..
.),
l’implication de tous les acteurs est nécessaire pour réussir
à
mobiliser les
riverains et il est difficile au bout seulement de
3
ans de susciter
à
nouveau une
telle implication.
Outre les réunions
à
but informatif, la distribution des comprimés d’iode est une
occasion pour l’exploitant d’engager un dialogue avec les personnes vivant autour
des centrales. Le retrait en pharmacie d’officine fait intervenir beaucoup de
paramètres propres
à
l’implication des personnes (accoutumance au risque,
désintérêt..
.)
limitant ainsi la couverture de la population. Les bons résultats
(>
90
%)
obtenus autour de la centrale de Fessenheim en 1997,
lors
de l’expérience
d’un portage
à
domicile pose la question de l’extension de ce mode de distribution
pour la prochaine campagne de
2005.
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