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La mécanique de la pensée conceptuelle

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Description de la mécanique de la pensée conceptuelle découlant de séquences d'interaction entre le système limbique et les zones verbales du néocortex. Description de l'augmentation du niveau d'attention jusqu'à la pleine conscience active lorsqu'une sensation de malaise due à un stimulus verbal est déclenchée par l'amygdale, suivie d'un processus de cogitation active impliquant les zones verbales du néocortex, se terminant par un renforcement dans le néocortex par l'hippocampe d'un réseau synaptique correspondant à une séquence verbale modifiée qui enlève ou réduit le sentiment de malaise qui a initié la séquence. Description de la capacité de généralisation découlant de l'utilisation de langues articulées, acquises par éducation, à partir desquelles émergent la pensée conceptuelle et le langage mathématique collectivement intelligible qui se développe également à divers degrés chez certains individus par éducation. Description du mode de pensée mathématique dont les engrammes ont été localisés dans le néocortex dans des zones qui ne chevauchent pas les zones verbales.
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La mécanique de la pensée conceptuelle
1 André Michaud
La mécanique de la pensée conceptuelle
André Michaud
Service de Recherche Pédgogique
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Résumé :
Description de la mécanique de la pensée conceptuelle découlant de séquences
d'interaction entre le système limbique et les zones verbales du néocortex. Description de
l’augmentation du niveau d’attention jusqu'à la pleine conscience active lorsqu'une
sensation de malaise due à un stimulus verbal est déclenchée par l’amygdale, suivie d’un
processus de cogitation active impliquant les zones verbales du néocortex, se terminant
par un renforcement dans le néocortex par l’hippocampe d’un réseau synaptique
correspondant à une séquence verbale modifiée qui enlève ou réduit le sentiment de
malaise qui a initié la séquence. Description de la capacité de généralisation découlant de
l’utilisation de langues articulées, acquises par éducation, à partir desquelles émergent la
pensée conceptuelle et le langage mathématique collectivement intelligible qui se
développe également à divers degrés chez certains individus par éducation. Description
du mode de pensée mathématique dont les engrammes ont été localisés dans le néocortex
dans des zones qui ne chevauchent pas les zones verbales.
Mots clés : Néocortex, amygdale, hippocampe, zones verbales, pensée conceptuelle, langage
verbal articulé, langage mathématique non verbal.
Cet article a été initialement publié en 2019 dans le Journal of Creative Education.
Michaud, A. (2019). The Mechanics of Conceptual Thinking. Creative Education, 10, 353-406.
https://doi.org/10.4236/ce.2019.102028
https://www.scirp.org/pdf/CE_2019022016190620.pdf
L'article révisé et amplifié a été republié sur invitation avec un nouveau titre sous forme d'un
chapitre dans le livre intitulé "New Horizons in Education and Social Studies Vol. 6", qui fait
partie d'une collection qui présélectionne des articles jugés dignes d'attention dans l'offre
globale, pour les mettre à la disposition de la communauté.
Michaud, A. (2020) Advancement on the Mechanics of Conceptual Thinking. In: Dr. Sachin
Kumar Jain & Dr. Alina Georgeta Mag, Editors. New Horizons in Education and Social
Studies Vol. 6. West Bengal, India: Book Publisher International. 2020.
https://doi.org/10.9734/bpi/nhess/v6
https://bp.bookpi.org/index.php/bpi/catalog/book/338
(PROMOTIONAL VIDEO)
La traduction en français de l'article republié en 2020 est disponible ici.
Le texte de cet article a maintenant été intégré en version finale au Chapitre 2 de la
monographie
"Neurolinguistique générale"
Autres articles dans le même projet :
INDEX Neurolinguistique générale Pensée conceptuelle
Voici la traduction en français de l'article original de 2019 :
La mécanique de la pensée conceptuelle
2 André Michaud
1. Introduction
Les connaissances accumulées à propos de l'implication des structures internes du système limbique dans le
processus du langage articulé, d'où émerge la pensée conceptuelle, sont maintenant suffisamment avancées pour
qu'une mécanique claire du fonctionnement de la pensée conceptuelle soit formulée. De manière inattendue, il
semble confirmé que les réflexes de défense associés aux réactions de peur induite par des sensations de danger,
qui sont gérées par le système limbique, dont l'amygdale et l'hippocampe font partie, sont impliqués dans la
mécanique de la pensée conceptuelle.
C'est en effet dans le système limbique, que Paul Chauchard identifie comme étant le siège de la
"bioconscience" [1], que l'ensemble des signaux biologiques en provenance du reste du corps est intégré avant
d'être mis à disposition de la conscience active du sujet, à travers un filtre de sensations de bien-être ou
d'inconfort. Ce qui est perçu comme satisfaisant les besoins organiques est interprété comme étant plaisant, et ce
qui est perçu comme étant dangereux est interprété comme étant déplaisant.
"Il y a donc là un aspect particulièrement développé de la bioconscience qui va acquérir toute son
importance du fait que l'écorce cérébrale en tire une information capitale pour la vraie conscience et
des moyens d'implantation de celle-ci dans la réalité existentielle et organique. Si nous ne sommes
pas pour nous-mêmes un objet observable avec une froide raison, mais une vraie réalité vivante et
sentante, nous le devons avant tout à cette intégration hypothalamique." ([1], p. 63).
Il s'avère que l'utilisation du langage articulé active ces sous-structures du système limbique d'une manière
qui initie et entretient chez l'être humain une conscience éveillé attentive pendant les périodes de veille, en
attirant l'attention de l'individu de manière constante vers les séquences des souvenirs non-verbaux qu'il a
associés à ces stimuli verbaux.
Après avoir été activées, ces séquences de souvenirs peuvent alors être mises en corrélation en de nouvelles
configurations qui activent à leur tour d'autres séquences de souvenirs en un processus continue qui peut
demeurer non guidé comme lorsque nous rêvassons, ou qui peut être volontairement orienté à la recherche de
souvenirs spécifiques que le sujet souhaite mettre en corrélation d'une manière nouvelle avec l'ensemble des
souvenirs activés.
Au niveau général, la machinerie biologique qui supporte la pensée conceptuelle a été identifiée comme
impliquant principalement trois structures cérébrales qui ont été étudiées extensivement, soit l'amygdale, les
zones verbales du néocortex et l'hippocampe. Il a été observé que ces trois structures s'activent dans un ordre
très précis lorsqu'un stimulus verbal engendre le moindre sentiment d'inconfort dans l'amygdale, ce qui fait en
sorte que l'individu prêtera activement attention à ce que le stimulus verbal lui rappelle.
Le rôle central joué dans la pensée conceptuelle par les stimuli verbaux est à capacité de l'être humain
d'utiliser un langage articulé, ce qui nous permet de nommer absolument tout les aspects de tous les objets,
processus ou événements non-verbaux que nos sens nous permettent de percevoir, de tous les concepts abstraits
non-verbaux que nous concevons, de même que de toutes les émotions et sensations non-verbales originant du
système limbique.
L'utilisation de ces noms pour penser à l'ensemble de ces souvenirs non-verbaux conduit à son tour à
percevoir des similarités et des différences dans ces ensembles, conduisant à des généralisations d'où émerge un
ensemble des concepts abstraits non-verbaux généralisés qui nous permettent d'organiser et structurer nos
souvenirs non-verbaux de manière à comprendre notre environnement à un niveau infiniment supérieur à celui
qui peut être atteint par les espèces animales ne possédant pas notre capacité d'utiliser un langage articulé.
Au niveau fonctionnel, la pensée conceptuelle implique l'organisation et la manipulation d'empreintes
synaptiques localisées dans les zones verbales, généralement nommés "engrammes", chaque engramme
correspondant à un réseau de synapses interconnectés correspondant à un mot, lui-même relié par des
connections synaptiques aux informations non-verbales emmagasinées dans d'autres zones du néocortex sous
forme d'autres réseaux empreintes synaptiques, chacune de ces empreintes synaptiques non-verbale
correspondant à ce dont le sujet se souviens d'un objet, processus, événement, émotion ou concept abstrait non-
verbal spécifique, ou à leurs caractéristiques.
Pour simplifier la description, le mot "objet" sera souvent utilisé dans son sens large dans cet article en lieu
et place de séquence "tout objet, caractéristique, processus, mouvement, événement, émotion, concept abstrait
ou toute image concrète ou abstraite de quelle que nature que ce soit, etc.", c'est-à-dire, tout élément
d'information qui peut être identifié séparément de tous les autres.
La mécanique de la pensée conceptuelle
3 André Michaud
De manière générale, l'information non-verbale à laquelle chaque mot réfère en contexte de toute idée en
cours d'être exprimée est emmagasinée dans l'hémisphère non-verbal du cerveau pour les empreintes résultant
des perceptions des sens et dans les zones non-verbales de l'hémisphère verbal pour les empreintes
correspondant au concepts abstraits non-verbaux générés par le processus de généralisation qui s'établit en
conséquence de l'usage du langage articulé.
Les "images" non-verbales des objets, processus et événements dont l'individu prend conscience en
provenance de l'environnement parviennent jusqu'à sa conscience active à travers le filtre des émotions qu'elles
provoquent lors de leur transit à travers le système limbique après avoir été synthétisées en représentations
cohérentes par des réseaux multicouches de neurones spécialisés, à partir du flot continu des innombrables
signaux perçus par les nerfs sensitifs.
"C'est de cet ensemble seulement que nous avons conscience ; nous ne connaissons pas le détail
de tous les messages qui parviennent, mais seulement leur interprétation d'ensemble qui seule
importe ; le travail cérébral primaire d'interprétation est inconscient." ([2], p. 59)."
Dans son essai intitulé "Versuch einer psychologischen Interpretation der Symptomatologie der Hysterie.
L'Encéphale 28, No. 4, 285-293, 1933" ([3], 250), Ivan Pavlov identifia comme étant le "premier système de
signalisation", l'ensemble des images non-verbales provenant de l'environnement et du système limbique; soit
un système de signalisation de même nature que celui moins performant des espèces possédant des systèmes
nerveux moins complexes, et identifiait comme étant un "second système de signalisation", les structures
cérébrales créées par l'excitation kinesthésique induite par l'usage des organes de la parole, résultant en
l'établissement d'un langage articulé, qui porte à l'attention du sujet les signaux du premier système. Il concluait
finalement que ce second système de signalisation est "la toute dernière et particulièrement délicate réalisation
du processus de l'évolution." [3] [4] [5].
"C'est Pavlov qui a montré que le langage était une conséquence de la complexité cérébrale
humaine et qu'il objectifiait la supériorité et la spécificité du cerveau humain par rapport au cerveau
animal. Le langage lui est apparu comme une variété spéciale de réflexes conditionnés, un second
système de signalisation. Le premier système est celui des gnosies et praxies de la pensée directe par
images. A chaque image va se substituer par éducation sa dénomination verbale. Puisqu'il nomme
tout, l'homme, au lieu d'associer des images, va pouvoir associer directement les noms
correspondants, système plus apte au déploiement des possibilités d'abstraction du cerveau humain"
([5], p. 122)."
Sa conclusion était donc que la capacité de l'être humain d'acquérir le langage articulé est la conséquence
d'une activité neurale spécifique aux êtres humains, impliquant des processus qui permettent de simultanément
abstraire et généraliser les innombrables signaux du premier système d'une manière qui leur confère la capacité
d'analyser et synthétiser ce nouveau type de signaux, que sont les mots du langage articulé, en un ensemble de
concepts abstraits non-verbaux généralisés qui forment une représentation interne de notre environnement, et
qui constitue un nouveau principe permettant une orientation sans limite dans cet environnement, et qui est le
fondement des réalisations ultimes de l'humanité, c'est-à-dire, la science dans toutes ses formes empiriques aussi
bien que dans ses formes spécialisées [3] [4].
Voici une citation de son texte original de 1936, pour validation de conformité, résumant ses conclusions au
sujet de l'apparition chez l'homme du langage en tant que deuxième système de signalisation, suivie de sa
traduction :
"Damit wird ein neues Prinzip in die Nerventätigkeit eingeführt, die Abstraktion und gleichzeitig
damit die Verallgemeinerung der unzähligen Signale des vorhergehenden Systems. Parallel dazu
erfolgt ebenfalls das Analysieren und Synthetisieren dieser neuen verallgemeinerten Signale. Dieses
Prinzip erlaubt eine grenzenlose Orientierung in der Umwelt und begründet die höchste Anpassung
des Menschen, die Wissenschaft, sowohl in Form des allgemeinmenschlichen Empirismus als auch in
ihrer spezialisierten Form. Dieses zweite Signalsystem und sein Organ müssen als die allerletzte
Errungenschaft des Evolutionsprozesses besonders anfällig sein." ([3], p. 265)
"Un nouveau principe de l'activité nerveuse apparaît ainsi qui abstrait et généralise
simultanément les innombrables signaux du premier système. Parallèlement, ces signaux
nouvellement généralisés deviennent alors disponibles pour analyse et synthèse subséquente. Ce
principe permet une orientation sans limite dans l'environnement et est le fondement de la plus
grande réalisation de l'humanité, la science, autant dans ses formes empiriques générales que dans
ses formes spécialisées. Ce deuxième système de signalisation et son organe constituerait donc la
toute dernière et particulièrement délicate réalisation du processus de l'évolution."
La mécanique de la pensée conceptuelle
4 André Michaud
L'ensemble des interconnexions synaptiques que le langage articulé établit entre les divers aspects de nos
souvenirs non-verbaux constitue une structure hiérarchique associative par inclusion qui nous procure un accès
facile et immédiat à tout sous-ensemble du modèle subjectif de la réalité que chacun de nous élabore à partir de
l'enfance. L'évocation de chaque mot renforce momentanément les interconnections synaptiques associant à ce
mot les divers aspects des souvenirs qui furent connectés à ce stimulus verbal par le passé, en contexte de l'idée
en cours d'être exprimée.
En plus d'organiser et structurer les observations non-verbales en provenance des sens, et les émotion et
sensations provenant du système limbique, en cette structure interconnectée dont tous les aspects sont faciles à
"visiter", pour ainsi dire; les noms permettent leur généralisation, ce qui conduit à l'établissement d'un ensemble
supplémentaire de concepts symboliques abstraits non-verbaux issus de l'utilisation du langage, qui est aussi
faciles à utiliser que les mots du langage lui-même pour penser aux événements, quantités, formes et volumes
des objets perçus dans l'environnement et des processus divers dans lesquels ils sont impliqués, ce qui procure
aux êtres humains la capacité de s'orienter spatialement et temporellement dans leur environnement.
Au fil de l'histoire, un sous-ensemble spécial de ces concepts abstraits issus de l'usage du langage émergea
au fil des échanges d'idées entre humains, soit l'ensemble des concepts géométriques idéalisés sultant de la
perception des formes, ainsi que les concepts mathématiques abstraits résultant des mesures des quantités et des
processus, pour devenir un langage non-verbal commun stable et universellement intelligible qui permet de
discuter et d'échanger des informations utiles au sujet des objets et processus observés dans l'environnement.
Cet ensemble spécial de concepts géométriques et mathématique idéalisés, que de nombreux individus
apprennent à maîtriser au point de devenir capable de les utiliser directement pour penser conceptuellement non-
verbalement à propos des processus qui sont soupçonnés exister objectivement dans notre environnement, sera
discuté dans la dernière section de cet article. Mais nous nous en tiendrons pour le moment au premier niveau de
ces concepts abstraits qui émergent directement de l'usage du langage articulé, d'où émerge l'ensemble des
concepts géométriques et mathématiques idéalisés modernes.
Il a été observé que le premier niveau de concepts géométriques et mathématiques symboliques fait
naturellement son apparition aussi tôt qu'à l'âge de 6 mois chez les enfants, en relation avec le développement du
"sens des nombres", qui est considéré comme le fondement sur lequel toutes les habiletés mathématiques se
développent ultérieurement [6]. Ces premiers concepts mathématiques abstraits sont relatifs à la prise de
conscience de la pluralité d'objets semblables, d'où l'origine de l'expression "sens des nombres" pour nommer
cette habileté naissante.
Les habiletés supplémentaires de deuxième niveau nécessaires à la manipulation de ces nombres et concepts
géométriques, soit les habiletés d'addition, de soustraction, de multiplication et division sont typiquement
acquises durant le cours élémentaire; durant le cours secondaire pour les habiletés de troisième et autres niveaux
plus élevés tels l'algèbre de base, la géométrie, et l'analyse mathématique; et à l'ensemble complet de tous les
niveaux actuellement développés des divers concepts mathématiques de haut niveau pour ceux qui y prennent
intérêt.
Des tests exploratoires concluants par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (fMRI) confirment
maintenant que les zones du néocortex dans lesquelles ces empreintes synaptiques mathématiques non-verbales
sont emmagasinées se situant hors des zones dédiées au traitement des empreintes verbales et ne les
chevauchent pas [6].
De plus, il fut observé pendant ces expériences concluantes effectuées par Marie Amalric et Stanislas
Dehaene en 2016, que quoique les zones verbales des non-mathématiciens demeurent pleinement actives
pendant tout type de cogitation de haut niveau, les zones verbales de mathématiciens de haut niveau deviennent
moins actives au bénéfice des zones mathématiques même pendant les activités de cogitation non-
mathématiques, tel la reconnaissance faciale [6], ce qui signifie que les engrammes symboliques mathématiques
non-verbaux qui se développent dans ces zones sont directement utilisés comme moyen de cogitation
supplémentaires pour ceux qui les acquièrent.
La Figure 2 de la référence [6] identifie les zones non-verbales des deux misphères du néocortex qui
s'activent chez les volontaires maîtrisant les mathématiques de haut niveau. Pour cette raison, et pour une
deuxième raison de niveau ontologique qui sera mise en lumière plus loin, le langage mathématique non-verbal
qui se développe dans ces zones séparées du néocortex sera nommé dans cette étude "le troisième système de
signalisation". Chauchard était déjà bien conscient que la forme de pensée mathématique est une forme séparée
de signalisation :
La mécanique de la pensée conceptuelle
5 André Michaud
"Les relations grammaticales, c'est-à-dire la manière dont nous associons les mots du langage
sont une modalité fonctionnelle du cerveau humain ; à ce point de vue le progrès des langues est
constitué par une meilleure utilisation des capacités du cerveau, le symbolisme mathématique n'étant
lui-même qu'une variété du langage, donc de signalisation cérébrale." ([5], p. 123)
Une observation majeure faite durant les expériences Amalric-Dehaene fut que tous les domaines
mathématiques de haut niveau qui furent testés activent le même réseau de zones non-verbales du cerveau qui
était déjà connues pour s'activer en relation avec l'émergence du sens des nombres.
Une hypothèse actuellement populaire est à l'effet que l'apparition du sens des nombres est antérieur à
l'acquisition du langage articulé parce qu'il est observé de manière concluante comme apparaissant chez les
enfants aussi jeunes que 6 mois d'âge, c'est-à-dire, longtemps avant que l'enfant puisse parler, ce qui conduisit à
la présente recherche de fondements ontologiques encore inconnus liés à l'évolution qui pourraient logiquement
expliquer l'émergence du sens des nombres chez les enfants [7].
À cette hypothèse cependant s'oppose une autre à laquelle adhère Noam Chomsky, selon laquelle
l'émergence du sens des nombres serait plutôt une conséquence des premières acquisitions au niveau de la
compréhension du langage articulé utilisé par les adultes qui s'occupent de l'enfant [8], ce qui établirait
l'acquisition du langage articulé comme étant le fondement ontologique de l'acquisition subséquente des
habiletés mathématiques non-verbales, et par extension, de tous les autres types de représentations symboliques
non-verbales ne provenant pas directement des perceptions sensorielles ou limbiques.
Les arguments formulés en faveur d'un fondement préverbal ne clarifient cependant pas à quel moment
durant l'enfance l'acquisition du langage articulé est sensée commencer à s'établir. Il est bien compris à ce sujet
que même si les enfants commencent à parler en moyenne entre 18 et 24 mois d'âge, ils comprennent beaucoup
plus tôt le sens d'un grand nombre de mots et phrases.
Le fait est que les enfants aussi jeunes que 1 an d'âge pointent déjà de manière très déterminée un doigt vers
des objets dont il veulent de toute évidence connaître le nom, tel que confirmé par des études concluantes
effectuées à l'Institut Max Planck, qui sont très révélatrices à cet égard, et qui révèle de plus que cette aptitude à
demander gestuellement le nom d'un objet ne peut être que le résultat d'un processus vers l'acquisition du
langage articulé qui a commencé plus tôt encore.
À quel point plus tôt ? Des recherches récentes effectuées par Erika Bergelson et Daniel Swingley [9]
confirment que les enfants aussi jeunes que 6 mois d'âge comprennent déjà le sens de nombreux mots parlés, ce
qui, fait intéressant, conduit à observer que le sens des nombres observé chez les enfants de cet âge pourraient
en fait ne pas être préverbal, et qu'il demeure tout à fait possible qu'il puisse émerger d'un fondement verbal.
"La plupart des enfants ne disent pas leurs premiers mots avant approximativement leur premier
anniversaire de naissance. Néanmoins, les enfants connaissent certains aspects des structures
sonores de leur langue entre 6 et 12 mois : ils apprennent à percevoir les consonnes et voyelles
comme étant des catégories séparées, ils reconnaissent la forme des mots fréquemment entendus, et
utilisent ces formes de mots emmagasinés pour tirer des généralisations au sujet des configurations
de sons de leur langue, utilisant leurs capacité cognitives pour identifier de nouvelles
configurations." [9].
En effet, considérant qu'à partir du moment l'enfant comprend que plusieurs objets dans son
environnement sont désignés par un seul mot, "chaise" par exemple, il semblerait même étonnant que l'idée de la
multiplicité d'objets visuellement identiques portant le même nom n'éveille pas chez lui l'idée d'une pluralité
d'objets semblables en apparence, tous identifiés avec un mot unique; ce qui expliquerait tout naturellement que
dès l'âge 6 mois, suite à cette première généralisation verbale, l'enfant développe le sens des nombres, tel
qu'observé lorsque l'étude Starr-Libertus-Brannon [7] est mise en corrélation avec l'étude Bergelson-Swingley
[9].
En réalité, il semblerait même en relation avec cet inévitable premier cas possible de généralisation, et de sa
conséquence inévitable, que l'apparition de la capacité de généralisation et du sens des nombres soit un seul et
même événement, qui n'auraient pas possiblement pu ontologiquement se produire avant l'établissement du
mode de pensée verbal. La corrélation entre l'émergence du sens des nombres et l'apparition de la capacité de
généralisation sera analysée un peu plus loin.
La mécanique de la pensée conceptuelle
6 André Michaud
2. Survol du processus de la pensée conceptuelle
Avant de procéder à l'analyse de la capacité fondamentale de généralisation, examinons en premier lieu les
interactions qui ont été observées entre les zones verbales du néocortex et le système limbique.
Nous analyserons en premier lieu de quelle manière un type particulier de stimulus verbal, originant soit
d'une cogitation interne ou entendu ou lu d'une source externe, peut sur-activer le niveau d'attention jusqu'au
niveau de conscience active par rapport à d'autres stimuli verbaux, coïncidant avec le déclenchement d'une
séquence d'activation amygdale-néocortex-hippocampe maintenant bien identifiée, qui fait en sorte que
l'individu prête une attention plus active aux souvenirs que ce stimulus verbal particulier élicite. Ce niveau
d'attention momentanément plus élevé porté à l'ensemble des éléments activés permet alors au sujet d'identifier
l'aspect spécifique de l'ensemble qui a déclenché ce niveau d'attention plus élevé.
Si cette identification résulte en une refocalisation de sa compréhension de l'ensemble d'une manière qui lui
plaît mieux, au point qu'il soit satisfait de la nouvelle configuration, il est constaté que cette acceptation fera en
sorte que l'hippocampe renforcera automatiquement l'ensemble des liens synaptiques associant les engrammes
considérés dans cette nouvelle configuration.
Cependant, si aucune refocalisation satisfaisante ne se produit à court terme, le sujet peut perdre intérêt si un
autre stimulus verbal fait en sorte que l'amygdale renforce un ensemble différent d'engrammes jusqu'au niveau
de la conscience active, ce qui aura pour effet que l'ensemble non résolu sera inhibé hors du champ de la
conscience active, jusqu'à ce que quelque autre stimulus verbal le réactive.
Étant donné l'implication permanente du système limbique pendant le processus de pensée conceptuelle,
absolument tous les aspects de la cogitation des êtres humains sont considérés de facto à travers le filtre
subjectif des réactions émotionnelles suscités dans le système limbique pendant que l'information était
initialement en cours d'enregistrement, aussi bien qu'à travers le filtre présumément différent des réactions
émotionnelles de l'individu au moment où cette information est remémorée attentivement et reconsidérée, ce qui
signifie que toute reconsidération objective devrait idéalement tenir compte de l'existence de ces deux filtres
émotionnels subjectifs séparés.
Cette réponse émotive est due au fait que le système limbique, dont l'amygdale et l'hippocampe font partie,
est génétiquement conçu pour s'occuper en priorité du déclenchement de réactions instinctives immédiates de
protection lorsque les sujets ont l'impression de percevoir un danger quelconque, réel ou imaginé, dans
l'information provenant des sens.
Il est bien établi que chez les mammifères, le système limbique est le siège des émotions. Il a été démontré
de façon concluante dans la première moitié du 20e siècle par stimulation électrique de l'hippocampe de
mammifères tels le chat, que des réactions défensives de peur, de rage, d'attaque et de fuite étaient provoquées,
qui "excitaient l'animal jusqu'aux plus hauts niveaux de vigilance, et le préparait pour les niveaux les plus
extrêmes d'action physique qui pourraient être nécessaires pour assurer sa survie" ([10], p. 607).
Puisque le niveau de danger ressenti par le sujet détermine l'intensité de la réponse de l'amygdale, en cas
d'impression de danger extrême, ce niveau d'intensité déclenchera le choix immédiat par l'hippocampe de la
réaction qui semblera instinctivement la plus apte à sauver la vie du sujet à ce moment précis, soit la fuite ou le
combat, c'est-à-dire une configuration invariante de réactions comportementales instinctives si bien identifiée et
documentée qu'elle a été formellement nommée la réponse combat-fuite.
Si nous définissions maintenant la sensation de "peur" comme étant une sensation de "malaise extrême" qui
élève le niveau d'attention du sujet au niveau maximum à propos d'une menace mortelle perçue dans son
environnement, il devient possible d'associer la gamme variant progressivement des niveaux d'intensité de la
réponse de l'amygdale aux stimuli avec la gamme variant progressivement des niveaux de malaise située entre
ce niveau extrême et le niveau de malaise le plus faible qui déclenchera une réponse de l'amygdale.
Des test exhaustifs impliquant l'interprétation des électroencéphalogrammes (EEG) ont révélé que ce qui
engendre un malaise susceptible de déclencher une réponse de l'amygdale, est tout type de stimulus inattendu ou
nouveau, qui provoque une variation de potentiel électrique corticale associée à un événement, (en anglais, pour
référence, a cortical event-related electrical potential variation), nommée ERP par abréviation de sa définition
anglaise, résultant d'une séquence d'activité limbique différente de celle produite par des stimuli familiers ou
prévisibles ([11], p. 50).
Il a été observé que la polarité de la forme d'onde ERP pendant les premières 500 millisecondes après un
stimulus inattendu ou nouveau s'inverse du négatif au positif toujours selon la même séquence prévisible
La mécanique de la pensée conceptuelle
7 André Michaud
d'inversion, passant de 200 ms négatif à 300 ms positif (souvent identifiée comme étant une séquence N2/P3). Il
fut aussi observé que la forme d'onde pendant les deux séquences N2 et P3 varie en fonction de la signification
affective et de l'intensité du stimulus, et peut même se produire lors qu'un stimulus attendu ne se produit pas. Tel
que cité par Jordan Peterson ([11], p. 51), le neurophysiologiste Eric Halgren déclare que :
"On peut résumer les conditions cognitives qui évoquent le N2/P3 comme étant la représentation
de stimuli que sont nouveaux ou qui sont des signaux de tâches comportementales, et qui doivent par
conséquent être pris en compte et traités" ([12], p. 205).
L'évidence est maintenant prépondérante que l'amygdale et l'hippocampe sont à l'origine de la forme d'onde
N2/P3. La plus intéressante découverte cependant, en contexte du présent article, concerne les stimuli verbaux
dont l'origine est connue pour être le néocortex, et pour lesquels le système limbique génère plutôt une forme
d'onde N2/N4/P3. Il a été observé de manière concluante qu'une séquence ERP négative de 400 ms (N4)
s'intercale entre les séquences P2 et P3 chaque fois que des volontaires participants étaient exposés à des
symboles verbaux abstraits tels que des mots écrits, parlés ou communiqués par le langage des signes, et que le
signal N4 augmente en magnitude en fonction de la difficulté d'intégration de leur signification dans le contexte
dans lequel ils sont formulés.
Cela signifie que contrairement à un stimulus sensoriel provenant de l'environnement, qui déclenche un
signal N2 qui élève et concentre l'attention du sujet vers une recherche de plus d'information sensorielle dont
l'origine est son environnement extérieur, ce qui ne nécessite aucune interaction avec le néocortex et est
naturellement suivi d'un signal P3 correspondant à une réaction étant exécutée; un stimulus verbal provenant du
néocortex déclenche un signal N2 qui élève et concentre l'attention du sujet vers une recherche de plus
d'information verbale en provenance du "l'environnement intérieur" de ses pensées dont l'origine est le
néocortex, induira naturellement une séquence N4 correspondant à cette recherche, avant la séquence P3 qui
correspond à une réaction étant exécutée.
De plus, le signal N4 a été identifié comme ayant son origine dans le lobe temporal gauche [13], sont
localisées les zones verbales du néocortex (Figure 1), et impliquent aussi à un niveau de moindre intensité les
zones miroir des lobes temporaux de l'hémisphère droit sont localisées les empreintes synaptiques non-
verbales des images sensorielles, et les zones périphériques aux zones verbales sont emmagasinées les
empreintes non-verbales des concepts abstraits, et auxquels les mots peuvent aussi référer.
Figure 1 : Les zones verbales du néocortex.
La Figure 1, localise de manière générale les zones verbales de l'hémisphère gauche (le droit chez environ
5% des humains) sont emmagasinées les empreintes synaptiques correspondant aux mots reconnus. Les
engrammes correspondant aux mouvements qui doivent être exécutés par les organes phonateurs pour prononcer
chaque mot sont localisés dans la zone de Broca, localisée immédiatement à l'arrière du lobe préfrontal gauche
(Figure 1A). Le centre des praxies de l'écriture est localisé un peu plus haut (Figure 1B), dans la zone 4 de
Brodmann. Finalement, la zone où l'ensemble des empreintes synaptiques verbales sont interconnectées avec les
deux zones 1A et 1B et l'entièreté des empreintes synaptiques non-verbales en provenance des sens et autres
empreintes non-verbales symboliques que les mots identifient et généralisent est la zone de Wernicke (Figure
1C, 1D, 1E), correspondant aux zones 39 et 40 de Brodmann, ainsi que des parties des zones 21, 22 et 37.
Chauchard séparait la zone de Wernicke en trois sous-divisions [5]: 1- Le centre sensoriel du langage
(Figure 1C), soit la zone 40 de Brodmann, 2- le centre de la lecture (Figure 1D), soit la zone 39 de Brodmann,
et 3- Le centre de l'audition des mots (Figure 1E), soit des parties des zones 21, 22 et 37 de Brodmann. Les
zones verbales sont aussi décrites sommairement à la référence [14].
La mécanique de la pensée conceptuelle
8 André Michaud
Il semble maintenant clairement établi que le signal N4 est enregistré lorsqu'un traitement sémantique est
spécifiquement requis en relation avec le contexte dans lequel les mots sont utilisés. Cela signifie qu'une
séquence N2/N4/N3 correspond à un effort fait par le sujet pour comprendre plus clairement le sens des mots
qui ont provoqué cette réponse N2/N4/N3; ce qui confirme qu'une séquence de signaux physiologiques
impliquant en séquence l'amygdale, les zones verbales du néocortex et finalement l'hippocampe, est requise
lorsqu'un aspect quelconque de la pensée verbale exprimée par cette phrase est ressentie comme étant en conflit
avec l'ensemble des autres pensées déjà intégrées sur ce sujet, que cette phrase ait été entendue ou lue en
provenance d'une source externe, ou ait simplement été formulée de manière interne par le sujet lui-même en
réfléchissant à ce sujet.
3. L'amygdale
Tel que déjà mentionné, l'une des fonctions premières de l'amygdale a été identifiée comme étant la
génération et l'ajustement du niveau d'intensité de la sensation de peur, qui, lorsqu'elle atteint un niveau
correspondant à une impression de danger mortel, qu'il soit réel ou imaginé, déclenchera la réaction combat-
fuite instinctive programmée génétiquement, destinée à sauver la vie du sujet. En résumé, ce type de
comportement instinctif est associé à l'activation d'une séquence N2/P3 chez les humains. En plus de générer de
telles sensations associées aux perceptions sensorielles, il a aussi été découvert que l'amygdale génère divers
niveaux de sensations de malaise en relation avec des stimuli verbaux, associés cette fois à l'activation de
séquences N2/N4/P3.
C'est ce qui établit la sensation de peur comme étant une sensation de malaise extrême, qui établit ce niveau
d'intensité comme le plus extrême d'une échelle d'intensités à l'autre extrémité de laquelle les niveaux d'intensité
de malaises résultant de stimuli verbaux varieraient de aucun malaise lorsque le sens des stimuli verbaux est
familier ou sans intérêt pour l'individu, jusqu'à tout niveau de malaise que des stimuli verbaux déclenchent,
chacun desquels initiant ainsi une séquence N2/N4/P3.
Il est bien établi qu'une sensation de peur intense, c'est-à-dire de malaise extrême, déclenche instantanément
une émission d'adrénaline dans le système sanguin qui accroît à son plus haut niveau d'intensité l'état de
conscience active et toutes les perceptions sensorielles de l'individu, souvent accompagné d'un état de rage
lorsque l'option de combat est instinctivement choisie, ou un état de dépression lorsque la fuite est la réaction
choisie. Étant instinctive, cette réponse combat-fuite se produit avant que l'individu puisse décider
consciemment laquelle des deux options est la plus appropriée, un choix qu'il peut évidemment changer après
avoir eu un peu de temps pour apprécier la situation.
Il est intéressant incidemment d'observer à ce point-ci que le maintien d'états d'hypervigilance post
traumatiques de soldats revenant du combat, ou de personnes qui ont vécu ou été témoins de situations mettant
la vie en danger, en fait tous les cas d'hypervigilance, semblent reliés à une condition physiologique encore mal
comprise qui empêche la relaxation de ces états physiologiques déclenchés par l'amygdale, même après qu'il soit
conceptuellement compris par le sujet que la mise en danger à l'origine d'un tel état ne menace plus.
Mais contrairement au niveau de malaise extrême associé à la perception de danger imminent menaçant la
vie, les niveaux d'intensité plus faibles de malaise induits par les stimuli verbaux ne déclenchent pas de telles
réactions non contrôlées, mais attirent plutôt simplement l'attention du sujet sur la signification des mots qui ont
induit cette sensation de malaise, induisant un sentiment de curiosité qui augment le niveau d'intérêt plutôt que
le niveau de peur.
Il semble que physiologiquement, l'amygdale active alors un processus d'excitation dans les zones verbales
du réseau d'empreintes synaptiques associés à la séquence de mots utilisée, résultant en une inhibition relative
des connections synaptiques vers toutes les autres empreintes synaptiques verbales ([2], p. 82), qui polarise et
oriente toute l'activité neuronale vers une activation des souvenirs associés à la séquence de mots utilisée.
Contrairement au sommeil, qui peut être considéré comme une vague d'inhibition qui submerge l'ensemble
du néocortex, l'attention, c'est-à-dire la conscience active, peut être vue comme un rétrécissement du champ de
conscience du sujet à l'arborescence d'empreintes synaptiques associées à la séquence de mots qui a déclenché la
sensation de malaise, en renforçant les liens synaptiques seulement entre les empreintes appartenant à
l'arborescence, ce qui inhibe par répercussion les connexions entre cette arborescence et les autres empreintes
dans l'ensemble du néocortex [2].
Des recherches concluantes ont aussi montré que quoique l'amygdale est fortement interconnectée avec la
plupart des structures du cerveau, elle est le plus fortement interconnectée avec le cortex préfrontal et les
structures temporales associées à la reconnaissance verbale, ce qui supporte la conclusion que la phase
La mécanique de la pensée conceptuelle
9 André Michaud
d'excitation N2 déclenchée par l'amygdale utilise ce réseau densément interconnecté pour relier l'arborescence
activée à la couche d'entrée du cortex préfrontal, qui est identifié comme étant impliqué dans le processus
décisionnel [15], sous forme d'un ensemble unique de données à être simultanément traitées, en conformité avec
la phase initiale de traitement simultané d'ensembles de données par les réseaux de neurones multicouches
découverte par Donald Hebb [16].
En conclusion, il peut être considéré que l'amygdale est le "système d'alarme" du corps humain, qui se
déclenche chaque fois qu'une situation inattendue est signalée via des stimuli sensoriels provenant de
l'environnement, ou via des stimuli verbaux initiés par cogitation interne ou provenant de sources extérieures
telles que des informations formulées verbalement en train d'être lues ou entendues, ou même ressenties comme
tout texte en Braille en cours d'être lu tactilement.
4. Le mécanisme de l'attention
Tel que mentionné, le mécanisme de l'attention est le processus physiologique déclenché par l'amygdale qui
augmente le niveau de conscience active d'une personne à propos de toute perception sensorielle inattendue ou
tout stimulus verbal dont la signification est inattendue, ce qui suscite un sentiment de malaise généré par le
système limbique, causant ainsi l'activation de l'amygdale. Ce niveau de conscience active accru fait en sorte
que le sujet se concentre pour identifier la cause de ce malaise en vue de le résoudre, par comparaison avec le
niveau plus faible de conscience active qui caractérise la circulation un peu au hasard et moins intense de notre
pensée parmi nos souvenirs comme lorsque nous rêvassons.
Il a été observé que le mécanisme de l'attention agit similairement au processus de perception visuelle.
Comme la vision, qui procure une vision claire dans une zone restreinte du champ de vision, et dont la précision
diminue progressivement à mesure que la distance augmente autour cette zone, le mécanisme de l'attention
induit un niveau de conscience augmenté mais restreint à l'arborescence qui a été activée, pendant que le niveau
de conscience des autres souvenirs s'atténue progressivement vers une demi-conscience et aboutit finalement
une perte de conscience active de tout autre sujet.
"Le processus de l'attention est un processus d'orientation unifié de la conduite; il implique une
canalisation des phénomènes d'activité statique ou dynamique dans une certaine direction et un arrêt
de l'activité dans toute autre direction possible, un inhibition de toutes les formes de comportement
qui ne s'accordent pas avec l'orientation dominante (H. Piéron). Inversement les autres neurones, les
autres types d'aiguillage seront inhibés, soit qu'ils demeurent simplement au repos par rapport à
l'excitation nouvelle, soit qu'ils soient mis en état d'inhibition voulue." ([2], p. 82).
Selon Chauchard et ses collègues [2], au niveau physiologique, l'attention est le processus par lequel nous
devenons intensément intéressé aux divers aspects d'une action, objet, concept ou événement, verbal ou non-
verbal, qui de manière inattendue nous rend inconfortable lorsque nous y pensons.
"Tandis que le sommeil pouvait être considéré comme une vague d'inhibition submergeant
l'écorce cérébrale, l'attention, donc la conscience, est une vague d'excitation." ([2], p. 83).
Bref, le sommeil peut être défini comme vague d'inhibition conduisant à une perte de conscience active de
l'ensemble de nos souvenirs accompagné d'une perte de conscience active de nos perceptions sensorielles; l'éveil
comme étant dû à une vague d'excitation de l'ensemble du néocortex conduisant un état de conscience active de
l'ensemble de nos souvenirs et de nos perceptions sensorielles, et l'attention, comme une vague de surexcitation
localisée conduisant à un état de conscience active augmentée d'une partie de nos souvenirs, accompagnée d'une
perte de conscience active des autres souvenirs, et souvent aussi d'une perte momentanée de conscience partielle
ou complète de nos perceptions sensorielles, équivalent à concentrer la totalité de notre conscience active à un
seul sujet à l'exclusion de toute autre considération.
5. Les zones verbales du néocortex
Suite à la suractivation de l'arborescence d'empreintes synaptiques conduisant aux souvenirs associés aux
mots qui ont provoqué le stimulus verbal, la question se pose quant au type de traitement qui se produira
fonctionnellement et physiologiquement dans le néocortex pendant la phase N4 de la séquence amygdale-
néocortex-hippocampe, avant que l'hippocampe entre en action. La résolution du malaise qui a déclenché le
stimulus verbal implique par définition un processus d'apprentissage dont le résultat sera généralement un
changement dans la compréhension de la phrase telle que formulée, qui peut prendre la forme d'une nouvelle
conclusion, une compréhension plus claire d'une situation, le raffinement d'un geste, etc.
La mécanique de la pensée conceptuelle
10 André Michaud
Étrangement, la corrélation qui peut être faite entre la découverte par Donald Hebb dans les années 1940
[16] que le néocortex est un réseau de neurones à 6 couches, et la découverte préalable par Pavlov dans les
années 1930 que le langage articulé supporte la pensée conceptuelle [17], semble avoir suscité peu d'intérêt dans
le domaine scientifique même de Pavlov, soit le milieux de la neurophysiologie. Les découvertes de Hebb ont
plutôt servi de fondement à d'intenses recherches dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA), culminant
récemment avec la définition de la technique avancée d'apprentissage profond [18], particulièrement efficace
dans le développement en croissance exponentielle de toutes sorte d'application IA de plus en plus performantes.
Ses découvertes au sujet du néocortex sont de nouveau mentionnées dans une série d'articles récents [10]
[19] [20], dont le présent article est la quatrième et dernière composante, en rapport avec le développement de la
capacité de compréhension chez l'être humain, explorée par Chauchard et ses collègues dans les années 1940 et
50 [1] [2] [5] [21] [22] [23] [24]. Cette série d'articles est destinée à attirer de nouveau l'attention sur le rôle
fondamental de ces propriétés du néocortex dans l'apparition et le développement de la pensée conceptuelle que
seul l'homo sapiens possède.
Les quatre propriétés de corrélation inhérents par structure à tous les réseaux de neurones multicouches, soit
les critères structurellement intégrés de discrimination appliqués automatiquement de simultanéité, la
successivité, la similarité et la dissemblance ([25], p. 23), sont appliqués par structure à tout ensemble
d'éléments fourni à la couche d'entrée du réseau pendant que leurs signaux sont comparés durant leur passage
dans l'épaisseur des 4 couches intercalaires du néocortex, conduisant aux cohérences qui sont rendues
disponibles à la 6e couche, soit la couche de sortie; cohérences établies par le processus automatique de
corrélation, et qui sont les seules informations dont nous pouvons devenir activement conscients en provenance
de nos perceptions sensorielles [19].
Par ailleurs, quatre activités spécifiques ont été identifiées comme soutenant le processus d'apprentissage,
qui est le processus d'acquisition de connaissances sur l'environnement, soit l'association, la classification, la
discrimination et l'estimation ou évaluation. Les trois première, soit l'association, la classification, la
discrimination, sont guidées par le processus de généralisation qui émerge de l'usage de langages articulés. Sans
surprise, ces trois activités sont effectuées en fonction des mêmes quatre critères de corrélation qui sont
inhérents au fonctionnement du néocortex, soit la simultanéité, la successivité, la similarité et la dissemblance.
La quatrième activité, soit l'estimation ou évaluation, sera analysée plus loin, mais examinons en premier lieu
les quatre critères de corrélation.
Le critère de simultanéité établit la relation spatiale entre un élément et d'autres éléments mis en corrélation.
Ce critère, en plus de causer intuitivement chez l'enfant l'apparition du sens de l'espace par l'observation que des
objets différents (dissemblance) dans son environnement sont simultanément présents (similarité) à des endroits
différents (dissemblance). C'est ce critère qui cause l'apparition du sens des nombres déjà mentionné, lorsque
l'enfant commence à comprendre que différents objets (dissemblance) situés à différent endroits (dissemblance)
dans leur environnement portent le même nom (similarité), ce qui implique nécessairement par structure
l'utilisation de stimuli verbaux.
"A chaque image va se substituer par éducation sa dénomination verbale. Puisqu'il nomme tout,
l'homme, au lieu d'associer des images, va pouvoir associer directement les noms correspondants,
système plus apte au déploiement des possibilités d'abstraction du cerveau humain." ([5], p. 122).
Puisque aussi jeune que vers l'âge de 6 mois, l'enfant commence déjà à penser avec les noms que les adultes
autour de lui donnent aux objets qu'il observe dans son environnement [9], il devient naturel pour lui de déjà
concevoir et stabiliser le concept mathématique abstrait non-verbal de premier niveau de multiplicité d'objets
différent (dissemblance) auxquels il pense maintenant avec un mot unique (similarité), d'où l'apparition du sens
des nombres.
Tel que déjà mentionné, à partir du moment l'enfant comprend que le seul mot "chaise", par exemple,
désigne plusieurs objets différents dans son environnement, les critères de similarité et de dissemblance qu'il
peut appliquer à chacune de leurs caractéristiques individuelles (couleur, forme, etc.), lui permettront de les
identifier individuellement, mais le critère de similarité appliqué répétitivement au nom unique qui lui vient à
l'esprit chaque fois qu'il observe ces objets après avoir associé ce nom unique à chacun de ces objets, ne peut
que répétitivement renforcer sa compréhension que plus d'un objet correspond à ce critère d'identification
unique.
Le critère de successivité établit la relation temporelle entre un élément et d'autres éléments mis en
corrélation. Tout comme le critère de simultanéité provoque intuitivement l'émergence du sens de l'espace chez
les enfants sans aucun besoin de stimuli verbaux, le critère de successivité cause intuitivement l'émergence du
La mécanique de la pensée conceptuelle
11 André Michaud
sens du temps sans aucun besoin de stimuli verbaux non plus [26]. L'observation que des objets peuvent être
présents de manière seulement intermittente, ou cycliques, cause l'émergence intuitive du sens du temps.
En effet, il a été observé que peu de temps après la naissance, les enfants peuvent percevoir la durée d'un
intervalle de temps entre deux occurrences d'un événement qui se répète régulièrement [27]. Bien plus, une
étude publiée en 2010 par Elizabeth Brannon et al. confirme qu'à partir de l'âge de 6 mois, ce développement
intuitif du sens du temps apparu plus tôt se met à se développer au même rythme que le sens des nombres qui
apparaît seulement à partir de cet âge [28]. Cela signifie que la prise de conscience du concept abstrait de
l'existence de processus, qui par définition même implique un changement d'état dans l'environnement, et qui est
donc directement lié au sens du temps, est aussi liée aux stimuli verbaux.
De leur té, les critères de similarité et dissemblance sont le fondement même de la capacité de
généralisation procurée par la maîtrise du langage, comme démontré sommairement en analysant de quelle
manière les critères de simultanéité et successivité sont utilisés pendant le processus automatique de corrélation
utilisé par les activités d'association, de classification et de discrimination du néocortex.
En fait, ils sont les conditions binaires opposées (1,0) qui permettent de définir comment les deux premiers
critères de simultanéité et successivité s'appliquent aux diverses caractéristiques des objets et processus dans
notre environnement. Ils permettent de clairement discriminer entre les caractéristiques statiques versus les
caractéristiques dynamiques de ces objets et de ces processus, qui peuvent maintenant être plus clairement
décrites et comprises à l'aide du langage non-verbal géométrique/mathématique qui a maintenant été développé
à partir de leur descriptions verbales. Voir section "Le mode de pensée mathématique" pour plus ample analyse.
Les critères métaphoriquement "perpendiculaires" de simultanéité et successivité peuvent aussi être vus
comme des opposés binaires (1,0), lesquels, lorsque mis en corrélation avec les deux autres critères opposés de
similarité et dissimilitude (1,0), pourraient même être vus comme un code à quatre états qui pourrait
possiblement constituer la méthode même de codage utilisée par le néocortex pour encoder les empreintes
synaptiques de chaque élément emmagasiné en mémoire, qu'il soit verbal ou non-verbal, d'une manière
rappelant le code génétique; possiblement en fait, une transposition arborescente de la méthode séquentielle de
codage du code génétique pour emmagasiner de l'information.
Ces quatre critères de sélection sont apparemment tout ce qui est requis pour qu'un humain puisse traiter
toutes ses perceptions sensorielles en les convertissant en son modèle subjectif spatio-temporel personnel de la
réalité physique objective à laquelle il doit s'adapter pour survivre.
À partir du moment un enfant commence à maîtriser sa langue maternelle (plus d'une langue pour
beaucoup d'enfants), tout malaise à propos de la signification d'un stimulus verbal déclenchera une envie
émotionnelle de bas niveau de résoudre le conflit qu'il perçoit entre un nouveau mot, ou un mot déjà connu, et
l'information à propos de tout objet, événement, suite d'événements, concept abstrait ou émotion qu'il avait
préalablement intégré et harmonisé, ce qui enrichie progressivement sa compréhension subjective de la réalité
physique vers un niveau minimalement suffisent pour interagir avec succès.
6. L'hippocampe
Examinons maintenant la quatrième activité nécessaire à la conclusion du processus d'apprentissage, soit
l'activité d'évaluation ([25], p. 23), qui entre en jeu seulement après que les cohérences résultantes ont été
établies dans le cortex préfrontal. À partir du moment où une ou plusieurs "solutions" possibles à l'inconfort qui
a fait déclencher une séquence N2/N4/P2 par l'amygdale, l'hippocampe prend automatiquement le relais pour
choisir laquelle parmi les "solutions" résultantes est la plus émotionnellement satisfaisante.
Quoique la mécanique de sélection de l'hippocampe soit complètement automatique par défaut seulement en
fonction de la réponse émotionnelle générée par chacune des cohérences résultantes fournies par le cortex
préfrontal; puisque le sujet est en train de prêter une attention active au processus, il peut donc consciemment
évaluer l'ensemble des cohérences résultantes et peut bien sûr forcer une préférence logique de choix final,
même contre la sélection automatique "émotivement intuitive" proposée par son hippocampe.
Le sujet peut même rejeter toutes les cohérences obtenues en première instance et forcer une réévaluation
complète en augmentant ou réduisant volontairement l'ensemble des éléments à considérer, ce qui est
précisément ce que le processus de "cogitation" implique, pour finalement laisser opérer le choix
"émotionnellement intuitif" de l'hippocampe seulement lorsque le sujet est conceptuellement satisfait par la
nouvelle cohérence, qu'il préfère maintenant même émotionnellement.
La mécanique de la pensée conceptuelle
12 André Michaud
En plus de choisir automatiquement l'action la plus émotionnellement satisfaisante parmi le choix offert par
la zone préfrontale, à moins que ce choix ne soit contré volontairement par le sujet, une autre fonction majeure
de l'hippocampe a clairement été identifiée et confirmée, en contexte, suite au cas historique d'un patient auquel
la litrature scientifique réfère avec les initiales H.M.; dont les deux hippocampes droit et gauche ont été
excisés en une tentative pour contrôler son épilepsie.
Il a été observé ensuite que H.M. était devenu incapable d'accumuler le moindre nouveau souvenir, ni à long
terme ni à court terme ([20], p.153). Même s'il se comportait normalement en tous respects et pouvait soutenir
de longues et intelligentes conversations avec des étrangers, après que cette personne ait quitté la pièce pour
seulement quelques minutes, H.M. était devenu incapable de se souvenir d'avoir eu cette conversation ou même
d'avoir rencontré la personne avec laquelle il avait discuté.
Cela confirme que pendant la phase P3 d'activité de l'hippocampe, en plus de choisir et d'activer l'action la
plus satisfaisante émotionnellement, il renforce aussi et stabilise de manière permanente dans le néocortex le
réseau synaptique complet qui correspond à ce choix, en fonction de l'intensité de l'émotion qu'il suscite, et qui
peut ou non impliquer une action physique du sujet, que ce soit en cas de réactions de défense face à un danger
ou en cas de conversation avec une autre personne, dans les deux cas de mémorisation à court ou long terme de
l'action concernée.
Cela signifie que l'hippocampe est l'instance décisionnelle en ce qui concerne l'action à prendre parmi les
choix proposés suite à l'état d'alerte déclenché par l'amygdale, signalant soit une action à être effectuée en regard
de perceptions sensorielles, ou qu'un choix doit être fait en regard de la signification d'un stimulus verbal.
En cas de danger physique extrême signalé par l'amygdale, présumément en provenance de perceptions
sensorielles, les réactions instinctives programmées génétiquement de combat ou fuite sont les seules options
offertes comme choix possibles par l'hippocampe en vue de sauver la vie du sujet, hors du contrôle volontaire
immédiat du sujet. Tous les niveaux d'alerte moins intenses de l'amygdale cependant laissent de toute évidence
du temps pour que le sujet puisse évaluer les situations.
Ce choix sera alors habituellement en plein accord avec la préférence émotionnelle du sujet, guidée par les
signaux émotionnels originant de son système limbique, quant à laquelle parmi les solutions offertes est
ressentie comme étant émotionnellement la plus plaisante, la plus satisfaisante, etc. ou alternativement, la
moins déplaisante, la moins douloureuse, etc.; mais puisque le sujet peut évaluer les situations en fonction
d'autres informations préalablement mémorisées, il peut aussi volontairement passer outre ce choix émotionnel
par défaut de l'hippocampe, en introduisant un paramètre qui fera en sorte qu'une option différente devient
logiquement, c'est-à-dire non-émotionnellement, la plus plaisante, la plus satisfaisante, etc. ou alternativement,
la moins déplaisante, la moins douloureuse, etc., dans ce cas précis.
Il est même possible qu'aucune action ne résulte d'une alerte de l'amygdale moins intense qu'un signal de
danger physique maximal, à une perte momentanée d'intérêt envers un stimulus particulier causé par une
nouvelle alerte signalée par l'amygdale à propos d'une situation différente.
7. L'origine et la fonction des émotions
Deux séquences d'actions d'importance primordiales sont génétiquement programmées dans les sous-réseaux
neuraux du système limbique humain, qui est une évolution de structures cérébrales plus primitives présentes
chez les mammifères et vertébrés d'où notre espèce est génétiquement issue; la première contrôlant le
comportement combat-fuite instinctif destiné à la favoriser la survie de l'individu, et l'autre contrôlant le
comportements reproductif instinctif destiné à favoriser la survie de l'espèce entière.
Lorsqu'un danger imminent est perçu, une intense sensation de peur est induite par le système limbique, qui
déclenche des réactions instinctives immédiates de protection chez les individus, allant de l'immobilité totale, à
la fuite, à de violentes réactions de combat, selon le comportement qui semble instinctivement le plus
immédiatement susceptible d'assurer la survie.
Des impressions de danger de toutes natures ne menaçant pas immédiatement la vie induiront toute une
gamme de sensations de peur moins intenses, qui sont associées à divers degrés de mécontentement ou
inconfort, qui détermineront le comportement des individus d'une manière moins immédiate et instinctive. Par
exemple, la haine, la colère, l'angoisse, l'irritation, l'embarras, le désespoir, la frustration, la panique, la
rancœur, etc.; bref, toute émotion négative qui semble pouvoir être associée à une sensation par le sujet que son
bien-être ou sa survie sont en jeux, que la cause soit réelle ou imaginaire.
La mécanique de la pensée conceptuelle
13 André Michaud
Réelle ou imaginaire fait référence au fait qu'étant donné que toutes les perceptions sensorielles passent par
le filtre du système limbique avant que le sujet puisse en prendre conscience, certaines perceptions peuvent être
interprétées à tort comme étant menaçantes à un état émotionnel momentané induit par des perceptions
préalables sans rapport avec le stimulus en cours d'évaluation, ce qui peut induire des réactions de défense
inappropriées.
D'autre part, le comportement reproductif instinctif des individus, génétiquement programmé pour assurer la
survie de l'espèce, peut être associé à divers degrés de plaisir qui détermineront le comportement des individus
en vue d'assurer la survie de l'espèce. Par exemple, des émotions telles l'acceptation, l'affection, le désir,
l'empathie, la joie, l'amour, etc.; bref, toute émotion positive qui semble pouvoir être associée au processus de
sélection, d'attraction, de conservation et de protection d'un(e) partenaire de sexe opposé en vue d'engendrer une
descendance, peut être associée à divers degrés de plaisir, qui déterminent le comportement des individus.
L'origine de la si "mystérieuse" émotion de l'amour, par exemple, réciproque ou non, peut facilement être
retracée jusqu'au besoin instinctif de "protéger de tout danger" le/la partenaire et les enfants issus de l'union;
étendant ainsi la portée du comportement instinctif combat-fuite protecteur égocentré de la vie de l'individu
jusqu'à inclure les membres du cercle familial immédiat, comportement qui peut éventuellement s'étendre à des
groupes largement plus nombreux [29].
Par opposition, l'origine des sentiments de haine peut aussi être retracée via une corrélation similaire
jusqu'au besoin irrépressible, engendré par la peur, de les protéger de tout ce qui peut sembler, rationnellement
ou non, menacer leurs vies ou leur bien-être comme les siens propres.
Bref, les plus hauts niveaux d'intensité de ces émotions en apparence opposées d'amour et de haine, qui
émergent de ces réflexes génétiquement programmés pour assurer la survie des individus et de l'espèce,
pourraient être vus comme les deux limites du spectre entier de tous les niveaux d'intensité des émotions
antagonistes qui pourraient être suscitées par des impressions de danger, réels ou imaginaires, à la survie ou au
bien-être de l'individu, étendu au milieu familial le cas échéant, d'une part, et par le succès à assurer la survie de
l'individu et du cercle familial et de satisfaire le besoin de se reproduire, assurant ainsi la survie de l'espèce,
d'autre part.
En fait, étant donné la complexité extrême de l'éventail entier des émotions que les humains peuvent
ressentir en relations avec leurs perceptions sensorielles, n'importe laquelle de ces émotions peut finir par être
appliquée à toutes sortes de situations ou objets qui peuvent n'être liés d'aucune manière à la survie de l'individu
ou de sa famille, malgré qu'elles aient été initialement établies par la Nature comme comportements instinctifs
pour assurer cette survie, et ainsi colorer de manière inattendue l'ensemble des perceptions de chaque individu.
Étant donné que l'hippocampe est génétiquement programmé pour choisir par défaut soit l'action la plus
satisfaisante émotionnellement, ou à défaut de cette possibilité, l'action la moins déplaisante, même un choix
d'action logique volontairement choisie par l'individu en contradiction avec un possible choix par défaut de
première sélection, devient par le fait même le plus satisfaisant émotionnellement pour l'hippocampe à ce
moment, car il devient le choix qui satisfait consciemment le plus l'individu.
C'est d'ailleurs cette absence chez les réseaux de neurones artificiels d'un tel mécanisme incontournable de
sélection de l'option soit la plus satisfaisante, ou alternativement, la moins déplaisante, qui caractérise les
réseaux de neurones des êtres vivants, qui explique pourquoi les réseaux de neurones artificiels sont incapables
de tirer des conclusions qu'ils n'ont pas été entraînés à tirer, malgré le développement des techniques de pointes
d'apprentissage profond pour les perfectionner [18].
Dans le domaine du comportement reproductif instinctif aussi, les perceptions peuvent s'avérer réfléter la
réalité ou non, c'est-à-dire être réelles ou imaginées, et impliquent des situations plus complexes que le
comportement combat-fuite instinctif conçu pour protéger la vie de l'individu, car le comportement reproductif
instinctif implique par définition les comportements émotionnels coordonnés de deux individus, et le
comportement d'un partenaire potentiel peut facilement être interprété à tort comme étant accueillant ou non.
8. La fonction du langage articulé
Jusqu'à présent, nous avons spécifiquement analysé le processus par lequel une séquence d'activation neurale
N2/N4/P3 amygdale-néocortex-hippocampe permet de tirer et sauver en mémoire une conclusion à la fois, c'est-
à-dire, une conclusion chaque fois qu'un malaise à propos d'un stimulus verbal active l'amygdale.
Cela pourrait facilement donner l'impression que chaque conclusion que nous tirons serait emmagasinée
dans la mémoire comme un item séparé, puisqu'il peut être clairement établi que l'entière collection des praxies
La mécanique de la pensée conceptuelle
14 André Michaud
et autre empreintes synaptiques, ou engrammes, associées à chaque mot, tisse un réseau synaptique clairement
séparé pour chacun d'entre eux, un réseau qui s'étend "horizontalement" pour ainsi dire, à l'intérieur du mince
néocortex, entre les diverses zones verbales et non-verbales de l'hémisphère verbal, interconnectant ces mots
avec les "images" non-verbales correspondants aux perceptions des sens localisées principalement dans la zone
Wernicke miroir de l'autre hémisphère cérébral.
Bien sûr, chaque mot appris, et chaque conclusion verbale tirée, définit aussi au niveau fonctionnel un sous-
réseau très précis d'interconnexions synaptiques qui correllent tous les éléments qui conduisent à ce mot ou
conclusion verbale, et qui peuvent être collectivement portés à l'attention du sujet lorsqu'il pense à ce mot ou
conclusion verbale [30]. Chaque mot, corrélation ou conclusion verbale qu'un sujet utilise pour penser est donc
fonctionnellement aussi synaptiquement connecté "verticalement", pour ainsi dire, avec le sous-ensemble
complet des éléments verbaux et non-verbaux qui furent corrélés par le passé pour établir sa signification.
C'est d'ailleurs cette structure synaptique biologique particulière "métaphoriquement verticale", associative
par inclusion, qui associe toute conclusion tirée aux sous-ensembles des éléments qui la supporte et qui permet
de si facilement confirmer la validité de cette conclusion, en permettant de retracer facilement tous les
arguments à l'appui, chacun desquels étant aussi connecté avec ses propres sous-ensembles d'éléments qui le
supporte pour vérifier sa validité, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la validité de la structure entière puisse être
établie. Tout élément trouvé invalide dans la sous-structure étendue de toute conclusion met bien sûr en ril
cette conclusion ainsi que toute autre conclusion à l'appui de laquelle cette conclusion serait un élément.
En réalité, la collection entière de nos conclusions est associée de cette manière en une incroyable structure
hiérarchique, une sorte de pyramide virtuelle métaphorique, à l'intérieur de laquelle elles sont associées
uniquement par inclusion; un structure invisible qui constitue en fait notre modèle neurolinguistique subjectif de
la réalité, qui prend forme à l'intérieur du néocortex de chaque personne à partir de sa naissance, selon la
manière avec laquelle elle associe et raffine constamment ses descriptions verbales de son environnement.
Une telle structure est apparemment la seule manière selon laquelle l'information peut être associée
verbalement dans un réseau de neurones multicouche, soit une conclusion qui a aussi été tirée par Jeff Hawkins
et Sandra Blakeslee dans un ouvrage publié en 2004 [31]. Le nombre de niveaux que peut contenir une telle
structure d'indexation verbale d'information est illimité à toutes fins pratiques, dû au fait que les neurones du
néocortex peuvent établir en sortie un nombre illimité de connexions axonales rétrogrades vers les entrées
dendritiques de neurones des couches précédentes dans la structure à 6 couches.
En état de veille, notre conscience active semble circuler constamment dans ce réseau parmi les engrammes
interconnectées, parmi lesquels la circulation est rendue facile par le renforcement fréquent des sentiers
synapses qui les associent [16], chaque engramme correspondant à un mot relié à l'arborescence des empreintes-
synaptiques non-verbales (sous-engrammes) dont la cohérence fut précédemment associée à ce mot; sautant à
volonté d'un engramme à un autre via les sentiers synaptiques procurés par toute caractéristique qui se trouve à
être commune à plus d'un engramme [19].
Lorsque notre attention est attirée vers une idée quand l'amygdale s'active suite à un malaise généré par son
stimulus verbal, typiquement une phrase, l'ensemble complet des arborescences individuelles de chacun des
mots impliqués sera simultanément activé.
" Les autres types d'aiguillages sont alors inhibés, soit qu'ils demeurent simplement au repos par
rapport à l'excitation nouvelle, soit qu'ils soient mis en état d'inhibition voulue." ([2], p. 82).
“Ce qui est l’aspect neurologique de la pensée, ce sont les structurations variables qui
s’établissent dans le réseau par le jeu des états d’excitation et d’inhibition. Ce sont des ensembles
neuroniques qui sont soumis à des vagues d’excitation ou d’inhibition, soit des points du réseau, soit
des ensembles interconnectés dans toute l’écorce.” ([5], p. 63).
Il s'ensuit que lorsqu'un aspect non résolu d'une idée attire suffisamment notre attention pour induire un
questionnement à son sujet, chaque question active des arborescences supplémentaires prometteuse et/ou
désactive des arborescences conflictuelles d'éléments spécifiques de l'ensemble, résultant en une nouvelle
configuration qui procure idéalement au sujet une meilleure compréhension de l'aspect vague qui avait attiré son
attention si, bien sûr, des réponses cohérentes ont été identifiées par le questionnement [19] [30].
Il semble que chaque question non résolue déclenchera la construction d'un nouveau processus de corrélation
séparé constituant l'amorce d'une nouvelle arborescence à compléter ; ce qui est démontré par le fait que ces
questions non résolues continuent à ré-attirer notre attention par la suite, chaque fois que l'un des éléments déjà
inclus dans cette arborescence partielle est activé même indirectement lors de cogitations ou conversations à
propos d'autres sujets.
La mécanique de la pensée conceptuelle
15 André Michaud
La facilité de changement d'orientation du fil de la pensée cohérente est une caractéristique inhérente à la
structure hiérarchique associative par inclusion que l'utilisation du langage articulé établit entre les divers
aspects des séquences d'événements emmagasinées dans notre mémoire suite à nos perceptions sensorielles, et
aussi avec les concepts abstraits que nos conclusions définissent pour les généraliser. C'est cette versatilité qui
explique l'incommensurable puissance de la capacité de compréhension humaine.
La richesse de cette structure, en conjonction avec la rigueur de l'approche logique employée, détermine le
degré de facilité avec lequel chaque personne sera à même de prendre conscience des cohérences que les
réseaux neuraux du néocortex détectent et correllent automatiquement et indépendamment de notre volonté dans
tout ensemble d'éléments que l'identification claire du cadre de référence permet de circonscrire, aussi étendu
qu'il puisse être.
Un processus de corrélation consiste donc en une cascade d'associations qui graduellement "portera à
l'attention" du sujet un ensemble d'éléments pertinents (bien sûr, seulement ceux dont la personne a pu prendre
conscience et considère valides), et lorsqu'une cohérence "satisfaisante" aura été perçue par le sujet, ce qui se
manifeste par une activation de la phase P3 de la séquence de traitement, l'ensemble des interconnexions
synaptiques qui associe ces éléments constituera naturellement une nouvelle arborescence, c'est-à-dire, une
nouvelle sous-structure hiérarchique, dans laquelle chacun des liens synaptiques conduisant à l'un des éléments
de l'ensemble sera inclus et renforcé de manière définitive suite à la sur-activation par l'hippocampe de cette
cohérence "satisfaisante", pour devenir un engramme séparé nouvellement intégré.
Par la suite, l'aspect non résolu de l'idée qui avait déclenché le questionnement, au lieu d'activer la question,
activera directement l'arborescence nouvellement stabilisée et renforcée des éléments de la cohérence qui
constitue maintenant la réponse à cette question.
9. Perception subjective de la réalité physique
La question qui vient maintenant à l'esprit est comment définir ce qui existe réellement dans notre
environnement, que nous identifions comme étant la "réalité physique", ou la "réalité objective", dont nous
détectons individuellement les signaux au moyen de nos perceptions sensorielles individuelles séparées, et que
chacune de nos "consciences attentives" nous font collectivement conclure comme étant des objets existant
physiquement, distribués dans l'espace et impliqués dans des processus progressant au fil du temps.
Étant donné l'évidence physiologique que toute information qui rejoint nos cerveaux en provenance de notre
environnement ne peut le faire que par l'excitation qu'elle induit dans chacune de nos terminaisons nerveuses
individuelles, absolument tout ce que nos consciences individuelles peuvent observer ne peut être que
l'ensemble de tous les souvenirs emmagasinés sous forme d'empreintes synaptiques dans chacun de nos
néocortex séparés, souvenirs que nous avons individuellement synthétisé à partir de cette information perçue
individuellement.
Cette information est détectée en continu par des groupes de terminaisons nerveuses génétiquement câblés à
la couche d'entrée de parties spécifiques du cerveau. Après avoir été automatiquement corrélées et synthétisées
sous forme de sensations d'odeurs, de sons, de goûts et de touchés par des réseaux neuraux multicouches dédiés,
ces sensations sont filtrées par le système limbique avant d'être corrélés avec nos perceptions visuelles
simultanées, et rendues disponibles à notre conscience active pour être observées et en fonction desquelles elle
réagit.
Le cas de notre vision est unique et différent de nos autres sens en ce que la couche de neurones d'entrée du
cortex visuel est située directement dans les rétines des yeux et est directement excitée par la lumière qui pénètre
dans nos yeux, sans passer par le filtre limbique.
Le traitement plutôt élaboré auquel est soumis chacune des innombrables millions d'impulsions nerveuses
sous-microscopiques individuelles pendant son voyage pour éventuellement faire partie de "l'image
macroscopique" que notre conscience active perçoit dans notre environnement révèle qu'en dépit de notre
profonde conviction que nous observons notre environnement "en direct", pour ainsi dire, c'est loin d'être le cas.
Au mieux, notre conscience active observe des souvenirs fraîchement emmagasinés d'événements et objets tels
qu'ils étaient quelques millisecondes dans le passé, soit le temps nécessaire pour que les images résultant de nos
perceptions soient emmagasinées dans notre néocortex pour que notre conscience active puis en avoir
connaissance.
Par exemple, observons qu'en ce moment même, chaque mot de la phrase que le lecteur de ces lignes est en
train de lire s'enregistre un à un dans son néocortex à mesure qu'il progresse dans sa lecture, activant au passage
La mécanique de la pensée conceptuelle
16 André Michaud
les arborescences qu'il associe à chaque mot, et la phrase complète est déjà "un souvenir du passé" lorsqu'il
atteint le dernier mot, et qu'il cogite déjà sur sa signification.
Concernant cette phrase particulière, il peut être observé que ce ne sont pas les arborescences que l'auteur
avait à l'esprit qui viennent à l'esprit de chaque lecteur, mais celles que chaque lecteur avait construit lui-même
au fil du temps et qu'il a associé à ces mots. Elles peuvent être identiques lorsque des idées simples telles celle-
ci sont exprimées, mais lorsque des idées complexes sont échangées, la situation peut être entièrement
différente, tel que mis en perspective dans l'expérience de Amalric et Dehaene déjà mentionnée [6].
La conclusion est que les mots ne transportent pas les sens que leur auteur leur assigne, mais le sens que
celui qui les entend ou les lit leur assigne, ce qui peut conduire à d'importants malentendus lorsque des sujets
complexes sont abordés sans que le sens des mots soit spécifiquement clarifié [19], puisque l'étendue et
l'orientation de la base des connaissances spécialisées de chaque personne peut varier considérablement. C'est ce
qui rend subjectif le modèle de la réalité que chaque personne construit au fil du temps à partir de la somme de
ses propres perceptions, émotions et interprétations.
10. Perception objective de la réalité au niveau
personnel
Le possible biais émotionnel induit par le filtre limbique combiné au fait que nos perceptions sensorielles
pourraient ne pas nous avoir procuré toute l'information nécessaire pour une perception objective révèle qu'il n'y
a pas de garantie que chaque personne observant un même événement le percevra et l'interprétera de la même
manière et avec le même niveau de clarté. Clairement, plus on recueille d'information à propos d'une situation,
plus il devient probable qu'une compréhension claire sera obtenue. D'autre part, il est observé de manière
régulière qu'à moins que la possibilité d'une perception incorrecte ne soit spécifiquement portée à leur attention,
les témoins d'événements spécifiques tendent à être certains d'avoir correctement perçu ces événements.
Une propriété spécifique à la manière dont les souvenirs sont stockés sous forme de réseaux de liens
synaptiques renforcés dans le néocortex doit être mise en évidence à ce stade. On sait que la force des liens
synaptiques dans les réseaux de neurones vivants diminue naturellement avec le temps à moins d'être
régulièrement revisités, ce qui a pour conséquence que les souvenirs s'atténuent au fil du temps et deviennent de
moins en moins sujets à être réactivés, et à être éventuellement oubliés s'ils ne sont pas réactivés pendant de très
longues périodes.
Cette propriété complique davantage la question de la certitude concernant les souvenirs, étant donné la
mécanique automatique de corrélation par les réseaux de neurones multicouches découverte par Hebb [16]. En
raison de ce processus naturel, si certains aspects des souvenirs d'événements passés deviennent trop faiblement
connectés pour être facilement réactivés, le réseau tend automatiquement à rétablir une cohérence pour
reconnecter harmonieusement ce qui peut être facilement réactivé de ces souvenirs en construisant des
"segments de remplacement" au niveau subconscient pour harmoniser logiquement les segments dont le sujet se
souvient de la situation; soit un phénomène qui a été régulièrement observé dans les cours de justice au sujet de
versions changeantes au fil du temps de témoins qui ne peuvent pas être soupçonnés d'être de mauvaise foi [32].
Paradoxalement, c’est précisément ce qui nous donne la clé pour déterminer si une perception donnée est
conforme à la réalité objective. Prendre l'habitude de ne jamais être "totalement certain" de se souvenir
correctement, d'avoir correctement perçu ou correctement compris une situation ou un événement donné garde
une personne attentive à toute information supplémentaire qui pourrait l'amener à tirer une conclusion plus
précise de cette situation ou de cet événement, ou a rectifier un souvenir altéré, en vérifiant avec d’autres
personnes qui ont pu être témoins de la même situation ou événement. Une description détaillée de la manière
dont ce processus de remise en question peut être utilisé est donnée en références séparées [19] [33].
Des indices concluants suggèrent aussi fortement que plus une personne maîtrise sa langue maternelle, plus
son analyse de toute situation ou événement est susceptible d'être claire et détaillée [4] [19] [33]. De plus, il a
été clairement démontré que plus cette maîtrise est acquise tôt dans la vie, plus cet outil sera bénéfique pour le
reste de la vie d'une personne [5] [34].
Finalement, au niveau physiologique, une découverte majeure par Paul Flechsig en 1920 que la myélination
des zones verbales du cerveau humain est retardée génétiquement après la naissance jusqu'à l'âge d'environ 7
ans [35], pourrait expliquer pourquoi les enfants de familles multiethniques apprennent facilement plus d'une
langue maternelle pendant l'enfance à des niveaux de maîtrise similaires, et aussi pourquoi les enfants qui n'ont
La mécanique de la pensée conceptuelle
17 André Michaud
pas maîtrisé l'écriture de leur langue maternelle jusqu'à l'autonomie avant cet âge éprouvent un niveau de
difficulté accru pour compléter plus tard cet apprentissage ainsi que les autres apprentissages verbaux.
Ceci reste à confirmer bien sûr, mais il semble tout-à-fait possible que la construction des connexions
synaptiques dans ces zones soit rendue facile en n'étant pas entravée pendant les sept premières années de vie
par la présence physique des gaines de myéline autour des axones des neurones. Si éventuellement confirmé,
cela révélerait que toutes les habiletés verbales doivent être maîtrisées jusqu'au niveau de l'autonomie avant la
fin de cette période pour que les enfants bénéficient de leur plein potentiel verbal, ce qui semble corroboré par le
fait que tous les enfants qui bénéficient d'un tel apprentissage performent exceptionnellement bien à l'école, et
généralement aussi plus tard dans la vie [5] [34] [36] [37] .
11. Perception objective de la alité au niveau
collectif
Au niveau collectif, ce sont les conclusions coïncidentes tirées par plusieurs individus à propos de
l'environnement qui ont progressivement constitué la somme des connaissances collectives de l'humanité,
maintenant regroupées dans les divers domaines scientifiques.
Cette somme de conclusions était bien sûr plutôt limitée au début de l'humanité et s'est accrue
progressivement au fil du temps jusqu'à constitué l'ensemble de données et conclusions que nous utilisons
maintenant collectivement. Certaines de ces conclusions ont été prouvées hors de tout doute et sont reconnues
par tous alors que d'autres sont encore incertaines et pourraient même être objectivement complètement fausses
sans que nous ayons encore pu le déterminer de manière concluante. Chacun d'entre nous fini par tirer ses
propres conclusions subjectives à propos de chacune de ces conclusions qui circulent dans la collectivité. À
mesure que s'accumulent de nouvelles connaissances à propos de notre environnement, les conclusions
incertaines qui sont progressivement démontrées comme étant objectivement correctes sont collectivement
confirmées, et celles qui sont démontrées objectivement fausses finissent par être collectivement rejetées.
Puisque la totalité de ce que nous pouvons individuellement abstraire comme information de notre
environnement à partir de nos perceptions sensorielles ne peut être par structure constitué que d'information que
nous pouvons abstraire de souvenirs passés, que ces souvenirs sont établis à travers le filtre de nos états
émotionnels, qu'ils sont sujets à s'atténuer au fil du temps pour être parsemés de manière inattendue de segments
arbitraires de remplacement, cette somme d'information personnellement accumulée pourraient ne pas nous
avoir permis de percevoir toutes les caractéristiques objectivement importantes des objets et processus observés,
la question suivante vient à l'esprit.
Comment une connaissance objective peut-elle être assurée au niveau collectif à propos de notre
environnement, puisqu'il n'y a aucune garantie que chaque individu aura perçu toutes les caractéristiques
objectives importantes des objets et des processus existants et aura interprété tout événement de la même
manière et avec le même niveau de clarté ?
La réponse à cette question semble résider dans la cohérence que nous percevons dans le fait que nous
observons collectivement que tous les êtres humains observent simultanément la même collection d'objets et
processus dans leur environnement partout où ils sont aussi en situation de s'observer simultanément les uns les
autres de manière confirmable, de laquelle observation peut être conclu qu'il n'existe qu'une seule réalité
objective que nous avons seulement besoin d'apprendre à mieux connaître jusqu'à ce que toutes ses
caractéristiques objectives importantes aient été identifiées.
Cela signifie qu'il est possible de revérifier ad infinitum toutes les caractéristiques de tout objet ou processus
pour confirmer leur stabilité, jusqu'à ce que la prépondérance de la preuve confirme que toutes leurs
caractéristiques objectives importantes ont été prises en compte et comprises. La référence pour cette
vérification de stabilité est la répétabilité procurant toujours le même résultat autant dans l'espace que dans le
temps, quel que soit le nombre de vérifications et quel que soit le nombre d'individus qui effectuent
indépendamment la vérification.
Dans le domaine très spécialisé de la physique, par exemple, les équations électromagnétiques développées
par Coulomb, Gauss, Ampère, Faraday, Maxwell, Biot-Savart et Lorentz, constituent un ensemble d'équations
convergentes développées à partir de l'analyse répétitive de données obtenues de telles expériences vérifiables à
volonté et qui donnent toujours le même résultat. De plus, leur conformité avec la réalité objective est confirmée
hors de tout doute possible par le fait même que toute la technologie électrique et électronique moderne dont le
succès n'est plus à démontrer et dont nous bénéficions tous est fondée exclusivement sur ces équations. Elles
La mécanique de la pensée conceptuelle
18 André Michaud
constituent donc une telle référence objective invariante constamment vérifiable à laquelle nous pouvons nous
référer pour établir ce qu'il reste à comprendre à propos de la réalité physique objective.
Le fait que ces équations convergent harmonieusement dans leurs descriptions confirmées exactes de divers
aspects de l'énergie fondamentale est alors un indice convainquant que la convergence elle-même est un autre
guide fiable dans notre recherche collective de ce qu'il reste à comprendre à propos de la réalité objective. Cela
suggère que toute conclusion incertaine à propos de notre environnement qui impliquerait une contradiction
avec cet ensemble établi et confirmé pourrait être de facto invalide, et par opposition, que toute nouvelle
découverte ou conclusion non confirmée qui semble s'harmoniser avec cet ensemble promettrait d'être valide, et
serait susceptible d'être à l'origine d'encore plus d'applications bénéfiques. La convergence et la répétabilité
semble donc être des guides stables et invariants sur lesquels nous pouvons nous fier dans notre recherche pour
comprendre plus avant la réalité physique. Cet exemple est tiré du domaine de la physique, mais bien sûr, les
mêmes points de repères de répétabilité et convergence s'appliqueraient à tous les domaines de la science.
12. La capacité de généralisation
En réalité, nous sommes capables de penser directement avec les "images" non-verbales de premier niveau
induites par nos perceptions sensorielles, et aussi avec les "images abstraites" non-verbales idéalisées de
premier niveau que nous concevons pour penser de manière générale à ces perceptions de premier niveau
induites par nos perceptions sensorielles, comme l'idée idéalisé d'un "cercle" par exemple, que nous associons à
tous les corps auxquels nous pensons comme étant "ronds", ce qui constitue le premier système de signalisation
défini par Pavlov [3].
Mais nous pouvons aussi penser directement avec les "descriptions verbales" de premier niveau de ces
images non-verbales d'objets et processus perçus ou idéalisés, ou avec des généralisations verbales de deuxième
niveau et de niveaux supérieurs qui organisent et regroupent ces objets et processus individuels de diverses
manières en des ensembles à propos desquels nous pouvons cogiter ou discuter à volonté, ce qui constitue le
deuxième système de signalisation défini par Pavlov [3].
En conclusion, chaque être humain utilise naturellement ces deux systèmes de signalisation qui ont été
génétiquement mis à leur disposition, soit, le mode de pensée par "association d'images" et le mode de pensée
par "association de mots". Les deux systèmes sont si intimement interconnectés dans l'ensemble du néocortex,
que toute attention portée à l'un d'eux déclenche l'activation immédiate et simultanée de l'autre. Par exemple, il
n'est pas réellement possible pour nous de penser au mot "rond" sans que l'idée non-verbale de "rondeur" nous
vienne à l'esprit, et l'inverse est aussi vrai.
Dans la dernière section de cet article, intitulé "Le mode de pensée mathématique", sera discuté le troisième
système de signalisation, ainsi nommé parce qu'il est maintenant confirmé que les personnes qui bénéficient d'un
entraînement avancé en mathématique développent parallèlement la capacité de penser directement avec ce
mode de pensée symbolique non-verbal, qui permet de généraliser plus avant les processus observés par nos
perceptions sensorielles, en corrélation avec les dimensions, formes, et volumes idéalisés de toutes sortes qui ont
d'ors et déjà été généralisés et standardisés collectivement [6].
Une généralisation verbale est un mot ou expression verbale qui identifie un groupe d'objets partageant au
moins une caractéristique en commun. La capacité de généralisation procurée par le langage articulé peut se
manifester selon divers modes. Le mode le plus fréquent est la généralisation par contexte. Elle implique une
variation du nombre d'objets ou processus, qu'ils soient concrets ou abstraits, qui possèdent des caractéristiques
en commun, et qui sont implicitement inclus dans l'ensemble auquel un mot fait référence, tel que déterminé par
le contexte dans lequel le mot est utilisé. Ce type de généralisation implique donc par structure un seul ensemble
dont le nombre d'éléments peut varier de deux items jusqu'à un nombre indéterminé d'éléments.
Un deuxième mode est la généralisation par définition, ou par inclusion. Ce mode pourrait être défini
comme étant la définition de l'ensemble de toutes les caractéristiques communes à un ensemble restreint d'objets
ou processus concrets ou abstraits. En d'autres mots, il décrit le cadre de référence de cet ensemble limité
d'objets ou processus.
13. Généralisation par contexte
Tel que déjà mentionné, le langage articulé est le moyen par lequel nous nommons chaque objet et processus
que nous identifions dans notre environnement ainsi que dans les représentations abstraites que nous concevons,
ce qui les regroupe automatiquement dans des catégories généralisées selon leurs similarités ou différences.
La mécanique de la pensée conceptuelle
19 André Michaud
Prenons par exemple le mot "chaise" déjà mentionné, qui peut être défini comme tout type de meuble muni
d'un dossier et sur lequel on peut s'asseoir pour être confortable en mangeant, en travaillant à une table, en
assistant à un événement, etc. Cette définition est bien sûr très générale. C'est en fait une généralisation de l'idée
que le mot chaise exprime. L'étendue de ce qu'il décrit effectivement, soit sous forme écrite ou parlée, dépend
entièrement du contexte de la phrase associée. Il peut faire référence à toutes les chaises en existence, à une
marque connue de chaises, spécifiquement aux chaises de bois, et ainsi de suite.
La limite est atteinte lorsqu'un seul objet est désigné par un mot, qui cesse alors d'être une généralisation par
contexte pour devenir l'identifiant d'un objet unique, soit un identifiant de premier niveau, qui possède au moins
une caractéristique qu'il ne partage avec aucun autre objet, ne serait-ce que sa localisation physique dans
l'espace, et qui active jusqu'à la conscience active l'arborescence spécifique des caractéristiques non-verbales de
cette chaise unique, du moins celles qui sont activées en contexte. En effet, l'unicité dans le cas de deux objets
dans l'environnement identifiés par le même nom, même s'ils sont visuellement identiques au point de ne pas
pouvoir être distinguées l'un de l'autre, possèdent nécessairement la caractéristique différente d'être situées à
deux endroit différents.
Cette description est donnée bien mettre en évidence la puissance illimitée de la capacité de généralisation
du langage articulé, puisque la même propriété de généralisation s'applique à chaque mot de toute phrase qui
peut être formulée, et dont l'extension de généralisation dépend entièrement du contexte de la conversation, avec
extension finale clarifiée par la phrase elle-même, en gardant à l'esprit que le contexte considéré par le locuteur
pourrait facilement être différent de celui compris par l'auditeur, si le locuteur ne s'assure pas que ce contexte est
bien mis en évidence.
Il semble aussi que toutes les langues parlées permettent d'exprimer toute la gamme possible de sens qu'une
personne souhaite exprimer. Toutes les langues, en fait, permettent la construction "à la volée" de toutes sortes
de locutions pour exprimer les fines nuances de sens qu'aucun mots déjà défini de ce langage ne permet
d'exprimer directement.
L'habileté à comprendre et exprimer de fines nuances de sens à propos de tout sujet va bien sûr de pair avec
le niveau de maîtrise de la langue maternelle. Par conséquent, plus étendue sera la maîtrise de la langue
maternelle d'une personne, plus clairement cette personne sera susceptible de comprendre et de finement décrire
tout sujet considéré [5] [19].
Chaque langue parlée possède une structure unique qui permet une perception plus facile et plus claire de
certains aspects de la réalité, qui ne sont souvent pas aussi immédiatement évidents dans d'autres langues. Un
exemple frappant et extrême de cette situation est le cas bien connu de l'inuktitut, la langue dominante des
peuples arctiques de l'Amérique du Nord, dans laquelle il existe des centaines de mots pour décrire de manière
précise les divers états de l'eau, de la glace et de la neige.
Par conséquent, il semble logique de penser que chaque langue maîtrisée en plus de la langue maternelle
construira en parallèle à la structure déjà mise en place par la langue maternelle, une structure additionnelle
indépendante, mais intimement interconnectée avec la première, qui permettra d'examiner les perceptions
sensorielles et le modèle subjectif de la réalité d'un point de vue différent de celui procuré par la langue
maternelle, procurant ainsi au sujet une structure neurolinguistique considérablement enrichies et versatile qui
rendra sa pensée conceptuelle plus facile encore que s'il maîtrisait seulement sa langue maternelle. N'est-ce-pas
un fait avéré que les plus grands découvreurs du passé dans les sciences fondamentales étaient généralement
polyglottes ?
14. Les objets et leurs caractéristiques
Avant de procéder à la description du mode de généralisation par définition, ou inclusion, regardons de plus
prêt de quelle manière le langage décrit au niveau général les divers aspects des objets ou processus, qu'ils
soient concrets ou abstraits.
Nous observons que les objets représentés par nos perceptions non-verbales possèdent des caractéristiques
identifiables qui nous permettent de les décrire, qu'ils sont impliqués dans des processus progressifs de
changements d'états de croissance, de dégradation, de changement de couleur, etc., qu'ils sont animés de
mouvements intrinsèques de rotation, d'oscillation interne, etc., qu'ils sont animés de mouvements relatifs les
uns par rapport aux autres, tels que mouvements d'accélération relative, mouvements de résonance relative, etc.
Nous pouvons par conséquent diviser ces caractéristiques en deux catégories bien distinctes : les
caractéristiques statiques, qui décrivent l'état de ces objets à tout moment donné, et les caractéristiques
La mécanique de la pensée conceptuelle
20 André Michaud
dynamiques, qui sont en fait les processus qui décrivent le changement d'état de ces caractéristiques entre un
moment donné et le moment subséquent considéré. En d'autres mots, les caractéristiques statiques décrivent
l'état des objets dans l'espace à tout moment donné, alors que les caractéristiques dynamiques les décrivent tels
qu'ils évoluent au fil du temps.
Les caractéristiques statiques des objets sont leurs couleurs, textures, formes, dimensions, compositions
internes, etc., et leurs caractéristiques dynamiques font référence à toute modification de leurs caractéristiques
statiques, et à tout mouvement de quelque nature que ce soit dont ils peuvent être animés, soit intrinsèquement
ou relativement à d'autres objets.
15. Représentation verbale d'objets et processus
observés ou idéalisés
Examinons maintenant ces mots que nous utilisons et qui excitent jusqu'au niveau de conscience active
toutes ces arborescences d'images mentales qui leurs sont associées. Faisant abstraction des définitions
grammaticales linguistiques habituellement associées aux différents types de mots, examinons les
spécifiquement en relation avec leur fonction neurolinguistique.
Les seuls types de mots réellement nécessaires pour ajuster finement l'activation des arborescences d'images
mentales non-verbales en contexte de la volonté d'un locuteur sont les adjectifs, les noms, les verbes et les
adverbes ou leurs locutions verbales de remplacement en cas d'absence ou d'ignorance d'un mot spécifique dans
la langue articulée du locuteur. Tous les autres types de mots sont de simples mots de liaison imposés par les
syntaxes très variables des diverses langues articulées pour associer harmonieusement les quatre types de mots-
clés dans la formulation correcte d'une idée.
16. La fonction des adjectifs
Le mot "adjectif" est le nom donné aux caractéristiques statiques des objets ou processus, qui sont les
"qualités" que nous leurs associons, soit les couleurs, les formes... blanc, noir, rond, long, grand, petit, etc.
Dans le contexte neurolinguistique, les adjectifs sont, à toutes fins pratiques, les éléments les plus importants
de tous les langages articulés, car ils nomment directement les caractéristiques non-verbales des objets ou
processus. Ils constituent donc le niveau le plus bas de la structure verbale de description des images non-
verbales générées par nos perceptions sensorielles, ainsi que des concepts abstraits non-verbaux idéalisés que
nous élaborons en conséquence du processus de néralisation. En d'autres mots, ils constituent le premier
niveau de description abstraite de nos perceptions non-verbales et sont ainsi le "pont" entre le mode de pensée
par associations d'images et le mode de pensée par association de mots. Ils effectuent donc la jonction entre le
premier et le deuxième système de signalisation.
C'est aussi à partir des adjectifs qu'un grand nombre de noms, de verbes et adverbes sont dérivés, et pour
cause, puisque les noms existent pour les nommer alors que les verbes et les adverbes existent pour nous
permettre de penser et parler des états ou changements d'états des caractéristiques identifiées par les adjectifs.
Lorsque nous décrivons un objet ou processus, nous faisons métaphoriquement venir à l'esprit la liste de ses
caractéristiques, ce qui signifie que nous renforçons jusqu'au niveau de la conscience active l'arborescence
complète des caractéristiques non-verbales que nous en avons perçu, soit, la liste des caractéristiques qui nous
permettent de le distinguer de tous les autres objets ou processus.
Lorsque nous utilisons un groupe de mots au lieu d'un seul pour décrire une caractéristique d'un objet ou
processus, nous utilisons une "locution verbale". Cela inclus les locutions que l'usage à standardisé aussi bien
que celles que nous construisions sous l'impulsion du moment, lorsque nous pensons aux plus fines subtilités
des caractéristiques des objets ou processus que nous observons.
Ce dernier type d'étiquette verbale est particulièrement important, parce que nous n'avons pas toujours à
disposition le mot juste qui décrirait bien une caractéristique donnée d'un objet ou un processus à laquelle nous
n'avons jamais pensé auparavant, ou même pour décrire quelque chose que nous connaissons déjà, mais pour
laquelle le mot juste nous échappe momentanément.
Ces combinaisons de mots que nous assemblons sous l'impulsion du moment pour décrire des nuances de
sens que nous formulons pour la première fois sont souvent notre seul outil pour même penser à ces subtilités
particulières lorsque nous tentons d'être un peu plus spécifiques à propos d'un aspect quelconque de ce que nous
La mécanique de la pensée conceptuelle
21 André Michaud
décrivons. Nous utilisons donc de telles locutions verbales chaque fois qu'un adjectif existant ne permet pas de
représenter clairement une subtilité particulière d'une caractéristique que nous observons et désirons décrire.
17. La fonction des noms
De la perspective neurolinguistique, un "nom" est simplement le nom, ou titre, de la liste des caractéristiques
que nous associons à un objet, un processus, une action, une impression, une qualité, une idée, un concept
abstrait, etc., et qui nous permet de l'identifier. En d'autres mots, c'est le point d'ancrage dans le néocortex de
l'ensemble complet des connections synaptiques qui relient ce nom aux empreintes synaptiques de toutes les
caractéristiques que le sujet aura associé avec cet objet, processus, etc., qui constitue l'arborescence associée,
mais activera typiquement seulement le sous-ensemble dans cette arborescence de caractéristiques que le
contexte de son utilisation évoquera, du moins celles dont les connexions synaptiques ne se seront pas trop
affaiblies au fil du temps.
Par conséquent, tout mot peut devenir un nom, du point de vue neurolinguistique, aussitôt que nous tentons
de comprendre l'idée qu'il véhicule, c'est-à-dire, aussitôt que nous tentons d'identifier l'ensemble des
caractéristiques que nous lui avons associé. Bien sûr, question d'intelligibilité collective, l'idée exprimée par un
mot est sensée correspondre habituellement avec sa définition donnée dans un dictionnaire.
Cependant, ce que nous comprenons typiquement de l'idée exprimée par un nom dépend uniquement de la
liste des caractéristiques statiques et dynamiques que nous associons à ce nom dans son contexte d'utilisation.
Cela signifie que le même nom utilisé exactement de la même manière, mais dans des contextes entièrement
différents, peut faire référence à des choses entièrement différentes, qui pourraient n'avoir absolument rien de
commun avec le sens formel du mot. C'est le cas de l'utilisation de n'importe quel mot au sens dit figuré, ou en
contexte métaphorique.
Bien sûr, des locutions peuvent aussi être utilisées au lieu d'un seul mot pour nommer un objet ou processus.
Qu'est-ce qu'un nom en fait, sinon un résumé de sa définition ? Lorsque nous pensons à un nouveau concept, à
une nouvelle subtilité de sens ou à une subtilité nouvellement perçue d'une caractéristique d'un objet, il peut ne
pas même exister de nom déjà défini pour décrire ce que nous tentons de décrire. Dans de tels cas, nous n'avons
pas d'autre option que d'utiliser sa définition, pour ainsi dire.
18. La fonction des verbes
À l'exception des verbes "d'état", associés à la perception spatiale, tels le verbe être et le verbe avoir ainsi
que de nombreux autres, qui indiquent la présence ou l'absence d'une caractéristique d'un objet ou processus, les
verbes décrivent toujours des processus associés à la perception temporelle, c'est-à-dire, aux changement d'états
dans l'espace des caractéristiques des objets ou processus au fil du temps, et pour cette raison, ils sont nommés
verbes "dynamiques" ou verbes d'action.
Les verbes d'état permettent d'associer une caractéristique à un objet ou à un processus ou de l'en dissocier.
Quelques exemples : La fleur est rouge. La fleur n'est pas rouge. La croissance de la fleur est rapide. La
croissance de la fleur est lente.
La dissociation peut prendre la forme de la négation d'une association, tel que montré, ou du remplacement
d'une caractéristique déjà assignée par l'assignation d'une caractéristique incompatible de manière inhérente.
Quelques exemples : Établir qu'une fleur est blanche après avoir préalablement pensé ou établi qu'elle était
rouge. Établir que sa croissance est stoppée (est devenue statique) après avoir pensé ou établi qu'elle était rapide
ou lente.
De leur côté, les verbes dynamiques permettent d'associer les changements d'états des caractéristiques des
objets ou processus. Quelques exemples : Le ciel s'obscurcit. Le rideau jaunit. La vitesse de croissance
augmente (une vélocité étant une caractéristique, c'est-à-dire une propriété, du processus de croissance). Ou : Le
processus de croissance ralentit (la caractéristique "vélocité" est implicitement présumée exister).
Dans les langues dont les règles grammaticales le permettent, les verbes dynamiques indiquant un
changement d'état sont souvent construits à partir des adjectifs qui nomment les caractéristiques non-verbales en
cours de changement. Par exemple : Blanc - blanchir, sombre - assombrir.
Si les règles grammaticales de la langue ne permettent pas une telle conversion pour l'adjectif décrivant une
caractéristique donnée, un verbe spécial ou l'un de ses équivalents est toujours disponible pour décrire un tel
changement, soit "devenir". Exemple : Le ciel devient violet, ou : Le ciel tourne au violet.
La mécanique de la pensée conceptuelle
22 André Michaud
Dans certaines langues, il existe des verbes dynamiques spécifiques pour décrire le mouvement intrinsèque
de rotation cyclique continu d'un objet, ou un mouvement intrinsèque d'oscillation ou vibration cyclique
continue, alors que dans d'autres langues, ces mouvements sont décrits par des locutions verbales.
Par exemple, en anglais les deux verbes dynamiques "to rotate" et "to spin" décrivent directement un
mouvement de rotation cyclique continu intrinsèque qu'un objet peut avoir. En français par contre, il faut utiliser
une locution verbale, soit "tourner sur soi-même" pour décrire verbalement ce mouvement cyclique, car les
verbes "tourner" et "pivoter" n'impliquent pas un mouvement cyclique continu, ce qui est le cas pour les formes
anglaises.
En ce qui concerne les verbes dynamiques décrivant des mouvements relatifs d'objets les uns par rapport aux
autres, la situation est inversée entre le français et l'anglais. Alors qu'en français, les verbes "approcher" et
"éloigner" sont disponibles, des locutions verbales telles "to close in" ou "to move away" doivent être utilisées.
19. La fonction des Adverbes
Les adverbes sont des mots qui peuvent être associés à un adjectif, un nom, un verbe ou à un autre adverbe
pour en modifier ou en ajuster finement le sens. Ils permettent de décrire finement le degré d'intensité relative
ou la durée relative des caractéristiques non-verbales des objets ou processus que nous observons ou concevons
de manière abstraite. Tout comme les verbes, nombreux sont ceux qui sont construits à partir des adjectifs.
Exemples : Il marche lourdement. Il marche gaiement. Etc.
De toute évidence, des locutions adverbiales sont des groupes de mots équivalents à des adverbes qui
peuvent être utilisés chaque fois qu'un adverbe existant ne permet pas d'exprimer clairement la nuance de sens
ou d'intensité relative d'une caractéristique d'un objet ou d'un processus que nous désirons exprimer. Exemples :
Vient ici aussitôt que possible. J'ai essayé en vain de lui parler. Etc.
En fait, en toutes circonstances, lorsqu'un mot spécifique n'est pas disponible dans une langue pour décrire
une caractéristique, un objet ou un processus, une locution peut toujours être construite en contexte sous
l'impulsion du moment pour le permettre.
20. La fonction des inclusions dans les phrases
À partir de la prémisse qu'un mot est un résumé de sa définition, pour accéder aux caractéristiques
individuelles d'un concept définit par tout mot-clé donné, il semblerait logique de penser que si chaque mot-clé
de cette définition était remplacé par sa définition et ainsi de suite pour chaque mot-clé de ces définitions de
deuxième niveau, jusqu'à atteindre le niveau le plus détaillé, à un certain point du processus, l'ensemble des
caractéristiques non-verbales élémentaires du mot initial de premier niveau pourrait être mis en lumière.
Mais sans aller aussi loin dans la mise en lumière directe des divers sous-aspects d'une idée en cours de
formulation, l'insertion de ce type d'inclusion dans nos phrases nous est naturelle, étant donné la nature même de
la structure associative par inclusion de toute arborescence synaptique activée par l'usage du langage articulé
dans la description et l'organisation de nos perceptions non-verbales. Exemple : Le chat, qui est un animal
amical, et que les enfants aiment, sans parler des adultes, est un mammifère.
Dans une telle phrase volontairement exagérée pour donner un exemple, il pourrait être présumé que
l'intention initiale pouvait simplement avoir été de dire "Le chat est un mammifère.". Mais la simple mention du
mot "chat" amenant l'ensemble de ses caractéristiques au niveau de la conscience active pendant le processus de
formulation de cette idée, n'importe laquelle de ses caractéristiques partagées en commun avec toute autre idée
peut avoir amené le locuteur à préciser par inclusion, sous l'impulsion du moment, certains aspects de notre
relation avec les chats en fonction du contexte, la phrase entière demeurant facilement intelligible, tout en
amenant au niveau de la conscience active d'autres aspects indirectement associées avec l'idée de premier niveau
en cours de formulation.
21. Communication verbale, orale ou écrite
Tel que déjà mentionné, les mots transportent le sens que quiconque les entend ou les lit leur donne, pour la
simple raison qu'ils ne peuvent pas activer dans leurs cerveaux respectifs l'arborescence synaptique dont le
locuteur/écrivain avait activement conscience dans son propre cerveau au moment de dire ou écrire ces mots,
mais seulement les arborescences synaptiques que chaque personne qui les entend ou les lit leur associe par
défaut. Par conséquent, si le locuteur/écrivain n'est pas attentif à décrire clairement les aspects de sa propre
La mécanique de la pensée conceptuelle
23 André Michaud
arborescence qui sont concernés, son message pourrait ne pas être correctement compris. Ce problème devient
encore plus important lorsque quelqu'un transmet les mots de quelqu'un d'autre à des tiers.
En réalité, nous sommes des experts à nommer, ou étiqueter, les choses et concepts avec des noms, utilisant
ces noms correctement dans divers contextes par la suite, mais en négligeant souvent de laisser leur pleine
signification remonter à notre conscience active, les utilisant comme si leur signification était explicite de
manière inhérente.
En fait, pendant que nous apprenons les mots en grandissant, leur signification est bien sûr évidente pour nos
propres besoins, puisque nous définissons ou acceptons personnellement nous-mêmes le sens de chacun d'eux.
En grandissant, nous ajustons constamment le sens de chaque mot que nous utilisons avec l'aide des parents, des
enseignants, de notre environnement en général, jusqu'à ce que nous devenions suffisamment à l'aise avec la
langue articulée, aussi subjectivement serait-ce, pour pouvoir clairement exprimer nos besoins et nos opinions
selon notre vision personnelle des choses.
Pour chacun d'entre nous, les noms des objets sont simplement devenus des "étiquettes spécifiques" qui les
représentent lorsque nous en parlons. Lorsque nous nous arrêtons à considérer le sens d'un nom cependant, il
devient métaphoriquement une "étiquette de premier niveau" activant un ensemble de sous-étiquettes
spécifiques, parce qu'il porte à l'attention de notre conscience active la série complète des autres noms de
deuxième niveau qui en décrivent les diverses caractéristiques.
Cette notion d' "étiquette de premier niveau" qui structure verticalement, pour ainsi dire, l'ensemble des
caractéristiques et sous-caractéristiques qui permettent de décrire un objet ou un processus, permet aussi de
prendre conscience que tous ces noms de premier niveau d'objets et processus peuvent être aussi associés
horizontalement, pour ainsi dire, par similarités soit des objets ou processus eux-mêmes, mais aussi par
similarité entre l'une ou plusieurs de leurs caractéristiques, en toutes sortes d'ensembles ou catégories que nous
identifions à l'aide d' "étiquettes généralisatrices".
C'est ce qui met en lumière le parallèle direct qui existe entre la très abstraite structure neurolinguistique
associative par inclusion qui permet la pensée conceptuelle cohérente, et la hiérarchie de noms associés par
inclusion qui ont contribué à l'établissement de chacune des empreintes synaptiques dont cette structure
arborescente est constituée. Ce parallèle nous permettra finalement de visualiser très concrètement la structure
du modèle neurolinguistique subjectif de la réalité que chacun d'entre nous élabore à partir de sa naissance.
22. Un nom spécifique est une étiquette de premier
niveau identifiant un "objet" unique
Pour représenter clairement la différence entre une "étiquette de premier niveau" et une "étiquette
généralisatrice", construisons un exemple concret. Si quelqu'un dit "Hier, j'ai pratiqué un mouvement de Kung
Fu", il ne nomme pas un mouvement spécifique, mais réfère indirectement à un mouvement de Kung Fu non
clairement défini et personne ne peut clairement comprendre à quel mouvement spécifique il fait allusion. Il
s'agit d'un cas où une étiquette généralisatrice est utilisée, c'est-à-dire un terme généralisé, ou généralisation.
Si quelqu'un dit "Hier, j'ai pratiqué mes pompes griffes d'aigle", il nomme un mouvement spécifique de
Kung Fu et une arborescence d'images mentales non-verbales claire sera activée jusqu'au niveau de la
conscience active dans le cerveau de quiconque connaît le Kung Fu. Peu importe que l'ensemble d'images
personnellement associées au concept par chaque personne familière avec le Kung Fu soit différent. Ce qui est
important est que la structure du concept représenté par ces images mentales soit préservée et que chacun
identifie le même mouvement de Kung Fu.
Pour les personnes non familières avec le Kung Fu, la même phrase activera jusqu'au niveau de la
conscience active deux arborescences non connectées, l'une pour l'étiquette de premier niveau "pratiqué mes
pompes" et l'autre pour l'étiquette de premier niveau "griffes d'aigle". En contexte d'une conversation sur les arts
martiaux, certains pourraient "déduire" le lien possible entre les deux concepts et transitoirement établir une
image mentale similaire à celle activée dans l'esprit des amateurs de Kung Fu, mais pour la plupart, la phrase
pourrait demeurer inintelligible.
Il devrait être facile maintenant de percevoir que l'étiquette "mouvement de Kung Fu" est éloigné de deux
niveaux par rapport à l'événement physique auquel il réfère, "pompes griffes d'aigles" étant la description
verbale de premier niveau du mouvement non-verbal qu'il décrit, qui appartient par inclusion à la catégorie
généralisatrice "mouvement de Kung Fu", et qui active l'arborescence associée.
La mécanique de la pensée conceptuelle
24 André Michaud
23. Hiérarchies d'étiquettes généralisatrices
Toutes sortes de hiérarchies de niveaux de généralisations verbales peuvent être élaborées à partir d'une
étiquette de premier niveau. Par exemple, une personne disant la phrase préalablement donnée en exemple
pourrait avoir eu à l'esprit le contexte généralisé proposé au Tableau 1.
Tableau 1. Hiérarchie d'étiquettes généralisatrices définissant le contexte qu'une
personne pourrait avoir à l'esprit en utilisant l'étiquette de premier niveau "pompes
griffes d'aigle".
Niveau de généralisation
Étiquette
Étiquette spécifique
Pompes griffes d'aigle
1er
Mouvement de Kung Fu
2e
Kung Fu
3e
Arts martiaux
4e
Sports
5e
Activités récréatives
Etc.
...
Mais quelqu'un entendant cette phrase pourrait bien la comprendre en considérant un contexte généralisateur
moins paisible s'il était un militaire, par exemple, tel que proposé au Tableau 2.
Tableau 2. Hiérarchie d'étiquettes néralisatrices différente définissant le contexte
dans lequel une autre personne entendant la même étiquette de premier niveau pourrait la
comprendre.
Niveau de généralisation
Étiquette
Étiquette spécifique
Pompes griffes d'aigle
1er
Mouvement de Kung Fu
2e
Kung Fu
3e
Art martiaux
4e
Activités d'entraînement militaire
Etc.
...
Ou, si une autre personne entendant la même mention pense en contexte que celle qui la mentionne se vante,
présumément pour faire bonne impression devant des étrangers, pourrait plutôt considérer une hiérarchie
généralisatrice entièrement différente, telle celle proposée au Tableau 3.
Tableau 3. Hiérarchie d'étiquettes généralisatrices définissant le contexte dans lequel
une autre personne entendant la même étiquette de premier niveau pourrait la
comprendre.
Niveau de généralisation
Étiquette
Étiquette spécifique
Pompes griffes d'aigle
1er
Personne mentant peut-être
2e
Vantardise ?
3e
Personne insécure ?
4e
Personne peut-être non fiable ?
Etc.
...
La mécanique de la pensée conceptuelle
25 André Michaud
Examinant les hiérarchies généralisatrices tout juste établies, il peut être observé que chaque niveau dans
l'ordre décroissant est inclus dans les précédents, ce qui fait en sorte que l'étiquette de premier niveau "pompes
griffes d'aigle" fait implicitement partie de chacun des niveaux plus généraux de chaque hiérarchie, jusqu'aux
niveaux "Activités récréatives", le niveau "Activités d'entraînement militaire", ou toute autre niveau plus général
qui aurait été activé chez autant de personnes différentes qui auraient entendu cette phrase.
24. Deux sortes d'étiquettes : Premier niveau et
généralisations
Dans ces hiérarchies, seulement deux types d'étiquettes sont identifiables, soit une étiquette de premier
niveau qui active directement l'arborescence synaptique non-verbale qui décrit directement un objet spécifique,
et diverses étiquettes généralisatrices définissant divers degrés de généralisation qui n'activent aucune
arborescence spécifique, mais qui toutes sous-entendent l'étiquette de premier niveau mentionnée, ainsi qu'un
nombre indéterminé d'autres étiquettes de premier niveau possibles, et qui peuvent donc être définies comme
étant des généralisations par définition.
Chacune des étiquettes généralisatrices identifie par définition plus d'un objet et lorsque utilisée au lieu d'une
étiquette de premier niveau, est sujette à activer dans le cerveau de chaque personne qui l'entend ou la lit,
l'étiquette de premier niveau de l'objet que chaque personne préfère ou déteste le plus dans la collection
personnelle de cas qu'elle aura associée à chacune de ces étiquettes généralisatrices, et ultimement d'activer
l'arborescence correspondante.
Par exemple la phrase généralisée "j'ai mangé une pomme" activera l'arborescence d'apparences, textures et
goûts non-verbaux correspondants à une pomme Macintosh dans le cerveau d'une personne préférant cette
variété, mais alternativement activera une arborescence correspondant à une autre variété de pommes pour une
autre personne.
Alternativement, la phrase "J'ai mangé une pomme Macintosh" activera l'arborescence correspondant à une
Macintosh dans les cerveaux de chaque personne qui aura déjà goûté cette variété de pomme, mais activera
toujours une arborescence correspondant à une autre variété pour les personnes qui n'ont jamais vu, manipulé ou
goûté une Macintosh, et aucune arborescence spécifique pour les personnes qui n'ont jamais vu aucune sorte de
pommes.
25. Quelles sont les implications ?
Nous venons d'observer à quel point déjà des généralisations de premier niveau peuvent prêter à confusion
lorsque l'intention est de communiquer de l'information à propos d'un objet spécifique physiquement observable,
pour lequel une arborescence impliquant des perceptions sensorielles non-verbales suscite littéralement des
"images" observables mentalement par imagination, mais que seulement des noms de premier niveau peuvent
activer, et ceci, seulement pour les personnes ayant déjà fait l'expérience de perceptions sensorielles similaires.
Le processus de communication devient encore plus complexe lorsque l'intention est de communiquer des
idées ou concepts abstraits, parce que par nature, les étiquettes verbales servant à communiquer de telles idées
ou concepts ne réfèrent pas intrinsèquement aux perceptions sensorielles et n'activent donc pas naturellement
des images mentales observables par imagination, malgré que de telles descriptions verbales semblent à
première vue le seul moyen à notre disposition pour communiquer des idées ou concepts abstraits.
Une expression comme "processus de compréhension", par exemple, même si elle semble à première vue
être une étiquette verbale de premier niveau parfaitement légitime, décrit un concept abstrait au lieu d'un
événement non-verbal physiquement observable tel l'étiquette de premier niveau "pompes griffes d'aigle".
Présumons donc pour commencer qu'elle pourrait déjà être un premier niveau de généralisation. Analysons
maintenant avec le Tableau 4 où un tel concept abstrait se situe dans une hiérarchie généralisatrice.
Puisque la méthode utilisée pour mette en perspective des hiérarchies généralisatrices pour des objets
physiquement observables semblait adéquate, établissons une hiérarchie similaire pour ce concept verbal
abstrait.
La mécanique de la pensée conceptuelle
26 André Michaud
Tableau 4. Hiérarchie généralisatrice pour un concept abstrait.
Niveau de généralisation
Étiquette
1er
Processus de compréhension
2e
Méthode
3e
thodologie
4e
Théorie de la connaissance (épistémologie)
Nous voyons ici quatre noms qui de prime abord pourraient signifier à peu près n'importe quoi. Aucun
d'entre eux ne semble avoir une signification précise, pas même l'expression qui pourrait de prime logiquement
être une étiquette de premier niveau, soit "processus de compréhension".
Étant un concept abstrait auquel aucune image n'est naturellement associée, la prochaine étape en vue
d'activer une arborescence significative dans le néocortex semble être d'établir sa "définition étendue". Le
tableau 5 propose donc provisoirement des finitions étendues pour tous les niveaux de la hiérarchie
généralisatrice du Tableau 4.
Tableau 5 : Hiérarchie généralisatrice de concepts abstraits incluant des définitions
étendues pour chaque niveau de généralisation.
Étiquette
Définition étendue
1er
Processus de
compréhension
Méthode utilisée par le cerveau humain,
consistant à explorer et ré-explorer un concept
jusqu'à ce qu'un état de compréhension
objective du concept soit atteint.
2e
Méthode
Manière de dire, de faire, de suivre certains
principes, selon un certain ordre, dans le but
d'atteindre un certain objectif.
3e
thodologie
Science qui étudie les méthodes des diverses
sciences.
4e
Théorie de la connaissance
1- Science dont l'objet est d'évaluer les
méthodes utilisées dans les diverses sciences
dans leurs relations à la philosophie.
2- Science dont l'objet est de décrire une
méthode universelle qui permettrait de
comprendre la réalité dans son sens large.
Considérant cette nouvelle version provisoire de la hiérarchie, nous observons que les quatre définitions
étendues des concepts abstraits deviennent significatives. De nombreux lecteurs pourraient être en désaccord
avec l'une ou l'autre de ces définitions. Cela signifie simplement que chaque personne associe éventuellement sa
propre définition verbale subjective à tout concept abstrait, et que même une définition claire d'un concept
abstrait est aussi une généralisation. Ces diverses définitions personnelles sont donc les véritables étiquettes de
premier niveau, dans les cas de concepts abstraits.
Supposant que pour tout concept abstrait, toute définition de premier niveau possible semble être subjective,
cela ne signifie pas pour autant qu'une définition spécifique de premier niveau ne peut pas exister qui
rencontrerait l'approbation collective générale. En fait, de telles définitions spécifiques de premiers niveaux
approuvés collectivement des concepts abstraits est obligatoire pour une communication mutuellement
intelligible dans toute communauté. Ces définitions formelles de premier niveau sont disponibles dans les
dictionnaires et dans les notes des conférences pendant lesquelles elles ont été établies.
En examinant de nouveau le Tableau 5, nous observons que puisque l'étiquette "processus de
compréhension" peut potentiellement correspondre à plusieurs définitions, elle ne peut pas possiblement être
une étiquette de premier niveau, et une simple analyse confirmera rapidement que la définition proprement dite
de l'étiquette "processus de compréhension" est l'étiquette de premier niveau de ce concept abstrait. Donnons
donc la forme finale à cette hiérarchie généralisatrice avec le Tableau 6, en tenant compte de cette conclusion.
La mécanique de la pensée conceptuelle
27 André Michaud
La conclusion majeure émergeant de cette analyse est que la définition étendue d'un concept abstrait est en
réalité sa description verbale de premier niveau, c'est-à-dire, la description verbale du concept non-verbal lui-
même. Nous observons donc que tout comme le langage articulé est le seul moyen à notre disposition pour
décrire les objets, processus et événements perçus de nos perceptions sensorielles, il est aussi notre seul moyen
pour décrire les objets, processus et concepts non-verbaux idéalisés synthétisés à partir des généralisations
émergeant de l'usage du langage lui-même.
Tableau 6. Hiérarchie généralisatrice pour concept abstrait incluant l'identification de
l'étiquette de premier niveau.
Niveau de
généralisation
Étiquette générale
Étiquette de premier niveau
1er
Processus de
compréhension
Méthode utilisée par le cerveau humain,
consistant à explorer et ré-explorer un concept
jusqu'à ce qu'un état de compréhension
objective du concept soit atteint.
2e
Méthode
Manière de dire, de faire, de suivre certains
principes, selon un certain ordre, dans le but
d'atteindre un certain objectif.
3e
Méthodologie
Science qui étudie les méthodes des diverses
sciences.
4e
Théorie de la connaissance
1- Science dont l'objet est d'évaluer les
méthodes utilisées dans les diverses sciences
dans leurs relations à la philosophie.
2- Science dont l'objet est de décrire une
méthode universelle qui permettrait de
comprendre la réalité dans son sens large.
On peut remarquer en examinant les définitions de premier niveau étendues du Tableau 6, que quoique ces
définitions sont clairement compréhensibles, elle n'activent pas automatiquement une arborescence d' "images"
dans le cerveau, comme le fait automatiquement l'étiquette de premier niveau "pompes griffes d'aigle". C'est que
contrairement aux noms de premier niveau des images non-verbales des objets originant de nos perceptions
sensorielles, qui préexistent donc par structure dans notre mémoire avant d'avoir pu être observées et nommées,
les descriptions étendues des objets abstraits issus du processus de généralisation ne coïncident pas
nécessairement avec une image abstraite préalablement synthétisée, étant donné que ces images idéalisées ne
peuvent être conçues qu'à partir du processus généralisateur verbal lui-même.
Elles doivent donc être conceptualisées et décrites avant de pouvoir être "imagées", pour ainsi dire. Nous
donnons à ces images abstraites que nous construisons pour correspondre aux concepts abstraits des noms tels
que "représentation graphique", "représentations symbolique", ou simplement "symboles". C'est ce processus
même qui est à l'origine du mode de pensée mathématique que nous analyserons bientôt, et qui constitue notre
troisième système de signalisation.
Ces symboles peuvent être volontairement élaborés ou choisis, mais le néocortex est parfaitement capable
d'intégrer à un haut degré un concept clairement défini verbalement pour éventuellement générer une
représentation symbolique non-verbale et l'intégrer au mode de pensée par images d'une personne. La
représentation bien connue du "puits gravitationnel" qui procure une telle représentation visuelle de l'effet de la
gravité telle que conçu dans la Théorie de la Relativité Générale est une telle représentation. La courbe en forme
de cloche du concept de quotient intellectuel en est une autre.
Tout comme nous avons une tendance naturelle à nommer les objets, processus et événements dont les
images s'emmagasinent automatiquement dans notre cerveau suite à nos perceptions sensorielles, nous avons
aussi une tendance naturelle à construire des représentations graphiques pour associer des images aux concepts
abstraits que nous élaborons par association logique des généralisations issues de l'usage d'un langage articulé.
Chaque fois que nous lisons ou entendons la description verbale d'un nouvel objet ou concept abstrait, même
après avoir compris et accepté comme valide sa description verbale étendue, si une image correspondante ne
nous est pas fournie par la même occasion, nous tendons à demeurer songeurs et pas complètement à l'aise
La mécanique de la pensée conceptuelle
28 André Michaud
pendant un certain temps à propos de ce nouveau concept. Cette période de malaise semble coïncider avec le
temps requis pour qu'une représentation symbolique satisfaisante se construise et s'intègre dans les zones non-
verbales du néocortex, cette opération permettant l'intégration complète du nouveau concept abstrait dans nos
processus de pensée conceptuelle.
26. Cogitation et conversations par corrélation de
généralisations
À moins d'impliquer un sujet émotivement chargé ou autre sujet qui suscite un malaise quelconque tel
qu'analysé précédemment, le processus de cogitation verbal et l'échange d'idées en cours de conversations est un
processus qui n'impliquera pas le système limbique et demeure un processus interne au néocortex. La cogitation,
ou pensée conceptuelle, en fait, se résume à une conversation silencieuse avec soi-même, et implique
exactement les mêmes processus mentaux que la conversation verbale avec une autre personne, sauf que les
organes de la parole et les praxies de l'écriture ne sont pas utilisés. Chauchard avait l'habitude de nommer la
pensée conceptuelle le "langage intérieur".
"L'homme ne parle pas parce qu'il pense, il parle parce que sa pensée est un langage intérieur,
moyen humain de penser. Le langage n'est pas au service de la pensée, il est d'abord cette pensée et
ensuite sa communication. Penser, c'est associer les images cérébrales (en donnant au mot “image”
un sens général qui dépasse la vue) que l'éducation a créées en nous à partir des messages des sens
et qui, évocables par imagination, sont devenus un code intérieur, une manière autonome d'utiliser
notre cerveau. A chaque image va se substituer par éducation sa dénomination verbale. Puisqu'il
nomme tout, l'homme, au lieu d'associer des images, va pouvoir associer directement les noms
correspondants, système plus apte au déploiement des possibilités d'abstraction du cerveau humain
([5], p. 122)."
La cogitation et les conversations sont entièrement fondées sur le processus de généralisation, qui permet
une souplesse de pensée inégalée. Sans surprise, le processus de généralisation est géré par les mêmes quatre
activités de comparaison identifiées comme étant les propriétés naturelles d'association et corrélation de données
supportant le processus d'apprentissage, soit l'association, la classification, la discrimination et l'évaluation. Tel
que déjà mentionné, les trois premières sont des fonctions de corrélation, soit l'association, la classification et la
discrimination des éléments à considérer, qui associent automatiquement ces éléments selon quatre critères
fondamentaux de comparaison, soit la simultanéité, la successivité, la similarité et la dissemblance ([25], p. 23).
La souplesse du processus de généralisation tient au fait que chaque mot des langages articulés peut avoir
une extension de sens allant de l'objet individuellement identifié, qui fait jaillir au niveau de la conscience active
l'arborescence correspondante, jusqu'au à son sens le plus général possible en contexte, tout en permettant tous
les niveaux intermédiaires de généralisation, et ceci, strictement en fonction du contexte de leur utilisation.
Si je dis "J’aime ce crayon" Je réfère de toute évidence à un objet unique et le mot crayon devient une
étiquette de premier niveau utilisée pour identifier un seul objet. Si je dis par contre "Le crayon est un moyen
pratique pour écrire", je réfère de toute évidence à tous les genres de crayons, et ici le mot crayon, quoique
utilisé au singulier, devient une étiquette généralisée utilisée dans un sens plus général. On peut facilement
concevoir un contexte dans lequel le mot crayon référera seulement aux crayons qui sont dans une pièce
spécifique, ceux qui sont dans le même édifice, ou à tous les crayons ayant existé.
Lors de cogitations sur des sujets qui n'activent pas le système limbique, la quatrième activité supportant le
processus d'apprentissage, soit l'évaluation, qui est prioritairement contrôlée par défaut par le système limbique,
est maintenant entièrement contrôlée par la conscience volontaire active du sujet. L'étendue du sens attacà
chaque mot d'une phrase est alors déterminée strictement par le contexte, et la corrélation entre les mots ainsi
définis par la phrase complète fera en sorte que le sens de cette phrase occasionne un rétrécissement du contexte
qui présidera à la détermination du sens des mots des phrases suivantes, constituant progressivement une mise
en situation qui conduit à tirer des conclusions dont la logique paraît incontournable. Toutes les conversations
informelles se produisent selon ce mode.
"Cette conscience attentive n'est pas que spectateur passif ; elle intervient activement pour diriger
l'activité cérébrale, rappeler des images ou susciter des actes... La caractéristique du cerveau humain
normal, grâce à sa complexité, est d'être l'organe qui permet la liberté. La conscience active apparaît
comme un phare étroit qui n'illumine qu'une faible partie du fonctionnement cérébral. Celle-ci
apparaît comme un état de supervigilance comportant une excitation de ce qu'on observe et une
La mécanique de la pensée conceptuelle
29 André Michaud
inhibition de ce à quoi on ne prête pas attention, en vertu de processus d'autorégulation siégeant
dans la formation réticulaire." ([5], p 127).
Par contre, pour que des conclusions formelles des plus strictes puissent être logiquement tirées, comme
dans les articles scientifiques de toutes natures, le rétrécissement du contexte conduisant à des conclusions
incontournables sur des sujets de grande complexité doit être guidé avec la plus grande précision. Ce niveau de
rigueur est atteint lorsque les caractéristiques de chaque objet individuel compris dans chaque ensemble défini
par les étiquettes généralisatrices soient examinées pour s'assurer que chacun d'eux fait partie à juste titre de
l'ensemble.
En pratique, un tel examen implique une recherche "verticale", pour ainsi dire, dans l'ensemble des
caractéristiques de chacune des arborescences activées par les étiquettes de premier niveau des objets
appartenant à une généralisation par définition. Plus nombreuses seront les caractéristiques identifiées comme
étant communes aux diverses arborescences de l'ensemble généralisé par définition, plus étroite pourra être la
corrélation qui s'établira "horizontalement", pour ainsi dire, entre les objets de l'ensemble.
L'étiquette "corps humain", par exemple, activera une arborescence beaucoup moins élaborée chez un non
spécialiste que celle que développera un chirurgien, qui élaborera des sous-ensembles généralisés largement
plus complexes sur ce sujet pendant une conversation avec un autre chirurgien que ne pourrait le faire un non-
spécialiste discutant du même sujet avec une autre personne, ce qui met incidemment en lumière l'importance de
l'étendue des connaissances dans la détermination de conclusions formellement valides. La liste des
caractéristiques communes à tous les objets d'un ensemble constitue ainsi le cadre de référence formel de chaque
ensemble généralisé par définition.
Dans un cadre de recherche formelle, il n'est pas prudent de présumer que tous les objets d'un ensemble
défini par définition de premier abord en font réellement partie. Par exemple, il était courant même en 2018 dans
la communauté de la physique de penser que les atomes sont constitués de trois particules élémentaires qui
serait l'électron, le proton et le neutron, et ceci même dans de nombreux ouvrages de référence des plus formels
[38] [39]; alors qu'il est expérimentalement démontré depuis très exactement 50 ans que le proton et le neutron
ne sont pas de telles particules élémentaires, mais sont plutôt eux-mêmes des systèmes de particules
élémentaires, tout comme le système solaire n'est pas un corps céleste, mais plutôt un système de corps célestes.
En effet, le grand accélérateur linéaire de Stanford (SLAC) a été construit dans les années 1960 justement
pour pouvoir accélérer des électrons avec suffisamment d'énergie pour en pénétrer la structure et en explorer la
structure par collisions non-destructrices. On y a découvert deux autres particules véritablement élémentaires
constituant leur structure interne, qui sont de même nature électromagnétique que l'électron, et qui constituent
de facto avec l'électron le véritable ensemble des trois particules élémentaires dont sont constitués tous les
atomes [40] [41] [42].
La question qui vient maintenant à l'esprit est la suivante : Quel progrès supplémentaire aurait déjà pu être
accompli dans la recherche fondamentale si cette découverte avait immédiatement été clairement mise à jour
dans l'ensemble des ouvrages de référence, de manière à ce que tous les physiciens et mathématiciens l'aient eu
à l'esprit depuis 50 ans ?
27. Le mode de pensée mathématique
Tel que mis en perspective dans l'Introduction de cet article, au fil de l'histoire, un sous-ensemble très spécial
de concepts et symboles abstraits non-verbaux émergea de l'usage du langage articulé, soit les concepts
géométriques idéalisés résultant de la perception des formes des objets dans notre environnement, et les
concepts mathématiques abstraits non-verbaux résultant de notre perception des distances entre les objets et des
changements dans leurs caractéristiques au fil du temps, qui nous procurent des outils utilisables pour mesurer
tous les aspects de ces distances spatiales et changements temporels.
Contrairement aux arborescences d'images que chaque personne associe à ses perceptions sensorielles, et
que rien ne permet de vérifier si elles sont identiques pour tous ou non, il en va autrement pour les images
géométriques abstraites idéalisées résultant de la généralisation des formes perçues dans la nature, tel le cercle,
la sphère et toutes les autres formes géométriques, qui sont perçues de manière identique pour tous une fois
conceptualisées et décrites verbalement, et la même identité de perception peut être confirmée pour tous les
concepts mathématiques abstraits.
Au fil du temps émergea ainsi un langage symbolique non-verbal jumelé à un ensemble de formes
géométriques idéalisées universellement intelligibles qui permet de discuter et d'échanger des idées au sujet de
La mécanique de la pensée conceptuelle
30 André Michaud
la nature des objets et des processus observés dans l'environnement, peu importe les différences entre les
langues maternelles des participants; si intelligible en fait, que des dérivations mathématiques soigneusement
élaborées accompagnées des illustrations graphiques idéalisées appropriées peuvent être comprises par tout
mathématicien même si les commentaires accompagnateurs sont écrits dans une langue articulée inconnue.
Nombreux sont ceux qui prennent intérêt aux mathématiques et apprennent à maîtriser ce langage
symbolique non-verbal au point de devenir capable de l'utiliser directement pour penser conceptuellement de
cette manière idéalisée et généralisée aux processus qui sont soupçonnés exister objectivement dans notre
environnement, ainsi qu'aux objets et leurs caractéristiques impliqués dans ces processus [43], reproduisant
mentalement, pour ainsi dire, de manière idéalisée et mesurable, les objets, processus et événements observés
dans l'environnement réel.
Puisque ce langage conceptuel abstrait se développe dans des zones du néocortex différentes [6] des zones
qui sont le siège du mode de pensée par images non-verbales dédiées aux perceptions des sens, identifié par
Pavlov comme étant le premier système de signalisation, et des zones verbales, siège du mode de pensée verbale
identifié comme étant le deuxième système de signalisation, le langage mathématique non-verbal qui se
développe par éducation dans ces zones différentes peut être considéré être un "troisième système de
signalisation" qui est universellement intelligible par définition pour tous ceux qui apprennent à le maîtriser.
Le langage mathématique constitue la forme la plus avancée de langage dont nous disposons. Il est libéré de
la nécessité de référer directement à nos perceptions sensorielles et nous permet d'étudier, décrire et mesurer par
imagination les relations entre des représentations idéalisées des objets qui existent dans notre environnement.
En fait, ces représentations géométriques idéalisées nous permettent de généraliser graphiquement les
caractéristiques qui sont communes à ces corps qui existent physiquement. Il n'est pas possible de retracer
historiquement l'origine exacte du concept géométrique du cercle, par exemple, mais il est facile de supposer
que la forme de la pleine lune, visible depuis avant que notre espèce apparaisse, pourrait bien en être à l'origine.
Mais peu importe son origine, une fois l'idée du cercle engendrée, il n'est pas difficile de concevoir que
l'observation de sa forme par imagination aurait pu éventuellement conduire à réaliser que la ligne qui délimite
sa circonférence est partout à égale distance de son centre, par exemple.
Il ne fait aucun doute que toutes les autres propriétés du cercle et de toutes les autres formes géométriques
idéalisées ont été découvertes par des observations de même nature et par les mêmes mécanismes de cogitation
qui nous permettent de découvrir les propriétés des objets identifiés dans notre environnement suite à nos
perceptions sensorielles. Les théorèmes d'Euclide augmentés des concepts complémentaires formulés par
Lobatchevski, Riemann et plusieurs autres forment la somme des concepts géométriques idéalisés actuellement
en usage.
Si on imagine maintenant une ligne droite passant par le centre de ce cercle idéalisé, définissant ainsi un axe
de rotation, et que l'on imagine que le cercle pivote de 180 degrés autour de cet axe, on peut visualiser par
imagination que son mouvement définit une sphère qui circonscrit maintenant un volume d'espace sous une
surface dont tous les points sont aussi à égales distances de ce centre. Même les lecteurs qui n'avaient pas eu
l'occasion de réfléchir à ce sujet auparavant ont maintenant une image mentale de la sphère idéalisée que tous
les mathématiciens utilisent.
Une relation invariante fut ensuite découverte à propos de cette sphère idéalisée, impliquant la distance entre
son centre et sa surface, nommée le rayon (r), qui permet si on en connaît la longueur, de calculer avec précision
la circonférence, la surface et le volume de cette sphère, qui est mathématiquement définie comme un volume
d'espace circonscrit par une surface close et dont tous les points sont situés à égale distance du centre de son
volume, où π est la relation invariante exprimée par le nombre de fois que le diamètre (d) de la sphère (deux fois
le rayon, ou d=2 r) est contenu dans la circonférence π=3.141592654. C'est ainsi que furent établies les
premières équations mathématiques qui permettent de mesurer la longueur de la circonférence (C), la surface (S)
et le volume (V) de cette sphère géométrique idéalisée :
r2πC
2
rπ4S
3
rπ
3
4
V
(1)
La question qui se pose à ce point-ci est comment les moyens de calculs de circonférence, surface et volume
de cette sphère idéalisée peuvent-ils être transposés pour mesurer des objets existant physiquement, car il est
bien compris qu'aucun objet n'est aussi parfaitement sphériques dans notre environnement ?
Dans le domaine astronomique, il est bien connu que Terre, par exemple, n'est pas une sphère parfaite, mais
plutôt une sphère légèrement aplatie aux pôles étant donné sa vitesse de rotation, avec un rayon polaire estimé à
La mécanique de la pensée conceptuelle
31 André Michaud
6357 km et un rayon équatorial estimé à 6378 km, soit une différence de 21 km, sans parler des irrégularités de
sa surface, dont les plus grandes sont le mont Everest s'élevant à 8.8 km au dessus de la surface et la fosse des
Mariannes s'abaissant de près de 11 km.
Quel rayon choisir alors ? La méthode simple est de calculer un rayon moyen qui correspondrait à celui que
la Terre aurait si elle devenait une sphère parfaite. Ce rayon moyen a été calculé comme étant 6371 km. Ce
rayon est calculé en considérant le centre de masse de la Terre comme étant le centre de cette sphère. Le centre
de masse d'un corps est le point unique sans dimensions autour duquel ce corps pourrait être en rotation peu
importe l'orientation dans sa masse de son axe de rotation [38]. La même technique peut s'appliquer à
absolument tous les corps célestes dont les formes sont détectables. Pour les corps célestes trop éloignés pour
être détectés directement autrement que comme un point lumineux sans dimensions mesurables, ou
indirectement par interaction avec d'autres corps, la forme sphérique est présumée pour fins de calculs.
Toutes sortes de techniques mathématiques similaires ont été développées pour harmoniser les méthodes
mathématiques idéalisées avec les caractéristiques réelles des objets qui existent physiquement dans notre
environnement. Elles sont disponibles dans de nombreux ouvrages de référence destinés aux ingénieurs de
toutes les spécialités, tel le monumental ouvrage de physique générale de Douglas Giancoli [38], et de
nombreux ouvrages plus spécialisés sur la thermodynamique, la mécanique des matériaux, les phénomènes de
résonance, etc., quelques uns étant mentionnés ici pour référence commode [44] [45] [46] [47].
Un autre exemple de l'utilité des concepts géométriques idéalisés conçus grâce au processus de
généralisation, est l'importante contribution de Carl Friedrich Gauss au 19e siècle, justement en relation avec le
concept de la sphère idéalisée déjà mentionnée. Il eut l'idée d'explorer les possibilités mathématiques qu'offrirait
le concept d'une variation progressive du rayon de la sphère idéalisée entre une longueur zéro et une longueur
infinie définie précédemment par le mathématicien Leonhard Euler, qui permet de conceptuellement visualiser
une infinité de sphères virtuelles concentriques, ou alternativement une sphère unique dont le volume varie
omnidirectionnellement.
Son idée géniale fut d'associer ce rayon variable à la force de Coulomb, qui varie non linéairement en
fonction de l'inverse du carré de la distance entre toute paire de charges électriques, et dont l'équation est :
2
0
2
rπε4e
F
(2)
Incidemment, on peut noter en passant que l'équation (1) pour le calcul de surface de la sphère idéalisée
(S=4πr2) fait intégralement partie du diviseur de l'équation de Coulomb (2), et on peut spéculer que c'est peut-
être ce détail qui fit en sorte que Gauss associa le concept de la sphère idéalisée à l'équation de Coulomb. En
enlevant une des charges de l'équation (2), il définit le concept de champ électrique (E), dont l'équation est :
2
0rπε4e
E
(3)
La conséquence est que l'équation (3) permet de visualiser par imagination un champ de force virtuel d'une
intensité ponctuelle infini localisée à la position de la charge restante, qui pourrait être un électron par exemple,
une intensité qui se réduirait omnidirectionnellement en fonction de l'inverse du carré de la distance en
s'éloignant de cette charge ([39], p. 480). Il suffit de réintroduire une deuxième charge n'importe dans ce
champ virtuel pour récupérer l'équation (2) de Coulomb pour pouvoir calculer l'intensité réelle de la force et de
l'énergie cinétique adiabatique correspondante qui s'induit dans chaque charge [48] :
2
0
2
rπε4e
eF E
et
rπε4e
FrE
0
2
(4)
C'est cette technique de définition des champs électrique et magnétique qui permit à Maxwell de synthétiser
les équations de Gauss, Ampère et Faraday en un tout cohérent qui permet de calculer la vitesse invariante de la
lumière dans le vide à partir de leurs équations, soit l'un des fondements de l'électrodynamique moderne.
Incidemment, l'équation de Gauss est maintenant plus connue sous le nom de Première équation de Maxwell.
Il faut dire aussi à ce sujet que contrairement à l'impression générale, toute l'électrodynamique moderne [49]
[50] n'est pas fondée directement sur la théorie de Maxwell qui implique que les deux champs électrique et
magnétique de l'énergie électromagnétique doivent osciller en alternance en s'induisant mutuellement pour que
La mécanique de la pensée conceptuelle
32 André Michaud
l'énergie puisse exister et se propager, mais sur l'interprétation de Ludwig Lorenz qui implique que les deux
champs oscillent de manière synchrone ([51], p.449) et avec laquelle Maxwell était en désaccord. La nuance est
importante car l'interprétation de Lorenz ne permet pas d'harmoniser les quanta d'énergie électromagnétiques
localisés avec certains aspects de l'électrodynamique, alors que celle de Maxwell permet une harmonisation
complète lorsque mise en corrélation avec les conclusions de Louis de Broglie [52].
Ces quelques exemples de conceptualisation de formes géométriques et équations mathématiques idéalisées
correspondantes montrent à quel point elles peuvent être utiles pour mesurer et calculer les diverses
caractéristiques des objets et processus physiques qui existent dans notre environnement. L'ensemble des
concepts mathématiques élaborés à ce jour destinés à calculer tous les aspects des propriétés des objets et
processus de notre environnement sont disponibles dans de multiples ouvrages dont les quelques suivants
mentionnés pour commodité [53] [54] [55].
L'ouvrage "Mathematical Physics" en particulier par Sadri Hassani [54], procure un historique substantiel
des contributions de la plupart des grands mathématiciens du passé. Un autre ouvrage mérite aussi d'être
mentionné dans cette perspective, soit une collection d'essais de mathématiciens éminents d'une dizaines
d'universités américaines sur divers aspects des mathématiques, édités par Russell Howell et James Bradley
[43], rempli de références à d'autres ouvrages significatifs sur la nature des mathématiques.
Tous les concepts géométriques et mathématiques idéalisés sont d'une telle perfection que leur beauté
esthétique inhérente fait facilement perdre de vue qu'ils sont virtuels et ne reflètent pas directement la réalité
physique. Il est important de résister à l'idée que les champs virtuels idéalisés définis par Gauss existeraient
physiquement, par exemple, car la mécanique de leur conception idéalisée à partir des généralisations verbales
est la preuve qu'ils font simplement partie du langage mathématique non-verbal que nous avons collectivement
développé pour visualiser par imagination une version idéalisée de la réalité physique de notre environnement,
afin de la mesurer et de la comprendre. Il faut toujours prendre soin en l'utilisant pour décrire les objets et
processus physiques de tenir compte des limites physiques qui existent réellement.
Un dernier point d'intérêt reste à mettre en perspective en ce qui concerne les équations mathématiques elles-
mêmes, car tout comme les mots du langage articulé peuvent définir par contexte un objet ou un processus
spécifique qui active l'arborescence synaptique correspondante jusqu'à la conscience active du sujet, ou
alternativement définit seulement une généralisation qui n'active aucune arborescence déterminée, les équations
mathématiques sont aussi sujettes à une dynamique similaire; les équations de premier niveau activant les
arborescences des formes géométriques idéalisées correspondantes jusqu'au niveau de la conscience active et les
équations généralisées n'activant aucune arborescence particulière. Cela signifie que les équations remplissent la
même fonction par rapport aux concepts géométriques non-verbaux idéalisées que les mots des langages
articulés remplissent par rapport aux perceptions sensorielles, et que métaphoriquement parlant, les équations
sont donc les "mots" du langage mathématique.
C'est ce qui permet de comprendre pourquoi la conscience active des mathématiciens peut demeurer
volontairement concentrée pendant de long moments en cogitation exclusive à propos de l' "environnement
virtuel idéalisé" observable via le trio langage-articulé / concepts-géométriques-idéalisés / équations-
mathématiques aussi facilement qu'ils peuvent demeurer alternativement concentrés en cogitation exclusive à
propos de l' "environnement réel" observable via le tandem langage-articulé / perceptions-sensorielles, ou
même en superposition d' "environnements virtuel-réel", observables via l'ensemble quadruple langage-articulé
/ équations-mathématiques / concepts-géométriques-idéalisés / perceptions-sensorielles, un état qui pourrait
même être établi de manière permanente par entraînement au mode de pensée mathématique, tel
qu'apparemment démontré pendant les tests de reconnaissance faciale effectués lors des expériences Amalric-
Dehaene [6]. Soit une condition qui mérite certainement d'être explorée plus avant.
La jonction entre cet environnement virtuel idéalisé et l'environnement réel ne peut à vrai dire se faire que
par le biais des équations de premier niveau qui activent directement les arborescences des concepts
géométriques idéalisées, à condition qu'elles puissent être résolues avec des valeurs numériques établies par
expérimentation dans l'environnement réel observable par les perceptions sensorielles. Dans le domaine de la
physique fondamentale, ces recherches ont permis au fil du temps d'identifier environ 200 de ces constantes
numériques, qui sont maintenant disponibles dans des ouvrages de référence tel le CRC Handbook of Chemistry
and Physics [56] et autres sources pour les diverses autres domaines des sciences.
Par exemple, cette recherche constante a permis d'observer jusqu'à présent que tous les corps célestes
semblent captifs d'états de résonance stables de moindre action à des distances moyennes des astres centraux,
distances utilisables directement pour résoudre les équations mathématiques établies pour les formes circulaires
et sphériques idéalisées; ces distances moyennes se situent entre des distances axiales minimales et maximales
La mécanique de la pensée conceptuelle
33 André Michaud
stables très précises (périhélie et aphélie) à partir des astres centraux. Ces trois valeurs numériques stables
permettent de définir clairement les volumes d'espace visités au fil du temps par chaque corps céleste autour des
astres centraux. Ces volumes peuvent évoluer en formes assez complexes pour des corps célestes qui ont des
satellites, qui induisent des battements qui modifient les volumes autrement réguliers qui sont visité par les
corps qui n'ont pas de satellite. En fait, tous les corps stabilisés dans des systèmes axiaux influencent
mutuellement chacune de leurs trajectoires et la forme des volumes de résonance qu'ils visitent. Une dynamique
électromagnétique similaire définie par la mécanique quantique (MQ) est aussi applicable au niveau sous-
microscopique aux particules élémentaires constituant les atomes dont toutes les masses macroscopiques sont
faites, dont nos propres corps [48].
La résolution effective d'équations de premier niveau à l'aide de ces valeurs vérifiées expérimentalement est
en effet le seul moyen de distinguer parmi l'ensemble des équations, celles qui ont une réelle valeur prédictive
dans l'environnement réel lorsqu'elles tiennent compte des limites physiques qui existent réellement, de celles
élaborées sans tenir compte de ces limites en vertu du potentiel illimité des concepts géométriques idéalisés qui,
par nature, ne possèdent pas de telles limites de manière inhérente. La vitesse de la lumière, par exemple, est
confirmée comme étant la vitesse la plus élevée à laquelle l'énergie électromagnétique puisse circuler dans
l'environnement réel, bien que des vitesses largement supérieures puissent facilement être imaginées dans
l'environnement virtuel.
Comment distinguer les équations de premier niveau des équations généralisées est le dernier point qui reste
à éclaircir. Quelques exemples permettront de bien mettre cette différence en évidence. Prenons comme
exemple une des équations à la fois l'une des plus simples et des plus générales de la physique fondamentale,
soit celle qui définit la force d'accélération (F) qui s'applique à tout corps massif qui existe physiquement,
correspondant à la deuxième loi de Newton :
amF
(5)
où "m" représente une masse et "a" représente une accélération. La raison pour laquelle elle est possiblement
l'une des plus générales équations de force est que toutes les équations de force classiques peuvent en être
réversiblement dérivées, y compris l'équation (2) de Coulomb mentionnée précédemment [57], qui pour sa part
est possiblement la plus importante équation de premier niveau identifiée à ce jour ([48], p.1066). Nous
n'entrerons pas dans les considérations relativistes ici pour garder la démonstration simple.
Dans cette équation, "m" peut représenter n'importe quelle masse qui existe, ce qui déjà ne fait venir à
l'esprit aucun corps précis. Si l'équation est reformulée pour représenter la masse au repos bien connue de
l'électron, dont le symbole de premier niveau est "me", déjà l'équation s'approche du premier niveau :
amF e
(6)
Un symbole de premier niveau tel "me", est un symbole qui peut être remplacé dans une équation par soit
l'une des constantes physiques numériques déjà établies [56], ou par une valeur numérique variable appartenant
à une séquence possible dans l'environnement réel.
Le cas du symbole "a" pour l'accélération est plus complexe, car il doit être remplacé par deux symboles de
premier niveau pour devenir significatif, soit une vitesse "v" et une distance "d". Dans le cas de l'atome
d'hydrogène, la vitesse théorique précise correspondant à la distance radiale moyenne réelle entre l'électron
stabilisé en état de résonance axiale par rapport au noyau de l'atome est bien connue et est représentée par le
symbole "vB", et est connue comme la vitesse théorique à l'orbite de Bohr, et le symbole du rayon de cette orbite
moyenne théoriquement parfaite est "rB", et est connu sous le nom de rayon de Bohr:
d
v
a2
, par conséquent :
B
2
B
er
v
mF
(7)
Les valeurs numériques représentées par les symboles de premier niveau "vB" et "rB" appartiennent en réalité
à des séquences de vitesses et distances possibles dans l'environnement réel, mais se retrouvent aussi dans la
liste des constantes physiques fondamentales [56] parce qu'elles correspondent à des états stables bien précis
dans l'environnement réel.
L'équation (7) est maintenant convertie en une équation de premier niveau qui donnera une valeur précise à
la force (F) qui s'applique physiquement entre l'électron et le noyau de l'atome d'hydrogène à la distance
moyenne de résonance qui les sépare, et qui activera jusqu'au niveau de la conscience active l'ensemble des
La mécanique de la pensée conceptuelle
34 André Michaud
connaissances que chaque physicien et mathématicien aura personnellement accumulé à propos de l'électron et
de l'atome d'hydrogène, y compris l'équation beaucoup plus complexe de Schrödinger qui décrit le volume de
résonance visité par l'électron de part et d'autre du rayon de Bohr [48], équation qu'il serait hors de propos de
mentionner ici, mais qui est disponible dans de nombreux ouvrages de référence [38] [55] ainsi que sur Internet.
C'est uniquement l'activation de ce type d'arborescences jusqu'au niveau de la conscience active qui permet
d'identifier les aspects de la réalité physique objective qui restent à clarifier, ce qui oriente la recherche dans des
directions prometteuses.
Une autre complexité s'ajoute au fait que l'équation (5) est générale de manière inhérente. C'est le fait qu'il
existe de nombreuses manières de symboliser une équation mathématique, et que cette équation fondamentale,
comme bien d'autres, est souvent représentée sous une variété de formes, toutes valides en fonction du contexte
de leur utilisation, mais toutes aussi générales que l'équation (5) et n'activant pas les arborescences associés à
nos perceptions sensorielles, dont voici quelques exemples, qui sont toutes des représentations alternatives de
l'équation (5) :
thxum ,
t
F2
2
tdpd
F
i
i
td
dv
Fm
etc. (8)
Ces trois formes ont été vérifiées comme pouvant se convertir en une équation de premier niveau comme
l'équation (7), mais il est prudent de prendre l'habitude de vérifier de cette manière toutes les équations
proposées sans cette vérification dans des articles de quelque source que ce soit. Une telle habitude a d'ailleurs
pour effet d'améliorer la synchronisation entre les trois modes de pensée. Heureusement, tous les ouvrages de
référence destinés à la communauté des ingénieurs tels les quelques uns donnés en référence [38] [44] [45] [46]
[47] résolvent toutes les équations générales jusqu'au premier niveau. Certains ouvrages de référence destinés à
l'enseignement sont remarquablement bien faits à cet égard [39] [55].
Louis de Broglie parmi d'autres avait cette habitude de toujours faire cette vérification, qui réserve
occasionnellement d'heureuses surprises, car c'est de cette manière qu'il découvrit le lien qui existe entre la
constante de Planck et la quantité d'énergie précise induite à la distance moyenne de résonance de l'électron dans
l'atome d'hydrogène, tel qu'analysé dans une référence séparée [41], et c'est cette même habitude qui permit de
découvrir, parmi d'autres heureuses surprises, que toutes les équations de force classiques sont de simples
formes alternatives de l'équation (2) de Coulomb et de l'équation (5) d'accélération fondamentale [57],
permettant ainsi d'harmoniser la mécanique classique/relativiste avec la mécanique électromagnétique [58].
28. Conclusion
Il s'avère que la pensée conceptuelle fonctionne selon trois modes différents, soit le mode de pensée non-
verbal par association des images naturellement synthétisées par le cerveau à partir des perceptions sensorielles
provenant de l'environnement, mode de pensée de même nature que celui moins performant des espèces
possédant des systèmes nerveux moins complexes [5], identifié par Pavlov comme le premier système de
signalisation [17]; le mode de pensée verbal par association de mots, acquis par éducation, qui permet
d'abstraire et généraliser les signaux du premier système, aussi identifié par Pavlov comme le deuxième système
de signalisation; et enfin le mode de pensée mathématique par association de concepts idéalisés mis en évidence
dans cette étude, issue des généralisations procurées par l'utilisation des langages articulés, consistant en un
ensemble collectivement intelligibles de concepts géométriques et mathématiques idéalisés définis
collectivement et acquis par éducation, pouvant être identifié comme le troisième système de signalisation, qui
permet l''établissement d'un modèle virtuel collectif idéalisé de l'environnement réel et qui permet de le mesurer
et de le comprendre.
Trois importantes conclusions peuvent être tirées de cette étude. La première étant l'importance pour chaque
enfant de développer toutes ses habiletés verbales jusqu'à l'autonomie avant l'âge de 7 ans. Cette conclusion peut
être tirée de la mise en corrélation des travaux de Paul Flechsig [35], de Paul Chauchard [5] et de Dolores
Durkin dont les résultats sont mentionnés dans l'ouvrage de Fitzhugh Dodson [34].
En effet, le retard programmé génétiquement découvert par Flechsig de la myélinisation des zones verbales
du néocortex jusqu'à l'âge de 7 ans semble directement lié à l'observation faite par Chauchard que la densité du
réseau interconnecté qui se construit dans les zones verbales pendant l'acquisition du langage articulé est
beaucoup plus dense chez les enfants qui complètent cet apprentissage avant l'âge de 7 ans que chez ceux qui
n'ont pas complété cet apprentissage en temps voulu, et semble aussi directement lié à l'observation faite par
La mécanique de la pensée conceptuelle
35 André Michaud
Dolores Durkin que tous les enfants qui avaient appris à lire avant l'âge de 7 ans ont dominé de façon marquée
dans toutes les tâches d'apprentissage pendant la durée entière de leurs cours primaire en Californie sans
qu'aucun des enfants qui avaient appris à lira passé cet âge ne puissent jamais les rattraper. Cette corrélation
mériterait donc d'être étudiée plus avant.
La même corrélation peut être faite entre le fait qu'en Finlande, tous les enfants sont scolarisés jusqu'à
maîtriser toutes les habiletés verbales avant l'âge de 7 ans, ce qui explique directement pourquoi le taux
d'illitéracie de la population adulte est pratiquement nul dans ce pays, alors que dans la province de Québec,
Canada, où l'enseignement systématique des habiletés verbales avant l'âge de 7 ans a été abandonné il y a 50 ans
dans le cadre d'une expérience novatrice de scolarisation, le taux d'illittéracie fonctionnelle de la population
adulte a progressivement augmenté au fil du temps pour atteindre en 2013 le niveau toujours en croissance de
53% selon les chiffres de l'OCDE, à la consternation des experts locaux [4], coupant ce segment entier de la
population de tout accès à l'éventail en croissance d'emplois requérant un niveau de littératie fonctionnelle
efficace, domaine affecté par un manque chronique de main-d'œuvre dans la même communauté.
La deuxième conclusion qui émerge de cette étude, est que l'ensemble des recherches des cent dernières
années confirme que le langage articulé acquis par éducation pendant l'enfance est l'élément central de la pensée
conceptuelle, permettant de généraliser autant les connaissances acquises à propos des objets et processus
physiques observés dans l'environnement réel par nos perceptions sensorielles, que les connaissances acquises
par observation de leurs représentations idéalisées élaborées collectivement sous forme d'un 'environnement
virtuel, idéalisé grâce à la capacité de généralisation procurée par l'usage du langage articulé.
La troisième conclusion est qu'il est possible de synchroniser étroitement l'environnement réel avec
l'environnement virtuel collectif idéalisé issu des généralisations procurées par le mode de pensée verbal, à l'aide
du mode de pensée mathématique tel qu'analysé à la dernière section, de manière à comprendre et mesurer
collectivement avec précision tous les aspects de l'environnement réel.
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Bibliographie
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In the 1920's, Louis de Broglie's observation that the integer sequence that could be related to the interference patterns produced by the various electromagnetic energy quanta emitted by hydrogen atoms was identical to those of very well known classical resonance processes, made him conclude that electrons were captive in resonance states within atoms. This led Schrödinger to propose a wave function to represent these resonance states that still have not been reconciled with the electromagnetic properties of electrons. This article is meant to identify and discuss the electromagnetic harmonic oscillation properties that the electron must possess as a resonator in order to explain the resonance volume described by the wave function, as well as the electromagnetic interactions between the elementary charged particles making up atomic structures that could explain electronic and nucleonic orbitals stability. An unexpected benefit of the expanded space geometry required to establish these properties and interactions is that the fundamental symmetry requirement is respected by structure for all aspects of the distribution of energy within electromagnetic quanta.
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Description d'une géométrie de l'espace-temps qui permet de représenter l'induction mutuelle de l'énergie électrique et de l'énergie magnétique à l'intérieur des particules élémentaires en mouvement en conformité avec les équations de Maxwell. Cette nouvelle géométrie attire l'attention sur le fait que de l'énergie cinétique adiabatique est continuellement induite dans les particules élémentaires captives dans les structures atomiques, qui est liée à un effet de variation axiale de la masse relatif à l'intensité locale du gradient gravitationnel, qui jette une lumière entièrement nouvelle sur la gravitation, car il peut être démontré que ces états d'équilibre électromagnétique de moindre action déterminent aussi l'intensité locale du gradient gravitationnel en plus de déterminer les états de résonance que sont les orbitales révélées par la mécanique quantique. Cet ouvrage explore les fondements d'une mécanique électromagnétique des particules élémentaires dont les lois s'appliquent par structure aux niveaux sous-microscopique, macroscopique et astronomique, permettant ainsi de réconcilier l'électromagnétisme, la mécanique quantique, la mécanique relativiste et la gravitation.
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Synthesis of the current state of research on the conversion processes involving electromagnetic energy and mass, and description of an expanded space geometry that may help resolve many of the remaining issues.
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General description of the human neocortex verbal areas and exploration of the manner in which the synaptic neurolinguistic structure that develops in these areas after birth establishes our comprehension ability. Description of the manner in which the neurolinguistic subjective model of reality that develops in these areas can be made to evolve towards objective representation.
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Summary overview of intelligence development in young children, coinciding with neocortex verbal areas development by means of mastery of the reading skill and of the state of children literacy development in the world.
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Here is a brief overview of the main features of the comprehension process, stemming from the research of Pavlov, Chauchard and Korzybski.
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Significance Our work addresses the long-standing issue of the relationship between mathematics and language. By scanning professional mathematicians, we show that high-level mathematical reasoning rests on a set of brain areas that do not overlap with the classical left-hemisphere regions involved in language processing or verbal semantics. Instead, all domains of mathematics we tested (algebra, analysis, geometry, and topology) recruit a bilateral network, of prefrontal, parietal, and inferior temporal regions, which is also activated when mathematicians or nonmathematicians recognize and manipulate numbers mentally. Our results suggest that high-level mathematical thinking makes minimal use of language areas and instead recruits circuits initially involved in space and number. This result may explain why knowledge of number and space, during early childhood, predicts mathematical achievement.
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the amygdala has all of the right connections with the cognitive neocortex and visceral brain stem to provide the link between them that is central to emotion / this role has been confirmed by the dramatic effects on emotional behavior of amygdala lesions in animals / in humans, the case reports of Klüver-Bucy syndromes after lesions that include the amygdala (Terzian and Ore, 1955), or of uncontrolled rage after electrical stimulation of the amygdala (Mark et al., 1975), seem to imply that it plays the same critical role in our species important issues regarding the temporal and causal relationship of cognition versus visceral activation in emotion, raised and defined by psychological analysis, remain unsolved by psychological experiments does the additional complexity of human motivational structure . . . make the amygdala relatively even more important than in mammals, or does it make the amygdala superfluous / I argue here that the effects of lesioning or stimulating the human amygdala suggests that it has a less crucial role in behavior than in lower animals / while the human amygdala may thus play a key role in relating biologically motivated emotions to cognition, its role in humans is limited by the development of alternate pathways (involving especially the prefrontal cortex), and possibly of motivations that are not biological in origin / finally, the evidence reviewed below clearly indicates that the amygdala is involved in the evaluation of complex stimuli long before they are completely analyzed cognitively (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
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