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Les pratiques d’intervention en orthophonie auprès des enfants francophones ayant un trouble des sons de la parole : résultats d’un sondage québécois

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Plusieurs approches d'intervention existent pour traiter le trouble des sons de la parole et l'efficacité de certaines d'entre elles a été démontrée par la recherche. Cependant, l'absence de lignes directrices concernant les meilleures approches à utiliser complique l'intégration des principes scientifiques dans la pratique des orthophonistes, bien qu'elles y soient tenues par leur ordre professionnel. L'objectif général de cette étude était de recenser les approches utilisées par les orthophonistes du Québec et d'en discuter selon une pratique fondée sur les preuves scientifiques. Cent six orthophonistes québécoises travaillant auprès d'enfants ont répondu à un questionnaire. Les résultats ont montré que les quatre approches d'intervention les plus connues sont l'approche traditionnelle d'articulation, la dynamique naturelle de la parole, les paires minimales et les exercices oro-moteurs. Les trois approches les plus utilisées sont l'approche traditionnelle d'articulation, la stimulation intégrale et la dynamique naturelle de la parole. Parmi les approches dont l'efficacité a été démontrée par des études présentant un bon niveau de preuve scientifique, seule l'approche traditionnelle d'articulation est utilisée par la majorité des répondantes. Plusieurs questions peuvent être soulevées concernant la disponibilité des recherches scientifiques et leur applicabilité en clinique. Enfin, en comparant les résultats de la présente étude aux enquêtes menées dans d'autres pays, il est possible d'observer quelques ressemblances, mais aussi des divergences quant aux approches d'intervention préconisées : les orthophonistes québécoises ciblent davantage la production des sons alors que celles des pays anglophones ciblent la perception. Les pratiques d'intervention en orthophonie auprès des enfants francophones ayant un trouble des sons de la parole : résultats d'un sondage québécois
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Volume 46, N o 3, 2022
Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology (CJSLPA)
Les pratiques d’intervention en orthophonie auprès des enfants francophones ayant un trouble des sons de la parole: résultats d’un sondage québécois
SONDAGE INTERVENTIONS SONS DE LA PAROLE
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MOTS-CLÉS
TROUBLE DES SONS
DE LA PAROLE
APPROCHES
D’INTERVENTION
SONDAGE
ENFANTS
PROVINCE DE QUÉBEC
Abrégé
Plusieurs approches d’intervention existent pour traiter le trouble des sons de la parole et l’ecacité
de certaines d’entre elles a été démontrée par la recherche. Cependant, l’absence de lignes directrices
concernant les meilleures approches à utiliser complique l’intégration des principes scientifiques dans la
pratique des orthophonistes, bien qu’elles y soient tenues par leur ordre professionnel. L’objectif général
de cette étude était de recenser les approches utilisées par les orthophonistes du Québec et d’en discuter
selon une pratique fondée sur les preuves scientifiques. Cent six orthophonistes québécoises travaillant
auprès d’enfants ont répondu à un questionnaire. Les résultats ont montré que les quatre approches
d’intervention les plus connues sont l’approche traditionnelle d’articulation, la dynamique naturelle de
la parole, les paires minimales et les exercices oro-moteurs. Les trois approches les plus utilisées sont
l’approche traditionnelle d’articulation, la stimulation intégrale et la dynamique naturelle de la parole.
Parmi les approches dont l’ecacité a été démontrée par des études présentant un bon niveau de preuve
scientifique, seule l’approche traditionnelle d’articulation est utilisée par la majorité des répondantes.
Plusieurs questions peuvent être soulevées concernant la disponibilité des recherches scientifiques et leur
applicabilité en clinique. Enfin, en comparant les résultats de la présente étude aux enquêtes menées dans
d’autres pays, il est possible d’observer quelques ressemblances, mais aussi des divergences quant aux
approches d’intervention préconisées: les orthophonistes québécoises ciblent davantage la production
des sons alors que celles des pays anglophones ciblent la perception.
Laurie Montembeault
Véronique McDu
Marie-Pier Gingras
Louise Duchesne
Les pratiques d’intervention en orthophonie auprès des
enfants francophones ayant un trouble des sons de la parole:
résultats d’un sondage québécois
Speech-Language Pathology Intervention Practices for
French-Speaking Children with Speech Sound Disorders:
Results of a Québec Survey
Laurie Montembeault,
Véronique McDu,
Marie-Pier Gingras
et Louise Duchesne
Département d’orthophonie,
Université du Québec à Trois-
Rivières, QC, CANADA
Rédacteur :
Stefano Rezzonico
Rédacteur en chef :
David H. McFarland
Revue cana dienne d’ort hophonie et d’au diologie (RCOA)
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Abstract
A variety of approaches for the treatment of speech sound disorders exist, some with ecacy established
by research. The absence of guidelines regarding the best approaches to use makes it dicult for
speech-language pathologists to provide evidence-based practice even though professional regulations
require them to do so. The aim of this study was to describe interventions that are used by speech-
language pathologists in the province of Québec to treat children with speech sound disorders and to
discuss whether those interventions are supported by research. One hundred and six speech-language
pathologists working with children across Québec completed a survey. The results showed that they
are most familiar with (a) a traditional articulation approach, (b) natural speech dynamics, (c) minimal
oppositions therapy, and (d) nonspeech oral motor exercises. A traditional articulation approach, integral
stimulation speech therapy, and natural speech dynamics are the most widely used. Among approaches
proven to be eective, only the traditional articulation approach is commonly used by the respondents.
This study addresses issues regarding the availability and applicability of research results in clinical
practice. Finally, comparing the results of this survey with those conducted in dierent countries, we found
similarities but also a discrepancy in the approaches advocated: Speech-language pathologists in Québec
target sound production rather than perception, unlike those in English-speaking countries.
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Le trouble des sons de la parole (TSP) est caractérisé
par un développement atypique de la phonétique et de la
phonologie, ce qui diminue l’intelligibilité de l’enfant (MacLeod
et al., 2015). La dyspraxie verbale est un trouble aectant la
planification et la programmation des mouvements associés
à la parole qui peut être classé parmi les TSP (Charron et
MacLeod, 2010; Williams et al., 2010). Il est en eet dicile de
distinguer la dyspraxie verbale des autres types de TSP parce
que les critères pour le faire ne reposent pas entièrement sur
des données objectives détaillant les caractéristiques de la
dyspraxie verbale en ce qui concerne leur degré de sévérité,
leur fréquence et leur contexte (Murray et al., 2021). Pour ces
raisons, la dyspraxie verbale est incluse dans l’appellation
TSP de la présente étude. Le TSP est très répandu: jusqu’à
15,6% des enfants d’âge préscolaire pourraient en être
aectés (Campbell et al., 2003). Les enfants d’âge préscolaire
présentant un tel trouble ont un risque accru de rencontrer
des dicultés durant le primaire, notamment en lecture et
en écriture. (Anthony et al., 2011; Bleile, 2018; Felsenfeld et
al., 1992). Ils sont également susceptibles de présenter des
dicultés socio-émotionnelles dues au fait qu’ils peuvent être
mal compris par les personnes peu familières (McCormack et
al., 2010).
En recherche et en clinique, plusieurs approches
ont été développées pour traiter le TSP. Ces approches
d’intervention sont supportées par diérents niveaux de
preuves scientifiques (Baker et McLeod, 2011a). Bien que les
orthophonistes soient tenues par leur ordre professionnel
d’appliquer les principes scientifiques généralement
reconnus (LégisQuébec, 2020), leurs interventions ne sont
pas toujours en conformité avec la recherche (Lancaster
et al, 2010). En eet, les orthophonistes combinent
plusieurs approches d’intervention et les appliquent de
façon éclectique selon le profil de l’enfant ou elles utilisent
une seule approche en diminuant le dosage démontré
ecace dans la littérature scientifique (Gomez et al., 2022;
Lancaster et al., 2010; Pascoe et al., 2010).
Au cours des dernières années, quelques enquêtes ont
été menées concernant les modalités et les approches
d’intervention utilisées par les orthophonistes pour
le traitement du TSP chez les enfants anglophones,
notamment au Royaume-Uni (Hegarty et al., 2018; Joe
et Pring, 2008), en Australie (McLeod et Baker, 2014)
et aux États-Unis (Brumbaugh et Smit, 2013). À notre
connaissance, aucune étude de ce type n’a été menée
auprès d’orthophonistes exerçant en milieu francophone.
Ainsi, nous nous sommes intéressées aux approches
d’intervention utilisées par les orthophonistes québécoises
francophones pour traiter le TSP et aux niveaux de preuves
scientifiques de ces mêmes approches.
Classement des approches d’intervention pour traiter le
TSP selon leur niveau de preuve scientifique
Les preuves scientifiques ne sont pas toutes de la même
qualité. Dans l’optique d’avoir un vocabulaire commun à
toutes les disciplines du domaine de la santé, les niveaux du
modèle du Oxford Centre for Evidence-Based Medicine Levels
of Evidence Working Group (2011) sont utilisés dans plusieurs
études pour hiérarchiser les preuves scientifiques des
traitements (Azer et Azer, 2018; Glickman et al., 2010). C’est
également le modèle retenu pour classer les interventions
en TSP de cette étude. Ce modèle est séparé en niveaux
de 1 à 5, soit du plus haut niveau de preuve scientifique au
plus bas. Le niveau 1 correspond principalement aux méta-
analyses d’essais cliniques randomisés; le niveau 2 aux études
contrôlées sans randomisation; le niveau 3 aux études de
cas-témoins; le niveau 4 aux études de cas; le niveau 5 aux
opinions d’experts.
Dans une revue systématique portant sur les approches
d’intervention en TSP, Baker et McLeod (2011a) ont répertorié
134 études portant sur 46 approches d’intervention
distinctes. Parmi ces dernières, 23 approches d’intervention
pour le TSP étaient décrites à plus d’une reprise dans les
études sélectionnées. Leurs résultats ont révélé entre autres
que la plupart étaient des études de cas. Quant à eux, Wren
et al. (2018) ont inventorié, dans leur revue systématique, 26
études portant sur les approches d’intervention pour le TSP.
Leurs conclusions se sont avérées semblables à celles de
Baker et McLeod (2011a): la majorité des études présentaient
de bas niveaux de preuves scientifiques. Ainsi, pour le TSP,
des études de plus hauts niveaux de preuves scientifiques
seraient nécessaires afin de mieux justifier l’ecacité des
diérentes approches d’intervention.
Le tableau 1 détaille les 17 approches d’intervention
en TSP ciblées dans le cadre de cette étude. Elles sont
classées selon leur niveau de preuve scientifique, leur
nombre d’études publiées portant sur la population
pédiatrique présentant un TSP sans trouble associé (ex. :
fente palatine ou syndrome de Down), ainsi que selon
leur axe d’intervention (perception/production de la
parole). Les revues systématiques de Baker et McLeod
(2011a) et de Wren et al. (2018) incluent certaines des 17
approches retenues pour la présente étude : l’approche
traditionnelle d’articulation, les paires minimales, le
Core vocabulary, la perception de la parole/Speech
Assessment and Interactive Learning System et l’approche
cyclique. La présente étude a recensé moins d’approches
d’intervention que Baker et McLeod (2011a) et, au contraire
de Baker et McLeod (2011a) et de Wren et al. (2018), la
plupart des 17 approches choisies ont un haut niveau de
preuves scientifiques. Le tableau 1 intègre également des
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Tableau 1
Les approches d’intervention classées selon leur niveau de preuve scientifique
Approches
d’intervention Référence d’origine et
référence la plus récente Nombre d’études
répertoriées Axe
d’intervention Description de l’approche 1
Niveau 1 : ecacité prouvée par une méta-analyse ou par une étude randomisée contrôlée
Approche traditionnelle/
d’articulation
Van Riper (1939)
Lousada et al. (2013) 14 Production Acquisition d’un seul phonème problématique à la
fois
Paires minimales Weiner (1981)
Dodd et al. (2008) 42 Perception Contraster des mots identiques à l’exception d’un
phonème, différencié par un seul trait
Oppositions maximales Gierut (1989)
Dodd et al. (2008) 8 Perception Contraster des mots identiques par des phonèmes
les plus différents
Oppositions multiples Williams (2000)
Allen (2013) 11 Perception Établir un contraste entre un phonème cible et
plusieurs autres phonèmes
Core vocabulary Crosbie et al. (2005)
Broomfield et Dodd (2005) 7 Production Intervenir sur un nombre de mots très fréquents
Approche cyclique Hodson et Paden (1983)
Almost et Rosenbaum (1998) 17 2 Approche
combinée
Plusieurs patrons phonologiques sont traités tour à
tour dans des cycles
Nuffield Centre Dyspraxia
Programme
Royal National Throat, Nose and
Ear Hospital (2020)
Murray et al. (2015)
7 Production Avoir le matériel et suivre le programme du même
nom
Perception de la parole/SAILS Van Riper (1963)
Rvachew et al. (2004) 4 Perception Présentation auditive de mots reliés aux patrons à
traiter chez l’enfant
Niveau 2 : ecacité prouvée par des études contrôlées sans randomisation et par des études quasi-expérimentales
Metaphon ou conscience
phonologique
Howell et al. (1993)
Dodd et Bradford (2000) 13 Perception Améliorer la conscience des contrastes entre les
phonèmes et l’autocorrection
PROMPT Chumpelik (1984)
Kadis et al. (2014) 12 Production Utilisation du toucher pour guider manuellement
l’articulation du patient
Approche non-linéaire Bernhardt (1990)
Edwards (1995) 6 Production Viser les niveaux du système phonologique plutôt
que des sons spécifiques
Stimulation intégrale
Milisen (1954)
Gildersleeve-Neumann et
Goldstein (2015)
6 Production L’enfant doit regarder les indices fournis par le
clinicien et essayer d’imiter
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Tableau 1 (suite)
Les approches d’intervention classées selon leur niveau de preuve scientifique
Niveaux 3 à 5 : faibles preuves d’ecacité (cas-témoins, études de cas et opinions d’experts)
Approche basée
sur la stimulabilité
Miccio et Elbert (1996)
Miccio (2009) 6 Production Chaque consonne est associée à un personnage allitératif
et à un geste
Application des principes
d’apprentissage moteur
Schmidt (1993)
Strand (2013)
Opinions d’experts
seulement Production
Insister sur la position de départ du mouvement,
les paramètres du mouvement (p. ex. trajectoire)
et rétroaction donnée à l’enfant
Approche dont l’ecacité n’est pas démontrée
Dynamique naturelle de la
parole Dunoyer de Segonzac (1991) Aucune étude
scientifique Production Utilisation d’inputs auditif, visuel et/ou kinesthésique
(mouvements du corps)
Approches prouvées inecaces pour traiter les TSP
Bombardement auditif Hodson et Paden (1983)
Gangloff (1991) 2
3Perception Présentation auditive d’une liste de mots qui sont reliés
aux patterns d’erreurs de l’enfant
Exercices oro-moteurs Dworkin (1978)
Lee et Gibbon 5 (2015) 3 4 Production Activités non langagières (ex.: souffler) qui impliquent les
sens et/ou l’action des articulateurs
Note. SAIL = Speech Assessment and Interactive Learning System; PROMPT = PROMPTS for Restructuring Oral Muscular Phonetic Targets
1 Résumé des descriptions des approches ciblées. 2 Inclut également l’approche cyclique utilisée avec certaines modifications. 3 Études concernant l’utilisation du bombardement auditif seulement. 4 Nombre d’études répertoriées dans la revue systématique mentionnée. 5 Revue
systématique suggérant l’inecacité de l’approche.
approches prouvées inecaces et des approches pour lesquelles l’ecacité n’a
pas été démontrée.
Les enquêtes menées dans les pays anglophones
Des enquêtes ont décrit les pratiques des orthophonistes intervenant auprès
d’enfants ayant un TSP dans diérents pays comme le Royaume-Uni (Hegarty
et al., 2018; Joe et Pring, 2008), les États-Unis (Brumbaugh et Smit, 2013) et
l’Australie (McLeod et Baker, 2014). Ces études portaient sur des orthophonistes
pratiquant auprès d’enfants anglophones.
Au Royaume-Uni, les trois approches les plus populaires étaient la
discrimination auditive, les paires minimales et la conscience phonologique
(Joe et Pring, 2008). Les thérapies les moins utilisées étaient les oppositions
maximales, l’approche cyclique, le Core vocabulary et le bombardement
auditif. En 2018, un deuxième sondage distribué dans ce pays a indiqué des
résultats similaires : les cinq approches d’intervention les plus utilisées pour
traiter les troubles phonologiques étaient la discrimination auditive, les paires
minimales, la conscience phonologique, l’approche traditionnelle d’articulation et
l’approche psycholinguistique (Hegarty et al., 2018). Aux États-Unis (Brumbaugh
et Smit, 2013), les résultats ont montré qu’environ la moitié des répondantes
utilisaient fréquemment l’approche traditionnelle d’articulation et que le tiers
des répondantes l’utilisait de 40 % à 60 % du temps. D’autres approches étaient
aussi utilisées régulièrement, notamment la conscience phonologique, les
paires minimales et l’approche cyclique. Finalement, en Australie (McLeod et
Baker, 2014), les huit approches d’intervention ressorties comme étant les
plus utilisées étaient : la discrimination auditive, les paires minimales, Cued
articulation, la conscience phonologique, l’approche traditionnelle d’articulation,
le bombardement auditif, le Nuffield Centre Dyspraxia Programme et le Core
vocabulary. Les auteurs ont conclu que leurs résultats étaient similaires à ceux
des autres pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis en ce qui concerne les
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pratiques utilisées chez les enfants ayant un TSP. Certaines
approches concordaient avec une pratique basée sur les
faits scientifiques alors que d’autres présentaient un bas
niveau de preuves scientifiques (McLeod et Baker, 2014).
L’intervention auprès des enfants ayant un TSP étant
très fréquente en clinique (Broomfield et Dodd, 2004), il est
primordial pour les cliniciennes de réfléchir à leur pratique
et de s’assurer que leurs connaissances sont actualisées
dans ce domaine. Cette réflexion semble être commencée
dans les pays anglophones nommés précédemment, mais
ces résultats peuvent ne pas être applicables au contexte
québécois. En eet, les pratiques cliniques québécoises
et anglo-saxonnes n’ont pas les mêmes influences. Du
fait de sa proximité géographique avec le Canada anglais
et les États-Unis, la présence de l’anglais au Québec et
l’accès à des approches d’intervention majoritairement
anglophones, les orthophonistes québécoises ont les
mêmes influences que les orthophonistes anglo-saxonnes.
Toutefois, les orthophonistes québécoises peuvent aussi
être portées à se tourner vers la France pour avoir accès
à des pratiques qui tiennent compte de la structure du
français. Ces facteurs pourraient diérencier la pratique
des orthophonistes québécoises de celles pratiquant dans
les pays majoritairement anglophones. Conséquemment,
des données applicables au contexte clinique québécois
sont nécessaires.
En 2016, notre équipe de recherche a diusé un
sondage en ligne à destination des 106 répondantes,
membres de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes
du Québec travaillant auprès d’enfants. Un premier
niveau d’analyse a été réalisé dans le cadre d’un travail de
recherche étudiant (McDu, 2017). L’objectif principal de
cette étude était de recenser les approches d’intervention
utilisées par les orthophonistes québécoises pour traiter
le TSP en lien avec une pratique basée sur les preuves
scientifiques et d’examiner les facteurs qui guident leurs
choix d’intervention. Plus spécifiquement, nous analysons
1) la connaissance des approches d’intervention en TSP et
2) la fréquence d’utilisation de ces approches. Un objectif
secondaire est de comparer les résultats obtenus avec
ceux des enquêtes menées dans les autres pays.
Méthodologie
Sélection des approches
L’étude a été approuvée par le Comité d'éthique de
la recherche avec des êtres humains de l'Université
du Québec à Trois-Rivières (CER-16-223-07.07). Dans
un premier temps, 15 approches d’intervention ont été
sélectionnées à partir d’un ouvrage de référence portant
sur l’intervention du TSP (Williams et al., 2010). Dans un
deuxième temps, la liste des approches d’intervention a été
validée par une orthophoniste ayant une longue expérience
en TSP. À la suite de ses recommandations, la stimulation
intégrale et l’application des principes d’apprentissage
moteur ont été ajoutées. Ainsi, nous avons sondé les
orthophonistes sur 17 approches d’intervention. Pour
certaines de ces approches, comme les paires minimales
et l’approche cyclique, il existe des preuves scientifiques
(Baker et McLeod, 2011a). Pour d’autres, il existe peu de
preuves scientifiques, voire aucune. Les approches de cette
dernière catégorie ont été choisies pour deux raisons : 1)
leur utilisation était rapportée dans d’autres études, comme
c’est le cas pour les exercices oro-moteurs (Joe et Pring,
2008), 2) leur utilisation répandue dans diérents milieux
cliniques francophones du Québec avait été observée.
Finalement, avant sa diusion massive, le questionnaire
a été envoyé à cinq orthophonistes proches des milieux
universitaires afin de recevoir leurs commentaires sur le
sondage. Notons que chaque approche d’intervention
était sommairement décrite dans le questionnaire, puisque
c’était une limite soulevée dans le sondage mené aux États-
Unis par Brumbaugh et Smit (2013).
Participantes
Les personnes intéressées devaient répondre à
trois critères afin de pouvoir participer à cette étude : 1)
être membres orthophonistes réguliers de l’Ordre des
orthophonistes et des audiologistes du Québec (OOAQ);
2) pratiquer au Québec auprès d’enfants; 3) pratiquer
auprès d’une clientèle majoritairement francophone. Au
total, 106 orthophonistes ont répondu au questionnaire.
Cela représente 4,1 % des orthophonistes du Québec selon
l’OOAQ (2017).
Parmi ces personnes, 95,24 % étaient des femmes. Elles
provenaient de toutes les régions administratives du Québec
(à l’exception de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et du
Nord-du-Québec). Elles cumulaient entre 6 mois et 35 ans
d’expérience dans la pratique de l’orthophonie. Environ un
tiers des personnes ayant répondu avait quatre ans et moins
d’expérience de travail (35,8 %, n = 38), un tiers avait entre 4
et 12 ans d’expérience (33,9 %, n = 36) et un tiers avait plus
de 12 ans d’expérience (30,2 %, n = 32). En moyenne, elles
ont complété le questionnaire en 16 minutes.
Outil de collecte: élaboration et diusion
L’outil de collecte choisi était un questionnaire en ligne
composé de 24 questions. La plupart des questions et choix
de réponses étaient inspirés des quatre enquêtes menées
dans les pays nommés précédemment (Brumbaugh
et Smit, 2013; Hegarty et al., 2018; Joe et Pring, 2008;
McLeod et Baker, 2014). Le questionnaire était séparé en
trois parties: 1) les informations démographiques, 2) la
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charge de travail (caseload) et la prestation des services
et 3) les approches d’intervention. Dans le cadre de cette
étude, seules les données concernant la troisième section
ont été analysées. Les participantes ont été recrutées
par le biais des réseaux sociaux, de forum de discussion
en orthophonie et d’association d’orthophonistes. Il était
possible de répondre au sondage pendant 3 mois sur la
plateforme en ligne SimpleSondage.
Traitement et analyse des données
Les données concernant la région de pratique des
répondantes, leur connaissance et leur utilisation des
diérentes approches d’intervention ont été importées
dans un fichier Excel. Elles ont été analysées à l’aide de
statistiques descriptives. Plus précisément, les approches
ont été classées selon le pourcentage d’orthophonistes qui
les connaissaient et qui les utilisaient. Des comparaisons
descriptives ont été réalisées.
Résultats
Connaissance des approches d’intervention
Le sondage a permis de questionner les répondantes
sur leur familiarité avec les 17 approches d’intervention
en TSP. Pour ce faire, les répondantes devaient indiquer
si elles connaissaient l’approche en identifiant la façon
dont elles en avaient entendu parler la première fois (p.
ex. : formation initiale, formation continue donnée en
groupe, article scientifiqus). Pour les approches inconnues,
les participantes cochaient la case « cette approche ne
m’est pas familière ». La figure 1 présente les approches
d’intervention, de la plus connue par les répondantes à la
moins connue. Les quatre approches les plus connues sont
l’approche traditionnelle/thérapie d’articulation (98 % des
répondantes), la dynamique naturelle de la parole (DNP)
(98 %), les paires minimales (95 %) et les exercices oro-
moteurs (95 %). Les trois moyens les plus fréquents par
lesquels les approches d’intervention ont été connues sont
la formation initiale (63 %), la formation continue (12 %) et
les collègues (9 %). Enfin, 4 % des répondantes rapportent
avoir connu des approches d’intervention par la lecture
d’articles scientifiques.
Utilisation des approches d’intervention
Les trois approches d’intervention les plus utilisées par
les répondantes (tous les jours, quelques fois par semaine
ou quelques fois par mois) sont l’approche traditionnelle/
thérapie d’articulation (91 % des répondantes), la
stimulation intégrale (66 %) et la DNP (55 %).
Le tableau 2 présente les approches d’intervention,
des plus utilisées aux moins utilisées. Le niveau de preuve
scientifique associé à chaque intervention correspond
au plus haut niveau relevé dans la littérature. Parmi les 17
approches d’intervention utilisées par les orthophonistes
québécoises pour traiter le TSP, huit ont prouvé leur
ecacité par le plus haut niveau de preuves scientifiques,
soit par une méta-analyse ou par une étude contrôlée
randomisée. Parmi ces huit approches, une seule est utilisée
par la majorité des répondantes : l’approche traditionnelle
d’articulation. En revanche, les oppositions multiples,
Core Vocabulary, l’approche cyclique, les oppositions
maximales, la perception de la parole, Nuffield Centre
Dyspraxia Programme sont utilisés par moins de 25 % des
orthophonistes bien que leur ecacité soit démontrée par
des études scientifiques de bon niveau de preuve.
Comparaison avec les enquêtes menées dans les
autres pays
Les approches d’intervention utilisées par les
orthophonistes du Québec ont été comparées à celles
mentionnées dans les enquêtes menées aux États-Unis,
au Royaume-Uni et en Australie. Le tableau 3 présente
une comparaison des trois approches les plus utilisées
par les orthophonistes au Québec, en Australie, aux États-
Unis et au Royaume-Uni. Il ressort de cette comparaison
que l’approche la plus utilisée par les orthophonistes du
Québec (91 %), l’approche traditionnelle d’articulation,
est également la plus utilisée (49 % l’utilisent souvent ou
toujours) aux États-Unis (Brumbaugh et Smit, 2013). Les
deux autres approches les plus populaires au Québec pour
traiter le TSP, soit la stimulation intégrale et la DNP, ne sont
pas présentes dans les questionnaires distribués dans les
autres pays. Ces résultats ne peuvent pas être comparés.
À l’inverse, certaines approches fréquemment utilisées
selon ces enquêtes ne le sont pas autant au Québec
(Brumbaugh et Smit, 2013; Hegarty et al., 2018; Joe et
Pring, 2008; McLeod et Baker, 2014). C’est le cas de la
discrimination auditive et de la conscience phonologique.
La première est l’approche la plus utilisée en Australie
et au Royaume-Uni (Hegarty et al., 2018; Joe et Pring,
2008; McLeod et Baker, 2014), mais elle n’apparait pas
dans le questionnaire québécois. La seconde fait partie
des trois approches les plus utilisées aux États-Unis et au
Royaume-Uni (Brumbaugh et Smit, 2013; Hegarty et al.,
2018; Joe et Pring, 2008) alors qu’elle est utilisée par 41 %
des répondantes du Québec. Semblablement, les paires
minimales font partie des trois approches les plus utilisées
dans chacun des pays anglo-saxons (Brumbaugh et Smit,
2013; Hegarty et al., 2018; Joe et Pring, 2008; McLeod et
Baker, 2014) questionnés comparativement à 46 % chez les
orthophonistes québécoises.
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Figure 1
Les approches d’intervention ordonnées de la plus connue à la moins connue par les répondantes
Note. DPN = dynamique naturelle de la parole; PROMPT = PROMPTS for Restructuring Oral Muscular Phonetic Targets; SAIL = Speech Assessment and Interactive Learning System.
Discussion
Menée auprès de 106 orthophonistes du Québec œuvrant auprès d’une
clientèle majoritairement francophone, cette étude a pour but de décrire les
pratiques actuelles au regard des approches d’intervention connues et utilisées
pour traiter le TSP, en lien avec une pratique basée sur les preuves scientifiques.
Il s’agit aussi de comparer les résultats de la présente étude à ceux des études
eectuées dans des pays anglo-saxons. Les résultats de cette étude permettent
1) d’établir un classement des approches les plus connues et les plus utilisées,
2) de comparer ce classement avec le niveau de preuves scientifiques qui
soutiennent ces approches et 3) de noter les similitudes et les diérences avec
les enquêtes anglophones. Ainsi, ces résultats amorcent une réflexion concernant
la disponibilité et l’applicabilité des preuves scientifiques dans la pratique auprès
d’enfants ayant un TSP.
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229
Tableau 2
Classement des approches d’intervention selon leur pourcentage d’utilisation par les répondantes et leur
niveau de preuves scientifiques respectif
Approches d’intervention Pourcentage
d’utilisation 1Niveau de preuves
scientifiques
Approche traditionnelle 91 N1
Stimulation intégrale 66 N2
Dynamique naturelle de la parole 55 Efficacité non prouvée
Approche non-linéaire 54 N2
Application des principes d’apprentissage moteur 52 N5
Approche basée sur la stimulabilité 51 N4
Paires minimales 46 N1
Conscience phonologique/Metaphon 41 N2
Bombardement auditif 29 Inefficacité prouvée
PROMPT 23 N2
Oppositions multiples 16 N1
Core Vocabulary 13 N1
Exercices oro-moteurs 13 Inefficacité prouvée
Approche cyclique 13 N1
Oppositions maximales 11 N1
Perception de la parole 4 N1
Nuffield Centre Dyspraxia Programme 0 N1
Note. PROMPT = PROMPTS for Restructuring Oral Muscular Phonetic Targets; N1 = niveau 1; N2 = niveau 2; N4 =niveau 4; N5 = niveau 5.
1 Approches utilisées chaque jour, plusieurs fois par semaine ou plusieurs fois par mois.
Tableau 3
Comparaison des trois approches d’intervention les plus utilisées selon les différentes enquêtes
Québec
(Présente étude) Australie
(McLeod et Baker,
2014)
États-Unis
(Brumbaugh et
Smit, 2013)
Royaume-Uni
(Joe et Pring,
2008)
Royaume-Uni
(Hegarty et al.,
2018)
1. Approche
traditionnelle
1. Discrimination
auditive
1. Approche
traditionnelle
1.Discrimination
auditive
1. Discrimination
auditive
2. Stimulation intégrale 2. Paires minimales 2. Conscience
phonologique
2. Paires minimales 2. Paires minimales
3. Dynamique naturelle
de la parole
3. Cued articulation 1 3. Paires minimales 3. Conscience
phonologique
3. Conscience
phonologique
1 Approche d’intervention où chaque son est associé à un indice fait d’un geste de la main qui représente l’endroit et la façon dont le son est produit. Un code de couleur est également utilisé pour représenter
chaque son (Passy, 2010).
Connaissance des approches
Lorsque les répondantes ont été interrogées sur la
façon dont elles avaient entendu parler des approches
d’intervention la première fois, ce sont les moyens
d’apprentissage où il y a un contact direct entre les
orthophonistes et d’autres personnes qui ressortent
principalement : la formation initiale, les formations données
en groupe et les échanges avec des collègues. Ces résultats
rejoignent les données de la littérature qui suggèrent que les
nouvelles connaissances des orthophonistes proviennent
des discussions informelles avec des collègues et de
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la formation continue en groupe (Denman et al., 2021;
Furlong et al., 2018; McCurtin et Carter, 2015). Malgré le
fait qu’il s’agisse d’un moyen privilégié pour l’acquisition
de nouvelles connaissances, l’OOAQ a oert une seule
formation sur l’intervention en TSP, donnée à trois reprises,
en dix ans. Celle-ci portait uniquement sur le traitement
de la dyspraxie verbale (OOAQ, rapports annuels 2010-
2020). Également, peu de répondantes mentionnent avoir
connu des approches d’intervention par la lecture d’articles
scientifiques. Ce constat concorde avec les façons de faire
des orthophonistes américaines qui lisent également peu
d’articles (Homan et al., 2013). Une étude menée auprès
d’orthophonistes aux États-Unis et au Canada travaillant
auprès d’enfants ayant une dyspraxie verbale a identifié les
principales barrières à la lecture d’articles scientifiques: les
orthophonistes disent qu’elles sont trop occupées, que leur
employeur a des attentes trop élevées quant à la quantité de
clients qu’elles doivent voir et qu’elles arrivent dicilement
à accéder aux articles scientifiques (Gomez et al., 2022).
Dans notre étude, il est raisonnable de penser que les
orthophonistes rencontrent des obstacles similaires à ceux
décrits dans Gomez et al. (2022), comme le manque de
temps et l’accès dicile aux articles scientifiques (Greenwell
et Walsh, 2021; McLeod et Baker, 2014).
Utilisation des approches
Les répondantes ont été questionnées sur la
connaissance et la fréquence d’utilisation des diérentes
approches d’intervention. Les résultats montrent que les
approches d’intervention les plus connues ne sont pas
nécessairement les plus utilisées. À titre d’exemple, les
approches des paires minimales et des exercices oro-
moteurs sont connues par 95 % des répondantes, mais elles
ne font pas partie des approches les plus utilisées par les
orthophonistes du Québec. À l’inverse, il arrive que d’autres
approches très connues soient également très utilisées.
C’est le cas de l’approche traditionnelle d’articulation et de
la DNP qui se retrouvent autant parmi les approches les plus
connues que parmi les approches les plus utilisées.
L’approche la plus utilisée par les répondantes a une
ecacité appuyée par des études de bon niveau de
preuves scientifiques (voir Lousada et al., 2013). Cependant,
parmi les cinq autres approches les plus utilisées, l’ecacité
d’aucune d’entre elles n’a été prouvée par le plus haut
niveau de preuves scientifiques possible comme une méta-
analyse d’essais cliniques randomisés.
Il faut se questionner sur l’utilisation répandue de la
DNP, pour laquelle il n’existe aucune preuve d’ecacité
– ni aucune étude publiée dans une revue ayant un
processus de révision par les pairs. Toutefois, au cours des
15 dernières années, la DNP a été largement diusée par
de nombreuses formations de groupe au Québec. La DNP
a peut-être intégré la pratique clinique parce qu’elle est
soutenue par deux sources de connaissances privilégiées
par les orthophonistes: la formation continue de groupe
et les échanges entre collègues (en lien avec la quantité
importante de formation oerte). Son haut taux d’utilisation
indique que les orthophonistes ne choisissent pas leurs
approches de traitement uniquement sur la base du niveau
de preuves scientifiques. L’expérience personnelle des
orthophonistes demeure une variable importante dans
leur choix d’approche et le changement de pratique, pour
adopter des interventions plus ecaces, apparaît exigeant.
En eet, les cliniciennes seraient peu enclines à changer
des pratiques qui donnent des résultats positifs selon
leurs observations en clinique, et ce, même si une étude
démontre que l’approche qu’elles utilisent pourrait être
moins ecace qu’une autre (Hegarty et al., 2021; McCurtin
et Carter, 2015). Selon Furlong et al. (2021), la familiarité
des orthophonistes avec une approche et la facilité
d’implantation d’une approche sont des facteurs pouvant
influencer les décisions cliniques. Ainsi, la DNP présente
ces caractéristiques : 1) l’approche est entièrement
francophone ce qui la rend plus facile à implanter au
Québec, 2) des formations de groupe sont fréquemment
publicisées dans divers forums et réseaux sociaux. Enfin,
il est possible de présumer que si les orthophonistes du
Québec utilisent la DNP, c’est possiblement parce qu’elles
observent des résultats positifs dans leur bureau, même si
l’approche ne dispose d’aucun appui scientifique.
Par ailleurs, nos résultats montrent que plusieurs
approches d’intervention sont peu utilisées par les
orthophonistes du Québec, bien qu’elles aient des appuis
scientifiques solides. C’est notamment le cas des paires
minimales (Dodd et al., 2008), des oppositions multiples
(Allen, 2013), du Core Vocabulary (Broomfield et Dodd,
2005), de l’approche cyclique (Almost et Rosenbaum,
1998), des oppositions maximales (Dodd et al., 2008), de la
perception de la parole (Rvachew et al., 2004) et du Nuffield
Centre Dyspraxia Programme (Murray et al., 2015).
Les participantes à la présente étude n’ont pas
été questionnées spécifiquement sur les raisons pour
lesquelles ces approches sont peu utilisées. En revanche,
plusieurs études ont démontré qu’il existe des barrières
à l’implantation d’une pratique basée sur les preuves
scientifiques en clinique, notamment une diculté à
transférer directement les connaissances issues des
résultats d’une étude à la réalité clinique (Furlong et al.,
2018; Hegarty et al., 2021). Plusieurs raisons expliquent
cette diculté comme la fréquence de traitement
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recommandée, les contraintes d’organisation des services,
des résultats d’études qui se contredisent ou un faible
nombre d’études, un faible potentiel de généralisation
des résultats et un manque de temps des professionnels
(Baker et McLeod, 2011b; Furlong et al., 2018; McCurtin
et Carter, 2015; Zipoli et Kennedy, 2005). Concernant ce
dernier point, le manque de temps des professionnels
pour la formation pourrait expliquer, du moins en partie, la
raison pour laquelle les orthophonistes du Québec utilisent
peu certaines approches d’intervention alors qu’elles sont
appuyées par la recherche. En eet, une étude de Furlong
et al. (2018) s’intéressant au processus de décision de
cliniciennes travaillant auprès d’enfants ayant un TSP a
démontré que les orthophonistes n’ont pas susamment
de temps pour s’approprier les nouvelles approches.
Ce manque de temps pour implanter les nouveaux
apprentissages, jumelé à la tendance des orthophonistes
à conserver les pratiques qui leur sont déjà familières,
peut retarder, voire empêcher l’adoption d’une nouvelle
approche en clinique. Les orthophonistes pourraient
se montrer plus ouvertes à changer leur pratique
d’intervention si l’accès au matériel était facilité (McCabe,
2018). À titre d’exemple, le choix des cibles dans l’approche
des paires minimales peut prendre du temps. L’accès au
matériel peut donc être un obstacle à un changement
rapide de pratiques chez les orthophonistes.
La littérature tend à démontrer qu’il faudrait une
quinzaine d’années pour transférer les données
de la recherche à la pratique clinique (Morris et al.,
2011). Autrement dit, une approche connue n’est pas
nécessairement utilisée dans l’immédiat. Pour réduire ce
délai, Hegarty et al. (2021) suggèrent aux orthophonistes
de réaliser des études cliniques en équipe de travail,
de partager leurs connaissances sur les approches
d’intervention qu’elles utilisent avec leurs collègues et de
prendre part à des séances d’observation par les pairs.
Ainsi, la mise en œuvre d’une pratique basée sur les preuves
scientifiques pourrait être facilitée par la réflexion collective
de plusieurs orthophonistes qui travaillent ensemble.
Enfin, même si les exercices oro-moteurs sont connus
par 95 % des répondantes, cette approche n’est pas pour
autant parmi les plus utilisées. Ce constat est encourageant
étant donné que plusieurs études menées durant les
années 2000 ont démontré l’inecacité des exercices
oro-moteurs pour traiter les TSP (Lof et Watson, 2008;
McCauley et al., 2009; Ruscello, 2008). Les orthophonistes
du Québec semblent être bien informées de l’inecacité
des exercices oro-moteurs dans le traitement du TSP
grâce aux études qui se sont intéressées à cette approche
d’intervention et qui ont clairement armé leur inutilité.
Comparaison avec les autres pays
Notre étude montre que la discrimination auditive, la
conscience phonologique et les paires minimales sont
un peu moins utilisées au Québec que dans les pays
anglophones (Brumbaugh et Smit, 2013; Hegarty et al.,
2018; Joe et Pring, 2008; McLeod et Baker, 2014). Cette
divergence peut d’abord s’expliquer par le fait que les
orthophonistes québécoises n’ont pas été interrogées
sur l’utilisation de la discrimination auditive, malgré sa
popularité en Australie et au Royaume-Uni. Il en est ainsi,
car la discrimination auditive a été considérée comme une
tâche pouvant être intégrée à certaines des interventions
de la présente étude (p. ex. : approche cyclique, paires
minimales, oppositions maximales).
De plus, bien que répandues aux États-Unis et au
Royaume-Uni, l’approche intégrant la conscience
phonologique et l’approche des paires minimales sont
peu utilisées au Québec. Cette diérence pourrait
être liée au fait que la structure de la langue française
est diérente de celle de la langue anglaise et que les
approches créées dans cette langue sont plus diciles à
appliquer en contexte francophone. À titre d’exemple, les
mots d’une seule syllabe sont particulièrement facilitants
pour la constitution de paires minimales (p. ex. : bite,
bright, fight, flight, etc.). Or, les possibilités de former des
paires minimales ou maximales en français sont plus
limitées parce que les mots monosyllabiques sont moins
fréquents qu’en anglais (Brosseau-Lapré et al., 2018). Pour
les orthophonistes francophones, l’implantation d’une
approche créée et publiée en anglais présente donc un
double défi. En eet, les orthophonistes doivent 1) acquérir
des connaissances techniques dans une langue qui n’est
pas leur langue première (Durieux et al., 2015) et 2) adapter
ces nouvelles connaissances à une langue pour laquelle
l’intervention initiale n’a pas été conçue à la base. Cette
hypothèse est appuyée par le fait que la DNP a été créée
et diusée en langue française et qu’elle est une des
trois approches les plus utilisée par les orthophonistes
québécoises. La faible utilisation de l’approche des paires
minimales par les orthophonistes québécoises, bien qu’elle
ait prouvé son ecacité, pourrait aussi être expliquée par
l’absence d’études portant sur la langue française (Williams
et al., 2010).
De manière générale, il apparait que les orthophonistes
du Québec utilisent des approches d’intervention ciblant
davantage la production que la perception, contrairement
aux orthophonistes des autres pays. En eet, au Québec,
les trois approches d’intervention les plus utilisées sont
l’approche traditionnelle d’articulation, la stimulation
intégrale et la DNP, toutes des approches axées sur la
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production. Il en est autrement aux États-Unis et en
Australie où les orthophonistes utilisent majoritairement
des approches axées sur la perception comme la
discrimination auditive et la conscience phonologique.
Au Royaume-Uni, les trois approches les plus utilisées se
concentrent majoritairement sur la perception. Il est donc
possible de se demander si ces diérences vont au-delà
des distinctions entre l’anglais et le français. Les recherches
tendent à considérer que la représentation phonologique
est multidimensionnelle et que les dimensions motrice/
phonétique et linguistique/phonologique sont deux
dimensions d’une même représentation (Farquharson,
2015; Munson et al., 2005). De plus, les enfants ayant un
TSP font partie d’un groupe hétérogène: certains ont un
trouble articulatoire ou un trouble phonologique, d’autres
présentent les deux types (Dodd et al. 2018). Si toutes les
dimensions du phonème sont à prendre en considération
lors de l’intervention, il est étonnant de constater que
plusieurs orthophonistes du Québec ne semblent pas
familières avec plusieurs approches axées sur la perception
(la perception auditive et les oppositions maximales)
comme le démontre la figure 1.
Limites de l’étude et futurs développements
Malgré le nombre appréciable de répondantes au
sondage et une distribution géographique à travers tout
le Québec, les résultats ne peuvent être généralisés à
l’ensemble de la pratique francophone du Canada puisque
seule la province de Québec est ciblée dans cette étude. Il
serait pertinent d’explorer les pratiques des orthophonistes
intervenant auprès d’enfants francophones dans les
autres provinces canadiennes. Une autre limite de notre
étude consiste en la liste des approches utilisées qui
pourrait ne pas être exhaustive, même si elle est issue
d’une recherche documentaire rigoureuse et validée par
une clinicienne. Il serait judicieux de faire approuver les
approches d’intervention par un plus grand nombre de
cliniciennes pratiquant auprès d’enfants ayant un TSP. Il
est également possible que l’ensemble des répondantes
n’ait pas eu la même compréhension des approches, et ce,
bien que nous ayons fourni des descriptions succinctes
pour chacune d’elles. En eet, il peut exister un manque
d’uniformité puisque nous ne savons pas comment les
répondantes les utilisent et si elles respectent les éléments-
clés décrits par les auteurs des approches. Il se peut qu’une
même approche ne soit pas implantée totalement de la
même façon selon la compréhension de la clinicienne
(Furlong et al., 2021). Une prochaine étude devrait se
pencher essentiellement sur ce qui motive les choix des
approches d’intervention des orthophonistes ainsi que sur
les principaux obstacles et facilitateurs quant à l’utilisation
d’approches scientifiquement valides, tout comme l’ont fait
Hegarty et al. (2021). Pour ce faire, des études qualitatives à
partir de groupes de discussion ou d’entrevues individuelles
pourraient être menées.
Conclusion
Cette étude permet de détailler les approches
d’intervention utilisées par les orthophonistes du Québec
pour traiter les enfants ayant un TSP en lien avec une
pratique fondée sur les preuves scientifiques. En comparant
les résultats de l’étude aux enquêtes menées dans les
autres pays, quelques ressemblances ressortent, comme
l’utilisation de l’approche traditionnelle d’articulation dont
l’ecacité a été prouvée par des études de haut niveau de
preuves scientifiques. Cependant, l’usage répandu de la
DNP, pour laquelle aucune étude scientifique rigoureuse
ne démontre son ecacité, distingue le Québec des
autres pays. Un écart est donc présent entre les approches
supportées par des preuves scientifiques et le traitement
clinique du TSP au Québec. À la lumière de ces résultats,
il faut se questionner quant à la facilité d’intégrer des
preuves scientifiques à la pratique orthophonique au
Québec. À l’instar des orthophonistes pratiquant dans
d’autres pays, les participantes attestent lire peu d’articles
scientifiques. Ainsi, les sources de nouvelles connaissances
sont davantage la formation en groupe et les contacts
avec les collègues. Il serait donc souhaitable d’orir aux
orthophonistes québécoises des formations continues
basées sur les preuves scientifiques pour le traitement
du TSP. Les résultats de cette étude permettent aux
orthophonistes francophones d’alimenter leur réflexion
sur leur pratique, notamment, en leur faisant découvrir de
nouvelles approches d’intervention avec lesquelles elles ne
sont pas familières et pour lesquelles il existe des études de
bon niveau de preuve scientifique. Quant aux chercheurs
et chercheuses, ils peuvent se baser sur les résultats
présentés pour mettre en place des études portant sur
des approches d’intervention qui n’ont pas fait l’objet de
recherches scientifiques rigoureuses et qui sont pourtant
utilisées par les orthophonistes du Québec.
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0360(2005/021)
Note des auteures
Toute correspondance concernant cet article peut
être adressée à Laurie Montembeault, Département
d'orthophonie, Université du Québec à Trois-Rivières, 3351,
234
Volume 46, N o 3, 2022
Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology (CJSLPA)
Les pratiques d’intervention en orthophonie auprès des enfants francophones ayant un trouble des sons de la parole: résultats d’un sondage québécois
SONDAGE INTERVENTIONS SONS DE LA PAROLE
boul. des Forges, C. P. 500, Trois-Rivières, QC, Canada, G9A
5H7. Courriel : laurie.montembeault@gmail.com
Remerciement
Nous aimerions remercier Monsieur Jean Leblond du
Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation
et intégration sociale pour l’expertise statistique, de
même que Madame Line Charron pour la validation des
descriptions des approches dans le questionnaire et enfin,
les orthophonistes ayant répondu au sondage.
Déclaration
Les auteures déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts,
financiers ou autres.
235
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Article
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Purpose This study explored the intervention processes used by speech-language pathologists (SLPs) to treat children with speech sound disorders (SSDs). Method Semistructured, individual, in-depth interviews were conducted with 11 Australian SLPs. Inductive content analysis was used to classify the data to provide a description of current intervention processes for children with SSDs. Results Three main factors were identified relating to the intervention processes used by SLPs: (a) target selection, (b) therapy approaches, and (c) structural and procedural aspects of therapy sessions, including feedback. The findings revealed that SLPs often combine elements of four therapies: the minimal pairs approach, traditional articulatory approaches, auditory discrimination, and Cued Articulation. Initial therapy targets typically aligned with a developmental approach or were functional speech targets with meaningful relevance to the child and their family. Conclusions These findings contribute to the current state of knowledge about the intervention processes used by SLPs for children with SSDs. The use of hybrid speech pathology therapies, which combined elements of favored approaches, was common. Hybrid methods were intended to help tailor the interventions to individual needs. Client needs were highly prioritized by SLPs and influenced their choice of therapy targets and therapy approaches.
Article
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Purpose The aim of this study was to determine the discriminative features that might contribute to differentiation of childhood apraxia of speech (CAS) from other speech sound disorders (SSDs). Method A comprehensive literature search was conducted for articles or doctoral dissertations that included ≥ 1 child with CAS and ≥ 1 child with SSD. Of 2,071 publications screened, 53 met the criteria. Articles were assessed for (a) study design and risk of bias; (b) participant characteristics and confidence in diagnosis; and (c) discriminative perceptual, acoustic, or kinematic measures. A criterion was used to identify promising studies: American Academy of Neurology study design (Class III+), replicable participant descriptions and adequate confidence in diagnosis (≥ 3), and ≥ 1 discriminative and reliable measure. Results Over 75% of studies were retrospective, case–control designs and/or assessed English-speaking children. Many studies did not fully describe study design and quality. No studies met the Class I (highest) quality rating according to American Academy of Neurology guidelines. CAS was mostly compared to speech delay/phonological disorder. Only six studies had diagnostic confidence ratings of 1 (best). Twenty-six studies reported discriminative perceptual measures, 14 reported discriminative acoustic markers, and four reported discriminative kinematic markers. Measures were diverse, and only two studies directly replicated previous findings. Overall, seven studies met the quality criteria, and another eight nearly met the study criteria to warrant further investigation. Conclusions There are no studies of the highest diagnostic quality. There are 15 studies that can contribute to further diagnostic efforts discriminating CAS from other SSDs. Future research should utilize careful diagnostic design, support replication, and adhere to standard reporting guidelines. Supplemental Material https://doi.org/10.23641/asha.13158149
Article
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Background Across the world, research has shown that intervention for children with phonological impairment can be both effective and efficient. However, it has also raised concerns about the translation of this evidence to practice, highlighting questions around clinician knowledge and the understanding of approaches, and the intensity of intervention provided within real‐life clinical contexts. Aims To investigate the clinical management of phonological impairment by speech and language therapists (SLTs) in the United Kingdom (UK). Methods & Procedures An anonymous, UK‐wide, online survey was developed using Qualtrics. The target audience were UK‐based SLTs who worked with children with phonological impairment. The following topics were explored: (1) SLTs’ understanding of intervention approaches; (2) SLTs’ use of intervention approaches to treat phonological impairment; and (3) SLTs’ provision of intervention intensity for children with phonological impairment. Outcomes & Results A total of 166 responses were analyzed. To remediate phonological impairment, SLTs most commonly used speech discrimination (79.5%), conventional minimal pairs (77.3%), phonological awareness therapy (75.6%) and traditional articulation therapy (48.4%). Participants least frequently used the complexity approaches targeting the empty set (82.9%) and two‐ to three‐element clusters (75%) as well as the cycles approach (75.6%). Results also showed that some SLTs were uncertain of what the empty set and two‐ to three‐element clusters approaches entailed. In terms of intervention intensity, participants predominantly provided intervention once per week (69%) for a total of 9–12 sessions (ranging from five to 30 sessions, 71.5%) and elicited targets 10–30 times in single words per session (59.4%) in sessions lasting 21–30 min (41.4%). Conclusions & Implications The most commonly used intervention approaches identified in the current survey (i.e., speech discrimination, conventional minimal pairs and phonological awareness therapy) may be used eclectically by SLTs, which could impact upon the effectiveness and efficiency of treatment for phonological impairment. The current study also highlighted that almost half the participants always/often used traditional articulation therapy to remediate phonological impairment, even though this approach has been found to be less effective for this difficulty. Additionally, it appears that the currently provided intervention intensity for phonological impairment in the UK is significantly lower than what is indicated in the literature. Therefore, a research–practice gap exists for SLTs in the UK working with children with phonological impairment.
Article
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Background and objectives Despite increasing number of publications in inflammatory bowel disease (IBD), no bibliometric analysis has been conducted to evaluate the significance of highly cited articles. Our objectives were to identify the top-cited articles in IBD, assessing their characteristics and determining the quality of evidence provided by these articles. Design and outcome measures IBD and related terms were used in searching the Web of Science to identify English language articles. The 50 top-cited articles were analysed by year, journal impact factor (JIF), authorship, females in authorship, institute, country and grants received. The level of evidence was determined using the Oxford Centre for Evidence-Based Medicine guidelines. Results The number of citations varied from 871 to 3555 with a total of 74 638, and a median 1339.50 (IQR=587). No correlations were found between the number of citations and number of years since publication (r=0.042, p=0.771), JIF (r=0.186, p=0.196), number of authors (r=0.061, p=0.674), females in authorship (r=0.064, p=0.661), number of institutes (r=0.076, p=0.602), number of countries (r=0.101, p=0.483) or number of grants (r=−0.015, p=0.915). The first authors were from the USA (n=24), the UK (n=6), Germany (n=5), France (n=5), Belgium (n=3) and Canada (n=3). The levels of evidence were 12 articles at level 1b, 9 articles at level 3a and 15 articles at level 3b and fewer were at other levels. Conclusions Research papers represented 66% of articles. The majority of items have reasonably high levels of evidence, which may have contributed to the higher number of citations. The study also shows a gender gap in authorship in this area.
Article
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Children’s speech difficulties can be motor (phone misarticulation) or linguistic (impaired knowledge of phonological contrasts and constraints). These two difficulties sometimes co-occur. This paper reports longitudinal data from the Early Language in Victoria Study (ELVS) at 4 and 7 years of age. Of 1494 participants, 93 made non-age appropriate speech errors on standardised assessments at 4 years, and were able to be reassessed at 7 years. At 4 years, 85% of these children only made phonological errors, 14% made both articulation and phonological errors and one child only made articulation errors (a lateral lisp). In total, 8 of 13 children making both articulation and phonological errors at 4 years had resolved by 7 years. Unexpectedly, eight children who had demonstrated articulation of fricatives at 4 years, acquired distorted production of ≥ 50% of occurrences of/s, z/ by 7 years. In total, then, 22 children (24% of children with speech difficulties) made articulatory errors at one or both assessments. Case data for all children are presented. Theoretical and clinical implications are considered.
Article
Purpose Limited information is available about the current practices of generalist speech-language pathologists (SLPs) in relation to their management of childhood apraxia of speech (CAS). This study was designed to investigate four primary questions separately for the US and Canada; 1. What treatment approaches are used by SLP clinicians to treat CAS? 2. What treatment format and intensity are used to deliver CAS treatment? 3. What are the attitudes and perspectives of SLPs to evidence-based practice (EBP) as it pertains to CAS treatment? and 4. What are the perceived barriers to the implementation of EBP in CAS treatment? Method An online questionnaire was used to investigate the four primary research questions. The questionnaire was distributed online through social media, some state-based associations and through forums affiliated with national speech-language-hearing associations. Results Most survey respondents reported frequently using an eclectic approach to treat CAS (US 85%; Canada 89%). Although no intervention emerged as the most preferred primary treatment for CAS, US-based clinicians more commonly reported using the Kaufman Speech to Language Protocol (K-SLP) (33%) and Dynamic, Temporal and Tactile Cueing (DTTC) (28%); while clinicians in Canada used PROMPT ® (31%). SLPs demonstrated a positive attitude towards EBP however, they identified a range of perceived barriers that impacted their implementation of EBP. Conclusion SLPs in the US and Canada frequently used an eclectic approach to treat CAS which is consistent with previous findings both in the CAS literature and the wider speech disorders literature. The more commonly used primary interventions were the K-SLP and DTTC (US); and PROMPT ® (Canada), with one of the strongest factors that influenced clinicians’ choice of intervention being familiarity with the treatment approach. Face to face therapy was preferred by clinicians across both countries, with clinicians in the US providing therapy between 2-5 times per week, while those in Canada delivered therapy up to once per week. Clinicians identified a number of barriers to implementing evidence-based practice, among which, being time poor was most commonly selected across clinicians in both the US and Canada.
Article
Purpose In 2004, American Speech-Language-Hearing Association established its position statement on evidence-based practice (EBP). Since 2008, the Council on Academic Accreditation has required accredited graduate education programs in speech-language pathology to incorporate research methodology and EBP principles into their curricula and clinical practicums. Over the past 15 years, access to EBP resources and employer-led EBP training opportunities have increased. The purpose of this study is to provide an update of how increased exposure to EBP principles affects reported use of EBP and perceived barriers to providing EBP in clinical decision making. Method Three hundred seventeen speech-language pathologists completed an online questionnaire querying their perceptions about EBP, use of EBP in clinical practice, and perceived barriers to incorporating EBP. Participants' responses were analyzed using descriptive and inferential statistics. We used multiple linear regression to examine whether years of practice, degree, EBP exposure during graduate program and clinical fellowship (CF), EBP career training, and average barrier score predicted EBP use. Results Exposure to EBP in graduate school and during the CF, perception of barriers, and EBP career training significantly predicted the use of EBP in clinical practice. Speech-language pathologists identified the three major components of EBP: client preferences, external evidence, and clinical experience as the most frequently turned to sources of EBP. Inadequate time for research and workload/caseload size remain the most significant barriers to EBP implementation. Respondents who indicated time was a barrier were more likely to cite other barriers to implementing EBP. An increase in EBP career training was associated with a decrease in the perception of time as a barrier. Conclusions These findings suggest that explicit training in graduate school and during the CF lays a foundation for EBP principles that is shaped through continued learning opportunities. We documented positive attitudes toward EBP and consistent application of the three components of EBP in clinical practice. Nevertheless, long-standing barriers remain. We suggest that accessible, time-saving resources, a consistent process for posing and answering clinical questions, and on the job support and guidance from employers/organizations are essential to implementing clinical practices that are evidence based. The implications of our findings and suggestions for future research to bridge the research-to-practice gap are discussed.
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Purpose: The aim of this study was to explore the reasons behind speech-language pathologists’ (SLPs’) current clinical practices (intervention and intensity provision) for children (0–18 years) with phonological impairment. Method: Three focus groups each with five SLPs and six 1:1 interviews with SLP managers from one region of the UK (n = 21) were carried out. A thematic analysis was undertaken. Result: SLPs often used an eclectic mix of familiar approaches with easily-accessible therapy materials. SLPs only reported deviating from their core approach if the child did not progress in therapy. Mixed responses were gathered on the perceived feasibility of transferring evidence-based intervention intensities into clinical practice. The importance of parents to increase intensity provision at home was noted. Barriers to SLPs’ evidence-based decision-making included: time; confidence levels; service-related restrictions and; difficulty replicating research in practice. Having peer support and access to decision-making pathways and manualised intervention protocols were considered ways to overcome these barriers. Conclusion: There is a research-practice gap in which SLPs’ current practices are driven by organisational factors, their own preferences and child-specific factors. To narrow this gap, SLPs suggested the development of time-saving, evidence-based tools.
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This study investigated speech-language pathologists’ (SLPs) perceptions of factors that influence application of a new taxonomy with terminology for describing child language assessment and identified strategies that may facilitate use of taxonomy terminology to collect data on SLP assessment practice. Semi-structured interviews were conducted with 13 SLPs and data were analyzed using thematic analysis. Three main themes were identified in relation to factors that may influence application including applying the taxonomy is arduous, contextual factors may influence application, and SLP experience and knowledge may influence application. Participants identified a number of strategies to facilitate use of taxonomy by SLPs. Findings from this study give insight into the factors that influence SLPs’ application of a taxonomy of assessment terms. These findings are important for all SLPs in the child language field to consider if the profession is to be effective in establishing greater consistency in use of professional terminology.
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Background: Children with speech-sound disorders (SSD) constitute a significant proportion of speech-language pathologists' (SLPs) caseloads. Previous research has investigated the clinical practice of SLPs intervening with children with SSD; however, little is known about the clinical decision-making underpinning their practice. Aims: The clinical decision-making of SLPs working with children with SSD was explored to understand how their clinical decisions were influenced by: (1) beliefs about what works in therapy; (2) prior clinical experience; and (3) client and service-related variables. Methods & procedures: Semi-structured, individual, in-depth interviews were conducted with 11 SLPs. Inductive thematic analysis was used to identify and explore key ideas and themes. Outcomes & results: Four themes emerged: (1) clinical decision-making procedures were highly individualized; (2) parental involvement was viewed as central to the success and progression of therapy; (3) therapy procedures were influenced by practice-setting constraints; and (4) engaging in evidence-based practice within clinical settings was perceived as challenging. Conclusions & implications: In clinical settings, a range of factors influence decision-making and therapy provided by SLPs to children with SSD. These SLPs had a high regard for clients' values and preferences. Prior clinical experiences also shaped clinical practice. Clinical decision-making was influenced by practice-setting constraints. SLPs are under pressure in their workplaces and are struggling to manage the competing demands on their time. Large clinical caseloads, heavy workloads, current service-delivery models and changing family structures are all impacting on the provision of therapy to children with SSD and therapy outcomes. As a profession, there is a need to consider these barriers and identify ways to overcome them in order to assist SLPs to routinely adopt the highest standards of clinical practice for children with SSD.