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Contraintes de débouchés, capacités de production et chômage dans un modèle macroéconomique avec concurrence imparfaite

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Abstract

RÉSUMÉ Le but de cet article est de montrer comment l’on peut intégrer dans un même modèle les développements récents sur la formation des prix et des salaires d’une part, et les apports de la théorie du déséquilibre d’autre part. Le modèle proposé est essentiellement un modèle à trois biens (biens produits, travail et monnaie) et deux marchés (biens et travail), auquel on ajoutera l’énergie afin d’illustrer les conséquences d’un choc pétrolier. Les prix sont fixés par des entreprises en concurrence monopolistique, les salaires par le syndicat des travailleurs. On détermine dans ce schéma les valeurs d’équilibre du taux de chômage, du taux d’utilisation des capacités et de la proportion d’entreprises contraintes par les débouchés. On analyse successivement les équilibres à court terme (capacité de production, prix et salaires fixes), moyen terme (capacité de production fixe; prix et salaires endogènes) et long terme (prix, salaires et capacité de production endogènes). On verra en particulier qu’une proportion élevée d’entreprises contraintes par les débouchés ne signifie nullement qu’une politique de relance puisse résorber le chômage.
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Article
Henri R. Sneessens
L'Actualité économique
, vol. 68, n° 1-2, 1992, p. 140-174.
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«Contraintes de débouchés, capacités de production et chômage dans un modèle
macroéconomique avec concurrence imparfaite»
L'Actualité économique, Revue d'analyse économique, vol. 68, nos
1
et 2, mars et juin 1992
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS,
CAPACITÉS DE PRODUCTION ET CHÔMAGE
DANS UN MODÈLE MACROÉCONOMIQUE
AVEC CONCURRENCE IMPARFAITE*
Henri R. SNEESSENS
1RES
Université Catholique de Louvain
RÉSUMÉ
Le but de cet article est de montrer comment l'on peut intégrer dans un même
modèle les développements récents sur la formation des prix et des salaires
d'une
part, et
les apports de la théorie du déséquilibre d'autre part. Le modèle proposé est essentiellement
un modèle à trois biens (biens produits, travail et monnaie) et deux marchés (biens et travail),
auquel on ajoutera l'énergie afin d'illustrer les conséquences d'un choc pétrolier. Les prix
sont fixés par des entreprises en concurrence monopolistique, les salaires par le syndicat
des travailleurs. On détermine dans ce schéma les valeurs d'équilibre du taux de chômage,
du taux d'utilisation des capacités et de la proportion d'entreprises contraintes par les débou-
chés.
On analyse successivement les équilibres à court terme (capacité de production, prix
et salaires fixes), moyen terme (capacité de production fixe; prix et salaires endogènes) et
long terme (prix, salaires et capacité de production endogènes). On verra en particulier qu'une
proportion élevée d'entreprises contraintes par les débouchés ne signifie nullement qu'une
politique de relance puisse résorber le chômage.
ABSTRACT Sales
constraints,
capacity utilization
and
unemployment in
a macroeconomic
model with imperfect compétition. The purpose of this paper is to show how to combine
in a unified setup récent developments on wage and price formation together with the key
features of models with quantity constraints. This is done in a traditional three-goods (goods,
labor and money) two-market (goods and labor) setup, plus energy for the analysis of the
conséquences of an oil shock. Priées are set by monopolistically compétitive firms; the wage
rate is set by the union. We examine successively the properties of the short-run (fixed
productive capacity; fixed priées and wages), the medium-run (fixed productive capacity;
endogenous priées and wages), and the long-run (endogenous productive capacity, wages
and priées) equilibria, especially the equilibrium values of the unemployment and capacity
*
1RES,
Université Catholique
de
Louvain, et
Faculté Libre de Science
Économique,
Lille.
Des
discussions
avec
Jean-Pascal
Bénassy,
ainsi qu'avec les participants
aux
Journées
de
l'AFSE (GREQE,
Marseille, mai 1991), m'ont permis d'apporter des améliorations substantielles à la version préliminaire.
Je les remercie vivement et reste bienr seul responsable de toute erreur ou insuffisance que cette
version finale pourrait contenir.
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 141
utilization rates, and of
the
proportion of sales-constrained firms. It is shown in particular
that a large proportion of sales-constrained
firms
is not necessarily an indication that demand
should be reflated.
INTRODUCTION
Durant de nombreuses années, l'essentiel de la recherche et de l'enseignement
en macroéconomie a été centré sur le rôle et les effets des contraintes quantitatives
pesant sur les agents économiques, entreprises et consommateurs, en particulier
sur les effets multiplicateur et accélérateur passant par les comportements de
consommation et d'investissement. Le postulat de départ était la rigidité des prix
et des salaires, cause des déséquilibres entre offres et demandes. L'accent bien
r était mis sur les situations de sous-emploi, avec contraintes de débouchés pour
les entreprises et contraintes d'emploi pour les travailleurs. On n'omettait pas néan-
moins d'indiquer la possibilité de situations de plein-emploi et de souligner l'appa-
rente asymétrie des vitesses d'ajustement des prix et des salaires, à la hausse et
à la baisse. Longtemps, la courbe de Phillips servit de point d'ancrage à toutes
les discussions. Ces développements, combinés à ceux de la théorie de l'équilibre
général, devaient conduire début des années 70 aux modèles macroéconomiques
de déséquilibre (ou, plus correctement, aux modèles d'équilibre temporaire avec
contraintes quantitatives; voir en particulier l'article-pionnier de Barro et Grossman,
1971,
ainsi que Barro et Grossman, 1974), dans lesquels le rôle et les effets des
contraintes quantitatives étaient analysés de façon précise et exhaustive, tant pour
les situations d'excès de demande que pour les situations d'excès d'offre.
Depuis quelques années, la controverse sur l'origine des fluctuations conjonc-
turelles (real business cycle vs «nouvelle macroéconomie keynésienne») et les
efforts réalisés pour mieux comprendre la rationalité des rigidités de prix et de
salaires ont laissé à l'arrière-plan la prise en compte des contraintes quantitatives.
Alors même qu'ils recherchaient les causes des rigidités (nominales ou réelles) des
prix et des salaires, nombre de macroéconomistes ont préféré négliger les
contraintes quantitatives qui pouvaient logiquement en découler. Ces deux analyses
pourtant sont complémentaires. Les modèles d'équilibre temporaire à prix fixes
et contraintes quantitatives n'ont bienr jamais eu d'autre motivation ou prétention
que l'étude des caractéristiques d'équilibres de court terme en présence de rigidités
nominales. À plus longue échéance, prix et salaires s'ajustent et les rigidités, nomi-
nales du moins, disparaissent. Le but de cet article est de montrer comment l'on
peut intégrer dans un même modèle les développements récents sur la formation
des prix et des salaires
d'une
part, et les apports de la théorie du déséquilibre d'autre
part.
Le modèle proposé est essentiellement un modèle à trois biens (biens produits,
travail et monnaie) et deux marchés (biens et travail), auquel on ajoutera l'énergie
afin de pouvoir illustrer les conséquences d'un choc pétrolier. On introduira la
concurrence monopolistique entre firmes en distinguant un grand nombre de
«micromarchés». À chaque micromarché correspondra une entreprise et le bien
qu'elle produit, semblable mais non parfaitement substituable aux biens produits
142 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
par les autres entreprises sur les autres micromarchés. Chaque entreprise fixe son
prix de façon à maximiser le profit attendu, compte tenu de la demande et des prix
affichés par les concurrents, compte tenu également de la capacité de production
installée et de la main-d'œuvre disponible. La technologie de production est à
coef-
ficients techniques fixes (Leontieff). Les salaires étant fixés par le syndicat des
travailleurs ou par négociation entre celui-ci et les entreprises, le taux de chômage
d'équilibre sera du type «NAIRU» (voir par exemple Layard et Nickell, 1986),
supérieur au taux de chômage de plein-emploi.
Ce cadre de raisonnement est maintenant relativement standard. L'originalité
du modèle proposé vient de la prise en compte des contraintes quantitatives. À
prix donnés, la répartition de la demande et des facteurs entre les divers micro-
marchés est aléatoire. Prix et salaires sont fixés en début de période, avant que
les aléas soient connus, et demeurent ensuite inchangés jusqu'au début de la période
suivante. Dans ces conditions, les diverses entreprises pourront se trouver confron-
tées à des situations différentes bien qu'elles aient annoncé le même prix et aient
à payer le même salaire
:
pour l'une, la demande se trouvera plus faible que prévu
et déterminera directement la production; pour une autre au contraire, la demande
sera très forte et la production contrainte par un manque de capacité de production
ou un manque de main-d'œuvre. Cette diversité de situations sera prise en compte
par agrégation explicite sur les divers micromarchés, d'où l'on pourra déduire une
courbe de Beveridge entre taux de chômage et taux d'emplois vacants. En même
temps que le taux de chômage d'équilibre, on pourra déterminer le taux d'emplois
vacants d'équilibre, de même que les proportions d'équilibre de chaque contrainte,
soient la proportion d'entreprises contraintes par les débouchés, la proportion
d'entreprises contraintes par un manque de capacité de production, et enfin la
proportion d'entreprises contraintes par un manque de main-d'œuvre.
Ce modèle de concurrence monopolistique avec contraintes quantitatives est
basé sur des articles antérieurs (Sneessens et Drèze, 1986, et Sneessens, 1987),
eux-mêmes nourris
d'une
déjà longue tradition de recherches en théorie du désé-
quilibre. Rappelons les premiers modèles à prix fixes de Barro et Grossman
(1971,
1976),
Bénassy (1974, 1975), Drèze (1975) et Malinvaud (1977). L'idée de
combiner concurrence monopolistique et contraintes quantitatives, déjà implicite
chez Arrow (1959) et Barro (1972), est explicite chez Bénassy (1976, 1977) et
Grandmont et Laroque (1976), par exemple. Bénassy (1977) en particulier déve-
loppe un modèle macroéconomique à deux marchés, où prix et salaires sont fixés
en début de période par les agents sur base de la demande perçue et demeurent
inchangés pour la période, et sont ensuite révisés en fonction des déséquilibres
observés, jusqu'à convergence à un équilibre général de concurrence imparfaite
à la Negishi (Negishi, 1961, 1977). On trouve déjà dans ce modèle la combinaison
de rigidités nominales et de rigidités réelles caractéristique des modèles de la
«nouvelle macroéconomie keynésienne» (voir par exemple Blanchard et Kiyotaki,
1987),
avec un traitement rigoureux des déséquilibres résultant de ces rigidités,
mais sans explicitation des causes des rigidités nominales. Le modèle de Bénassy
(1977) implique cependant qu'à l'équilibre monopolistique (lorsque prix et salaires
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 143
se sont stabilisés à leur valeur d'équilibre), les situations d'excès de demande ont
disparu, de sorte que les caractéristiques de l'équilibre monopolistique sont assez
différentes de celles des équilibres temporaires avec prix donnés et contraintes quan-
titatives. L'introduction d'aléas et l'agrégation sur les micromarchés permettront,
dans le modèle ci-après, d'obtenir un équilibre monopolistique stationnaire avec
les mêmes caractéristiques (pas les mêmes propriétés!) que les équilibres tempo-
raires à prix fixes, d'où ressortira l'ambiguïté et la difficulté de la distinction entre
chômage classique et chômage keynésien. L'idée même d'agrégation dans les
modèles de déséquilibre est due à Muellbauer (1978) et Malinvaud (1980b); la
procédure d'agrégation utilisée ici est inspirée de Lambert (1988) (voir aussi
Gouriéroux-Laffont-Monfort, 1984). Le modèle de production enfin, avec
coef-
ficients techniques fixes (du moins à court terme) et contrainte de capacité, est
emprunté de Sneessens
(1981,
1983a).
Nous simplifierons autant que possible la description des comportements, en
particulier de demande, afin de concentrer l'attention sur les contraintes d'offre
et la détermination des équilibres à court, moyen et long terme. À court terme,
prix et salaires sont fixes; à moyen terme, les rigidités nominales disparaissent,
mais la capacité de production reste fixe. À long terme, prix, salaires et capacité
de production sont endogènes. Nous considérerons successivement chacun de ces
scénarios, respectivement dans les sections 1, 2 et
3.
La dernière section est réservée
à quelques mots de conclusion.
1.
LE MODÈLE DE COURT TERME À PRIX HXES
À court terme, prix et salaires sont donnés. Il y a un grand nombre n d'entre-
prises.
Chaque entreprise produit un bien semblable mais non parfaitement subs-
tituable aux biens produits par les autres entreprises. À chaque bien et entreprise
correspond un micromarché, indicé par /. Nous considérerons d'abord les compor-
tements sur chaque micromarché, ensuite les relations agrégées, enfin les consé-
quences de perturbations de l'offre ou de la demande.
1.1 Relations individuelles
1.1.1 Les consommateurs
Les consommateurs offrent leur main-d'œuvre sur le marché du travail et
utilisent leurs revenus pour consommer ou épargner. L'offre totale de travail est
inélastique au salaire réel et répartie uniformément, à un aléa
près,
entre les diverses
entreprises. On écrira donc l'offre de travail sur le micromarché / de la façon
suivante :
LF1 = . LF . wif V/,
n
où wt est un aléa positif de moyenne 1, de sorte que 2,- LF1 = LF est la force
de travail totale.
144 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
La demande totale YD de biens de consommation est fonction du revenu
courant Y, de la valeur réelle des encaisses monétaires MIP et d'autres variables
T:
M
YD = d(Y,
,
T).
Cette demande est répartie entre les divers biens en fonction du prix relatif de chaque
bien et d'un aléa positif ut de moyenne
1
:
B),
- i
n
P1
P . YD .
U1,
V/,
où l'indice des prix est défini de telle sorte que St P1- YD1 = P. YD. Tous les
biens sont supposés avoir la même élasticité-prix, égale à e et supérieure à 1 en
valeur absolue. Une telle formulation peut être obtenue par maximisation explicite
d'une
fonction d'utilité de type mixte Cobb-Douglas-CES (voir par exemple
Blanchard et Kiyotaki, 1987, ou Weitzman, 1985).
La détermination des salaires par le syndicat des travailleurs sera (brièvement)
discutée en section 2.
1.1.2 Les entreprises
Chaque entreprise est dotée
d'une
technologie à coefficients techniques fixes,
les mêmes pour chaque entreprise1. Représentons par A, B et C respectivement
la productivité du travail, de l'énergie et du capital. Les contraintes technologiques
s'écriront donc sous la forme:
Yi^ A . L1^ A . LF1,
Yi^B . Ni *s oo,
Y1^CKi,
où Y( est l'output de la firme /, et
L1-,
N1 et K1 les inputs travail, énergie et capital
respectivement. Travail et énergie sont deux facteurs de production variables. Par
la suite, on supposera toujours que la quantité utilisée de chacun de ces deux facteurs
peut être ajustée instantanément et sans coût à son niveau efficient, de sorte que
Y1 = A.L1 = B.Ni; il n'y aura donc jamais de thésaurisation de la main-d'œuvre
(labor hoarding). La disponibilité en facteur travail est limitée pour chaque entre-
prise à un maximum LF1 (cf. supra), alors que l'énergie est, au prix en vigueur,
disponible en quantités illimitées. Le stock de capital K1 est donné et détermine
la capacité de production de l'entreprise. On supposera que toutes les entreprises
1.
L'hypothèse de coefficients techniques fixes n'est pas vraiment cruciale, bien que facile pour
représenter
des
phénomènes de court terme, et peut-être plus réaliste qu'une traditionnelle fonction «putty-
putty». Elle présente l'avantage de donner une définition simple et précise du concept de «capacité
de production». Rien bienr n'empêche qu'à moyen terme les coefficients techniques soient fonction
des prix relatifs et du progrès technique (cf. Sneessens, 1983a, ou Lubrano et Sneessens, 1984).
CONTRAINTES DE DEBOUCHES ... 145
ont, à un terme aléatoire près, le même stock de capital, de sorte que l'on peut
écrire :
K1:
= - . KA . y,-,
n
où
V1-
est un terme aléatoire positif de moyenne 1, de sorte que S, K1 = KA repré-
sente le stock de capital agrégé.
Le salaire et le prix de l'énergie sont exogènes pour l'entreprise individuelle.
Avec une technologie à coefficients techniques fixes, le coût marginal Cm est cons-
tant et égal au coût variable unitaire (CVU)
:
Cm = CVU = A"1 .W +
B~l.
Z,
où W et Z représentent les prix unitaires du travail et de l'énergie respectivement.
Le prix de vente de l'output est fixé par les entreprises elles-mêmes. La fixation
des prix sera discutée en section 2; indiquons simplement qu'on obtiendra toujours
un prix unitaire de l'output supérieur au coût marginal et au coût variable unitaire,
identique pour toutes les firmes à l'équilibre. On supposera donc par la suite
P1
= P pour tout /, qui facilite le calcul des relations agrégées.
1.1.3 Les trois régimes
En l'absence de coûts d'ajustements des facteurs et à prix donnés, compte tenu
des contraintes et avec un prix d'output supérieur au coût marginal, le niveau de
production optimal pour l'entreprise est tout simplement égal au minimum de la
demande, de la capacité de production et de l'output de plein emploi :
Y1 = MiYi(YD1, YC1, YLi),
où YCi et YL1 représentent l'output de pleine capacité et de plein emploi
respectivement
:
YC1 = C. K1
YL1
= A. LF1
L'emploi L est déterminé par la fonction de production inversée et peut également
être exprimé par le minimum de trois composantes, respectivement l'emploi qui
serait nécessaire pour satisfaire la demande de biens (LD1), l'emploi de pleine capa-
cité (LC1) et l'offre de travail
(LF1):
L1
= A"1 . Y1
= Mm(LD1, LCh LF1).
On retrouve ainsi, au niveau de la firme individuelle, les trois régimes biens connus
:
chômage keynésien, lorsque la production est déterminée par la demande
de biens et l'entreprise contrainte par un manque de débouchés;
chômage
classique,
lorsque le niveau de production est limité par la capacité
de production;
146 L'ACTUALITE ÉCONOMIQUE
inflation contenue, lorsque le niveau de production est contraint par la
disponibilité de la main-d'œuvre.
\.2 Relations agrégées
1.2.1 Production globale et proportions de régime
Lorsque les prix sont les mêmes pour tous les biens, les aléas («,,
V1-,
wt) intro-
duits ci-dessus représentent les déviations des valeurs individuelles par rapport aux
valeurs moyennes calculées sur l'ensemble de l'économie, respectivement pour
la demande de biens, la capacité de production et la disponibilité en main-d'œuvre.
Des entreprises différentes pourront donc se trouver face à des contraintes diffé-
rentes. L'une souffrira d'un manque de débouchés, alors qu'au même moment une
autre sera contrainte par sa capacité de production ou par un manque de main-
d'œuvre;
l'une
sera en excès d'offre alors que l'autre se trouve en excès de
demande. Pour cette raison, l'output agrégé, somme des outputs individuels, ne
sera pas simplement le minimum de la demande globale, de la capacité de produc-
tion globale et de l'output de plein emploi global, mais une quantité inférieure à
ce minimum, l'écart étant d'autant plus grand que les disparités entre situations
individuelles sont fortes. En
bref,
la somme des minimum n'est pas égale au
minimum des sommes
:
^ Min (2,- YD1, S1- YC1, 2, YL1),
^ Min (TD, YC, YL).
Lambert(1988) et Gourieroux et al. (1984) ont montré que, moyennant certaines
conditions sur la distribution jointe des aléas, l'output agrégé Y pouvait être
approximé2 par une fonction de type CES (plutôt que le minimum) de la demande
agrégée YD, de la capacité de production globale
YC
et de l'output de plein emploi
YL.
On écrira:
Y = {YD~P + YC~P + YL~p} p , 0 < p < oo,
*£ Min{yx>, YC, YL},
avec:
YD = L t YD1 = d (Y, —,T),
YC= ^iYC1 = C .KA,
YL =
S1-KL1-
= A .LF.
2.
Les démonstrations de Lambert (1988) et Gourieroux et al. (1984) concernent la valeur
moyenne du minimum de deux variables aléatoires, avec distribution lognormale chez le premier, dis-
tribution de Weibull chez les seconds.
Par
une procédure inspirée de Lambert, Sneessens (1983b) montre
que la CES est également, sous certaines conditions, une approximation valable pour un minimum de
trois variables avec distribution jointe log-normale.
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 147
La valeur du paramètre p est d'autant plus élevée que les disparités sont faibles.
On obtient la condition Min comme cas limite, pour
p»
°°, lorsque les écarts-type
de la distribution jointe des termes aléatoires deviennent identiquement nuls, de
sorte que les disparités inter-individuelles disparaissent.
De la fonction CES l'on peut déduire la proportion d'entreprises dans chaque
régime. Lambert(1988) montre que la proportion d'entreprises contraintes par les
débouchés (11D) est donnée par l'expression suivante:
Un = YD
(YD-p + YC~P + YL-O) -i/p
YD)
On écrira semblablement pour la proportion d'entreprises contraintes par la capacité
de production (II c) et la disponibilité de la main-d'œuvre (I1L):
nr
=
nL
Y
y
YC t
Y_
YL
On vérifiera, en utilisant la relation CES déterminant l'output total, que la somme
des proportions d'entreprises dans chaque régime est égale à 1 :
UD + nc + UL = 1.
1.2.2 Chômage frictionnel et courbe de Beveridge
Puisqu'avec une technologie Leontief
le
coefficient de travail par unité d'output
est indépendant du niveau de production, on peut aisément transformer la relation
CES ci-dessus pour la réécrire en termes d'emploi. On obtient:
_\
L = {LD~P + LCP + LF-o }"p ,
^ Min {LD, LC, LF]
Cette présentation permet de discuter la signification du paramètre p et l'importance
des disparités entre micromarchés en termes de mismatch et de la relation entre
taux d'emplois vacants et taux de chômage (courbe de Beveridge).
Si l'offre de travail était infiniment abondante (LF^>°°), aucune entreprise
ne souffrirait
d'une
pénurie de main-d'œuvre, il n'y aurait plus d'emplois vacants
et l'emploi serait égal à une valeur maximale LE, correspondant à la demande effec-
tive de travail et calculée en prenant la limite de la relation CES-emploi pour LF
tendant vers l'infini:
148 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
LE = Um1^00 {LD~P + LC~P + LF~P} ~p
_l
= {LD~P +
LC~P}~P.
Par substitution de LE dans la CES de départ, on peut réécrire l'emploi observé
L comme fonction de la demande effective LE et de l'offre LF:
L = {[LD~P + LC~P] + LF~p} p,
_i
= {LE~P + LF~P } p.
En divisant à gauche et à droite par
le
niveau d'emploi et en réarrangeant les termes,
on obtient la relation suivante
:
1 = LE + L i P
LF'I
= { 1 -VR}p + { l-UR}p,
où VR et UR sont respectivement le taux d'emplois vacants et le taux de chômage.
Cette relation entre taux d'emplois vacants et taux de chômage est la traditionnelle
courbe UV (courbe de Beveridge), dessinée à la figure 1. Si l'on mesure l'impor-
tance des frictions ou du mismatch par la valeur que prend le taux de chômage
lorsque taux de chômage et taux d'emplois vacants sont égaux, on voit qu'elle est
FIGURE 1
COURBE UV ET CHÔMAGE FRICTIONNEL
VR = UR
150 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
DUC =
Y
YC '
YL
YC '
1
1-CG
LF-LC
LF
YL-YC
Y
YL
(
(1-UR).
où CG
YL
La variable CG (Capital Gap) est une mesure du déficit en capacités de production,
relativement à l'offre de main-d'œuvre. Un accroissement du déficit en capacités
de production (ACG > 0) a pour conséquence que le même taux d'utilisation des
capacités s'accompagne d'un taux de chômage plus élevé, un phénomène observé
dans nombre de pays industrialisés après 1975. Cette relation entre degré d'uti-
lisation des capacités et taux de chômage est illustrée à la figure 2. Une augmen-
tation du déficit en capacités de production se traduit par une rotation de la courbe
vers la droite, comme indiqué sur la figure.
FIGURE 2 FIGURE 3
RELATION ENTRE TAUX DE CHOMAGE
ET DEGRÉ D'UTILISATION DES CAPACITÉS
RELATION ENTRE TAUX DE CHOMAGE
ET CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS
DUC
CONTRAINTES DE DEBOUCHES ... 151
Ce résultat, combiné au fait que la somme des proportions d'entreprises dans
les différents régimes est égale 1, permet également d'écrire la relation entre propor-
tion de contraintes de débouchés et taux de chômage sous la forme suivante
:
nD = i-nc-nL,
= 1 -DUC9 -(1-UR)P,
=
1-(1-OT)P[1
+ (l-CG)'9].
Cette nouvelle relation est représentée à la figure 3. Une réduction de la capacité
de production
(A CG
>
0)
provoque une rotation de la courbe vers le
bas ;
on peut
montrer qu'un accroissement des frictions (Ap<0) produit le même effet. En
d'autres termes, suite à une réduction de la capacité de production ou à une aggra-
vation des problèmes structurels, le même taux de chômage ne peut être maintenu
que par une pression accrue de la demande.
1.3 Perturbations de l'offre et de la demande
Représentons par X toute variable exogène qui pourrait influencer la demande
globale YD, et/ou la capacité de production YC, et/ou l'output de plein-emploi YL.
Quel serait l'effet d'une variation de X sur la production et l'emploi agrégés?
Par différentiation totale de la CES-production3, on obtient que l'élasticité de
la production agrégée à la variable X est égale au multiplicateur fois la somme
pondérée des élasticités à X de la demande, de la capacité de production et de
l'output de plein emploi, avec comme pondérations les proportions d'entreprises
dans chaque régime
:
T)Y. X = 7—^1 l nD . T)D * + I1C . T)C x + UL . J]L x j.
À titre d'exemple, considérons les effets (à court terme) d'une relance de la
demande. Typiquement, on suppose qu'à court terme les effets sur la capacité de
production et l'offre de travail sont nuls, c'est-à-dire:
T)D.x
> 0, J]CX = 0, j]LX = 0;
d'où il suit que l'effet sur l'output (et l'emploi) est, toutes choses égales par ailleurs,
d'autant plus élevé que la proportion d'entreprises contraintes par les débouchés
est, au départ, élevée
:
T)Y.x
= ~^
"
I1D J]O^x
1-11D.T)/xy
La relance de la demande réduit le nombre d'entreprises contraintes par les débou-
chés et le taux de chômage; il y a déplacement vers le haut sur la courbe UV de
la figure 1, et vers la gauche sur les courbes des figures 2 et 3. Le multiplicateur
keynésien traditionnel s'obtient comme cas limite, pour UD = 1; l'effet sur la
3.
Le même exercice bienr peut être fait à partir de la CES-emploi.
152 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
production est alors maximum. Lorsqu'à l'opposé I1D = 0, la relance est sans
effet sur la production et l'emploi, et ne fait qu'accroître l'excès de demande et
exacerber les tensions.
2.
MOYEN TERME: CONCURRENCE IMPARFAITE ET RIGIDITÉS RÉELLES
À moyen terme, les rigidités nominales ont disparu; entreprises et syndicat
ajustent prix et salaires, chacun ajustant le prix qu'il contrôle au mieux de ses inté-
rêts.
On supposera les prix fixés par les entreprises en concurrence monopolistique,
le salaire (identique pour tous) fixé par le syndicat4. Nous gardons l'hypothèse
de coefficients techniques et capacité de production inchangés.
Nous considérerons d'abord la formation des prix, ensuite celle des salaires,
enfin la détermination et les caractéristiques de l'équilibre de moyen terme, lorsque
prix et salaires sont totalement ajustés. On verra dans ce contexte qu'une forte
proportion d'entreprises contraintes par les débouchés (UD élevé) ne signifiera plus
qu'une politique keynésienne de relance s'impose. À l'équilibre de moyen terme,
la sous-utilisation de la capacité de production et de la main-d'œuvre reflète un
problème d'offre plutôt qu'un problème de demande, une rigidité réelle plutôt
qu'une rigidité nominale; contrainte de débouchés et chômage keynésien ne sont
plus synonymes.
2.1 La formation des prix
Les aléas uif V1-, wt représentaient jusqu'ici de simples déviations par rapport
à la moyenne macroéconomique. Par la suite, nous considérerons qu'ils reflètent
également l'incertitude à laquelle est confronté chaque entrepreneur, incertitude
sur ce que sera la demande au prix annoncé («,), incertitude aussi quant à la dispo-
nibilité des facteurs de production travail (w,) et capital (v,). Le prix est annoncé
en début de période, c'est-à-dire avant que cette incertitude ne soit levée; le niveau
de production et les inputs sont ajustés en cours de période, lorsqu'en particulier
la demande devient parfaitement connue. Les prix des inputs, W et Z, sont donnés.
2.1.1 Le programme d'optimisation
Le prix annoncé par l'entreprise est celui qui maximise son profit attendu,
compte tenu des contraintes techniques et d'éventuelles contraintes de débouchés
ou de disponibilité des facteurs. Le programme d'optimisation de l'entreprise
s'écrira
donc:
Maxp E { P1. Y1 - W. L1 - Z.N1 - coûts fixes }
s.r.q.
Y1 ^ YD1 = -
n
4.
Considérer que le salaire est fixé par négociation, plutôt que par un syndicat monopoleur,
ne changerait pas grand-chose, du moins aussi longtemps que la négociation ne porte que sur le salaire
et pas sur l'emploi (right-to-manage model).
P1
P . YD . Ui
CONTRAINTES DE DEBOUCHES ... 153
Y1 = A . L1-
^ YLt = A. - .LF.
W1
,
Y1 = B . N1 ^ oo ,
F,
^
YC1f
= C. - . £A .
V1-
.
Les quantités de travail et d'énergie étant toujours ajustées expost à leur niveau
efficient, on peut réécrire ce programme d'optimisation sous la forme plus
compacte
:
Maxp [Pi-A-1 . W-B'1 . Z] E(Y1)
: Y1 = Mm(YDi, YCh YL1)
avec les mêmes définitions de YD iy YC1 et YL1. Le niveau de production attendu
est l'espérance d'un minimum de trois variables aléatoires. On retrouves lors
le même problème que celui rencontré lors de l'agrégation sur les différents micro-
marchés, à ceci près que les déviations par rapport à la moyenne deviennent ici
l'incertitude au niveau de la firme, que les espérances mathématiques remplacent
les moyennes macroéconomiques. Par le même argument que précédemment, on
pourra écrire le niveau de production attendu comme une fonction CES de la
demande et des disponibilités de facteurs attendues
:
E(Y1) = E { Mm(YDif
YCif
YL1) } ,
_l
= { E(YD1)'9 +
E(YdY9
+ E(YLi)'9 } p , 0 < p < oo,
^ Mm[E(YD1), E(YC1), E(YLi)]
La valeur du paramètre p est fonction des variances et covariances des variables
;
plus les variances sont grandes ou les corrélations faibles, plus la valeur de p est
faible. De ce point de vue, on peut interpréter la valeur de
1 / p
comme une mesure
du degré d'incertitude. Plus la valeur de p est élevée, plus l'écart entre espérance
du Min et Min des espérances est faible; lorsque p tend vers l'infini, l'écart tend
vers zéro. La figure 4 illustre, pour chaque niveau de prix, le lien entre niveau
de production attendu, demande attendue et capacité de production attendue, sous
l'hypothèse que l'offre de main-d'œuvre n'est jamais contraignante (yL,—»oo).
Nous examinerons la solution de ce programme d'optimisation en deux temps.
Nous considérerons d'abord la solution en l'absence d'incertitude; on
y
retrouvera
les résultats traditionnels de la concurrence monopolistique. Nous reviendrons
ensuite au cas plus général avec incertitude.
154 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
FIGURE 4
RELATION ENTRE NIVEAU DE PRODUCTION ATTENDU
ET DEMANDE ET CAPACITÉ ATTENDUES
PiA
E(YDi)
E(YC1)
2.1.2 Prix optimal en absence d'incertitude
La figure 5 illustre ce que serait le prix et le niveau de production optimaux
en absence d'incertitude. Les courbes de coût marginal et revenu marginal sont
dessinées en traits discontinus; avec des coefficients techniques fixes, la courbe
de coût marginal est d'abord horizontale, verticale ensuite lorsqu'est atteinte la
capacité de production. Le diagramme de gauche (figure 5.a) reproduit une situation
dans laquelle ni l'équipement ni la main-d'œuvre ne sont contraignants
;
on obtient
dans ce cas la solution habituelle, avec un prix optimal égal au coût marginal, plus
une marge bénéficiaire constante (en pourcents) lorsque l'élasticité-prix de la
demande est constante. Le diagramme de droite (figure 5.b) représente le cas
d'une
entreprise contrainte par un manque de capacité. Une figure semblable pourrait
être utilisée pour représenter une contrainte en main-d'œuvre. Dans de telles situa-
tions,
l'entreprise répond à des accroissements autonomes de la demande par des
accroissements de prix, sans variation de la production, et la marge bénéficiaire
devient anormalement élevée. Soulignons que le prix optimal est toujours tel que
la demande égale la production.
On observera que, sur la figure 5.a, le niveau de production optimal implique
une sous-utilisation de l'équipement disponible. Avec un coût marginal constant
et une élasticité de la demande au prix constante, une telle entreprise choisirait
de répondre à un accroissement autonome de la demande (glissement vers la droite
de la courbe de demande) par un accroissement de production sans changement
de prix, pour autant bienr que les prix des facteurs demeurent inchangés. On
dira pour cette raison que l'entreprise de la figure 5.a est contrainte par les débou-
chés,
bien qu'elle ait
d'une
certaine façon volontairement choisi cette contrainte,
préférant sous-utiliser sa capacité de production plutôt que de baisser son prix.
CONTRAINTES DE DEBOUCHES ... 155
FIGURE 5.a
CONTRAINTE DE DÉBOUCHÉS
FIGURE 5.b
CONTRAINTE DE CAPACITÉ
M
Cm
YC1
Y1
On retrouve donc, avec des prix fixés de façon optimale par les entreprises,
les trois régimes du modèle de court terme à prix fixes. Il serait néanmoins
impropre, ou pour le moins trompeur, de parler ici de chômage keynésien pour
désigner le cas
d'une
entreprise contrainte par les débouchés, ou de chômage clas-
sique pour le cas
d'une
entreprise contrainte par la capacité de production. En
l'absence de rigidités nominales, il n'y aura plus à proprement parler de chômage
keynésien, bien que certaines entreprises soient «contraintes par les débouchés»,
au sens défini ci-dessus; en l'absence de rigidités nominales, tout chômage au-delà
du chômage frictionnel sera de nature classique, même si la capacité de production
n'est pas totalement épuisée. On verra par la suite qu'une politique de relance aurait
en effet pour seule conséquence de générer de l'inflation, quelle qu'élevée que
soit la proportion d'entreprises contraintes par les débouchés5.
2.1.3 Prix et probabilités de régime
Avec l'incertitude, l'entreprise n'a plus une parfaite connaissance de ses débou-
chés.
Le prix annoncé détermine simplement la probabilité
d'être
confrontée à un
manque de débouchés, ou à un manque de capacité, ou à un manque de main-
d'œuvre.
Les probabilités
de régime sont ici l'équivalent
des proportions
de régime
au niveau macroéconomique. La probabilité
d'être
contrainte par les débouchés
s'écrira
donc de manière semblable, sous la forme:
UDi = Pr { YD1 < Min (YCh YL1) } ,
5. Bénassy(1986) contient un modèle de concurrence monopolistique avec deux régimes seu-
lement (sous-emploi et plein-emploi) et sans contrainte de capacité, de sorte que la distinction entre
contrainte de débouchés et contrainte de capacité ne peut y être faite.
L'ACTUALITE ÉCONOMIQUE
E(Y1) P
E(YD1)
E(YDi)-p
+ E(YCi)'9 + E(YLi)~pyvP
1
où E(YD1) dépend du prix fixé par l'entreprise. À capacité de production et dispo-
nibilité en main-d'œuvre données, la probabilité d'être contrainte par les débouchés
est une fonction positive du prix annoncé. On peut semblablement définir la proba-
bilité d'une contrainte de capacité (Il Ci) et la probabilité d'une pénurie de main-
d'œuvre
(ULi).
De par la relation CES existant entre £ (^) d'une part, QtE(YD1),
E(YC1) ^tE(YLi) d'autre part, la somme de ces probabilités est, comme il se doit,
égale à l'unité.
2.1.4 Prix optimal en incertitude
On peut montrer facilement que la condition d'optimalité du premier ordre
du programme d'optimisation avec incertitude implique la règle de prix suivante
:
Pi = (1 + TTi)-(A-1 W + B1 Z) .
La marge bénéficiaire
TT
,-
est définie par
:
1
TT1-
=
T]Y.
P-I
où
T|
y p est la valeur absolue de l'élasticité des ventes au prix annoncé. La marge
bénéficiaire est donc d'autant plus élevée que l'élasticité-prix des ventes est faible
(mais supérieur à 1) en valeur absolue. C'est le résultat habituel, à ceci près que
l'élasticité des ventes ne se confond pas ici avec l'élasticité de la demande:
T élasticité-prix des ventes attendues est égale
à
l'élasticité-prix de la demande fois
la probabilité d'être effectivement contraint par la demande:
... J _, 8InE(Yi)
élasticité des ventes attendues = - r\Y p = ,
dlnPi
= -UDi. 8 .
On retrouve le résultat habituel comme limite, lorsque la probabilité d'être contraint
par la demande tend vers 1. Plus la probabilité d'être contraint par un manque
d'équipement ou de main-d'œuvre plutôt que par un manque de débouchés est forte,
plus la marge bénéficiaire est élevée. Rappelons bienr que les probabilités de
contrainte dépendent du prix et sont déterminées en même temps que celui-ci.
2.2 La formation des salaires
Une façon assez naturelle d'endogénéiser les salaires est de reprendre et
d'adapter à notre contexte un modèle de négociation salariale entre employeurs
et syndicats de travailleurs semblable à ceux revus par Oswald(1985) et
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 157
Farber(1986). McDonald et Solow (1981) contient une première analyse de négo-
ciations salariales en présence de contraintes, mais dans un modèle
à
prix d'output
fixe.
Ellis et Fender (1985) reprennent ce modèle à prix fixe et l'intègrent dans
un modèle d'équilibre général, et analysent séparément les situations de chômage
keynésien et de chômage classique. Arnsperger et de la Croix (1990) et Lubrano
et Sneessens (1991) utilisent, de façons différentes, un modèle semblable au nôtre,
avec prix endogènes. Le lecteur intéressé se reportera à ces travaux pour une analyse
rigoureuse et détaillée. Une équation de salaire toute simple suffira pour notre
propos et donnera qualitativement les mêmes résultats que Lubrano et Sneessens
(1991).
L'équation de salaire que nous utiliserons postule une relation entre salaire
nominal
d'une
part, et prix, productivité (A), allocations de chômage (ac), taux
de taxation (tx) et taux de chômage (UR) d'autre part:
W = P . A . (O)0 +x.ac + O)2. ta - O)3. UR).
Nous avons, pour simplifier, supposé l'homogénéité de degré 1 par rapport à la
productivité (et aussi par rapport au prix, bien sûr). Nous interpréterons cette rela-
tion comme représentation du comportement d'un syndicat monopoleur ou de toute
autorité (gouvernement, organe de concertation entre patrons et syndicats,...) qui
aurait le pouvoir de fixer le salaire et qui le ferait en tenant compte des effets du
salaire sur l'emploi. Le syndicat, par exemple, est bien conscient qu'une augmen-
tation des salaires sera répercutée en tout ou en partie sur les prix, et que cette
hausse des prix aura un effet négatif sur les débouchés des entreprises et partant
sur l'emploi. En d'autres termes, le syndicat essaie d'obtenir le meilleur compromis
possible entre salaire réel et emploi, compte tenu du comportement des entreprises
et du fonctionnement du système économique décrit antérieurement. L'équation
de salaire reflète le compromis entre pouvoir d'achat et emploi: plus le taux de
chômage est élevé, plus l'on est favorable à une baisse de salaire qui préserverait
l'emploi par son effet sur les prix (et la compétitivité en économie ouverte).
Notons pour la suite que l'équation de salaire peut être réécrite en termes de
part (désirée) des salaires dans la valeur totale de la production
:
-i w
A . = O)0 + O)1. ac + O)2. tx - O)3. UR .
2.3 L'équilibre de moyen terme
L'équilibre de moyen terme résulte des comportements décrits jusqu'ici, en
particulier des comportements de formation de prix et de salaires, à technologie
et capacités de production données. Après avoir construit les relations agrégées
caractérisant l'équilibre de moyen terme, nous mettrons en évidence le lien entre
la marge bénéficiaire des entreprises et le taux de chômage; puis viendra la déter-
mination du taux de chômage et des proportions de régime d'équilibre; enfin
l'ana-
lyse des conséquences de perturbations de l'offre ou de la demande.
158 L'ACTUALITÉ ECONOMIQUE
2.3.1 Relations agrégées
Puisque les entreprises ne diffèrent entre elles, expost, que par la réalisation
des aléas affectant les demandes et les disponibilités en facteurs, toutes afficheront
à l'équilibre (équilibre de Nash) le même prix. En conséquence, à l'équilibre, les
probabilités ex ante de chaque régime seront égales aux proportions d'entreprises
se trouvant expost dans chacun de ces régimes, le niveau d'activité moyen sera
égal à l'espérance ex ante du niveau d'activité pour l'entreprise individuelle, et
semblablement pour les autres variables
:
Pi = P , Vi,
nDl- = nD , y/,
- .y = - . 2,Y1 = E(Yi) , E(YDt)= - .YD, etc..
n n n
Dans ces conditions, relations agrégées et relations individuelles sont fondamen-
talement identiques. On retrouve, pour déterminer le niveau d'activité agrégé, la
même fonction CES que celle déjà utilisée dans le modèle à prix fixes. Les prix
individuels étant tous égaux à l'équilibre, l'équation d'indice des prix agrégé prend
exactement la même forme que l'équation de prix individuelle. L'ensemble des
équations du modèle de moyen terme est repris au tableau 1, équations (1) à (5).
Le sous-ensemble d'équations (l)-(3) correspond exactement au modèle de court
terme à prix fixes examiné en section 2; à l'équilibre de moyen terme, il faut en
plus satisfaire les équations (4)-(5).
TABLEAU 1
UN MODÈLE DE CONCURRENCE IMPARFAITE AVEC CONTRAINTES QUANTITATIVES
Y = {
YD~P
+ YC~P +
YL~9
} P
M
YD = d(Y, ,T) ,
P
(D
P
YC = C . KA,
YL = A . LF;
"-
{£}'•"<- {£}'•"-
Uh
L = A'1
Y
;
(3)
P = (i + -n).(A~l.W + B-1.Z) , (4)
1
avec
TT
= e . nD-l '
W = P . A . (O)0 + oii.
ac
+2.tx-(ù3.UR) ; (5)
P = A'1. W + B1Z + DcZC-1JC-1. V] . (6)
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 159
2.3.2 Marge bénéficiaire, partage des revenus et taux de chômage
Le prélèvement
d'une
marge bénéficiaire par les entreprises implique un certain
partage des revenus. À prix réel de l'énergie donné, les comportements en prix
des entreprises déterminent, par solde, la part des salaires dans la valeur de l'output.
On peut en effet réécrire l'équation de prix (équation (4) du tableau 1) sous la forme
:
1
i w
P 1+TT
= 1-
-B Z
P
e.n D
Z
P
FIGURE 6
LIEN ENTRE PART DES SALAIRES ET TAUX DE CHÔMAGE
RÉSULTANT DE L'ÉQUATION DE PRIX
ACG>0
/ Ap<0
160 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
Le membre de gauche est la part des salaires dans la valeur totale de la production.
Elle est égale à
1
moins la part des profits, moins la part de l'énergie, où la part
des profits est fonction inverse de la probabilité pour l'entreprise
d'être
contrainte
par un manque de débouchés, et donc fonction inverse de la proportion d'entreprises
subissant une telle contrainte. La proportion d'entreprises contraintes par les débou-
chés est elle-même, on l'a vu en section 1.2, liée positivement au taux de chômage
par la relation
:
UD =
1-(1-OT)P[I
+ (l-CG)-p]
Ces deux équations combinées impliquent, ceteris paribus, un lien positif entre
part des salaires dans la valeur de l'output et taux de chômage, qu'illustre la
figure 6.
Le diagramme supérieur gauche reproduit le lien entre part des salaires et
proportion d'entreprises contraintes par les débouchés, obtenu directement à partir
de l'équation de prix. Le diagramme inférieur gauche contient simplement une
droite à 45°; il permet de reporter d'un axe sur l'autre les valeurs de IID. Le
diagramme inférieur droit reproduit le lien positif entre proportion d'entreprises
contraintes par les débouchés et taux de chômage; il reprend exactement la figure 3
examinée antérieurement. Une réduction de la capacité de production (ACOO)
ou une aggravation des frictions ( Ap <0) provoque une rotation de la courbe vers
le
bas.
À partir de ces trois diagrammes et en tournant en sens inverse des aiguilles
d'une
montre, on peut construire, dans le diagramme supérieur droit, la relation
positive entre part des salaires et taux de chômage. Une réduction de la capacité
de production ou une aggravation des frictions provoque une rotation de cette rela-
tion vers le bas, ainsi qu'indiqué sur la figure; le même taux de chômage implique
alors une plus faible part des salaires dans la valeur totale de l'output, puisque le
même taux de chômage nécessite une pression plus forte de la demande et donc
une marge bénéficiaire plus grande.
2.3.3 Taux de chômage et contraintes à Véquilibre de moyen terme
Le taux de chômage d'équilibre est obtenu en résolvant le système d'équation
du tableau 1. Le lecteur averti aura remarqué qu'on retrouve dans ce modèle la
particularité caractéristique des modèles macroéconomiques avec concurrence
imparfaite: le taux de chômage d'équilibre est totalement déterminé par les
équations de prix et de salaire (équations (4) et (5)), les autres équations servant
essentiellement à déterminer le niveau des prix. Dans des modèles de concurrence
imparfaite avec agents faiseurs de prix, les équations de prix et de salaires
impliquent chacune une certaine répartition de la valeur ajoutée entre salaires et
profits. L'une reflète le souhait des entreprises, l'autre celui des travailleurs. Le
taux de chômage d'équilibre résulte de ce conflit sur le partage de la valeur ajoutée
(battle ofthe markups); il est le seul taux de chômage qui rende compatibles ces
désirs de revenu des uns et des autres. Le modèle avec contraintes quantitatives
du tableau 1 n'échappe pas à cette logique.
CONTRAINTES DE DEBOUCHES ... 161
La détermination du taux de chômage d'équilibre est illustrée à la figure 7.
Elle reprend la figure 6 et y ajoute, dans le diagramme supérieur droit, la relation
négative entre part des salaires dans la valeur de l'output et taux de chômage qui
nous vient de l'équation des salaires. Le taux de chômage d'équilibre
(IQNAIRU)
est donné, dans ce diagramme supérieur
droit,
par l'intersection des deux courbes,
l'une
reflétant les comportements de prix, l'autre ceux de salaires. Un taux de
chômage inférieur (resp.supérieur) à ce taux d'équilibre générerait de l'inflation
(resp.
déflation) qui, par son effet négatif
(resp.
positif) sur la demande, ramènerait
au taux de chômage d'équilibre. La figure 7 montre clairement qu'en déterminant
le taux de chômage d'équilibre, l'on détermine simultanément la proportion d'équi-
libre d'entreprises contraintes par les débouchés. On peut ensuite obtenir facilement
les valeurs à l'équilibre du degré d'utilisation de l'équipement et la proportion
d'entreprises contraintes par un manque de capacité (voir figure 2), le taux
d'emplois vacants et la proportion d'entreprises contraintes par un manque de main-
d'œuvre; l'on détermine ainsi la position à moyen terme sur la courbe de Beveridge
(voir figure 1).
2.3.4 Perturbations de la demande et de
l'offre
En l'absence de rigidités nominales d'aucune sorte, la courbe de Phillips de
moyen terme est bien évidemment verticale. Ceci reste vrai dans notre contexte,
bien qu'un certain nombre d'entreprises soient contraintes par un manque de débou-
chés.
Aucune politique keynésienne de relance de la demande n'est à même de
faire disparaître cette contrainte. S'il est vrai qu'à salaire nominal donné, une
relance de la demande de biens aurait un effet positif sur l'emploi et réduirait la
proportion d'entreprises contraintes par les débouchés (avec un effet d'autant plus
grand que la proportion d'entreprises initialement contraintes par les débouchés
est
élevée;
voir section 1), à moyen terme cependant, lorsque les
rigidités
nominales
ont disparu et que les salaires nominaux se sont ajustés, la relance de la demande
aura pour seul effet de générer de l'inflation. Il découle de ceci que:
Une
proportion élevée d'entreprises
contraintes
par les débouchés (de même
qu'un taux de chômage élevé) n'est pas un critère suffisant pour justifier une
politique de relance. Le critère adéquat est
l'écart
(qu'on pourrait appeler
écart déflationniste) entre la proportion d'entreprises contraintes par les
débouchés couramment observée et sa valeur d'équilibre à moyen terme:
écart déflationniste = IID - 1I^
(idem en termes de chômage). Par
suite
de rigidités nominales, cet écart peut
être différent de zéro en courte période.
D'où l'ambiguïté, mentionnée précédemment, entre chômage keynésien et
chômage classique: une contrainte de débouchés qui, à prix fixes, apparaît comme
du chômage keynésien, peut ne représenter, dans une perspective de moyen terme,
que du chômage classique résultant de
rigidités
réelles. Mieux vaut donc, en parlant
de
I1D,
parler d'entreprises contraintes par les débouchés plutôt que de chômage
keynésien.
162 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
FIGURE 7
DÉTERMINATION DU TAUX DE CHÔMAGE
ET DE LA PROPORTION D'ENTREPRISES CONTRAINTES
PAR LES DÉBOUCHÉS À L'ÉQUILIBRE DE MOYEN TERME
Seules des perturbations de l'offre (ou des politiques d'offre) peuvent influ-
encer les valeurs d'équilibre à moyen terme du chômage et de la proportion d'entre-
prises contraintes par
les
débouchés. Tout facteur responsable du déplacement
d'une
des courbes de la figure 7 affectera le taux de chômage d'équilibre. La figure 7
illustre les conséquences à moyen terme (lorsque les ajustements des prix et des
salaires sont terminés) d'un choc pétrolier (AZ/P >
0).
La hausse du prix réel de
l'énergie provoque un déplacement vers le bas des relations à pente positive repré-
sentant les comportements en prix dans les deux diagrammes supérieurs de la figure;
il en résulte une hausse du taux de chômage, mais aussi de la proportion d'entre-
prises contraintes par les débouchés. Ainsi peut s'expliquer la forte prédominance
des contraintes de débouchés observée dans la plupart des pays industrialisés après
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 163
1974 !
Soulignons une fois encore qu'une proportion accrue d'entreprises contraintes
par les débouchés ne signifie pas que la hausse du taux de chômage soit de nature
keynésienne6.
On sait (voir figure 6) qu'un accroissement des frictions (Ap<0) ou du déficit
en capacités de production (ACG>0) provoque un déplacement vers le bas de
la relation UD- UR du diagramme inférieur droit de la figure 7, et provoque en
conséquence un déplacement vers le bas de la relation à pente positive du
diagramme supérieur droit, d'où résultera un accroissement du taux de chômage
d'équilibre. Bien que le résultat ne soit pas clair graphiquement, on peut montrer
qu'à l'équilibre la proportion d'entreprises contraintes par les débouchés devient
plus faible (voir annexe 1). Une hausse du taux de taxation ou des allocations de
chômage déplace la courbe à pente négative du diagramme supérieur droit (qui
reflète les comportement salariaux) vers le haut et accroît les valeurs d'équilibre
du taux de chômage et de la proportion d'entreprises contraintes par les débouchés.
En résumé, on peut écrire sous la forme suivante les équations déterminant
les valeurs à l'équilibre du taux de chômage et de la proportion d'entreprises
contraintes par les débouchés (la dérivation formelle se trouve en annexe 1):
Z
UR*mt
= u (tx, ac, ~ , CG, p ) ,
+ + + + -
Z
n *Dmt = P (tx, ac, - , CG, p ) .
+ + + +
3.
LONG TERME: PROFITABILITÉ ET INVESTISSEMENT
Nous avons jusqu'ici considéré la capacité de production comme donnée. À
long terme cependant, il faut tenir compte des comportements d'investissement
et de ses conséquences sur la capacité de production, et par ce biais sur le taux
de chômage et les proportions de contraintes d'équilibre. Nous considérerons
d'abord les conditions sous lesquelles l'investissement peut être
positif,
négatif
ou nul; ensuite nous caractériserons l'équilibre de long terme et examinerons plus
particulièrement sous cet angle les conséquences d'un choc pétrolier.
3.1 Investissement et profitabilité
La façon peut-être la plus naturelle d'introduire l'investissement dans un
modèle avec concurrence monopolistique sur le marché des biens est de considérer
que le nombre de firmes augmente (resp. diminue) lorsque le prix de vente est supé-
rieur
(resp.
inférieur) au coût moyen de production, ou en d'autres termes, lorsque
la marge bénéficiaire des entreprises fait plus (resp. moins) que couvrir les
6. Pour une discussion (sur d ' autres critères) de la nature classique ou keynésienne du chômage
après 1974, voir aussi Laroque (1986).
164 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
frais fixes7. Un équilibre de long terme est alors une situation dans laquelle le
nombre d'entreprises reste constant et le prix de vente est égal au coût moyen.
À long terme donc, il faut que le nombre d'entreprises et le degré d'utilisation des
capacités soient tels que (équation (6) du tableau 1):
P = A'1 . W + B1 . Z + DUC1 . [C"1 . V] ,
où Vreprésente le coût d'usage du capital en termes nominaux. Soulignons l'effet
du degré d'utilisation des capacités, qui détermine le coût fixe par unité produite.
Cette condition d'équilibre de long terme vient s'ajouter à celles caractérisant
déjà l'équilibre de moyen
terme.
Comme celles-ci, elle peut être présentée en termes
de part des salaires dans la valeur de la production. Par simple réarrangement, on
obtient en effet
:
W 7 V
A"1. ^ =
1-ZT1.
^-DUC1 .[C-1. - ],
P P LpJ,
À coûts réels de l'énergie et du capital donnés, la condition d'équilibre de long
terme implique un lien positif entre part des salaires et taux d'utilisation des capa-
cités (via l'effet négatif de celui-ci sur le coût moyen et le prix d'équilibre de long
terme),
qu'illustre le diagramme supérieur gauche de la figure 8. La part des salaires
dans la valeur de la production atteint son maximum lorsque le taux d'utilisation
des capacités vaut
1 ;
une augmentation du prix réel de l'énergie ou du capital réduit
cette part maximale et déplace la relation vers le bas.
Dans la même figure 8, le diagramme inférieur droit reproduit la relation
inverse, à capacité de production donnée, entre taux d'utilisation des capacités et
taux de chômage. Nous avons déjà examiné cette relation en section
1
(voir figure
2);
un accroissement du déficit en capacités de production (ACOO) se traduit
par une rotation de la courbe vers la droite et vers le haut, comme indiqué sur la
figure. Par le même procédé qu'en figure 6, on peut combiner cette relation avec
la précédente pour construire dans le diagramme supérieur droit une relation entre
part des salaires et taux de chômage. La pente de cette nouvelle relation est négative;
sa position dépend du prix réel de l'énergie et du capital, ainsi du déficit en capacités
de production. Un accroissement du prix réel de l'énergie ou du capital déplace
la courbe vers la gauche; un accroissement du déficit en capacités de production
déplace la relation vers la droite (voir figure 8).
Par construction, tout point tel que E0 sur la relation en traits continus
que nous venons de construire dans le diagramme supérieur droit représente une
combinaison de chômage et de salaire réel telle que l'entreprise ne fait ni pertes
ni profits; la marge bénéficiaire des entreprises couvre exactement les coûts fixes,
7.
Ce faisant, on supposera que la taille (capacité de production) de l'entreprise individuelle
est fixe et exogène. L'entreprise individuelle représente l'unité de production élémentaire. Soulignons
qu'en l'absence d'incertitude et si la capacité de production de l'entreprise individuelle était ajustable,
le taux d'utilisation des capacités serait toujours exactement égal à 1 à l'équilibre de long terme. En
d'autres termes, la persistance d'une contrainte de débouchés à l'équilibre de long terme résulte de
l'incertitude sur la demande future (voir Malinvaud, 1980a) et de l'indivisibilité de l'unité de production
élémentaire.
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 165
l'investissement est nul. Le point E
x
situé à droite de la relation en traits continus
correspond initialement à une situation avec pertes positives
:
bien que le salaire
réel soit le même qu'en E0, la hause du taux de chômage a engendré une baisse
du taux d'utilisation des capacités, et partant une hausse des coûts fixes par unité
produite. Il en résultera, si cette situation persiste, une réduction de la capacité
de production (ACG >0). Cette réduction de la capacité de production se traduit
graphiquement par un déplacement vers la droite de la relation entre part des salaires
et taux de chômage (diagramme supérieur droit), jusqu'à ce que celle-ci passe par
le point E1. On retrouve ainsi une situation sans pertes ni profits; par son effet
positif sur le taux d'utilisation, la réduction des capacités de production a réduit
le coût moyen de production et éliminé les pertes. Le cheminement à partir d'un
point situé à gauche de la relation (situation avec profits positifs) est semblable,
mais en sens inverse.
FIGURE 8
LIEN ENTRE PART DES SALAIRES ET TAUX DE CHÔMAGE
RÉSULTANT DE LA CONDITION D'ÉQUILIBRE DE LONG TERME
ACG >0
0 CG CG'
166 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
3.2 Équilibre de long terme et choc pétrolier
Nous disposons maintenant de tous les éléments nécessaires pour déterminer
l'équilibre de long terme, en particulier le taux de chômage. Celui-ci est entièrement
déterminé par trois relations
:
prix, salaires et profitabilité. On a vu que ces relations
impliquent chacune un lien entre part des salaires dans la valeur de la production
et taux de chômage. Ces trois relations sont reproduites dans la figure 9. Les rela-
tions tirées des équations de salaires et de profitabilité ont toutes deux une pente
négative; nous avons supposé que la seconde avait une pente plus forte en valeur
absolue; elle est dessinée en traits gras. On n'obtient un équilibre de long terme
que lorsque ces trois courbes se coupent un même point, tel E0 sur la figure.
Pour illustrer le passage d'un équilibre de moyen terme à un équilibre de long
terme, analysons sur la figure 10 les conséquences d'un choc pétrolier. On part
en E0 d'un équilibre de long terme. L'accroissement du prix réel de l'énergie laisse
la relation de salaires inchangée, mais déplace les deux autres vers le bas; les
nouvelles positions sont représentées en traits discontinus. À capacité de production
inchangée, la spirale prix-salaires enclenchée par la hausse du prix de l'énergie
conduit progressivement l'économie du point E0 au point Zs1, vers un nouvel
équilibre de moyen terme où la part des salaires est à nouveau compatible à la fois
avec la politique de prix des entreprises et avec les demandes de salaire du syndicat.
En Ei cependant, suite à la baisse du taux d'utilisation des capacités, les entreprises
font des pertes. La réduction des capacités de production
(A CG
>
0)
provoque un
nouveau déplacement des relations de prix et de profitabilité, la première à nouveau
vers le bas, la seconde vers le haut. Ce processus se poursuit jusqu'à atteindre un
nouvel équilibre de long terme. Les positions finales sont représentées en traits
pointillés; le nouvel équilibre de long terme est au point E2. On voit que, suite
à la réduction des capacités de production, le choc pétrolier a des conséquences
sur l'emploi plus dramatiques encore à long terme qu'à moyen terme. Notons enfin
qu'un soudain retour du prix de l'énergie à sa valeur initiale ne permettrait pas
un retour immédiat au taux de chômage d'avant le choc pétrolier, puisque les capa-
cités de production ont été réduites. Il y a donc un effet d'hystérèse, en ce sens
qu'il faudrait un certain temps avant de retrouver l'équilibre initial. À cet effet
d'hystérèse via l'accumulation du capital pourrait bienr
s'ajouter
un effet d'hys-
térèse par la formation des salaires et le nombre d'insiders.
On pourrait bienr utiliser le même procédé pour illustrer les conséquences
à long terme
d'une
hausse du coût du capital, du taux de taxation, etc.. .On peut
montrer (voir dérivation formelle en annexe 2) que le déficit en capacités de produc-
tion à l'équilibre de long terme (CGjt) est une fonction positive du taux de taxation
et des allocations de chômage, du prix réel de l'énergie et du capital; l'effet des
frictions (de p) est incertain
:
Z V
CG% = y ( tx, ac, -,
, p ) .
P P
+ + + + ?
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 167
Par substitution dans la fonction définissant le taux de chômage de moyen terme
(voir annexe 2), on obtient pour le taux de chômage de long terme8:
UR*it = u ( tx, ac,
, CG*tt , p )
+ + + + -
Z V
= v(tx,ac,-,-, p )
+ + 4- +
FIGURE 9
ÉQUILIBRE DE LONG TERME
FIGURE 10
EFFETS D'UN CHOC PÉTROLIER
Z
salaires
CONCLUSION
Parmi les caractéristiques du modèle utilisé, nous retiendrons particulièrement
les suivantes :
1.
Le modèle est construit sur l'hypothèse de concurrence imparfaite, tant
sur le marché des biens que sur le marché du travail. La concurrence impar-
faite sur le marché du travail implique la persistance du chômage, même
après ajustement des prix et salaires (à moyen et long terme).
8. Ces résultats sont bienr liés à l'hypothèse de coefficients techniques fixes. Avec une tech-
nologie Cobb-Douglas
par
exemple, on sait qu'après ajustement des productivités la
part
de chacun des
facteurs dans la valeur totale de la production restera constante. Dans ce cas, un accroissement du prix
réel de l'énergie serait exactement compensé à long terme par un accroissement de la productivité de
l'énergie et laisserait le taux de chômage d'équilibre inchangé. L'élasticité de substitution entre facteurs
(du moins en ce qui concerne l'énergie vis-à-vis des autres facteurs) étant probablement
bien
inférieure
à 1, l'hypothèse
d'une
technologie
Leontieff,
même si elle exagère les effets sur le chômage, donne
qualitativement les réponses correctes.
168 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
2.
Par agrégation explicite sur un grand nombre de micromarchés, l'on a pu
obtenir un équilibre avec simultanément du chômage et des emplois
vacants, ainsi qu'une formulation explicite pour la courbe de Beveridge
de court terme.
3.
L'existence de contraintes de débouchés et la sous-utilisation du capital,
tout comme le chômage, sont des phénomènes d'équilibre qui persistent
même après ajustement des prix, des salaires et de la capacité de production.
En conséquence, on ne peut plus interpréter automatiquement l'existence
de contraintes de débouchés comme la manifestation d'un chômage keyné-
sien. Il n'y a véritablement chômage keynésien que lorsque, par suite de
rigidités nominales, les contraintes de débouchés deviennent plus impor-
tantes qu'à l'équilibre de moyen terme. Le problème n'est donc plus de
savoir si contraintes de débouchés il y a, mais bien de mesurer leur impor-
tance relativement à l'équilibre de moyen terme.
4.
Une accentuation des frictions (du mismatch) ou de l'incertitude, ou un
renchérissement du prix réel de l'énergie ou du capital, ont pour effet d'aug-
menter la valeur du taux de chômage d'équilibre. Les effets sont renforcés
à long terme par la réduction des capacités de production que provoque
la réduction de la profitabilité. L'ajustement des capacités de production
à long terme explique pourquoi le degré d'utilisation des capacités reste
relativement stable, alors que le taux de chômage augmente.
5.
Une accentuation des frictions (du mismatch) ou de l'incertitude, ou un
renchérissement du prix réel du capital, ont pour effet de réduire l'impor-
tance des
contraintes
de
débouchés
à l'équilibre de moyen et de long terme;
un renchérissement du prix réel de l'énergie a l'effet inverse (augmente
la proportion de contraintes de débouchés).
Le but de cet article était de montrer comment mettre ensemble, dans une même
formalisation, les apports de la théorie du déséquilibre et les développements plus
récents sur la formation des prix et des salaires. Ce faisant, nous avons négligé
un certain nombre d'aspects, qu'il faut garder à l'esprit pour éviter des interpré-
tations abusives et voir dans quelles directions éventuellement développer des
recherches futures. La représentation des comportements de prix et de salaires,
bien qu'utile pour analyser les conséquences de
rigidités
réelles, est restée beaucoup
trop sommaire pour permettre une bonne compréhension des déterminants à moyen
et à long terme du chômage. Les relations «vraies» sont probablement beaucoup
plus instables et complexes que celles utilisées ci-dessus. Il faudrait prendre en
compte correctement la dimension intertemporelle des choix et décisions,
l'incer-
titude et les coûts d'ajustement, l'aversion au risque, etc... Nous n'avons pas non
plus explicité les causes des rigidités nominales à court terme; introduire celles-ci
devrait permettre un enrichissement considérable, ainsi que le suggèrent les résultats
obtenus par McDonald et Solow (1981) et ElHs et Fender (1985). De même
gagnerait-on à introduire les frictions de façon plus endogène, comme conséquence
de choix individuels en information imparfaite.
CONTRAINTES DE DÉBOUCHES ... 169
ANNEXE 1
L'EQUILIBRE DE MOYEN TERME
Les équations de prix et de salaire, réécrites en termes de part des salaires
dans la valeur totale de l'output, sont respectivement:
w=l 1 z ,
e.nD
w = O)0 +
(O1.
ac +
O)2
.tx -
(O3.
UR
,
W Z
avec w =A~l . , z = B~l . - ;
P P
UD = l-(l-t7/?)p[l + (l-CG)"p];
(pour cette dernière expression, voir section 1.2). La différentielle totale de ces
deux équations s'écrit sous forme matricielle:
1
1
-Pl
(O3
dw
dUR
0 0-1 -p2 p3
(O1
(O2 0 0 0
dtx
dac
dz
dCG
, dp ,
dw
dUR
1
Pl + w3
(O3
P1
1 1
0 0 -1 -p2 P3
(O1
(O2 0 0 0
dtx
dac
dz
dCG
dp J
ou pi e.n2D .(i-nD) î
l-UR 0 ,
Pi = PTnT"' 1
1-CG
^O
,
/>3 = e.n2D nc. (1-CG)P .In(I-UR) + //i
1-E//?
1-CG 0
On a, pour obtenir/?2
et/?3,
utilisé la relation suivante entre contraintes de capacité
et taux de chômage (voir section 1.2):
170
L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
On vérifieras lors facilement que
:
w*mt
= w( tx, ac, z, CG, p ) ,
+ + - - +
UR*mt
= u{ tx, ac, z, CG, p ) .
+ + + + -
Connaissant les valeurs d'équilibre de w et UR9 Ton peut obtenir facilement celle
de UD en utilisant l'équation de prix, laquelle implique:
2
dHD = e.nD . (dw + dz) ,
et donc :
Ilbmt = p( tx, ac, z, CG, p ) .
ANNEXE 2
L'EQUILIBRE
DE
LONG TERME
Les équations primordiales pour la détermination de l'équilibre de long terme
sont les équations de prix, de salaire et la condition de profit nul. Elles s'écrivent
respectivement, en termes de part
des
salaires dans la valeur totale de la production, :
1
w=l-
e.nD
w = CO0 +
O)1
.ac +
CO2.
tx -
co3
.
UR
V
w= 1 - z-DUC
, W . Z . V
avec w = A . , z = B . - ;v = C .
PPP
UD = X-(I-URy [1 + (1-CG)P] ;
DUC= !^* .
1-CG
(pour ces deux dernières expressions, voir section 1.2). La différentielle totale de
ces trois équations
s'écrit
sous forme matricielle:
CONTRAINTES DE DÉBOUCHÉS ... 171
1
-P
1
O)
[
1 C
[
dw
dUR
[ dCG ,
'i Pi
3 0
L ~C2,
= DET-
dw
dUR
, ûfCG
î
0 0 -1 0 p3
(O1
(O2 0 0 0
l 0 0 -1 -C3 0 J
-C2-O)3
-(C2. p i-cx. p2) -p2.o>3
C2
-(C2+Pi) Pi
C1-Oi3
-(C1 +P1) P1 +(O3
0 0-1 0 p3
(O1
(O2 0 0 0
0 0 -1 -c3 OJ
dtx
dac
dz
dv
dp
J
dtx
dac
dz
dv
dp
J
où pi, p2 et p3 ont la même définition qu'en annexe 2 et sont tous trois positifs,
et:
1
C\ =
C2
ci =
DUC
V
DUC
1
^ o ,
l-UR
1 -o
s- U ,
1-CG
^ 0 .
DUC
La variableT représente la valeur du déterminant de la matrice des coefficients
des variables endogènes; ce déterminant a pour expression:
DET = - I C2.(O3 + (c2.pi -
C1
.p2) +
p2.Oi3
I .
On peut montrer facilement que le terme entre parenthèses a une valeur positive,
de sorte que la valeur du déterminant est négative. On vérifieras lors facilement
que:
w*tt
= o>( tx, ac, z, v, p ) .
+ + +
URJt = v( tx, ac, z, v, p ) ,
+ + + + -
CGït y( tx, ac, z, v, p ) .
+ + + + ?
Connaissant les valeurs d'équilibre de w et UR, l'on peut obtenir facilement celle
de UD en utilisant l'équation de prix, laquelle implique:
172 L'ACTUALITE ECONOMIQUE
dUD = E.U2D . (dw + dz) ,
et donc
:
11DZr Pi tX, ClC, Z, V, p ) .
+ + + - +
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... De nombreux modèles macroéconomiques basés sur la concurrence monopolistique ont été réalisés, avec une spécification s'inspirant souvent de celle de Dixit et Stiglitz (1977). Citons Bénassy (1977Bénassy ( , 1987Bénassy ( , 1991, Negishi (1979), Hait (1982), Weitzman (1985), Blanchard et Kiyotaki (1987), Sneessens (1987Sneessens ( ,1991. ...
Article
Full-text available
We present a small size dynamic macroeconomic model, numerically calibrated on quarterly French data, describing an economy working under imperfect competition on both labour and goods markets. The labour market exhibits a persistence effect relying on the insider-outsider theory. The closure of the model is obtained by household consumption (permanent income), by public spendings and by foreign trade. The long run properties of the model and the conditions for a unique rational expectations path in the neighbourhood of the steady state are successively analysed before computing and interpreting the dynamic multipliers associated with non anticipated transitory shocks. L’article présente une maquette dynamique, chiffrée sur données trimestrielles de l’économie française, décrivant une situation de concurrence monopolistique à la fois sur le marché des biens et sur celui du travail. Sur ce dernier existe un effet de persistance conforme à la théorie « insider-outsider ». Le modèle est bouclé par la prise en compte de la consommation des ménages (revenu permanent) ainsi que des dépenses publiques et des échanges extérieurs. Après avoir étudié les propriétés de long terme de la maquette et vérifié les conditions d’existence et d’unicité de trajectoires d’anticipations rationnelles au voisinage de la solution stationnaire, des multiplicateurs dynamiques correspondant à des chocs transitoires non anticipés sont calculés et interprétés.
... D'une part ils conduisent naturellement à une fonction d'emploi agrégé que l'on peut réinterpréter aisément en termes de courbe de Beveridge, du moins lorsque la fonction d'emploi est obtenue par l'agrégation explicite de micromarchés différents (Lambert, 1988) (Sneessens, 1987). On aboutit ainsi à des modèles dans lesquels on peut étudier à la fois la détermination du taux de chômage d'équilibre et les déplacements de la courbe de Beveridge, et l'interaction entre les deux (Sneessens, 1992). Les estimations économétriques réalisées à partir de ces modèles (voir Drèze et alii, 1990) suggèrent des déplacements statistiquement significatifs, encore que modérés, de la courbe de Beveridge dans la plupart des pays industrialisés, même après prise en compte de la dynamique conjoncturelle de court terme (Franz et Smolny, 1993). ...
Article
Courbe de Beveridge et demande de qualifications, par Henri Sneessens. Cet article analyse les causes possibles de la détérioration de la relation observée entre emplois vacants et chômage, indiquée par la courbe de Beveridge. L'analyse est basée sur un modèle macro-économique distinguant deux niveaux de qualification, dans lequel les entreprises peuvent être contraintes soit par un manque de débouchés, soit par un manque de capacités de production, soit encore par un manque de main-d'œuvre qualifiée. Les résultats des estimations suggèrent un faible accroissement des frictions et un accroissement appréciable des problèmes structurels entre 1962 et 1989.
Article
RÉSUMÉ L’article présente une maquette dynamique, chiffrée sur données trimestrielles de l’économie française, décrivant une situation de concurrence monopolistique à la fois sur le marché des biens et sur celui du travail. Sur ce dernier existe un effet de persistance conforme à la théorie « insider-outsider ». Le modèle est bouclé par la prise en compte de la consommation des ménages (revenu permanent) ainsi que des dépenses publiques et des échanges extérieurs. Après avoir étudié les propriétés de long terme de la maquette et vérifié les conditions d’existence et d’unicité de trajectoires d’anticipations rationnelles au voisinage de la solution stationnaire, des multiplicateurs dynamiques correspondant à des chocs transitoires non anticipés sont calculés et interprétés.
Article
This paper proposes a dynamic efficient bargaining model with a putty-clay technology and aggregation over heterogeneous micro markets. We analyse the agents' optimal response to unexpected real changes in their economic environment. The model gives a useful description of the linkages between unemployment and the rate of utilisation of productive equipment.
Book
This is a textbook on macroeconomic theory that attempts to rework the theory of macroeconomic relations through a re-examination of their microeconomic foundations. In the tradition of Keynes's General Theory of Employment, Interest and Money (published in 1936), and Patinkin's Money, Interest, and Prices, published in 1956 and revised in 1965, this book represents a third generation of macroeconomic theory. This book presents a comprehensive choice-theoretic analysis of the determination of the level of employment and the rate of inflation. A central feature of the book is the recasting of macroeconomic analysis in terms of a theory of exchange under non-market-clearing conditions. In addition, the analysis incorporates other aspects of the current reformulation of macroeconomic theory, including the relation between inflationary expectations, rates of return, and unemployment, the dynamics of aggregate demand, and the significance of incomplete information regarding the spatial distribution of wages and prices.
Article
Le modèle de production étudié distingue une contrainte technologique de long terme de type CES et un coefficient technique de court terme rigide. Cette distinction permet de rendre compte de la sous-utilisation du capital et de la notion d'emploi potentiel. Le modèle présente donc des propriétés comparables à celles des modèles putty-clay sans atteindre leur complexité. II est estimé sur données annuelles en combinant l'approche classique et l'approche bayésienne. /// Our production model makes the distinction between a long term CES technological constraint and a short term rigid technical coefficient. This distinction enables us to take into account the underutilization of the capital stock and to define a maximal potential employment series. The model has so properties comparable to those of putty-clay models without presenting the same degree of complexity. It is estimated on annual data with a combination of classical and Bayesian techniques. /// El modelo de producción estudiado distingue un vínculo tecnológico de largo plazo de tipo CES de un coeficiente técnico de corto plazo rígido. Dicha distinción permite dar cuenta de la subutilización del capital y de la noción de empleo potencial máximo. El modelo presenta por lo tanto propiedades comparables con las de los modelos putty-clay sin a alcanzar su complejidad. Está estimado sobre datos anuales mediante combinación del aproche clásico y del aproche bayesano.
Chapter
J. M. Keynes started his General Theory with the obvious assertion that when involuntary unemployment exists, the labour supply is not met (which he calls the negation of the ‘second postulate’ of classical theory). During recent years it became common among some theorists to say that workers are then rationed in their labour supply.
Article
In the recent years, a number of pathbreaking revisions have occurred in the standard theory of price and quantity determination outside equilibrium. These innovations have been mainly centered around two themes: First the standard neoclassical demand functions responding only to prices have to be replaced by effective demands, taking into account quantity signals as well. Accordingly quantity adjustments occur in the economy, which may disturb the working of the traditional price mechanism. These have been studied brilliantly by Clower [15], [16], Leijon- hufvud [28], [29]1 in their reappraisal of Keynesian economics.
Article
1. From the point of view of the traditional Walrasian general equilibrium theory, one of the most puzzling things is the existence of an under-employment equilibrium at which there is excess supply of labor with a positive wage rate, since the usual notion of the term equilibrium is a set of prices at which there is no tendency for change. There have been suggested two kinds of reconciliation of Walrasian general equilibrium theory with the existence of the involuntary unemployment. One is to deny the existence of an underemployment equilibrium by regarding involuntary unemployment as an adjustment phenomenon. This view has been shared by many economists including Patinkin, Clower and Leijonhufvud1. We shall consider it in Section 2. The other is to reconcile general equilibrium theory with unemployment by assuming wage rigidity as is usually done in the orthodox Keynesian economics. The newest and most rigorous version of this view is given by Glustoff [7]. We shall criticallv consider it in Section 3.
Book
1. The Received Econometric Formulation of 2-Market Rationing Models.- 2. Statement of the Problem.- 3. Contents.- I : Theoretical Foundations.- 1. The Structure of Quantity Rationing Models.- a. Institutional setting : the rationing scheme.- b. Information structure of the consumer : the perceived rationing scheme.- c. Equilibrium analysis.- 2. Effective Demand Theory.- II : Econometric Formulation of a 2-Market Macroeconomic Model.- 1. First Generation Models.- a. Underlying assumptions.- b. Indeterminate effective trade offers.- c. On the necessity of accounting explicitly for uncertainty and disequilibrium.- 2. A Disequilibrium Rationing Model.- a. Number of regimes in a disequilibrium rationing model.- b. Assumptions ensuring a 4-regime model with well-defined trade offers.- c. Analysis of the linear disequilibrium rationing model.- d. Towards more general assumptions.- 3. Estimation Methods.- a. The Maddala-Nelson stochastic specification.- b. The Ginsburgh-Tishler-Zang stochastic specification.- c. Which specification : MN or GTZ ?.- Appendix 1 : Proof of Proposition 2.2.- Appendix 2 : Proof of Proposition 2.3.- Appendix 3 : Proof of Lemma 2.5.- III : A Macroeconomic Rationing Model of the Belgian Economy.- 1. A Modified Cobb-Douglas Model.- 2. Labor Hoarding.- 3. Demand for Goods and Labor Supply.- 4. Solvability of the Model.- 5. The Stochastic Model and the Estimation Procedure.- 6. Empirical Results : the Output-Employment Trade-Off.- 7. Estimation of the employment equation.- Appendix 1 : Solvability of a QRM with Labor Hoarding.- Appendix 2 : Data Definitions and Sources.- Conclusion.- References.